17 - Les polynésiens et l alcool
1 page
Français

17 - Les polynésiens et l'alcool

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

17 - Les polynésiens et l'alcool

Informations

Publié par
Nombre de lectures 193
Langue Français

Extrait

Alcoologi e
Les polynésiens et l’alcool
Dr Marie Françoise Brugiroux*
En matière de consommation d’alcool, la Polynésie française a ses particularités. En effet, bien que celleci se situe chez les Polynésiens à un niveau moyen par rapport au reste du monde (7 litres d’alcool pur par habitant et par an), elle se caractérise par son caractère toxico maniaque et fréquent. Il s’agit d’une consommation dite « compulsive » c’est à dire excessive et répétée, un mode de consommation aux conséquences lourdes : accidents de la route fréquents (le second taux le plus élevé au monde de morts sur la route), violences familiales, une hausse considérable de la fréquence des ivresses juvéniles (un élève sur 10 en classe de sixième a déjà été ivre)…
Une perception ambiguë de l’alcool
La perception que la population a de l’alcool est ambiguë. L’alcool est perçu en premier lieu comme ayant des conséquences extérieures négatives (accident de la route, impact budgétaire...) et comme un facteur de déstabilisation tant individuel (perte de la maîtrise de soi..) que familial (source de jalousie, d’infidélité et de disputes…). Ce sentiment est plus fortement exprimé par les femmes que par les hommes et montre l’association entre les risques et la surconsommation. Bien qu’une large majorité des personnes s’accorde sur les dangers de l’alcool démontrant que le message institutionnel est bien passé, une sur quatre le juge positivement. L’alcool est vécu comme un facteur de désinhibition (ne plus avoir honte, avoir le courage de dire certaines choses, dominer sa peur) par les hommes. Les femmes recherchent, elles, l’aspi ration à la gaieté et à la pulsion amoureuse.
Le profil des consommateurs
Le profil des consommateurs varie en fonction du sexe. Les hommes consomment le plus souvent entre amis, ne craignent pas d’être vus et n’ont pas honte de leur ivresse, sont violents quand ils boivent (marque de virilité).
Les femmes sont de moins grosses consommatrices et sont plus discrètes, buvant en compagnie d’autres femmes. Elles sont les cibles les plus fréquentes de la violence des hommes, père ou mari. Les violences liées à la jalousie sont par contre souvent vécues comme une marque d’affection.
Boire pour faire la fête...
L ’ o c c a s i o nd ec o n s o m m e rl ap l u s f r é q u e m m e n tcitée est la fête, notion très vaste qui englobe non seulement les fêtes t r a d i t i o n n e l l e sm a i sa u s s it o u t e sl e s o c c a s i o n squi permettent d’excuser la prise d’alcool comme la rencontre avec un ami, après le boulot pour se détendre… Ce qui ne permet pas d’anticiper la consommation et de réduire les risques. Si le weekend est la deuxième occasion de consommer, un buveur sur 3 reconnaît boire sans raison aucune.
… Et en grande quantité...
Pour tous, consommer de l’alcool, c’est boire beaucoup. Au minimum, 3 litres de bière et de façon habituelle : 5 à 6 litres de bière ou jusqu’à 20 à 30 verres standard d’alcool. On ne parle d’abus qu’audelà de ces doses.
La boisson la plus consommée est la bière, parfois encore considérée comme « pas vraiment de l’alcool ». La surconsommation de fin de semaine fait partie de la culture festive propre à la Polynési eet n’est pas réprouvé e socialement, ni assimilée à une quelconque forme d’alcoolisme ; Etre alcoolique, c’est boire tous les jours au moins 5 verres standard et être dégradé physiquement.
Lutter contre les excès d’alcool
Pour la majorité des polynésiens, aider quelqu’un àarrêter de boire passe par une prise de conscience collective au sein de la famille du caractère excessif et pathologique de la consommation, un engagement de tous et un soutien par l’écoute du buveur pour l’amener à une réflexion sur luimême. A l’échelon du territoire, la lutte contre les excès d’alcool sousentend une démarche d’écoute neutre et compréhensive à la fois, la mise en place de structures adaptées à chacun et des campagnes de communication pour inciter à une prise de conscience indivi duelle et collective. Les mesures autoritaires et coercitives ne sont évoquées qu’en dernier recours, sauf pour les jeunes : population à préserver.
* : Responsable du centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie de Papeete – (Polynésie Française).
Novembre 2005 N° 43
17
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents