Vin et alcool dans les apothicaireries médiévales des pays du Sud - article ; n°332 ; vol.89, pg 477-488
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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2001 - Volume 89 - Numéro 332 - Pages 477-488
Vin et alcool dans les apothicaireri.es médiévales des pays du Sud.
L'alcool, le vin et ses dérivés, ne jouent pas au Moyen Âge le rôle qu'ils ont occupé dans l'Antiquité. La relecture des auteurs anciens par les médecins et compilateurs arabes est probablement à l'origine de cette désaffection médicale. Tout comme le vin ordinaire, les vins médicinaux relèvent plus du champ de la convivialité et de la vie quotidienne que de la thérapeutique. Le vinaigre est très utilisé, ce succès serait- il dû à son absence de propriétés enivrantes ? L'alcool, produit mystérieux, trouve probablement sa pertinence dans un cadre plus alchimique que thérapeutique et pharmaceutique. Médecins et pharmaciens des Lumières lui ouvriront des portes à sa dimension. Le poids de l'Islam sur la médecine médiévale en Occident chrétien est probablement à l'origine de cette relative désaffection du vin et de l'alcool.
Wine and alcohol in apothecaries' shops during the Middle Ages in Southern countries.
Alcohol, wine and their derivatives do not play during Middle Ages the role they plaid during Antiquity. The reading of ancient authors by arab doctors was probably at the origin of this lack of interest for wine. As ordinary wine, medicinal wines were a matter of conviviality more than of therapeutics. Vinaiger was more often used, maybe because of its lack of inebriating properties. Alcohol, this mysterious product, was probably more pertinent in the area of alchemy. Doctors and pharmacists of the enlightened age gave it a new importance. The influence of islam on Middle Age medicine in Christian occident could explain this lack of interest fo wine.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Bénézet
Vin et alcool dans les apothicaireries médiévales des pays du
Sud
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 89e année, N. 332, 2001. pp. 477-488.
Résumé
Vin et alcool dans les apothicaireri.es médiévales des pays du Sud.
L'alcool, le vin et ses dérivés, ne jouent pas au Moyen Âge le rôle qu'ils ont occupé dans l'Antiquité. La relecture des auteurs
anciens par les médecins et compilateurs arabes est probablement à l'origine de cette désaffection médicale. Tout comme le vin
ordinaire, les vins médicinaux relèvent plus du champ de la convivialité et de la vie quotidienne que de la thérapeutique. Le
vinaigre est très utilisé, ce succès serait- il dû à son absence de propriétés enivrantes ? L'alcool, produit mystérieux, trouve
probablement sa pertinence dans un cadre plus alchimique que thérapeutique et pharmaceutique. Médecins et pharmaciens des
Lumières lui ouvriront des portes à sa dimension. Le poids de l'Islam sur la médecine médiévale en Occident chrétien est à l'origine de cette relative désaffection du vin et de l'alcool.
Abstract
Wine and alcohol in apothecaries' shops during the Middle Ages in Southern countries.
Alcohol, wine and their derivatives do not play during Middle Ages the role they plaid during Antiquity. The reading of ancient
authors by arab doctors was probably at the origin of this lack of interest for wine. As ordinary wine, medicinal wines were a
matter of conviviality more than of therapeutics. Vinaiger was more often used, maybe because of its lack of inebriating
properties. Alcohol, this mysterious product, was probably more pertinent in the area of alchemy. Doctors and pharmacists of the
enlightened age gave it a new importance. The influence of islam on Middle Age medicine in Christian occident could explain this
lack of interest fo wine.
Citer ce document / Cite this document :
Bénézet Jean-Pierre. Vin et alcool dans les apothicaireries médiévales des pays du Sud. In: Revue d'histoire de la pharmacie,
89e année, N. 332, 2001. pp. 477-488.
doi : 10.3406/pharm.2001.5281
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2001_num_89_332_5281477
Vin et alcool
dans les apothicaireries médiévales
des pays du Sud
par Jean-Pierre Bénézet *
Introduction
Ces deux produits occupent une place importante dans notre mémoire col
lective professionnelle. Les étudiants en pharmacie de ma génération décou
vraient dans les réserves de leur maître de stage du vin de Banyuls et de
l' élixir de Garus. Des vins, qualifiés dans un langage plus populaire que
médical de « toniques », « fortifiants » ou « reconstituants », figuraient sur
les rayons des pharmacies il y a quelques décennies. Le vinaigre n'était alors
plus utilisé ; l'acide acétique, distribué par Rhône-Poulenc dans de beaux fl
acons à bouchage émeri, l'avait remplacé. La bouteille d'alcool à 90°, d'où
l'on tirait au quotidien, était remplie à partir d'une dame-jeanne entreposée
au frais à la cave. La denaturation de l'éthanol s'était imposée pour éviter
d'illicites fabrications d'apéritifs anisés. La vision que nous avons de ces
deux produits et de leurs dérivés dans leur dimension thérapeutique est-elle
pour autant extensible au Moyen Âge.
Comment analyser la place du vin et de l'alcool dans la pharmacie médié
vale des pays du sud (Provence, Italie et pays de la Couronne d'Aragon) ?
Deux types de sources s'offrent à nous. La documentation de terrain repré
sentée par les inventaires notariés d'apothicaires. Le corpus savant « phar-
macologique » est représenté par des ouvrages comme l'Antidotarium
Nicolai, les Canons du pseudo-Mésué et diverses pharmacopées de l'époque
(le Luminare majus de J.-J. Manlius de Bosco, Y Examen Apothecariorum de
Pedro Benedicto Matheo, les Concordes catalanes du XVIe siècle, etc.).
* 98 boulevard de la Rocade, 06250 Mougins
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLIX, N° 332, 4e TRIM. 2001, 477-488. 478 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Que regroupent les mots vin et alcool à la fin du Moyen Âge ? Dans les
inventaires il est fait mention de vin ordinaire, de vins composés (l'hypocras,
le claret, le piment, le vin de coing, le vin de grenade, etc.), de vinaigre, de
vinaigres composés (scillitique et rosat), de sirops au vinaigre comme les oxy-
mels et d'alcool, désigné par les expressions d'eau de vie ou d'eau ardente.
Ces produits sont toujours entreposés de la même façon. Le vin et le
vinaigre sont conservés à la cave des apothicaireries médiévales, sans que
leur usage, domestique ou professionnel soit indiqué. Cette localisation leur
donne un statut de matière première. Les vins composés, les vinaigres médi
cinaux, les sirops au vinaigre et l'alcool, sont rangés sur les étagères de l'of
ficine avec les médicaments galéniques. Tous les vins composés ne sont pas
cités dans les inventaires. La mention du matériel qui permet de les clarifier
témoigne alors de leur existence.
Dans les formulaires on observe une typologie semblable. À leur lecture
rapide on pourrait penser que le vin, le vinaigre et l'alcool ne sont que de
simples véhicules. Quelques commentaires prouvent qu'il serait réducteur
d'en faire de modestes excipients.
Le vin
Les éléments de production du vin figurent souvent dans les actes notariés
médiévaux concernant des apothicaires. Les vignobles ne sont pas importants.
Par exemple les Provençaux Jean Salvador, Gilles Calhon et Jean Raynier
d'Aix-en-Provence, Hermentaire Toussaint de Grasse, Antoine Guérin
d'Ollioules possèdent deux vignes dont on ignore la surface. Le Toulonnais
Pierre Chautard en achète une en 1392. Il est également fait mention dans les
inventaires de récipients de vendange. Jean Raynier possède des paniers des
tinés à la cueillette des raisins, coffinos ad vendemiandum viginti quatuor l.
À Majorque on utilise des hottes, sistella de verga de canya gran veremado-
ra. L' enumeration de ce matériel est complétée par la description de la vais
selle vinaire (fouloirs ou calcadoira, cuves de fermentation ou tina bullidoi-
ra, foudres, tonneaux et barriques).
La comptabilisation des diverses futailles permet une évaluation approxi
mative des récoltes. Celles-ci étaient en majorité d'une à deux dizaines d'hect
olitres 2. Ces volumes correspondaient alors aux besoins familiaux et profes
sionnels. D'importantes capacités de stockage ne correspondent pas nécessai
rement à un important vignoble et à une forte activité viticole mais peuvent tra
duire un négoce de vin. Ainsi, avec une capacité de deux cents hectolitres, la
cave d' Hermentaire Toussaint représente le chais d'un authentique négociant.
Les deux parcelles de vigne qu'il possède ne correspondent d'ailleurs pas à un VIN ET ALCOOL DANS LES APOTHICAIRERIES MÉDIÉVALES 479
tel volume de vendange. Les vignobles grassois d'alors permettaient tout au
plus des récoltes d'une trentaine d'hectolitres 3. Toussaint pratiquait probable
ment la taverne, c'est-à-dire la vente au détail et plus certainement la vente en
gros comme un siècle avant son confrère Sauvan 4. La présence dans sa
« bibliothèque » d'un ouvrage sur la rêve du vin, super rêva, prouve son impli
cation dans ce négoce. Les excédents étaient alors vendus dans le négoce de
gros ou au détail par la taverne. Cette pratique est attestée par la mention dans
les inventaires de mesures destinées à la vente au détail. Le Majorquin Baptiste
Rutlan possède ces ustensiles, « XX mesures entre grans e xiques de vendre
vi ». On note le même équipement chez le Barcelonais Melchior Rajadell qui
possède en outre les jarres où le vin destiné à la taverne était quotidiennement
soutiré « dos librells de terra [. . .] abtes per vendre vi ab ses mesures de terra ».
La présence de ce matériel n'est pas originale en soi ; au Moyen Âge la
viticulture, la vinification et le commerce du vin ne sont pas des pratiques
purement rurales et encore moins réservées aux apothicaires. Nombreux sont
en effet les habitants des cités médiévales qui possèdent, hors des murs de la
cité, quelques parcelles plantées de vigne, sous leur logement un cellier équi
pé et des mesures destinées au n

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