Une institution originale de la France post-révolutionnaire et impériale : La société d encouragement pour l industrie nationale - article ; n°2 ; vol.8, pg 147-165
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Histoire, économie et société - Année 1989 - Volume 8 - Numéro 2 - Pages 147-165
Abstract : If the S.E.I.N. has not been entirely unfamiliar to economic historians, its social composition was unknown. But only a prosopographic survey of its members during its first ten years can explain its genuine originality. As a private society, it combines elements of the old academic societies and of the new technocratic club. Through its «bulletin», it played a unique role of dessiminating technological information in post-revolutionary France.
Résumé : Si l'existence de la S.E.I.N. est vaguement connue des historiens, sa composition sociale ne l'était pas. Or seule l'étude prosopographique de ses membres durant la première décennie de son activité permet d'en saisir l'originalité profonde. Institution privée, elle tient à la fois de la société académique de naguère et du cercle technocratique de demain, assurant par son bulletin un rôle d'information technique sans équivalent en France dans la première moitié du XIXe siècle.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Chassagne
Une institution originale de la France post-révolutionnaire et
impériale : La société d'encouragement pour l'industrie nationale
In: Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°2. pp. 147-165.
Résumé : Si l'existence de la S.E.I.N. est vaguement connue des historiens, sa composition sociale ne l'était pas. Or seule
l'étude prosopographique de ses membres durant la première décennie de son activité permet d'en saisir l'originalité profonde.
Institution privée, elle tient à la fois de la société académique de naguère et du cercle technocratique de demain, assurant par
son bulletin un rôle d'information technique sans équivalent en France dans la première moitié du XIXe siècle.
Abstract : If the S.E.I.N. has not been entirely unfamiliar to economic historians, its social composition was unknown. But only a
prosopographic survey of its members during its first ten years can explain its genuine originality. As a private society, it
combines elements of the old academic societies and of the new technocratic club. Through its «bulletin», it played a unique role
of dessiminating technological information in post-revolutionary France.
Citer ce document / Cite this document :
Chassagne Serge. Une institution originale de la France post-révolutionnaire et impériale : La société d'encouragement pour
l'industrie nationale. In: Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°2. pp. 147-165.
doi : 10.3406/hes.1989.2363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1989_num_8_2_2363UNE INSTITUTION ORIGINALE DE LA FRANCE
POST-REVOLUTIONNAIRE ET IMPERIALE :
LA SOCIETE D'ENCOURAGEMENT
POUR L'INDUSTRIE NATIONALE *
par Serge CHASSAGNE
Résumé :
Si l'existence de la S.E.I.N. est vaguement connue des historiens, sa composition sociale ne l'était
pas. Or seule l'étude prosopographique de ses membres durant la première décennie de son activité permet
d'en saisir l'originalité profonde. Institution privée, elle tient à la fois de la société académique de naguère et
du cercle technocratique de demain, assurant par son bulletin un rôle d'information technique sans équivalent
en France dans la première moitié du XIXe siècle.
Abstract :
If the S.E.I.N. has not been entirely unfamiliar to economic historians, its social composition was
unknown. But only a prosopographic survey of its members during its first ten years can explain its
genuine originality. As a private society, it combines elements of the old academic societies and of the new
technocratic club. Through its «bulletin», it played a unique role of dessiminating technological
information in post-revolutionary France.
Un récent colloque universitaire consacré à Jean- Antoine Chaptal1, vient oppor
tunément d'attirer l'attention sur l'œuvre fondatrice de ce remarquable ministre de
l'Intérieur de la période consulaire (très exactement de novembre 1800 à août 1804). A
son actif, parmi tant de mesures désormais bien connues, sur lesquelles il n'est pas
nécessaire de revenir, on doit aussi inscrire la création d'une institution privée, desti-
Article repris d'un chapitre de ma thèse de doctorat d'état, La naissance de l'industrie cotonnière en France,
1760-1840, soutenue le 24 juin 1986.
* Tenu à Montpellier en novembre 1986 et publié s.d. Michel Peronnet, dans la Bibl. hist. Privât, Toulouse,
1987. 148 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
née à favoriser les relations entre l'Etat et les milieux économiques, la Société
d'encouragement pour l'industrie nationale, forme supplémentaire ouverte à la sociab
ilité des notables alors en voie de domination de la société post- révolutionnaire. Son
étude interfère donc autant avec celle de la nouvelle sociabilité qu'avec celle de la pro-
sographie sociale des élites chère à L. Bergeron2.
Si la seconde moitié du XVIIIe siècle avait été l'âge d'or de l'agronomie, avec la
multiplication des sociétés royales ďagrículture 3, il faut attendre les prodromes de la
Révolution pour voir la création de sociétés savantes plus spécialement consacrées aux
«arts et métiers» — dont l'appellation dit assez ce qu'elles doivent à l'esprit encyclo
pédique des Lumières. La plus ancienne, créée en décembre 1788, prend le nom de
société philomatique : elle entend recueillir et diffuser les découvertes et les expé
riences scientifiques contemporaines4. Son action aboutit, en août 1792, à la fondation
de la Société libre du lycée des Arts qui, par son Journal, par ses cours publics à
l'Oratoire, par ses récompenses symboliques aux inventeurs et aux savants favorise
éminemment le progrès technique. Cette formule du Lycée empruntée à l'Athènes
classique est d'ailleurs bientôt imitée par d'autres sociétés savantes encore mal
connues, telles le Lycée de Pans, le Lycée républicain (également parisien) ou le Ly
cée de Grenoble. A la suite de la loi du 7 janvier 1791 sur les brevets d'invention,
naissent successivement la Société des inventions et des découvertes, et la Société du
point central des arts et métiers, réunion d'artistes, d'ingénieurs, de mécaniciens et de
manufacturiers, «qui n'a d'autre intérêt que de concourir à l'avancement des arts et
métiers comme au progrès du commerce». Ces diverses sociétés gardent toutefois des
anciennes académies abolies le caractère mondain et formel de leurs débats (du par-
lage, dit Costaz dans son Essai de 1818), qui ne peut satisfaire des hommes épris de
réalisations concrètes.
Un jour de fructidor IX, le ci-devant comte de Lasteyrie, membre de la société
d'agriculture de la Seine, raconte ses impressions d'un récent voyage à Londres dans
les salons du banquier Benjamin Delessert, rue Coq-Héron. Il y parle notamment de la
«société pour l'encouragement des arts, des manufactures et du commerce», fondée à
Londres en 1754, et les présents conviennent de l'intérêt pour la France d'une société
analogue. On en jette immédiatement les premières bases, et Chaptal est informé du
2 Cf. L. Bergeron, «Un dictionnaire de biographie sociale, les Grands Notables du premier Empire», in
Bourgeoisies de province et révolution, actes du colloque de Vizille de 1984, P.U. Grenoble, 1987, pp. 109-
113 ; et les 18 volumes de notices parus à ce jour sous sa direction et celle de G. Chaussinand-Nogaret, aux
éditions du CNRS.
^ Cf. A. Bourde, Agronomie et agronomes en France au XVIIIe siècle, Paris, Sevpen, 1967, t. III, François
de Neufchâteau provoque en l'an VI la reconstitution de la société d'agriculture de la Seine, qu'il préside ; dès
l'année suivante, il en existe une dans quarante départements.
4 Ses rapports généraux imprimés comportant la liste de ses membres, cette société pourrait à son tour faire
l'objet d'une étude prosopographique. SOCIETE D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE 149 LA
projet. Le 1er vendémiaire X (27 septembre 1801), quatorze personnes5, toutes liées
au brain-trust de Chaptal, mettent au point les modalités de la future société, à laquelle
le consul Lebrun et le ministre Chaptal promettent par avance leur appui. Trois tréso
riers provisoires sont désignés pour recevoir les souscriptions : un banquier, François
Delessert, un industriel, Scipion Périer, et un membre de l'Institut, par ailleurs
membre de la société d'agriculture de la Seine, le vétérinaire J.B. Huzard. Une com
mission de six membres (Bardel, Bose, Costaz, Degérando, Lasteyrie, Silvestře), re
présentants du commerce, de l'agriculture, de l'administration et des assemblées (qui
appartiennent par ailleurs aux deux respectables sociétés d'agriculture de la Seine et
philomatique de Paris), reçoit mission de préparer et de convoquer l'assemblée
constitutive. Sans doute lui doit-on le programme de la future société, diffusé en bru
maire X :
«La Nation française possède dans la richesse de son territoire, dans l'abondance
de sa population, dans l'activité de ses citoyens [...] tous les avantages propres à as
surer la prééminence de son industrie. Mais les erreurs de l'ancienne administration et
les malheurs qui ont accompag

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