Un public pour la science : l essor de la vulgarisation au XIXe siècle  - article ; n°58 ; vol.11, pg 47-66
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Un public pour la science : l'essor de la vulgarisation au XIXe siècle - article ; n°58 ; vol.11, pg 47-66

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Réseaux - Année 1993 - Volume 11 - Numéro 58 - Pages 47-66
En même temps qu'apparaît le mot « vulgarisation » au XIXe siècle, se développe en France une foule de journaux, de magazines, livres et collections qui s'efforcent de « mettre la science à la portée de tous ». En retraçant les grandes lignes de cette entrée massive de la science dans le monde des médias, cet article tente de montrer comment s'est constitué un public pour la science. Le propos est d'historiciser l'idée d'une nécessité de la vulgarisation scientifique en montrant qu'elle résulte d'un concours de circonstances et d'initiatives entreprises au XIXe siècle.
The word popularization appeared in the 19th century together with a host of new journals, magazines, books and series in France which attempted to place science within everybody's reach. In sketching the outline of this massive entry of science into the media world, the article tries to show how a public was created for it. It includes in a historical problématique the idea of the necessity of scientific popularization, by showing that it was the result of a combination of circumstances and initiatives undertaken in the 19th century.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernadette Bensaude-Vincent
Un public pour la science : l'essor de la vulgarisation au XIXe
siècle
In: Réseaux, 1993, volume 11 n°58. pp. 47-66.
Résumé
En même temps qu'apparaît le mot « vulgarisation » au XIXe siècle, se développe en France une foule de journaux, de
magazines, livres et collections qui s'efforcent de « mettre la science à la portée de tous ». En retraçant les grandes lignes de
cette entrée massive de la science dans le monde des médias, cet article tente de montrer comment s'est constitué un public
pour la science. Le propos est d'historiciser l'idée d'une nécessité de la vulgarisation scientifique en montrant qu'elle résulte d'un
concours de circonstances et d'initiatives entreprises au XIXe siècle.
Abstract
The word "popularization" appeared in the 19th century together with a host of new journals, magazines, books and series in
France which attempted to "place science within everybody's reach". In sketching the outline of this massive entry of science into
the media world, the article tries to show how a public was created for it. It includes in a historical problématique the idea of the
necessity of scientific popularization, by showing that it was the result of a combination of circumstances and initiatives
undertaken in the 19th century.
Citer ce document / Cite this document :
Bensaude-Vincent Bernadette. Un public pour la science : l'essor de la vulgarisation au XIXe siècle . In: Réseaux, 1993, volume
11 n°58. pp. 47-66.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1993_num_11_58_2304UN PUBLIC POUR LA SCIENCE:
l'essor de la vulgarisation au xixe siècle
Bernadette BENSAUDE-VINCENT
Réseaux n° 58 CNET- 1993
47 — — 48 nécessaires. « A tout prix », on tente de r
épandre les sciences, d'informer le public,
de diffuser la « culture scientifique ». La
vulgarisation est amplement justifiée par
toutes sortes de bonnes raisons : « comb
attre l'obscurantisme », « satisfaire la cu
riosité », « la soif d'apprendre du public »,
ou un « besoin universel » ; « tenir au cou
rant » des progrès incessants de la science
ou, en termes plus modernes, « familiariser
le public avec son environnement techno
logique » ; et aussi informer le citoyen ou
le consommateur pour lui permettre
d'exercer ses droits... Epiques ou pragmat
iques, humanistes ou politiques, les argu
ments prolifèrent tant qu'ils occultent toute
interrogation et préviennent l'étonnement.
Laissons-nous étonner. Comment une
sphère un peu marginale, produit de l'acti
vité d'une fraction infime de la population,
La science est un soleil : il faut que peut-elle occuper la place du « soleil » qui
tout le monde s'en approche pour se éclaire et réchauffe l'humanité ? Comment
réchauffer et s'éclairer (1) ». Cette méta la science, qui reste un produit rare et cher,
phore aventurée par l'un des écrivains a-t-elle pu devenir un objet de consommat
scientifiques les plus prolixes, Louis Fi ion de masse ? Et comment des savoirs
guier, exprime à la fois un credo et un pr ésotériques partagés par quelques initiés
ogramme d'action : « tout le monde » doit ont-il gagné un public ?
Le propos de cet article est d'historici- être concerné et tourné vers la science.
Pour y parvenir, le xixe siècle a multiplié ser l'idée d'une nécessité de la vulgarisa
les entreprises. En même temps que fut in tion scientifique en montrant qu'elle ré
venté le mot « vulgarisation », des cen sulte des entreprises menées au cours du
xixe siècle. En retraçant l'histoire de la taines de livres, de revues, de magazines se
donnent pour tâche de « mettre la science à vulgarisation en France, on montrera com
la portée de tous ». Cette opération de ment s'est constitué un public pour la
science. Puis on tentera d'analyser les grande envergure a mobilisé tous les sup
conditions de ce phénomène avant d'en ports de diffusion : cours, conférences, mag
souligner les limites. azines, livres, encyclopédies, projections,
expositions, musées, cinéma puis radio et
« A LA PORTEE DE TOUS » télévision. La science est accommodée à
tous les goûts, à toutes les bourses, à toutes
La diffusion des sciences constitue déjà les conditions. Tour à tour pratique, utile,
un genre prospère au xine siècle. Le Specamusante, récréative, populaire, mondaine,
foraine... elle est dispensée aux industriels, tacle de la nature, de l'abbé Pluche, huit
aux agriculteurs, aux dames, aux enfants, volumes parus en 1732, fut sans cesse r
aux gens du monde... éimprimé tout au long du siècle. Mais tant
Bien implantée dans le monde de la que la science est cultivée par quelques
presse et de l'édition, bien rodée dans les « amateurs éclairés », sa diffusion reste
expositions et musées, la vulgarisation une activité mondaine. Fontenelle, qui sera
scientifique nous apparaît aujourd'hui le premier secrétaire perpétuel de l'Acadé
mie royale des sciences de Paris, la pré- comme une activité des plus normales et
(1) HGUIER, 1867.
49 comme un divertissement raffiné la presse à bon marché, le pionnier est Le sente
sous la forme d'entretiens mi-didactiques, Journal des connaissances utiles, fondé en
mi-galants avec une marquise (2). Le 1831 : sous la monarchie de Juillet, il
« goût » des sciences est cultivé dans les compte 132 000 abonnés qui reçoivent le
salons où l'on discute et débat les mérites journal pour 1 franc par an à Paris et
respectifs des systèmes du monde. Des ex 2 francs en province (5). Mettre la science
périences sont pratiquées dans les élégants à la portée de tous, cela signifie en premier
cabinets de curiosités de quelques aristo lieu à la portée de toutes les bourses. En l
crates fortunés ou dans les cabinets de ivrant pour le prix d'une miche de pain des
physique équipés d'instruments d'électri informations directement utilisables dans la
cité et de chimie. Les cours et démonstrat vie quotidienne, dans l'atelier ou le magas
ions de l'abbé Nollet ou ceux de Rouelle in, dans le jardin ou la maison, des entre
preneurs comme Roret puis Emile de Girar- au Jardin du Roy attirent une foule de gen
tilshommes et gens de lettres (3). Le siècle din ont puissamment contribué à créer un
des Lumières est certes marqué par de public à la science.
grandes campagnes de diffusion : tantôt En même temps qu'elle participe au d
réussies comme L'Encyclopédie de Dide éveloppement de la presse populaire, la
rot et d'Alembert ou plus aventureuses science occupe également un terrain dans
comme Y Encyclopédie méthodique et La la presse plus officielle. En 1825, le jour
Description des arts et des métiers (4). nal Le Globe publie régulièrement un
Mais par leur vocation de bilan ou de compte rendu des séances de l'Académie
somme encyclopédique autant que par leur rédigé par Alexandre Bertrand. Cette habi
présentation matérielle, ces entreprises se tude s'étend au Journal du commerce en
distinguent de la vulgarisation qu'on voit 1827 puis au Journal des débats, et elle est
poindre au début du XIXe siècle. reprise dans Le Temps en 1832. Avec ces
« feuilletons scientifiques », la science
La science au quotidien s'installe dans les colonnes de l'actualité,
elle prend part à l'événement. Côtoyant les
Apparaissent alors des publications plus rubriques politiques, mondaines, écono
modestes, dans leurs ambitions intellec miques et littéraires, elle participe de
tuelles comme dans leur prix de vente. Le plain-pied à l'univers quotidien, tissé par
motif principal est l'utilité des connaiss la presse parisienne.
ances, la pratique. La Librairie encyclopé Cette présence de la science dans la vie
dique de Roret publie ainsi une collection sociale se trouve démultipliée dans la
de manuels « entièrement consacrés aux deuxième moitié du xixe siècle par les ex
sciences et à l'industrie » sous forme de pet positions universelles. Débutant en 1851,
its volumes brochés in- 18 traitant d'agri avec le Crystal Palace de Londres, plus de
culture, de chasse, d'hygiène, d'économie 25 expositions internationales ou univers
rurale, d'hor

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