Un procès de magiciens au XVIIIe siècle - article ; n°2 ; vol.20, pg 219-229
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Description

Histoire, économie et société - Année 2001 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 219-229
Abstract The original of a surprising report, entitled «Procès des sorciers de Lyon 1742», is kept at the library of château de Grosbois-en-Montagne, covering a period of three years (1742-1745), the report describes strange proceedings to invoke angels. This manuscript lists countless cross-questionings. The procedure that started in 1742, led to the condemnation of twenty-nine individuals for magic practices in 1745. According to paradigms of the 17th and 18th centuries, those sentenced persons were considered as magicians and not as wizards, because the magician was defined by three criteria: it was a cultured person, able to trap and dominate spirits, and it was a man. The persons charged were painfully sentenced, even for that period, due to the backward mentality of some magistrates. According to them, the same crimes (magic and/or witchcraft) had to lead the same punishment: to be burnt at the stake. The presentation of this trial renews the general concepts on magic and magicians in the 17th and 18th centuries.
Résumé La bibliothèque du château de Grosbois-en-Montagne conserve l'original d'un surprenant procès s'étalant sur trois ans (1742-1745), décrivant d'étranges démarches d'invocation d'anges, dont le titre est «Procès des sorciers de Lyon 1742». Ce manuscrit inventorie d'innombrables interrogatoires. La procédure qui a commencé en 1742, a abouti en 1745, à la condamnation de vingt-neuf individus pour pratiques magiques. Selon les paradigmes des XVlf-XVuT siècles, ces condamnés sont des magiciens et non des sorciers, car le magicien était défini par trois critères : c'était une personne cultivée, elle pouvait emprisonner des esprits pour les commander, et c'était un homme. Les sentences prononcées envers les inculpés ont été pénibles même pour cette période. Car les mentalités de certains magistrats n'avaient pas évolué. Pour eux, les mêmes crimes (magie et/ou sorcellerie) devaient aboutir à la même sanction: être brûlé. La présentation de ce procès renouvelle les concepts généraux sur la magie et les magiciens aux XVlF-XViif siècles.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 67
Langue Français

Extrait

Didier Mathias Dupas
Un procès de magiciens au XVIIIe siècle
In: Histoire, économie et société. 2001, 20e année, n°2. pp. 219-229.
Résumé La bibliothèque du château de Grosbois-en-Montagne conserve l'original d'un surprenant procès s'étalant sur trois ans
(1742-1745), décrivant d'étranges démarches d'invocation d'anges, dont le titre est «Procès des sorciers de Lyon 1742». Ce
manuscrit inventorie d'innombrables interrogatoires. La procédure qui a commencé en 1742, a abouti en 1745, à la
condamnation de vingt-neuf individus pour pratiques magiques. Selon les paradigmes des XVlf-XVuT siècles, ces condamnés
sont des magiciens et non des sorciers, car le magicien était défini par trois critères : c'était une personne cultivée, elle pouvait
emprisonner des esprits pour les commander, et c'était un homme. Les sentences prononcées envers les inculpés ont été
pénibles même pour cette période. Car les mentalités de certains magistrats n'avaient pas évolué. Pour eux, les mêmes crimes
(magie et/ou sorcellerie) devaient aboutir à la même sanction: être brûlé. La présentation de ce procès renouvelle les concepts
généraux sur la magie et les magiciens aux XVlF-XViif siècles.
Abstract The original of a surprising report, entitled «Procès des sorciers de Lyon 1742», is kept at the library of château de
Grosbois-en-Montagne, covering a period of three years (1742-1745), the report describes strange proceedings to invoke angels.
This manuscript lists countless cross-questionings. The procedure that started in 1742, led to the condemnation of twenty-nine
individuals for magic practices in 1745. According to paradigms of the 17th and 18th centuries, those sentenced persons were
considered as magicians and not as wizards, because the magician was defined by three criteria: it was a cultured person, able
to trap and dominate spirits, and it was a man. The persons charged were painfully sentenced, even for that period, due to the
backward mentality of some magistrates. According to them, the same crimes (magic and/or witchcraft) had to lead the same
punishment: to be burnt at the stake. The presentation of this trial renews the general concepts on magic and magicians in the
17th and 18th centuries.
Citer ce document / Cite this document :
Mathias Dupas Didier. Un procès de magiciens au XVIIIe siècle. In: Histoire, économie et société. 2001, 20e année, n°2. pp.
219-229.
doi : 10.3406/hes.2001.2223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2001_num_20_2_2223PROCÈS DE MAGICIENS AU XVIIIe SIÈCLE UN
par Didier Mathias DUPAS
Résumé
La bibliothèque du château de Grosbois-en-Montagne conserve l'original d'un surprenant pro
cès s'étalant sur trois ans (1742-1745), décrivant d'étranges démarches d'invocation d'anges, dont
le titre est «Procès des sorciers de Lyon 1742». Ce manuscrit inventorie d'innombrables interrogat
oires. La procédure qui a commencé en 1742, a abouti en 1745, à la condamnation de vingt-neuf
individus pour pratiques magiques. Selon les paradigmes des XVlf-XVuT siècles, ces condamnés
sont des magiciens et non des sorciers, car le magicien était défini par trois critères : c'était une per
sonne cultivée, elle pouvait emprisonner des esprits pour les commander, et c'était un homme. Les
sentences prononcées envers les inculpés ont été pénibles même pour cette période. Car les mental
ités de certains magistrats n'avaient pas évolué. Pour eux, les mêmes crimes (magie et/ou sorceller
ie) devaient aboutir à la même sanction: être brûlé. La présentation de ce procès renouvelle les
concepts généraux sur la magie et les magiciens aux XVlF-XViif siècles.
Abstract
The original of a surprising report, entitled «Procès des sorciers de Lyon 1742», is kept at the
library of château de Grosbois-en-Montagne, covering a period of three years (1742-1745), the re
port describes strange proceedings to invoke angels. This manuscript lists countless cross-questio
nings. The procedure that started in 1742, led to the condemnation of twenty-nine individuals for
magic practices in 1745. According to paradigms of the 17th and 18th centuries, those sentenced
persons were considered as magicians and not as wizards, because the magician was defined by
three criteria: it was a cultured person, able to trap and dominate spirits, and it was a man. The
persons charged were painfully sentenced, even for that period, due to the backward mentality of
some magistrates. According to them, the same crimes (magic and/or witchcraft) had to lead the
same punishment: to be burnt at the stake. The presentation of this trial renews the general concepts
on magic and magicians in the 17th and 18th centuries.
D'après les recherches menées par Robert Mandrou (1921-1984) \ les pratiques magiques
n'existeraient plus durant le siècle des Lumières et la foi en la figure de Lucifer s'effacer
ait - ou serait factice - car seuls subsisteraient de «faux sorciers escrocs», des filous, des
charlatans qui ne craignaient plus le courroux de la justice et surtout pas le bûcher.
Pourtant, l'admirable bibliothèque du château de Grosbois-en-Montagne2 conserve
l'original 3 d'un surprenant procès s'étalant sur trois ans (1742-1745), décrivant
1. Robert Mandrou, Magistrats et Sorciers en France au xvif siècle, Paris, Pion, 1968, 583 p., BNF, 8-
G-192995 (29).
2. Grosbois-en-Montagne se situe en Côte-d'Or, à 35 kilomètres de Dijon, près de Pouilly-en-Auxois.
C'est un hameau d'une centaine de personnes. Le château comporte deux corps de logis du xvf siècle, des
ailes du xvm* et du XIXe siècles. La bibliothèque est logée dans les anciens communs et comprend 40000 vol.
3. Nous avons pu consulter ce manuscrit grâce à l'aimable autorisation du comte Anne-François d'Har-
court, qui détient ce document et nous le remercions encore de sa chaleureuse invitation.
HES 2001 (20e année, n° 1) Histoire Économie et Société 220
d'étranges démarches d'invocation d'anges. Ce rapport - non paginé - renferme plu
sieurs milliers de pages et a été rédigé par Jean-Claude Perreney de Vellemont (1718-
1810), conseiller-commissaire de l'instruction. Il porte le titre suivant: Procès des sor
ciers de Lyon 1742*. Deux autres in-quarto intitulés Clavicula Salomonis5 et Hic est
liber vivi 6 - confisqués à un inculpé lors de son arrestation - ont été sauvegardés dans
cette bibliothèque insigne.
Ce manuscrit inventorie d'interminables, d'inextricables et d'innombrables interro
gatoires. Ainsi, est-il indispensable, en premier lieu, de préciser quel fut le déroule
ment de l'instruction, en condensant les confessions et les actes d'accusation. Il
importera ensuite de clarifier quelle a été la condition des accusés : étaient-ils des sor
ciers, comme l'énonce la couverture, des magiciens ou des maîtres de l'imposture?
Dans tous les cas, ceux-ci ont supporté de terribles tortures.
La procédure se déploie comme une tragédie en cinq actes, dont le premier com
mence en 1742: il nous dévoile la vie de Benoît Michalet, sa capture et sa confession.
Le 21 juillet 1742, deux cavaliers de la maréchaussée, circulant à Caluire7, recueillent
des commérages: d'après les habitants du hameau, des clandestins accompliraient des
actes inaccoutumés dans une cahute. Les cavaliers accédèrent à la cabane citée et y
découvrirent un gaillard, gisant sur un grabat, qui gardait des grimoires, des ustensiles
sacerdotaux - tels qu'une soutane et un missel - un couteau, deux cierges, deux chan
deliers et d'autres instruments. Cet individu, immédiatement incarcéré, est interrogé,
dès le 23 juillet 1742, par un prévôt:
Répond s'appeller Benoît Michalet, natif de la paroisse de Saint Paul de Lyon, âgé de 19
ans, dessinateur de sa profession demeurant à Lyon né de [.. .]
Qu'il étoit à Caluire les 25, du présens mois qu'il étoit occupé à travailler à l'opération de
l'ange Uriel avec les nommés Bernard, et Tissot, et d'autres particuliers qu'il ne connoit pas
mais qui sont connus dudit Bernard.
Int(errogé) de ce qu'il espéroit de l'ange Uriel.
Rép(ond) qu'il a lu dans des auteurs que l'ange Uriel étant interrogé dans les règles enseigne
les lieux où il y a des trésors cachés.
Reconnoit le couteau et qu'il le tenoit à la main lors des

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