[TRIBUNE] Un droit à mourir en France ? - Juil. 2014
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10.07.2014 Veut-on d’un droit à mourir en France ? Tribune publiée le 10 juillet 2014 dans Valeurs Actuelles et co-signée par Olivier Bouet, Louis Rambaud, Solenne Xavier de la Boîte à idées. Christine Malèvre, Vincent Humbert, Chantal Sébire, Vincent Lambert…on pourrait ainsi égrener longtemps le chapelet des « affaires ». Si ces dernières présentent toutes des particularités qui nous incitent à la prudence, la question de fond relayée par les médias est bien souvent la même : le législateur doit-il ou non institutionnaliser un « droit à mourir » afin de permettre à la loi de répondre au « désir d’en finir » des personnes souffrantes. Dans la « dignité » précise-t-on régulièrement. Notre réponse est claire : l’interdit de tuer doit rester l’élément fondateur de notre pacte social. Les dérives constatées à l’étranger – en Belgique et aux Pays-Bas notamment – sont pour nous autant d’alertes pour que notre famille politique, et au-delà le législateur, reste ferme sur ce principe essentiel du serment d’Hippocrate :«Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément». Ce serment, prêté par le corps médical depuis plus de deux millénaires, sera-t-il bientôt piétiné ? Le récent acquittement du Dr Bonnemaison par la cour d’assises de Pau nous interroge sérieusement sur ce point.

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Publié le 10 octobre 2014
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Langue Français

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10.07.2014 Veut-on d’un droit à mourir en France ? Tribune publiée le 10 juillet 2014 dans Valeurs Actuelles et co-signée par Olivier Bouet, Louis Rambaud, Solenne Xavier de la Boîte à idées. Christine Malèvre, Vincent Humbert, Chantal Sébire, Vincent Lambert…on pourrait ainsi égrener longtemps le chapelet des « affaires ». Si ces dernières présentent toutes des particularités qui nous incitent à la prudence, la question de fond relayée par les médias est bien souvent la même : le législateur doit-il ou non institutionnaliser un « droit à mourir » afin de permettre à la loi de répondre au « désir d’en finir » des personnes souffrantes. Dans la « dignité » précise-t-on régulièrement. Notre réponse est claire : l’interdit de tuer doit rester l’élément fondateur de notre pacte social. Les dérives constatées à l’étranger – en Belgique et aux Pays-Bas notamment – sont pour nous autant d’alertes pour que notre famille politique, et au-delà le législateur, reste ferme sur ce principe essentiel du serment d’Hippocrate :«Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément». Ce serment, prêté par le corps médical depuis plus de deux millénaires, sera-t-il bientôt piétiné ? Le récent acquittement du Dr Bonnemaison par la cour d’assises de Pau nous interroge sérieusement sur ce point. GAGNER LA BATAILLE IDEOLOGIQUE C’est une question que l’on peut légitimement se poser au regard du lobbying porté par certaines associations depuis plusieurs années, qui assument un positionnement offensif sur l’euthanasie, au premier rang desquelles « l’association pour le droit de mourir dans la dignité ». Ces lobbies n’hésitent pas à user d’ambiguïtés sémantiques pour mener leur combat idéologique.
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En instrumentalisantchaque cas individuel. En orchestrant les témoignages militants. En commandant des sondages téléguidés sur l’euthanasie dont ils font les questions et les réponses. Aujourd’hui, leur but de guerre est affiché : imposer une « aide active à mourir », autrement dit le suicide assisté. Il faut leur répondre point par point, et ne pas leur laisser « piéger » les mots. Une bataille intellectuelle fait rage en ce moment. Prenons l’exemple du concept de « dignité », largement galvaudé par ceux qui accréditent l’idée que l’euthanasie serait au fond l’ultime soin palliatif. A l’opposé de cette vision, nous estimons que la dignité ne dépend pas de l’état médical dans lequel une personne se trouve. La dignité réside dans le fait qu’elle est une personne. La dignité d’un homme est inaliénable, quels que soient son état de santé, sa vulnérabilité ou même son état de dépendance. La communauté des experts n’est pas dupe de cette stratégie offensive. De fait elle est ferme sur la ligne rouge à ne pas franchir. Comme en témoigne le rapport du Pr. Didier Sicard commandé par François Hollande en 2012 : il faut «appliquer résolument les lois actuelles plutôt que d’en imaginer sans cesse de nouvelles». Cette position a été confirmée par le conseil consultatif national d’éthique (CCNE), qui dans son avis de juin 2013 porte la même conviction. AGIR A DROITE La question de la « fin de vie » est paradoxalement un sujet dont ne s’est pas saisie notre famille politique. De fait, elle relègue trop souvent ce problème au rang des questions de société laissées à la discrétion des consciences individuelles. Au fond elle fait preuve d’une fausse pudeur sur ce sujet, car elle peut se féliciter d’avoir posé un cadre stable avec la loi Léonetti.Avec cette loi, votée à l’unanimité par les parlementaires en 2005, la France a définir une ligne de conduite et fixé des principes généraux sur la fin de vie : refuser l’euthanasie, lutter contre l’acharnement thérapeutique. Pourquoi chercher à détricoter un consensus politique ?Cessons d’instrumentaliser les cas individuels et préservons ce qui fonctionne. La droite peut se fixer trois objectifs pour les années qui viennent. D’abord, consolider la loi Léonetti pour lever les craintes que la décision du Conseil d’Etat a pu fait naître : la loi Léonetti ne délivre pas, à un médecin,
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un permis de tuer les personnes dépendantes. Ensuite, sécuriser les directives anticipées et clarifier les ressorts du « droit à la sédation en phase terminale ». Enfin, renforcer les soins palliatifs en faisant de cette pratique la grande cause nationale de l’année 2015, et en garantissant un égal accès à tous sur l’ensemble du territoire, à l’hôpital, en maison de retraite et à domicile 24h/24 et 7j/7. Nous proposons ainsi d’investir 550 Msupplémentaires par an. Ce n’est pas en voulant faire du droit l’époux de l’évolution des mœurs, pour faire entrer dans le champ de la loi le maximum de situations atypiques et isolées, que notre société se portera mieux. C’est en faisant mieux connaître et mieux appliquer la loi, en la consolidant, et en investissant dans les soins palliatifs que nous parviendrons à relever le défi de la fin de vie en France, au-delà des vaines postures idéologues et militantes.
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