Villes de l Euphrate — Zeugma, Néocésarée, Birtha - article ; n°1 ; vol.35, pg 161-190
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Villes de l'Euphrate — Zeugma, Néocésarée, Birtha - article ; n°1 ; vol.35, pg 161-190

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1915 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 161-190
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1915
Nombre de lectures 875
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Cumont
I. Villes de l'Euphrate — Zeugma, Néocésarée, Birtha
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 161-190.
Citer ce document / Cite this document :
Cumont F. I. Villes de l'Euphrate — Zeugma, Néocésarée, Birtha. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 161-
190.
doi : 10.3406/mefr.1915.7122
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1915_num_35_1_7122DE L'EUPHRATE. VILLES
ZEUGMA, NÉOCÉSABÉE, BIETHA
Les géographes et historiens modernes placent unanimement
Zeugma, la ville gréco-syrienne située sur le plus célèbre des pas
sages de l'Euphrate, en face de Biredjik, où les voyageurs ve
nant d'Alexandrette et d'Alep ont coutume aujourd'hui de traverser
le fleuve pour gagner Mossoul ou Bagdad l. Cette localisation a été
imposée par Ritter 2, qui a discuté avec son érudition habituelle
l'emplacement de Zeugma et des autres points où l'on franchissait
l'Euphrate dans l'antiquité. Si néanmoins il s'est trompé, comme
j'espère le montrer ici, ce n'est pas pour avoir mal interprété
les textes qu'il avait diligemment recueillis, mais parce que ceux-ci
ne pouvaient lui fournir que des indications approximatives sur la
région où s'élevait la cité, souvent mentionnée ;i. Il aurait fallu,
pour en déterminer l'emplacement avec plus de précision, disposer
de renseignements topographiques qu'il eût été bien difficile de re
cueillir vers le milieu du siècle dernier.
1 Pour ne citer que les travaux les plus récent?, Zeugma est placé
à, cet endroit sur toutes les cartes de Kiepert, notamment celle au 400 mil
lième, et par M. Chapot, La frontière de VEuphrate, Paris, 1907, p. 275.
2 Ritter, Erdkunde, t. X, 3e partie (Asie. t. VII\ 1848, p. 9Ô0 ss.
3 Les autours nous apprennent, à la vérité, que Zeugma se trouvait
à 72 milles de Samosate (Pline, IL N., VI, 24, S H6), à 175 milles de Sé-
leucie de Piérie (Ibid., V, 12, S ^7; cf. Strabon, XVI, 2, 1, p. 749 C), à
24 milles d'Hiérapolis (Tab. Peut.), à 12, 14 ou 24 milles de Dolichè (Itin.
Ant., 185, 189, 191), et à 2000 stades de Thapsaque (Strabon, XVI, 1, 22,
p. 746 C.j, mais, en admettant que ces chiffres soient exacts, nous connais
sons trop mal le tracé des routes antiques pour que des mesures d'une
précision rigoureuse soient possibles.
Mélanges d'Arch. et d'Hist. 1915. 11 162 VILLES DB l'bUPHRATB
Pour bien fixer les termes de la question, je rappellerai que
Ritter a prétendu prouver deux points : d'abord que Zeugma se
trouvait en face de Biredjik, qui serait l'ancienne Apamée, ensuite
que Biredjik ne correspond pas an Birthâ des Romains, comme on
l'avait supposé avant lui.
Je voudrais faire valoir les raisons qui établissent, si je ne m'a
buse, 1°, que Zeugma n'était pas en face de Biredjik, mais à une
dizaine de kilomètres en amont, au village actuel de Bâlkîs, ident
ifié à tort avec Néocésarée d'Euphratésie ; 2°, que Biredjik est Birthâ,
dont le nom grec était Macédonopolis.
Rappelons d'abord ce qu'on sait de l'histoire de Zeugma.
ΖευγίΛχ « jonction » désigne, au sens technique, un pont de ba
teaux jeté sur un cours d'eau ou même une jetée formée d'une
réunion de chalands l. A l'époque perse, le zeugma de l'Euphrate
se trouvait à Thapsaque 2. Séleucus Nicator y substitua un nouveau
pont, unissant la Commagène et la Mésopotamie 3, et il fonda à
chacun de ses bouts une ville forte pour le défendre. De ces deux
cités jumelles, l'une, Séleucie, sur la rive occidentale, rappelait son
propre nom, l'autre, Apamée, sur la rive orientale, celui de son épouse.
Il n'y a pas doute sur la position d'Apamée : elle était, les t
émoignages concordent sur ce point, au delà de l'Euphrate en Mé
sopotamie 4. Pline et Strabon sont au contraire en désaccord au sujet
1 Liddell et Scott, Lexicon, s. v.
2 Xénoph., I, 4, 11 ; Arrien, Anal·., II, 13, 1 : Strabon, XVI, 1, 21 et 23,
p. 746, 747 ; cf. Th. Noldeke, Karhemish, Cir cesium und andre Euphrat-
übergänge dans Nachrichten der Ges. Wiss. Göttingen, 1876, p. 1-16.
3 Pline, H. JV., V, 24, § 86: « Zeugma LXXII p. a Samosatis, transiti!
Euphratis nobile; ex adverso Apameam Seleucus, idem utriusque eondi-
tor, ponte iunxerat »; cf. Droysen, Histoire de l'hellénisme, trad. Bouché-Le-
clercq, t. II, p. 728.
* Pline, l. c, et VI, 26 § 119 et surtout Charax, c. 1 (Geogr. gr. min..:
1, p. 244). Etienne de Byzance, dont le texte est corrompu, dit s. ν. Άπά-
Uî'.a: ... 'Εστί /.αϊ ττ,ς ΙΓερσαία; Έοίσ-Λς ττρος άρκτου;. On a conjecturé Ιίεραίας
;, ΓΓίραίχ,^ς, cf. Müller notes à Charax, l. c. NBOOÉSAJRÈE, BIRTHA 163 ZEUGMA,
de Séleucie. Le premier la cite parmi les villes de Cœlé-Syrie \
c'est à dire qu'il la met sur la rive droite du fleuve, la gauche ne
faisant pas partie de la province romaine mais appartenant au Par-
thes. Strabon nous dit au contraire 2 : « Là (en Commagène) se trouve
le zeugma de l'Euphrate, sur lequel a été fondé Séleucie, forteresse
de Mésopotamie attribuée par Pompée à la Commagène. C'est ici
que Tigrane, lorsqu'il fut chassé de Syrie (en 69 av. J. C), fit
exécuter Cléopâtre Séléné, qu'il tenait depuis quelque temps prison
nière ».
Qui croire ? C'est certainement à Pline qu'il faut donner la pré
férence. Nous savons que les listes alphabétiques de villes que nous
a transmises le grand compilateur romain, sont empruntées à un
document presque officiel, les Commentaires d'Agrippa :!, et le nom
qu'il donne à Séleucie, Seleucia ad Euphratem, est confirmé par
une inscription de l'époque d'Auguste 4.
On s'explique aisément l'erreur de Strabon, qui pour ce pas
sage, notons-le, puise à une source, non pas géographique, mais
historique. Les répartitions territoriales opérées par Pompée se
placent après l'effondrement de l'empire éphémère fondé par Tigrane
d'Arménie, qui, on le sait, avait établi sa capitale à Tigranocerte
en Mésopotamie. L'auteur que suit Strabon, a ainsi pu dire ou sem
bler dire que la forteresse évacuée par le roi vaincu était dans
1 Pline ,/£ JV., V, 23, S 81 ; cf. infra, p. 167, n. 3.
2 Strab., XVI, 2,3, p. 749 C: Ίΐν-aùsa w-i ϊστι το ζευγ^α του Κύφράτςυ ·
κχτα τοΰτι οέ Σελϊΰκε'.α ί'ίρυτχι, φρούριον ττίς λΐεσοποταυ-ίας, ·7τροσο>ρισαϊνον ΰττό
ΙΙου.τττ,'.ίυ τω Κ. s ι/, ι/, α γ τι*; ω · εν ώ την Σελην/ιν 5~ικ.λτπίόεΤσαν Κλεοπάτρας Τιγράντς
άνεΐλε, χ.α3ί;ρςας '/^οοίζί τινά, ηνικα ττίς Συρίας εςεττεσεν.
3 Cf. Cuntz, Agrippa und Augustus als Quellenschriftsteller des Vilnius
{Suppl. Jahrb. für Philol., VII), Leipsig, 1890.
4 C. 1. G. 2Ó48 = Ι. (Ϊ., XII, fase. I, 653 (Rhodes): Μάρκου, του Μάρκου
Άςτω-ίίου Άντίοχ,ΐυ υίοΰ, ^ελευκε'ως τώ-/ ~ρος τω Ιίύφράτνί. Epitaphe du fils
d'un personnage qui avait reçu le droit de cité de Marc Antoine. —
« ÎSéleucie de l'Euphrate » s'opposait à « Séleucie du Tigre »· cf. Kern,
Inselvi: von Magnesia, 61, 1. 101 : Σελευκεΰσιν τοΤς -pò; tòh Τίγρει ; Strab., XVI,
1, 5, p. 738 C. etc. 164 VILLES DE L'EUPHRATB
cette région. Mais les possessions de Tigrane s'étendaient aussi
sur le nord de Syrie, et c'est bien, comme l'ajoute immédiatement,
Strabon, en abandonnant ce pays, avant de franchir le zeugma de
l'Euphrate, qu'il mit à mort sa captive la reine Cléopâtre '.
Le nom officiel de la ville était, nous le disions, Σε"λευκεία προς τω
Ευφράτη, Seleucia ad Eiiphratem ; cependant, dans l'usage ordinaire,
on la désignait plus fréquemment comme Σελευκείκ έπί του Ζεύγ-
[Λατος 2 ou Σελεύκεια /.ατά το Ζευγιχα, de même qu'Apamée était dite
Apamea in Zeugmate 3. Mais les noms de ces deux villes disparu
rent après la chute de la dynastie des Séleucides 4, et, à l'époque
romaine, la citée située au bord du fleuve qui marqua longtemps
la limite de l'empire, était connue simplement comme « το Ζευγρ.α »
« la Jonction » r\ Ce terme, usité depuis longtemps dans le langage
vulgaire, se substitua complètement à l'ancienne dénomination, et sur
1 La confusion faite par Strabon a induit certains érudits à supposer

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