Villes disparues. — Conca - article ; n°1 ; vol.5, pg 81-95
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Villes disparues. — Conca - article ; n°1 ; vol.5, pg 81-95

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1885 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 81-95
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1885
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

René de la Blanchère
Villes disparues. — Conca
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 5, 1885. pp. 81-95.
Citer ce document / Cite this document :
de la Blanchère René. Villes disparues. — Conca. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 5, 1885. pp. 81-95.
doi : 10.3406/mefr.1885.5900
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1885_num_5_1_5900VILLES DISPARUES tt).
CONGA.
Au Sud des monts Albains s'étend une région vallonnée, en
pente prononcée vers la mer, formée de tufs volcaniques, dont
j'ai déjà parlé dans les Mêlamjes (2). Elle est déserte et nue, et finit
en moyenne à trois ou quatre lieues de Velletri. Là le terrain
change d'inclinaison , et un peu plus loin une autre pente se
desssine jusqu'à une lieue environ de la mer. La ligne de par
tage serait représentée vers le Nord, dit M. di Tucci (3), " par
une vaste surface que l'on peut dire horizontale, et sur laquelle
s'étendent les terres fertiles et meurtrières de la Torre del Padi-
(j il one, de Presc/'ano, de la G-innettola, de (Jretarola, de Garano,
de Gnnca, de Campomorto, et ainsi de suite jusqu'à Sessano...
Toute cette longue zone horizontale, qui est d'une largeur méd
iocre, est formée d'un terrain d'alluvions : on le reconnaît net
tement dans les coupes naturelles des ravins qui s'y creusent à
une grande profondeur, et au fond desquels fréquemment se
retrouve le tuf de la campagne romaine. Les matériaux arrachés
par l'érosion à la pente volcanique d'au-dessus, ont été déposés
là en comblant une dépression , et la disposition uniforme du
sol, où l'on ne trouve pas les ondulations qu'auraient produites des
cones de déjection, montre clairement que le dépôt s'est effectué
sous l'eau. Bien probablement donc cette zone a été occupée par
un lac. Celui-ci s'ouvrait sur la mer du côté où se déverse au-
(1) Voy. Mélanges de l'Ecole française de Rome, t. I, p. 161.
(2) T. II, pp. 94-106, et 207-221.
(3) Dell' antic ο e présente stato délia campagna di Roma, pp. 42-44.
MELANGES D AR Cil. ET D IIIST. V ASSH1Î CONCA 82
jourd'hui le fleuve d'Astura, lequel sans doute alors lui servait
d'émissaire. Le comblement progressif a dû changer d'abord ce
lac en un marais, pendant une époque de transition entre l'état
primitif et l'état moderne. Ce fait se trouverait d'accord avec
la description des lieux par Strabon (1). Il dit, en parlant du
Latium: " Tout ce pays est fertile et abondant en toutes cho
ses, excepté certains points voisins de la mer, qui sont maréca
geux et malsains „. Et il nomme parmi ceux-ci l'espace entre les
territoires d'Antium et de Lanuvium jusqu'à Pometia, c'est-à-dire
justement celui qui nous occupe, celui ο à se trouve Conca.
J'ai déjà dit un mot (2) de ce grand lac ou golfe, véritable
lagune marine, qui s'est certainement étendu jusqu'au pied des
collines Véliternes, et qui a reculé devant les alluvions arrachés
à ces mêmes collines volcaniques, serré par leur progrès continu
entre les terrains qu'ils créaient et le cordon littoral des dunes.
Il vint un moment toutefois où le travail de comblement se
ralentit d'une façon sensible : d'abord la partie la plus tendre,
la plus transportable des terrains supérieurs avait été toute
charriée; ensuite les efforts de l'homme, par un ensemble d'ou
vrages merveilleux, avaient transformé ces campagnes et réduit
à des proportions faibles l'action érosive des eaux. Il en résulta
que d'une part la dune littorale s'épaissit jusqu'à former entre
l'ancien lac et la mer une espèce d'île large de 5 k., que couvre
aujourd'hui la Macchia ai Nettuno, et d'autre part le rivage
Nord de l'ancienne lagune se trouva être le bord d'une plaine
au-dessus d'un bas-fond. Dans celui-ci sourdaient en abondance
les eaux qui circulent à de grandes profondeurs dans les tufs, et
desquelles j'ai ailleurs expliqué la provenance (3). L'affleurement
des tufs sur sa rive était recouvert par les alluvions formant
(1) Strab. V, 3 § 5.
(2) T. II, p. 212.
(3) T. II, pp. 209-210. Cf. Di Tucci, Dell'antico β présente stato... c. V. ,
83
berge, et c'est au travers de ceux-ci que l'eau qui imprègne
les premiers sort encore par de nombreuses sources. Ces sources
alimentent le fleuve d'Astura ; et, si leurs eaux étaient jadis bien
aménagées et conduites, elles pouvaient s'écouler en partie, et
laisser saines et cultivables plusieurs portions du bas-fond. C'est
ce qu'on vit aux temps antiques. En de nombreux endroits au-
dessus du vallon où coule la rivière, dans la macchia même à droite
et à gauche, j'ai relevé des ruines antiques, quelques unes assez
considérables, et même le bas-fond a été, jusqu'à une époque avan-
cé<! de l'Empire, dans une certaine mesure habité. C'est qu'il est
loin d'être uniforme. Les différences de niveau y sont fortes, et la
forme de la lagune devait être capricieuse : des péninsules s'y
allongeaient, elle se découpait autour d'elles en criques, suivant
la résistence des tufs descendus autrefois du volcan Latial. L'é
rosion des tufs supérieurs, qui amena les alluvions dans ce fond,
le trouva donc accidenté : ce qu'elle transforma en terre-ferme
fut nivelé ; ce qui demeura golfe, lagune, marais ensuite, resta
sf»mé de points plus hauts, plus secs, qui dominaient Γ ensemb
le: c'est là que l'on trouve des ruines. Tout le reste était le
marécage dont Strabon. signale la présence, et qui se joignait
ii celui d'Astura, le Saturac palus de Virgile (1). Ce golfe pou
vait encore librement communiquer avec la mer au temps où
ces campagnes, suffisamment salubres, renfermaient une popul
ation que l'histoire la plus ancienne de Rome nous oblige à
croire nombreuse. Le comblement se poursuivit à travers tous
les âges antiques, et il est complet aujourd'hui. Il fut une ruine
pour la contrée. Le bas-fond où la forêt de Conca dresse ses
énormes futaies et étend ses profonds halliers , est un des
lieux les plus malsains du monde. Dans la vaste macchia qui
.s'allonge des bouches du Tibre à Terracine, aucun point n'est
(1) Aen. VII, 891. coKCA 84
plus dangereux. Pendant l'été, taons, moustiques, insectes v
enimeux fourmillent ; la chaleur est épouvantable sous la voûte
touffue des grands chênes ; le sol, garanti du soleil par l'épais
seur de la végétation , mais chauffé comme sous une cloche,
dégage une humidité chaude ; on est enveloppé de fièvre : tout
le monde fuit alors le couvert. L'hiver même, cette forêt étrange,
vierge encore il y a dix ans, et où des coupes et des percées
commencent seulement à amener un peu d'air, est périlleuse et
redoutée; jamais la fièvre n'abandonne ce repaire. Il n'y a que
quinze ans encore, la gendarmerie pontificale ne poursuivait pas
le criminel qui se réfugiait dans ces bois ; on se contentait de
s'assurer qu'asile ne lui serait pas donné dans les propriétés
voisines, et, l'été venu, la nature se chargeait de faire justice.
Il en serait de même aujourd'hui, car presque partout les fourrés
demeurent encore inaccessibles.
Dans la plaine, le long des collines de tuf plus ou moins
garnies d'alluvions, on voit souvent des érosions qui trahissent
leur origine ; on est en présence de presqu'îles. Il y avait aussi
des îles, et la plus ancienne est Conca.
Conca est auprès du bas-fond, dans la plaine, entre deux
petits ruisseaux, le Fosso del Fico et le Fossetto, qui se ren
dent tout près de là dans le Fosso di Conca , lequel , en se
joignant bientôt au Fosso di Femminamorta, forme le fleuve
d'Astura. C'est un groupe de constructions que l'on voit d'une
grande distance, élevées sur une petite hauteur. Celle-ci, à pic
de tous côtés, formée de tuf, plate au sommet, est comme dé
tachée en avant de deux promontoires qui ont dû dessiner une
crique dans l'ancien golfe. Tandis que les alluvions partis des
dernières collines Véliternes descendaient, refoulant lentement
les eaux du golfe encore ouvert, celui-ci, que la dune naissante
n'isolait pas encore de la mer, rongeait ses îles et ses

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents