Une étude critique de la hausse des prix à l ère ramesside - article ; n°1 ; vol.17, pg 13-31
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1991 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 13-31
La hausse des prix en Égypte ancienne à l'époque Ramesside est étudiée ici avec un regard d'économistes. Les interprétations habituelles de ce phénomène présupposent souvent une prédominance des mécanismes de marché qui reste hypothétique. Cette confrontation entre histoire et économie politique ne débouche pas sur une explication globale du phénomène mais permet de soulever des interrogations que les auteurs espèrent fécondes.
Die Preissteigerungen im Alten Aegypten zur Ramessidenzeit werden hier aus der volkswirtschaftlichen Perspektive untersucht. Die gewöhnlichen wissenschaftlichen Auswertungen solcher Preissteigerungen setzen meist vorherrschende, doch rein Hypothetische Marktmechanismen voraus. Die Gegenüberstellung von Geschichte und Volkswirtschaft führt zwar nicht zu einer Gesamtauslegung dieser Erscheinung, sie ruft aber Fragen hervor, die neue Aussichten eröffnen sollen, so hoffen die Autoren.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Didier Gentet
Monsieur Jérôme Maucourant
Une étude critique de la hausse des prix à l'ère ramesside
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 17 N°1, 1991. pp. 13-31.
Résumé
La hausse des prix en Égypte ancienne à l'époque Ramesside est étudiée ici avec un regard d'économistes. Les interprétations
habituelles de ce phénomène présupposent souvent une prédominance des mécanismes de marché qui reste hypothétique.
Cette confrontation entre histoire et économie politique ne débouche pas sur une explication globale du phénomène mais permet
de soulever des interrogations que les auteurs espèrent fécondes.
Zusammenfassung
Die Preissteigerungen im Alten Aegypten zur Ramessidenzeit werden hier aus der volkswirtschaftlichen Perspektive untersucht.
Die gewöhnlichen wissenschaftlichen Auswertungen solcher Preissteigerungen setzen meist vorherrschende, doch rein
Hypothetische Marktmechanismen voraus. Die Gegenüberstellung von Geschichte und Volkswirtschaft führt zwar nicht zu einer
Gesamtauslegung dieser Erscheinung, sie ruft aber Fragen hervor, die neue Aussichten eröffnen sollen, so hoffen die Autoren.
Citer ce document / Cite this document :
Gentet Didier, Maucourant Jérôme. Une étude critique de la hausse des prix à l'ère ramesside. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 17 N°1, 1991. pp. 13-31.
doi : 10.3406/dha.1991.1904
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1991_num_17_1_1904DHA 17,1 1991 13-31
UNE ETUDE CRITIQUE DE LA HAUSSE DES PRIX
À L'ÈRE RAMESSIDE
Didier GENTET et Jérôme MAUCOURANT
La période que couvre la XXe dynastie (1200-1050 avant J.-C.
environ) de l'Egypte ancienne offre la particularité d'avoir laissé
beaucoup de documents portant sur les prix des denrées. De plus, ces
prix semblent avoir connu des variations importantes. Plusieurs
travaux égyptologiques ont tenté d'élucider ce phénomène. Nous
voudrions présenter ici une synthèse rapide de ces travaux et faire
état de quelques interrogations. Cependant, ces variations de prix
s'inscrivent dans des structures économiques très particulières. Nous
avons donc cru utile de préciser en premier lieu notre conception ï de
l'organisation économique et monétaire de l'Egypte ancienne.
L'économie égyptienne est une économie de redistribution. Un
centre, constitué par l'administration et les greniers des institutions
publiques et religieuses, prélève et redistribue la majeure partie des
richesses produites. On n'a pas retrouvé d'objets faisant office de
monnaie au sens moderne du terme, c'est-à-dire réunissant les
fonctions de compte, paiement et réserve de pouvoir d'achat. En
1. Cette conception a été exposée dans le cadre d'un travail de D.E.A
Monnaie-finance-banque, soutenu à l'Université Lumière de Lyon II
en juillet 1989. Cet article est un prolongement de ce premier travail. Didier Gentet et Jérôme Maucourant 14
revanche, on a retrouvé de nombreux papyrus comptables faisant
usage d'unités de compte. Nous préférons parler dans ce cas de
pratiques monétaires et non pas de monnaie. Évaluer la production
d'une institution ou le montant d'une transaction est une pratique
monétaire 2. Les pratiques de compte jouent un rôle central dans une
économie de redistribution, les informations numériques constituant
un instrument de contrôle indispensable 3. Toutefois, ces pratiques de
compte sont aussi le fait des individus dans leurs échanges autonomes
vis-à-vis des appareils d'État. Ces échanges ne semblent pas prendre
place à l'intérieur d'un système de marchés libres. Si la cession des
biens était libre, les prix étaient fortement déterminés par la
coutume et n'étaient pas le résultat de la recherche du profit
maximal. De plus, la fixation du prix relatif des biens n'était pas la
conséquence des raretés relatives, un élément de vannerie pouvait
valoir ce qu'il était capable de contenir en grain, en dépit des
conditions changeantes de production 4. La société égyptienne n'est
pas une société marchande, ce point de vue ne sera pas oublié dans
cette étude.
C'est dans ce cadre d'analyse que nous allons réexaminer les
explications de la hausse des prix fournies habituellement par les
égyptologues. Mais nous devons tout d'abord reprendre la question
même de l'existence de cette hausse des prix. En effet, les arguments
avancés et la méthode utilisée sont contestables d'un point de vue
économique.
2 Ainsi, pour KEYNES, l'essence du phénomène monétaire réside
dans l'existence de l'unité de compte et non dans celle d'un moyen
matériel de paiement, ou d'une réserve de pouvoir d'achat : "In the
primitive age, before man attained to the conception of weight... it
may still have been the State or the Community which determined
what kind or quality of unit should be a due discharge of an
obligation to pay which had been expressed by the numerals one or
two or ten". Cf. A treatise on Monay-The pure theory of Money,
McMillan, 1971, p. 11-12.
3. D. GENTET, Le modèle institutionnel de la redistribution, Cahier
monnaie-finance de l'Université Lyon II, septembre 1990.
4 J. MAUCOURANT, Individu et pratiques monétaires en Egypte
ancienne, Cahier monnaie-finance de l'Université Lyon II,
septembre 1990. DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 15
1. Discussion sur l'existence de la hausse des prix
On doit à Černý une première mise en évidence de la
fluctuation des prix des grains durant la XXe dynastie 5. Bien que ce
document comporte un certain nombre d'erreurs et d'imprécisions 6, il
met clairement en relief une longue période de hausse du prix du blé
bdt 7 et de l'orge it, suivie d'une de baisse. Les données
fournies par Černý sont reproduites, de façon simplifiée, ci-dessous 8.
Les numéros, entre parenthèses, qui suivent les prix exprimés en
deben par khar 9 correspondent à la numérotation des sources fournies
par Černý.
blé orge
XIXe dynastie 1 (1)
XXe 1 (2)
An 29 de Ramsès III 1 1/3 (3)
i Première moitié de la XXe 1/3 (4)
XXe dynastie 1 1/3 (5)
5. J. ČERNÝ Fluctuations in grain prices during the twentieth Egyptian
dynasty, Archiv Orientální (6), 1934, p. 173-178.
6. Les imprécisions portent sur la datation des documents. Nous avons
relevé deux erreurs : la première se situe dans la source 14 citée par
Černý. Selon un ostracon Berlin non numéroté, 2 1/2 khar d'orge est
équivalent à 6 deben, Černý établissant la correspondance 1 khar = 2
1/5 deben ; le calcul donne en fait 1 khar = 2 2/5 deben.
L'imprécision de la source ne permet pas de savoir si l'erreur se situe
dans le relevé ou dans le calcul. La seconde erreur se situe dans la
source 16 qui indique que 3 khar d'orge sont équivalents à (2) 4
deben ; Černý établit la correspondance 1 khar = 4 deben ; le
papyrus Turin 1907-1908 indique bien une correspondance de 1 khar
= 8 deben. Cette erreur n'est par aileurs pas retranscrite dans le
graphique construit par Černý.
7. bdt est traduit par Černý "spelt", et par Janssen "emmer". Il faut
comprendre par là une variété de blé servant à la fabrication du
pain. C'est ce que nous traduirons par "blé" tout au long de l'article.
8. A l'exception des données 13 et 15, beaucoup trop imprécises dans
leur datation (Černý lui-même ne les utilise pas dans son
graphique).
9. L'estimation en deben par khar est habituelle à l'époque. Le deben
est une unité de poids de 91 gr. et le khar est une unité de volume de
76,881. 16 Didier Gentet et Jérôme Maucourant
Première moitié de la XXe 2 2 2/5 (6) (14)
2 (7)
An 4 de Ramsès VII 4 8 (8) (16)
Milieu de la XXe 4 (9)
An 17 de Ramsès IX 4 1/2 (10) 3 (17)
Fin de la XXe 2 2 (11) (18)
2 (12) 2 (19)
Ainsi classées, ces données font apparaître un mouvement de
hausse des prix trouvant son apogée sous Ramsès VII. Cette hausse
est suivie d'une baisse ramenant les prix de la fin de la XXe dynastie
à un niveau double de ceux pratiqués sous la XIXe. Ce phénomène
touche à la fois le blé et l'orge. Du fait des incertitudes relatives à la
datation des documents, nous devons poser un probl

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