Une inscription faussement attribuée à Thuburbo Minus - article ; n°1 ; vol.97, pg 459-476
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1985 - Volume 97 - Numéro 1 - Pages 459-476
Jacques Gascou, ~~Une inscription faussement attribuée à Thuburbo Minus~~, p. 459-476. L'inscription ~~CIL~~, VIII, 1174, concernant un ~~ab epistulis~~ d'Antonin, puis de Marc-Aurèle et de Lucius Verus, que l'on considère le plus souvent comme provenant de ~~Thuburbo Minus~~, ne peut avoir été gravée dans cette cité : les mots ~~patrono municipii~~ qu'elle contient ne peuvent s'appliquer à une ville qui était colonie depuis le Ier siècle av. J.-C. On ne peut pas davantage l'attribuer à sa voisine Thibiuca, qui était sans doute à cette époque une dépendance de ~~Thuburbo Minus~~. Il est d'autre part tout à fait gratuit de prétendre qu'elle provient de ~~Thubba~~, aucun indice n'autorisant cette hypothèse. La documentation dont nous disposons permet de supposer, mais non d'affirmer, qu'elle pourrait avoir été gravée dans le municipe d'~~Auitta Bibba~~.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Gascou
Une inscription faussement attribuée à Thuburbo Minus
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°1. 1985. pp. 459-476.
Résumé
Jacques Gascou, Une inscription faussement attribuée à Thuburbo Minus, p. 459-476.
L'inscription CIL, VIII, 1174, concernant un ab epistulis d'Antonin, puis de Marc-Aurèle et de Lucius Verus, que l'on considère le
plus souvent comme provenant de Thuburbo Minus, ne peut avoir été gravée dans cette cité : les mots patrono municipii qu'elle
contient ne peuvent s'appliquer à une ville qui était colonie depuis le Ier siècle av. J.-C. On ne peut pas davantage l'attribuer à sa
voisine Thibiuca, qui était sans doute à cette époque une dépendance de Thuburbo Minus. Il est d'autre part tout à fait gratuit de
prétendre qu'elle provient de Thubba, aucun indice n'autorisant cette hypothèse. La documentation dont nous disposons permet
de supposer, mais non d'affirmer, qu'elle pourrait avoir été gravée dans le municipe d'Auitta Bibba.
Citer ce document / Cite this document :
Gascou Jacques. Une inscription faussement attribuée à Thuburbo Minus. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité
T. 97, N°1. 1985. pp. 459-476.
doi : 10.3406/mefr.1985.1460
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1985_num_97_1_1460JACQUES GASCOU
UNE INSCRIPTION FAUSSEMENT ATTRIBUÉE
À THUBURBO MINUS
Au n° 1174 du CIL, VIII (=ILS, 1451), G. Wilmanns a publié parmi les
inscriptions qu'il attribue à Thuburbo Minus (Tebourba), ville d'Afrique
Proconsulaire située sur la rive gauche de l'oued Medjerda, le texte épi-
graphique suivant trouvé à El-Batân, à 2 kilomètres et demi au sud-est de
ce site, de l'autre côté du fleuve :
Sex(to) Caecilio, Q(uinti) f(ilio),/ Quir(ina tribu), Crescentfi]/ Volusia-
no, praefect(o) / fab(rum), sacerd(oti) curioni / sacris faciendis, aduo/cato
fisci Romae, proc(uratori) / [X]X her(editatium), ab epistu[l(is) / dijui
Antonini, ab / [ep]istu[l(is)] Augustorum, pa/trono municipii, d(ecreto)
d(ecurionum), p(ecunia) p(ecunia).
Cette inscription est datable, par la mention du titre ab epistulis
Augustorum porté par Sextus Caecilius Crescens Volusianus, qui ne peut
faire référence qu'aux empereurs co-régnants Marc-Aurèle et Lucius Ve-
rus, des années 161-169. Nous ne nous intéresserons pas à la carrière de
ce personnage, qui a été bien étudiée par H. -G. Pflaum l et par M. G. Jar
ret2, mais seulement aux termes patronus municipii qui le qualifient. En
effet, ces mots ne manquent pas de surprendre. Thuburbo Minus, entre
161 et 169, ne pouvait être municipe, puisque cette ville est une colonie
fondée par Octave à partir d'éléments de la huitième légion3, comme l'i
ndique son titre de colonia Victrix Iulia Felix Octauanorum donné par une
inscription trouvée à Tebourba4. Les auteurs qui ont cité ou utilisé cette
1 H.-G. Pflaum, Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-Empire
romain, 1. 1, Paris, 1960, p. 337-339, n° 142.
2 M. G. Jarrett, An Album of the Equestrians from North Africa in the Emper
or's service, dans Epigraphische Studien, 9, Bonn, 1972, p. 164, n°34.
3 L. Teutsch, Das Städtewesen in Nordafrika in der Zeit von C. Gracchus bis
zum Tode des Kaisers Augustus, Berlin, 1962, p. 169.
4 ILAf, 414 : C(oloni) c(oloniae) V(ictricis) I(uliae) F(elicis) VIII [=Octauanorum\
(à rapprocher de ILAf, 416 : col(oniae) VIII Thub(urbitanae). Ce développement est
MEFRA - 97 - 1985 - 1, p. 459-476. JACQUES GASCOU 460
inscription ont, selon les cas, négligé ou souligné la difficulté que présent
e la contradiction entre la mention d'un municipe et la qualité de colonie
qui était celle de Thuburbo Minus, mais, à de très rares exceptions près,
ont suivi G. Wilmanns en situant à Thuburbo Minus l'origine première de
ce document5.
Il s'en faut pourtant que G. Wilmanns fût affirmatif : Num igitur ad
Thuburbo spectet ualde dubium est, écrivait-il après avoir énuméré, au
n° 1174 du CIL, VIII, les auteurs du XVIIIe siècle qui avaient décrit cette
inscription. Il n'est donc pas inutile de nous étendre quelque peu sur le
lieu exact et les circonstances de la découverte de cette pierre, autant que
nous pouvons les connaître.
C'est à J.-A. Peyssonnel que nous devons à cet égard le plus de préci
sions. Ce médecin et naturaliste provençal visita le nord de l'Afrique en
1724 et 17256 et consigna ses notes de voyage dans des lettres envoyées à
dû à F. Vittinghoff, Römische Kolonisation und Bürgerrechtspolitik unter Caesar
und Augustus, Mainz-Wiesbaden, 1952, p. Ill, n. 7. De son côté, P. Quoniam, À pro
pos des «communes doubles» et des «coloniae Iuliae» de la province d'Afrique: le
cas de Thuburbo Maius, dans Karthago 10, 1959-1960, p. 75, n. 62, envisage aussi :
C(olonia) C(oncordia) V(ictrix) I(ulia) F(elix) (Octauanorum) , développement qui ne
modifierait en rien les conclusions chronologiques que l'on peut tirer de l'inscrip
tion.
5 H. Dessau, ILS, Indices, p. 652 : «Thuburbo minus : municipium», avec renvoi
au n°1451; A. von Domaszewski, Die Rangordnung des römischen Heeres, 2e éd.
revue par B. Dobson, Köln-Graz, 1967 [la 1*™ édition est de 1908], p. 239; L. Poins-
SOT, BCTH 1930-31, p. 257 et n. 4; Id., Une inscription de Thignica concernant le pro
consul C. Annius Anullinus, Revue Tunisienne, n°48, 4e trimestre 1941, p. 273, n. 8;
H. Treidler, RE, VI A (1936), c. 620, s.v. Thuburbo Minus; A. Stein, PIR2, II, 1936,
p. 6, n° 37, s.v. Sex. Caecilius Crescens Volusianus; L. Harmand, Le patronat sur les
collectivités publiques des origines au Bas-Empire, Paris, 1957, p. 264; H.-G. Pflaum,
op. cit., loc. cit. [mais cet auteur, cf. infra, devait modifier ultérieurement son opi
nion] ; L. Teutsch, op. cit., loc. cit. ; J. Desanges, éd. de Pline l'Ancien, Histoire Natur
elle, V, 1èr" partie (L'Afrique du Nord), Paris, 1980, p. 283-284.
6 Cf. C. Monchicourt, Le voyageur Peyssonnel de Kairouan au Kef et à Dougga
(août 1724), dans Revue Tunisienne, n°117, juillet 1916, p. 266-277, et nœ 118-119,
septembre-novembre 1916, p. 356-364 : il ressort de cet article que l'on ne peut pas
prendre pour argent comptant tout ce que dit Peyssonnel. Il n'a pas toujours «sé
paré nettement ce qu'il a observé lui-même de ce qu'on lui a raconté» (ibid.,
p. 360). Il n'est pas toujours allé dans les villes qu'il a prétendu avoir visitées et n'a
pas toujours vu les inscriptions qu'il transcrit. Pourtant G. Wilmanns, à juste titre
sévère pour la «légèreté proche de la fraude» dont fait preuve Peyssonnel dans
certaines des lectures d'inscriptions qu'il a transmises (CIL, VIII, 63, 230, 232, 235,
1579, 1720, 2695, 2742, 5278 et cf. ibid., p. XXV, n°XI), ne lui adresse point les
mêmes reproches pour les inscriptions qu'il a copiées à Tebourba ou au voisinage • Thubba
• Bordj Touta CARTHAGO/^E
Auitta Bibba
Thuburbo Minus et région environnante (avec indication des localités mentionnées dans le texte). JACQUES GASCOU 462
divers correspondants, qui ne furent réunies en volume que plus d'un siè
cle plus tard par Dureau de la Malle7. C'est dans une lettre de Tunis, du
20 juillet 1724, que Peyssonnel mentionne sa visite de Tebourba et des ses
environs 8 :
«Nous la passâmes [la rivière, c'est-à-dire la Medjerda] à un quart de
lieue de Tuburbo qui conserve encore son ancien nom. Je ne sais si c'est
le Tuburbo majus ou minus; mais il y avait un colysée très beau qui a été
détruit par Mahamet Bey, il y a une vingtaine d'années, pour construire
un pont [suit une description du pont]. À côté de ce pont, très beau et très
solidement fait, le bey avait élevé une maison assez jolie. . . Aux environs
de ce bardou ou palais royal nous trouvâmes une pièce de marbre d'envi
ron douze pieds de long sur trois de large et autant d'épaisseur. Cette
pierre, chargée d'ornements en bas-reliefs, faisait sans doute le dessus de
la porte de l'ancien amphithéâtre. Elle était écornée; nous y avons trouvé
ces caractères romains gravés en très grosses lettres [suit le texte repro
duit à peu de chose près en CIL, VIII, 1 177]. Et à côté, sur une pierre qui
est sur le chemin, près d'un puits couvert . . . [suit le texte reproduit, avec
mainte amélioration, dans C

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