Wilhelm Froehner numismate - article ; n°36 ; vol.6, pg 308-329

Olivier Masson, Marie-Christine Hellmann

Description

Revue numismatique - Année 1994 - Volume 6 - Numéro 36 - Pages 308-329
Résumé — L'archéologue W.Froehner, naturalisé français par Napoléon Ш, avait légué une importante collection d'objets inscrits, grecs et romains, au Cabinet des Médailles (1925). Même si son intérêt pour la numismatique était connu, nous ignorions jusqu'à présent qu'il avait aussi constitué une grosse collection de monnaies en tout genre. Or il s'avère qu'il avait vendu en 1909, dans le plus grand secret, sa collection de monnaies grecques — au sens large — , sur laquelle la lecture de son Journal, conservé à Weimar (ex-RDA), donne toutes sortes de précisions, en même temps qu'elle nous renseigne sur le milieu des numismates des années 1900.
Zusammenfassung. — Der deutsch-franzôsische Archàologe W.Frôhner hat dem Cabinet des Médailles (1925) eine bedeutende Sammlung griechischer und rômischer epigraphischer Denkmâler yermacht. Sein Interesse fur die Numismatik war bekannt, aber bis heute hatten wir kein Kenntnis von seiner grossen vielf àltigen Munzensamm- lung. Fest steht nun, dass er 1909, ganz geheimnisvoll, seine Sammlung griechischer Miinzen — im breitem Sinn — verkauft hat. Ûber diesen Verkauf gibt sein in Weimar (ex-DDR) konserviertes Tagebuch Finzelheiten aller Art, und auch Auskunfte uber das Milieu der Numismatiker in den Jahren um 1900.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 37
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Marie-Christine Hellmann
Olivier Masson
Wilhelm Froehner numismate
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 36, année 1994 pp. 308-329.
Résumé — L'archéologue W.Froehner, naturalisé français par Napoléon Ш, avait légué une importante collection d'objets
inscrits, grecs et romains, au Cabinet des Médailles (1925). Même si son intérêt pour la numismatique était connu, nous
ignorions jusqu'à présent qu'il avait aussi constitué une grosse collection de monnaies en tout genre. Or il s'avère qu'il avait
vendu en 1909, dans le plus grand secret, sa collection de monnaies grecques — au sens large — , sur laquelle la lecture de son
Journal, conservé à Weimar (ex-RDA), donne toutes sortes de précisions, en même temps qu'elle nous renseigne sur le milieu
des numismates des années 1900.
Zusammenfassung
Zusammenfassung. — Der deutsch-franzôsische Archàologe W.Frôhner hat dem Cabinet des Médailles (1925) eine bedeutende
Sammlung griechischer und rômischer epigraphischer Denkmâler yermacht. Sein Interesse fur die Numismatik war bekannt, aber
bis heute hatten wir kein Kenntnis von seiner grossen vielf àltigen Munzensamm- lung. Fest steht nun, dass er 1909, ganz
geheimnisvoll, seine Sammlung griechischer Miinzen — im breitem Sinn — verkauft hat. Ûber diesen Verkauf gibt sein in Weimar
(ex-DDR) konserviertes Tagebuch Finzelheiten aller Art, und auch Auskunfte uber das Milieu der Numismatiker in den Jahren um
1900.
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Hellmann Marie-Christine, Masson Olivier. Wilhelm Froehner numismate. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 36, année
1994 pp. 308-329.
doi : 10.3406/numi.1994.2010
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1994_num_6_36_2010HELLMANN et Olivier MASSON* Marie-Christine
WILHELM FROEHNER NUMISMATE
qu'au «Je travaille catalogue; continuellement chaque minute à leur mes est monnaies, consacrée ainsi et
j apprends sans cesse. La numismatique est la clé du
temple de l'antiquité. »
W.Froehner, Journal, 16 août 1869.
Résumé — L'archéologue W.Froehner, naturalisé français par Napoléon Ш, avait
légué une importante collection d'objets inscrits, grecs et romains, au Cabinet des
Médailles (1925). Même si son intérêt pour la numismatique était connu, nous
ignorions jusqu'à présent qu'il avait aussi constitué une grosse collection de monnaies
en tout genre. Or il s'avère qu'il avait vendu en 1909, dans le plus grand secret, sa
collection de monnaies grecques — au sens large — , sur laquelle la lecture de son
Journal, conservé à Weimar (ex-RDA), donne toutes sortes de précisions, en même
temps qu'elle nous renseigne sur le milieu des numismates des années 1900.
Zusammenfassung. — Der deutsch-franzôsische Archàologe W.Frôhner hat dem
Cabinet des Médailles (1925) eine bedeutende Sammlung griechischer und rômischer
epigraphischer Denkmâler yermacht. Sein Interesse fur die Numismatik war bekannt,
aber bis heute hatten wir kein Kenntnis von seiner grossen vielf àltigen Munzensamm-
lung. Fest steht nun, dass er 1909, ganz geheimnisvoll, seine Sammlung griechischer
Miinzen — im breitem Sinn — verkauft hat. Ûber diesen Verkauf gibt sein in Weimar
(ex-DDR) konserviertes Tagebuch Finzelheiten aller Art, und auch Auskunfte uber
das Milieu der Numismatiker in den Jahren um 1900.
On sait que Wilhelm Froehner (1834-1925) était un collectionneur passionn
é. Depuis la parution en 1936 de l'ouvrage classique de Louis Robert, Col
lection Froehner, I \ plusieurs études ont été consacrées à divers objets, en
général de petites dimensions, qu'il avait réunis avec patience durant de lon-
* M.-C. H., directeur de recherche au CNRS, Maison de l'Orient méditerranéen, Lyon ;
O. M., professeur émérite à l'Université de Paris X-Nanterre.
1. L. Robert, Collection Froehner, 1, Inscriptions grecques, Paris, éditions des bibliothèques
nationales, 1936, avec portrait (buste). H n'y a pas eu de vol. IL
Revue numismatique, 1994, 6e série, XXXVI, p. 308-329. WILHELM FROEHNER NUMISMATE 309
gues années 2. En ce qui concerne les monnaies, la situation n'était pas claire,
car il n'y en avait pas, officiellement, dans le grand ensemble légué par Froeh-
ner au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale : c'est pourquoi
il n'en est pas question dans les notices de Jean Babelon et Louis Robert3,
et pas davantage, chose curieuse, dans la notice nécrologique rédigée par
les numismates A. Dieudonné et G. Feuardent4. Toutefois, les recherches très
récentes dont il sera question ici ont permis d'identifier dans les tiroirs du
Cabinet des Médailles au moins deux monnaies étiquetées « Froehner » 5.
En tout cas, Froehner était bien connu à son époque comme numismate,
faisait partie de la Société de numismatique et avait publié des travaux dans
ce domaine, un ouvrage et de nombreux articles6. D'autre part, au cours
de ses recherches sur le Journal de Froehner, M.-C. Hellmann avait retrouvé
de fréquentes allusions à des achats de monnaies7. Quel pouvait être le
destin ultérieur de ces pièces et avaient-elles constitué un temps une
collection homogène ? Telles étaient les questions qui se posaient.
C'est tout récemment que j'ai trouvé la solution du problème, lequel était
né, on le verra, du goût d'un certain mystère que pratiquait le collectionneur
lui-même. En examinant la liste des magistrats monétaires de Rhodes qui
figurent dans la grande compilation de R. Munsterberg 8, je remarquais la
mention d'une pièce «Frôhner n. 4177», qui supposait bien une collection,
avec une numérotation continue et élevée9. Comme j'aurais dû m'en
2. En dernier lieu, M.-C. Hellmann, W. Froehner et Chypre, Centre d'études chypriotes,
Cahier 16, 1991-1992, p. 17-28; S.Bakhoum, M.-C. Hellmann, Wilhelm Froehner, le com
merce et les collections d'antiquités égyptiennes, J. Savants, 1992, p. 155-186.
3. ColL Froehner, I, p. i-iv et v-ix. En 1972, dans la revue Archéonumis, 5, p. 7, J. Babelon
déclare, sans mentionner de monnaies, que la collection de Froehner a été remise « dans
sa totalité » au Cabinet des Médailles, « en vertu du testament de 1 903 ». Or il a fait un premier
testament en 1897 (voir ci-dessous) : il a donc dû changer au moins une fois ses dispositions.
4. RN, 1926, p. 237-239.
5. Deux monnaies coloniales de Corinthe, n° 689 A et 689 B, et une monnaie de Théodosia
en Mer Noire, n° 972. D'après le registre Y des dons, le legs Froehner est entré le 18 décembre
1929, sous le n° 12702, avec la rapide description suivante : « objets de bronze, ivoire, ambre,
bois, inscriptions, tessères, monnaies, pions gravés, poids, etc., etc. (Registre H) ». Si l'on se
reporte à cet autre registre, il n'est plus question de monnaies. En définitive, outre ces trois
pièces, et des bractéates (voir n. 48), nous ne trouvons au Cabinet des Médailles que quelques
monnaies romaines de bronze transformées en miroir, n°IV 186 a, b, c, d, et XI 615. Les
carnets de l'inventaire rédigé par Froehner lui-même mentionnent aussi diverses pièces
apparemment non léguées au Cabinet : cinq monnaies grecques en argent, n° ХП 73 1 à 735,
un « bronze d'Arcadius transformé en tessère chrétienne », n° IV 62, et deux moules en terre
cuite de monnaies romaines, n° IV 63 et 64.
6. Voir la brochure de M.-C. Hellmann, Wilhelm Froehner, Paris (BN), 1 982, bibliographie,
p. 14-23. Quelques titres avaient déjà été cités dans l'article «Froehner» du Dictionnaire
universel des contemporains, G. Vapereau éd., 1 893 (qui lui attribue le prénom de Christian).
7. Par ex., / Savants, 1992, p. 169-170, avec annonce de recherches complémentaires,
n.76.
8. Die Beamtennamen auf den griechischen Munzen, NZ, N.F., 4, 191 1, p. 69-132 ; 5, 1912,
p. 1-1 1 1 ; 7, 1914, p. 1-98. Addenda : NZ, 20, 1927, p. 42-105. Réimpression : Hildesheim/New
York, 1973.
9. En parcourant ces pages, on trouve d'autres mentions, toujours formulées de la même 310 M.-C. HELLMANN ET O. MASSON
apercevoir plus tôt, la bibliographie donnée par Mùnsterberg fournissait une
première réponse au problème. Publiée en 1914 à la fin du répertoire10 et
rédigée d'une manière très succincte, la liste indique ceci : « Frôhner, Auk-
tionskatalog seiner Sammlung, Genua, 1 909 ». D s'agissait donc d'un