Un usage linguistique en voie d'éviction. Observations sur la « réduction » syntaxique et stylistique dans le parler arabe de Kormakiti - article ; n°1 ; vol.31, pg 127-137

Ariette Roth

Description

Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen - Année 2000 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 127-137
Disappearing languages undergo the common process of syntactic and stylistic reduction, and according to the findings of a certain number of specialists in the field of linguistic obsolescence the relative construction is particularly affected. We examine the validity of this hypothesis in the case of the Arabic dialect spoken in Kormakiti, referring to the modes of expression of two distinct groups of speakers: those with a good level and those with a lesser degree of competence. We have been able to establish through our study that, although the dialect is disappearing, the relative construction remains perfectly stable. This could be explained by the structural similarity between the Arabic dialect and the Cyprus variant of Greek, as well as by the fact that the less competent speakers tend to substitute the relative construction for the attributive adjective.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: TRAVAUX_DE_LA_MAISON_DE_L-ORIENT
• Publié le: 01 janvier 2000
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Extrait

Ariette Roth
Un usage linguistique en voie d'éviction. Observations sur la «
réduction » syntaxique et stylistique dans le parler arabe de
Kormakiti
In: Chypre et la Méditerranée orientale. Formations identitaires : perspectives historiques et enjeux contemporains.
Actes du colloque tenu à Lyon, 1997, Université Lumière-Lyon 2, Université de Chypre. Lyon : Maison de l'Orient et
de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2000. pp. 127-137. (Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen)
Abstract
Disappearing languages undergo the common process of syntactic and stylistic reduction, and according to the findings of a
certain number of specialists in the field of linguistic obsolescence the relative construction is particularly affected. We examine
the validity of this hypothesis in the case of the Arabic dialect spoken in Kormakiti, referring to the modes of expression of two
distinct groups of speakers: those with a good level and those with a lesser degree of competence. We have been able to
establish through our study that, although the dialect is disappearing, the relative construction remains perfectly stable. This could
be explained by the structural similarity between the Arabic dialect and the Cyprus variant of Greek, as well as by the fact that the
less competent speakers tend to substitute the relative construction for the attributive adjective.
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Roth Ariette. Un usage linguistique en voie d'éviction. Observations sur la « réduction » syntaxique et stylistique dans le parler
arabe de Kormakiti. In: Chypre et la Méditerranée orientale. Formations identitaires : perspectives historiques et enjeux
contemporains. Actes du colloque tenu à Lyon, 1997, Université Lumière-Lyon 2, Université de Chypre. Lyon : Maison de
l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2000. pp. 127-137. (Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_1274-6525_2000_act_31_1_1850UN USAGE LINGUISTIQUE EN VOIE D'ÉVICTION
Observations sur la « réduction » syntaxique et stylistique dans le parler arabe
de Kormakiti
Ariette ROTH *
ABSTRACT
Disappearing languages undergo the common process of syntactic and stylistic reduction, and
according to the findings of a certain number of specialists in the field of linguistic obsolescence the
relative construction is particularly affected. We examine the validity of this hypothesis in the case of
the Arabic dialect spoken in Kormakiti, referring to the modes of expression of two distinct groups of
speakers: those with a good level and those with a lesser degree of competence. We have been able to
establish through our study that, although the dialect is disappearing, the relative construction
remains perfectly stable. This could be explained by the structural similarity between the Arabic
dialect and the Cyprus variant of Greek, as well as by the fact that the less competent speakers tend to
substitute the relative construction for the attributive adjective.
Implanté en Chypre avec l'installation d'une colonie maronite à la fin du XIIe siècle, l'arabe s'y
est maintenu en tant qu'usage purement oral pendant près de huit siècles. Signalé k l'attention des
linguistes arabisants pour la première fois en 1951, les quelques études qui lui ont été depuis
consacrées l'ont situé, explicitement ou implicitement, dans une dynamique le vouant à moyen ou
à long terme à la disparition. La guerre survenue en 1974 à Chypre et les déplacements de
populations qui en ont résulté ont accéléré le processus d'éviction. Une grande partie de la
communauté kormakiote active est réfugiée dans les centres urbains de la partie grécophone de l'île
et se trouve ainsi dispersée.
Préalables
L'histoire du parler arabe de Kormakiti (désormais désigné comme KA) illustre une évolution
qui s'est accomplie en dehors de toute influence de la langue arabe dans son usage littéraire et en
dehors de tout contact avec une autre variété dialectale arabe. Ce parler a principalement fait
l'objet d'études se situant dans une perspective propre à la dialectologie arabe historique et
comparée (cf. par exemple Liidtke 1975 ; Roth 1975 ; Borg 1985). Mais l'examen de son
fonctionnement et de ses structures linguistiques, en regard de son statut minoré et de l'éventail
restreint de ses emplois, prend nécessairement en compte les phénomènes de contacts et les
changements qu'ils déterminent. Il oriente également vers l'analyse contrastive.
* CNRS, Paris.
Chypre et la Méditerranée orientale,
TMO 31, Lyon 2000. 128 A.ROTH
La réflexion esquissée dans cette contribution a été suggérée par la problématique de
l'obsolescence linguistique 1 largement développée dans ses divers aspects, sociolinguistiques,
structuraux et typologiques, dans un ouvrage collectif devenu un classique : Investigating
obsolescence : studies in language contraction and death (Dorian ed., 1989, désormais signalé
comme op. cit. 1989), présenté et discuté en France dans les Travaux du SELF (1995-1996), le
champ ayant été abordé auparavant, entre autres dans les publications de Clairis, qui proposa une
grille d'analyse (« Le processus de disparition des langues », 1991, ce dernier article étant conforté
et complété par Mounin 1992).
On définira ici succinctement « l'obsolescence » comme résultant d'un type spécifique de
contacts, dans un contexte socio-économique, culturel et politique tel que le processus de
changement s'accélère et s'étend, pour affecter, à des degrés différents et selon des modalités
diverses, l'ensemble des structures de la langue. L'obsolescence finit par aboutir, par réduction des
emplois et réduction du nombre de locuteurs capables ou simplement désireux de le pratiquer, à la
disparition de l'usage concerné.
Il ne saurait être question, dans les limites étroites de cette contribution, d'examiner de façon
quelque peu détaillée comment, par les facteurs externes (historiques, sociaux, économiques et
culturels) qui déterminent un processus d'éviction, KA s'insère dans un tableau général de
l'obsolescence, ni comment il pourrait contribuer à fournir des matériaux pour l'élaboration d'une
typologie des structures linguistiques spécifiquement affectées par ce phénomène, ni encore
comment il pourrait, en tant que cas particulier, contribuer empiriquement à la discussion de
certains concepts propres à l'étude de ce champ. Je me contenterai de résumer rapidement les
principaux facteurs externes qui ont entraîné l'éviction de KA au profit des variétés concurrentes du
grec, pour examiner ensuite, dans la perspective de la réduction syntaxique, le sort des propositions
relatives, en référence à une observation faite par certaines contributions théoriques à la
problématique de « la mort des langues » suggérant leur « vulnérabilité » particulière au stade
avancé du processus d'obsolescence.
La procédure retenue dans l'analyse est la suivante : de façon générale, les changements ont
été identifiés par rapport aux structures de la langue, par la détermination d'« états successifs »,
dont les caractéristiques renvoient aux usages de différents groupes de locuteurs que distingue une
connaissance et une maîtrise plus ou moins grandes de la variété en question. Un autre point de vue
s'attache plus particulièrement aux actualisations du code dans les réalisations des locuteurs, et,
selon la tradition des auteurs anglo-saxons qui envisagent le phénomène en termes de compétence
linguistique, les locuteurs peuvent être classés sur une échelle comportant divers degrés d'aisance
dans leur pratique et sont dits, de grande, de moyenne, de médiocre compétence et enfin
« terminaux » 2.
En ce qui concerne la phonologie et la morpho-syntaxe, la comparaison s'est faite, dans un
premier temps, entre l'état reconstruit à partir des productions de locuteurs de bonne maîtrise,
recueillies en 1973-1974 et les systèmes des dialectes proche-orientaux possiblement apparentés
Dans une précédente contribution (Roth 1996) je m'étais posé, dans la perspective de la dynamique
d'éviction, le problème de la « résistance », en recherchant ce qui, dans les différentes catégories et
structures de la langue (système phonologique, morphologique, sous-ens