Un thème de l art impérial romain : la Victoire d Auguste - article ; n°1 ; vol.49, pg 61-92
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1932 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 61-92
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 267
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Gagé
Un thème de l'art impérial romain : la Victoire d'Auguste
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp. 61-92.
Citer ce document / Cite this document :
Gagé Jean. Un thème de l'art impérial romain : la Victoire d'Auguste. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp.
61-92.
doi : 10.3406/mefr.1932.7223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1932_num_49_1_7223UN THEME DE L'ART IMPERIAL ROMAIN
LA VICTOIRE D'AUGUSTE
ι
La Victoire d'Auguste sur l'autel du Vatican :
l'origine iconographique de la « Victoria Augusti » .
L'autel historié conservé dans la cour du Belvédère, au Vatican * ,
appartient à la série des monuments d'époque augustéenne qu'on est
convenu d'appeler « autels des Lares », parce que leur décoration
évoque le culte officiellement rénové par Auguste de ces divinités.
Mais, à vrai dire, deux de ses panneaux seulement, ceux des côtés,
se réfèrent directement à cette religion, d'une manière d'ailleurs
substantielle : M. Garcopino a établi que, si l'une d'elles représentait
la consécration des Lares, telle que la décida la réforme, l'autre, où
l'on distingue Enée debout en face d'une figure assise, près d'immol
er la truie miraculeuse, rappelle la consécration de la Mère des Lares,
« effectuée pour la première fois, sur la truie légendaire, propre vi
ctime de Maia, Mater Larum, par Enée, l'ancêtre d'Auguste2... ». Ces
deux scènes entretiennent donc entre elles un rapport intime. Il est
4 Voir la reproduction et la description dans : Heibig, Führer, Υλ,
p. 102; Amelung, Sculpturen des Vatic. Museums, p. 242; S. Reinach, Ré-
pert, des reliefs, III, p. 398; en dernier lieu L. R. Taylor, The divinity of
the Roman emperor, p. 186-187. L'inscription est au C. I. L., VI, 876; les
deux reliefs de la victoire et de l'apothéose sont spécialement commentés
par Strong, Apotheosis and after life, p. 66; Rostovtzeff, Augustus, dans
les Rom. Mitteil., 1923-1924, p. 297.
2 J. Carcopino, Virgile et les origines d'Ostie, p. 720; interprétation re
prise dans le même sens par L. R. Taylor, The Mother of the Lares, dans
Y Amer. Journ. of Arch., 1925, p. 299, et résumée dans l'ouvrage plus ré
cent déjà cité. 62 LA ViCTOIRE D'AUGUSTE
à présumer que les deux autres, sans relation apparente avec le culte
des Lares, ne sont pas non plus sans connexion (pi. I).
Le bas-relief antérieur figure, entre deux lauriers, une Victoire
volant, présentant de face un bouclier rond déjà soutenu par un pi
lier. Le côté opposé montre une scène d'apothéose : apparemment
consacré divus, un personnage, monté sur un quadrige, prend son
essor vers le ciel où semblent l'appeler deux figures, l'une de Caelus,
l'autre de Sol, tandis qu'à terre quatre témoins, un homme à gauche,
à droite une femme entourée de deux enfants, assistent au prodige ;
un laurier et un palmier, gravés sur le marbre, encadrent la compos
ition.
Le bouclier de la face antérieure porte inscrite sur son champ une
dédicace du Sénat et du peuple romain à Auguste, divi f(ilius), et
grand pontife. Il faut donc dater l'autel de 12 avant notre ère au
plus tôt, année où Auguste prit la succession de Lèpide, mais sans
descendre non plus trop bas, puisqu'en 7 la réforme du culte des
Lares, pleinement achevée, sort de l'actualité.
Chacun a reconnu sans peine dans le bouclier tenu par la Victoire
la réplique du bouclier d'honneur offert en 27 à Auguste, par le sé
nat et le peuple, « pour sa valeur, sa clémence, sa justice et sa piété » * .
Ce clipeus aureus est souvent figuré sur les monnaies d'après 27, soit
qu'il occupe tout le revers, soit que, comme sur notre bas-relief, il
repose sur un pilier et soit tenu d'autre part par une Victoire aux
ailes déployées; toujours reconnaissable d'ailleurs, et portant le plus
souvent quelques lettres sans équivoque : CL(ipeus) \(irtutis), ou
S. P. Q. RA
' Cf. les Res gestae d'Auguste, VI, 18 (éd. Mommsen) : « Clupeusque
aureus in curia Julia positus quem mihi senatum populumque Romanum
dare virtutis clementiae justitiae pietatis causa testatum est per ejus clu-
pei inscriptionem... »
2 Voir Cohen, Monn. de l'emp. rom., I2, p. 103, nOs 292-296 (bouclier
seul); p. 102, n" 291, et surtout p. 138, n° 512 (avec pilier et victoire); de
même Mattingly, Coins of the Mom. Emp. in the Br. Mus., I, p. cxi et 59,
61, etc. Il est important de noter que le bouclier porte comme inscription in
9
Planche I.
En haut : la Victoire d'Auguste.
En bas : l'Apothéose de César.
(Bas-reliefs antérieur et postérieur de l'autel des Lares,
au Musée du Vatican, Belvédère.) LA VICTOIBE D'AUGUSTE 63
Un rapprochement particulièrement probant a été fait avec la Vic
toire au bouclier que tient la déesse Rome sur un des panneaux de
l'autel de la gens Augusta, à Carthage4. Il est hors de doute qu'il
s'agisse ici et là du clipeus aureus. Mais une difficulté se présente :
le seul clipeus de ce genre que connaisse l'histoire est celui de l'an 27,
qui fut placé dans la curie julienne; or, l'inscription de notre bas-rel
ief se rapporte à une date de dix-sept ans au moins postérieure. Est-ce
un autre clipeus offert au grand pontife? Ou plutôt l'inscription, gra
vée sur le bouclier pour des raisons externes, ne constitue-t-elle pas la
dédicace de l'autel tout entier? Quoi qu'il en soit, et la question est
relativement négligeable, le thème est certain : le clipeus doit être
considéré ici comme une réplique plus ou moins directe de celui de
la Curie, et sa valeur, rehaussée par la Victoire et par les lauriers,
n'est pas moins assurée : il est l'emblème de la puissance victorieuse
d'Auguste, ou, pour parieren termes précis, de la Victoire d'Auguste.
Les lauriers, en effet, sont eux-mêmes faciles à identifier. Souvent
reproduits sur les monnaies d'Auguste, ils datent aussi de l'an 27, où
un décret du sénat les fit planter au Palatin sur le seuil de la maison
du prince2. On n'a pas assez relevé que ces deux honneurs, clipeus
et lauriers — ajoutons la couronne de chêne — étaient étroitement
solidaires : offerts sous le prétexte de remercier Auguste, au lende
main de la séance de janvier 27, d'avoir rendu la république à elle-
même, ils attestaient en fait, les uns et les autres, le génie triom
phant de celui qu'on venait d'appeler, pour la même raison, Augustus*.
tantôt CL. V, tantôt S. P. Q. R, parfois S. P. Q. R. CL. V, tout en de
meurant identique à lui-même.
1 Cf. Rostovtzefï, loc. cit.; Poinssot, L'autel de la gens Augusta à Car
thage (Notes et documents publiés par... le gouvernement tunisien), p. 15
et notes. L'auteur invoque aussi l'autel perdu de Potentia, où le clipeus
était présenté de la môme façon, et désigné par une inscription au de
hors : C. I. L., IX, 5811.
2 Res gestae, loc. cit., et Dion Cassius, LUI, 16.
:i Cf. nos observations, Mél. Éc. Rome, 1930, p. 167. 64 LA VICTOIRE D'AUGUSTE
Rome y voyait désormais sa sauvegarde : le clipeus fut dressé, dans
la curie, non loin de la Victoire symbolique de Tarente, sous la forme
d'un vrai Palladium1; quant aux lauriers, les textes disent la vertu
qu'on y attachait2. Parmi les monnaies où figure le clipeus, les plus
intéressantes pour nous, celles qui nous aident à dégager le sens du
bas-relief de l'autel des Lares, sont celles où le
bouclier est précisément encadré par les lauriers3
(fig. 1). Leur solidarité s'y affirme, et elle éclaire
vivement les décrets de 27; considérés du point
de vue constitutionnel, les délibérations de cette
grande année apparaissent à juste titre comme
ρ . la date initiale du système pseudo-dyarchique
du principat; mais, du point de vue de la mys
tique impériale, elles fondent plus clairement encore le règne vra
iment monarchique de la Victoire d'Auguste : clipeus, lauriers et cou
ronne de chêne, dit Dion Cassius, furent décrétés à Auguste « comme
au perpétuel vainqueur et sauveur des citoyens » *.
De la foi en cette Victoire, des miracles qu'on lui prêta, du rôle
poli

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