Venise et la Horde d Or, fin XIIIe-début XIVe siècle - article ; n°2 ; vol.29, pg 243-256
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Venise et la Horde d'Or, fin XIIIe-début XIVe siècle - article ; n°2 ; vol.29, pg 243-256

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 243-256
Mihnea Berindei, Giustiniana Migliardi O'Riordan, Venice and the Golden Horde, end of thirteenth-beginning of fourteenth centuries.
The publication for the first time of a document of the year 1324 bearing on a commercial transaction - the sale of a large quantity of tin - between two Venetian tradesmen in the Estates of Khan Özbeg, gives an opportunity to take up a question but little studied until now: that of commercial relations between Venice and the Golden Horde in the late 1200's and the first half of the fourteenth century. It thus appears that this venture is in no way exceptional but takes place within the framework of a period when economic relations were intensified in particular because of the development of civilization of the Golden Horde under the rule of Özbeg.
Mihnea Berindei, Giustiniana Migliardi O'Riordan, Venise et la Horde d'Or fin XIIIe -début XIVe siècle.
La publication d'un document inédit de 1324 concernant une opération commerciale - la vente d'une grosse quantité d'étain - engagée par deux marchands vénitiens dans les États du khan Özbeg offre l'occasion de reprendre une question peu étudiée jusqu'à présent, celle des relations commerciales entre Venise et la Horde d'Or à la fin du XIIIe et dans la première moitié du XIVe siècle. Il apparaît ainsi que cette entreprise n'a rien de singulier mais qu'elle se place au contraire dans une période où les rapports économiques s'étaient intensifiés suite notamment à l'essor que connaît la civilisation de la Horde d'Or sous le règne d'Özbeg.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Giustiniana MigliardiO'Riordan
Mihnea Berindei
Venise et la Horde d'Or, fin XIIIe-début XIVe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 29 N°2. Avril-Juin 1988. pp. 243-256.
Abstract
Mihnea Berindei, Giustiniana Migliardi O'Riordan, Venice and the Golden Horde, end of thirteenth-beginning of fourteenth
centuries.
The publication for the first time of a document of the year 1324 bearing on a commercial transaction - the sale of a large quantity
of tin - between two Venetian tradesmen in the Estates of Khan Özbeg, gives an opportunity to take up a question but little
studied until now: that of commercial relations between Venice and the Golden Horde in the late 1200's and the first half of the
fourteenth century. It thus appears that this venture is in no way exceptional but takes place within the framework of a period
when economic relations were intensified in particular because of the development of civilization of the Golden Horde under the
rule of Özbeg.
Résumé
Mihnea Berindei, Giustiniana Migliardi O'Riordan, Venise et la Horde d'Or fin XIIIe -début XIVe siècle.
La publication d'un document inédit de 1324 concernant une opération commerciale - la vente d'une grosse quantité d'étain -
engagée par deux marchands vénitiens dans les États du khan Özbeg offre l'occasion de reprendre une question peu étudiée
jusqu'à présent, celle des relations commerciales entre Venise et la Horde d'Or à la fin du XIIIe et dans la première moitié du
XIVe siècle. Il apparaît ainsi que cette entreprise n'a rien de singulier mais qu'elle se place au contraire dans une période où les
rapports économiques s'étaient intensifiés suite notamment à l'essor que connaît la civilisation de la Horde d'Or sous le règne
d'Özbeg.
Citer ce document / Cite this document :
MigliardiO'Riordan Giustiniana, Berindei Mihnea. Venise et la Horde d'Or, fin XIIIe-début XIVe siècle. In: Cahiers du monde
russe et soviétique. Vol. 29 N°2. Avril-Juin 1988. pp. 243-256.
doi : 10.3406/cmr.1988.2145
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1988_num_29_2_2145DOCUMENTS
MIHNEA BERINDEI
GIUSTINIANA MIGLIARDI O'RIORDAN
VENISE ET LA HORDE D'OR
FIN XIIIe - DÉBUT XIVe SIÈCLE
A propos d'un document inédit de 1324
Le 10 octobre 1324, un notaire instrumentant à Constantinople enregistrait un
contrat entre deux marchands originaires de Venise, Marino Marin de la paroisse
de San Polo, et Leonardo Contarini de la paroisse de Santa Maria Formosa. Par cet
acte, le premier reconnaît avoir reçu du second une certaine quantité d'étain, d'une
valeur de 199 hyperpèrcs d'or byzantins, et se charge de la faire parvenir à des fins
commerciales dans les États du khan Ôzbeg, khan de la Horde d'Or. Le bailleur de
fonds, Leonardo Contarini qui avait apporté l'étain - capital de l'association - à
Constantinople, assume en outre à part entière les risques financiers de l'entreprise.
A la conclusion de l'affaire lui reviendront, en sus de son capital, les trois quarts
des bénéfices. L'accommanditaire, Marino Marin, s'engage à faire fructifier la mar
chandise qui lui a été confiée et à subvenir aux frais personnels occasionnés par le
voyage. Il se contentera pour sa part d'un quart des bénéfices.
Nous reviendrons plus loin sur l'analyse diplomatique de cet acte ; arrêtons-
nous pour l'instant sur son apport historique, tout en précisant d'emblée que nous
ignorons quelle a été l'issue de cette affaire.
Si nous avons choisi de présenter et de publier ici ce seul document c'est qu'il
nous paraît intéressant à plus d'un titre. Le règne du khan Ôzbeg (1312-1341) cor
respond à une grande période du trafic italien en mer Noire pendant laquelle celle-
ci était devenue - davantage encore qu'à la fin du хшс siècle - une véritable plaque
tournante du commerce international, selon la formule consacrée de G. Bratianu.
Cela étant, si des sources diverses (chroniques, documents diplomatiques, déci
sions ou délibérations des autorités centrales de Gênes ou de Venise, manuels de
commerce) attestent pleinement cet essor, nous disposons pour cette époque de peu
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXIX (2), avril-juin 1988, pp. 243-256. 244 MIHNEA BERINDEI
d'exemples concrets, comme ceux fournis par les actes notariés, permettant de
mieux saisir la réalité de ce commerce1. A notre connaissance, le document que
nous publions ici constitue le premier témoignage précis de la présence des mar
chands vénitiens à l'intérieur des terres de la Horde d'Or sous le khan Ózbeg, et
cela avant qu'à la suite de tractations diplomatiques ce dernier concède à la Séré-
nissime, en 1332, le droit d'ouvrir un établissement commercial permanent à La
Tana (Azov). Mais outre la destination de l'opération commerciale envisagée par
les deux marchands, c'est l'objet même de la transaction qui attire l'attention.
L'Occident avait en effet le quasi-monopole de l'étain, extrait principalement à
l'époque en Cornouailles (Angleterre) : c'est d'ailleurs l'origine vraisemblable du
chargement confié par Leonardo Contarini à son associé Marino Marin à Constant
inople. Nous sommes ainsi en présence d'un produit rare et recherché, article du
commerce international au même titre que les épices, la soie, l'or, les pierres pré
cieuses, les perles, les fourrures de prix..., toutes marchandises de grande valeur et
d'origine lointaine. Du reste la place réservée à l'étain dans les manuels de com
merce du xive siècle est à cet égard concluante. Ce métal était non seulement indi
spensable pour l'étamage des récipients en cuivre ou en fer, mais aussi pour la mét
allurgie du bronze largement utilisé dans la fabrication de pièces d'armement et de
harnachement, d'ustensiles de ménage et d'autres objets d'usage courant. Le fait
que les sujets du khan Ôzbeg soient demandeurs d'étain - ce qui pose subsidiaire-
ment la question de son utilisation - n'est pas sans jeter une lumière sur la civilisa
tion, encore si méconnue, de la Horde d'Or.
Relevons enfin un autre apport de ce document : le rôle, bien connu par ail
leurs, de Constantinople, qui n'est pas seulement un grand marché de consommat
ion mais également un entrepôt des produits du commerce international, une
étape, sinon obligatoire du moins importante, pour le trafic de l'Occident avec
l'Orient à travers l'espace pontique.
Contrairement aux Génois qui obtiennent en 1 169 la permission de commercer
en mer Noire (privilège accordé par Manuel Ier Comnène2), les Vénitiens ne fran
chissent probablement le Bosphore qu'à partir de 1204, après la quatrième croisade
et la création de l'Empire latin3. Dès 1206, ils se rendent à Soldaïa (la Sougdéa by
zantine) en Crimée, mais la situation des régions riveraines de la mer Noire n'est
pas propice au développement du commerce dans la première moitié du xnr siècle.
Nous le savons bien aujourd'hui : ce n'est qu'après la restauration byzantine à Cons
tantinople (1261) et l'instauration de la « paix mongole » par l'organisation de
l'Empire formé par Gengis Khan et ses successeurs que la conjoncture devient fa
vorable à l'expansion économique occidentale dans l'espace pontique. Les Génois
sont les premiers à profiter de cette nouvelle situation (traité de Nymphée en 1261)
et si les Vénitiens leur emboîtent le pas (tractations avec Michel VIII Paléologue
en 1265, traités de 1268, 1277 et 1285), ils ne réussiront pas, malgré leurs efforts, à
remettre en cause l'hégémonie commerciale génoise en mer Noire : leur comptoir
de Soldaïa où, en 1287-1288 au plus tard, se trouvait un consul dont la juridiction
s'étendait également à la « Gazarie » (la Crimée), n'est pas de taille à concurrencer
Caffa et les autres établissements génois en plein essor à partir des années
1275- 12804. Pourtant, de la sorte, les marchands vénitiens sont en contact fréquent ET LA HORDE DOR 245 VENISE
avec la Horde d'Or. Ils ne se contentent pas d'être présents dans les marches de
Yulus (en Crimée ou à La Tana) : profitant de la sécurité des routes garantie par la
paix mongole, certains d'entre eux s'engagent m&

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