Une tentative de réforme du calendrier sous Clément VI. Jean des Murs et la Chronique de Jean de Venette - article ; n°1 ; vol.19, pg 131-143
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Une tentative de réforme du calendrier sous Clément VI. Jean des Murs et la Chronique de Jean de Venette - article ; n°1 ; vol.19, pg 131-143

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1899 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 131-143
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Eugène Déprez
Une tentative de réforme du calendrier sous Clément VI. Jean
des Murs et la Chronique de Jean de Venette
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 19, 1899. pp. 131-143.
Citer ce document / Cite this document :
Déprez Eugène. Une tentative de réforme du calendrier sous Clément VI. Jean des Murs et la Chronique de Jean de Venette.
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 19, 1899. pp. 131-143.
doi : 10.3406/mefr.1899.6183
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1899_num_19_1_6183UNE TENTATIVE DE REFORME DU CALENDRIER
SOUS CLEMENT VI
Jean des Murs
et la Chronique de Jean de Yenette
truand on dépouille pièce par pièce la correspondance se
crète des papes d'Avignon du XIVe siècle, on est frappé de la
richesse et de la variété des documents qu'elle renferme, et l'on
y peut faire mainte trouvaille. La plus petite bulle, aux indi
cations même les plus brèves, permet souvent d'expliquer cer
tains détails encore incertains ou obscurs, d'apporter sur une
question des renseignements nouveaux, ou de rectifier de vieilles
erreurs. C'est ainsi que dans l'an des registres où sont conser
vées les bulles secrètes du pape Clément VI (1342- 1352) —
dont j'ai entrepris de publier la correspondance diplomatique
— j'ai pu découvrir deux bulles qui, tout en fournissant" des
données intéressantes sur l'un des plus fameux coinputistes du
XIV" siècle et sur une tentative de réforme da calendrier à
cette époque, permettent encore de fixer d'une façon plus pré
cise la date de composition d'une chronique française du XIVe
siècle (1).
Les problèmes de chronologie comme ceux d'astrologie, les
questions ae eompuu eu ne πι&όιιύίΐΐΛύι^ίΐο oiJ^i«,!.: ^r^\z:\t tüiijcu ;\;
passionné les esprits au moyen-âge. Les documents et actes diplo
matiques donnaient lieu sans cesse à des vérifications de dates
(1) Archives Vaticanes. Secrètes Clément VI. Reg. 133 nos CCCV
et CCCVI f° 95 a, CCCXIII et CCCXII1I f° 05". Io2 UNE TENTATIVE DE REFORME
et à des recherches chronologiques; il était donc nécessaire de
bien connaître les systèmes employés pour déterminer le temps:
d'où l'étude obligatoire des diverses ères employées ou des di
vers cj^cles. L'étude de ces éléments chronologiques faisait partie
de la scolastique et constituait la science de la chronologie
technique. Mais cette science était très ardue et les questions
qui s'agitaient à propos des divers systèmes ou des calendriers
fort compliquées. Elle exigeait des connaissances mathématiques
ou astronomiques accessibles à des esprits supérieurs, et les sa
vants computistes étaient rares. Le calendrier usité pendant tout
le moyen-âge fut le calendrier julien, réformé par Jules César,
et où l'année se réglait sur le cours du soleil. Ce calendrier,
purement romain, où l'année se composait de douze mois, les
mois se divisant en kalendes, en nones ou en ides, et où la
numérotation des quantièmes était rétrograde, s'était modifié en
empruntant des éléments au calendrier juif; et ainsi se cons
titua peu à peu un calendrier liturgique : les computistes ima
ginèrent les Lettres Dominicales, les Concurrents et les Régul
iers, le Cycle de dix-neuf ans, les Epactes, le Cycle Lunaire, le
Nombre d'or. L'Eglise catholique, qui datait souvent ses actes
du jour des fêtes elles-mêmes, ne pouvait manquer de s'inté
resser aux graves questions de com put que soulevait la fixation
des fêtes mobiles; les discussions étaient passionnées; les calculs
mathématiques n'étaient jamais exacts ; les erreurs infinités
imales, multipliées à la longue, produisaient des différences sen
sibles, et les rares savants qui, pour l'époque, voyaient clair
dans ces questions de chiffres, d'heures, de minutes, de secondes,
cherchaient mille manières de rectifier le calendrier liturgique,
sans l'ébranler. La papauté, qui dirigeait l'Eglise, devait veiller
à la fixation des fêtes autant qu'à la conservation du patrimoine
de Saint-Pierre. Elle chercha donc à corriger les défauts du
calendrier julien. Au milieu du XIVe siècle, Clément VI semble CALENDRIER SOUS CLEMENT VI. 133 DU
s'être particulièrement intéressé à ces questions de comput, et
les bulles que nous publions ci-après nous montrent ce pontife
désireux d'aplanir les difficultés et de rectifier les erreurs en
matière de chronologie technique.
Le calendrier julien n'était pas en effet à l'abri de toute erreur:
des différences, à l'origine négligeables, avaient fini à la longue
par reculer certaines fêtes de plusieurs jours et par bouleverser
le calendrier. La fête de Pâques ne pouvait plus être fixée i
nvariablement ; et, comme en bien des pays l'année commençait
à Pâques, c'était le désordre dans les questions de comput. Les
mathématiciens et computistes s'aperçurent bien de l'erreur,
mais demeurèrent longtemps sans résoudre le problème. Au
XIIIe siècle, un moine écossais, John de Holywood (1), après
lui Robert Grossetête chancelier d'Oxford et évêque de Lincoln,
Campano de Novare et enfin Roger Bacon, cherchèrent à pénétrer
les raisons des erreurs et à trouver le véritable moyen de les
éviter. Malheureusement leurs tentatives restèrent sans résultats.
Les solutions qu'ils proposèrent parurent trop subtiles, surtout
d'une application difficile: à vrai dire ils n'avaient que mal
entrevu la source et l'origine de toutes les erreurs, et leurs
corrections étaient elles-mêmes fautives. La question de la recti
fication du calendrier resta en suspens près d'un demi siècle,,
jusqu'au jour où Clément VI, en 1344, s'avisa de rechercher
quelle pouvait être l'erreur commise, et de quelle façon il y
avait lieu de procéder pour corriger le calendrier (2).
(1) II composa en 1232 un traité intitulé: «De anni ratione seu ut
vocatur vulgo computus c.cclesiasticus ».
(2) Le meilleur travail qui ait paru sur ces questions de comput
est celui de M. Ferdinand Kaltenbrunner : Die Vorgeschichte der dre-
gorianischen Kalenderreform. I. Die ersten Anfänge der Erkenntnis s
der Fehler. — II. Heranziehen der Autoritäten des Alterthums und
der Araber. Die ersten Forderungen nach Verbesserung (Sitzungsber
ichte der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Philosophisch -
Historische Classe. Wien, 1876, LXXXII, pages 289-414). 134 UNE TENTATIVE DE REFORME
Clément VI semble s'être occupé du Nombre d'Or plutôt
que d'une réforme générale du calendrier: car la bulle parle
de doutes qui s'étaient élevés à propos du Numerus Aureus et
d'erreurs sensibles qu'il était besoin de corriger, " super qui-
busdam dubiis seu defections numerum aureum tangentibus,
ad utilitatem universalis ecclesìe dcclarandis seu corrigendis „ .
Nous ne voulons point et nous ne pourrions pas ici discuter
une pareille question de chronologie, et nous engager à fond
dans ces controverses mathématiques fort embrouillées, à propos
de l'année solaire et de la durée du mois lunaire, et du cycle
de 19 ans: nous rappellerons seulement que les computistes avaient
remarqué que " 19 années solaires contenaient à peu près exac
tement 235 lunaisons, c'est-à-dire qu'après dix-neuf années so
laires, les mêmes phases de la lune revenaient dans le même
ordre aux époques des années solaires, et qu'après ce
laps de temps les nouvelles lunes de chaque mois se retrou
vaient aux mêmes dates qu'auparavant. Il suffisait donc d'avoir
observé ces concordances pendant 19 années consécutives pour
pouvoir fixer ensuite ces dates pour toutes les périodes suivantes.
Ce cycle de 19 ans ne cessa d'être employé à la détermination
de la lune pascale et par conséquent de la Pâque. Mais les
computistes firent coïncider le point de départ du cycle de dix-
neuf ans avec l'année de la naissance du Christ, c'est-à-dire que
l'an premier de notre ère correspond à la deuxième année du
cycle. Le chiffre qui désigna le rang occupé par une année dans
le cycle fut communément appelée Nombre d'

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