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Egypte à l'heure de la révolution arabe

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Publié le 18 mars 2016
Nombre de lectures 148
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

PYRAMIDS
Avant-dernier étage de la
Warner Bros Central Tower
, Los Angeles, 11h30 pm.
----------------------------------------------
Pivotant sur son fauteuil à roulettes, un oeil
glissant sur le panorama sud-ouest de Los Angeles à
travers les 38 m² de baie vitrée, Johnny King se
tournât doucement vers Mickey Hugglestone, son ami
et plus proche collaborateur.
Presque boudeur, il se pencha alors, comme
cherchant à le prendre à parti :
-
Mickey, l’Egypte, à part des bougnoules en robe de chambre et une poussière jaunâtre qui
s’insinue partout à cause de leurs putains de déserts à la con, tu crois qu’ils seraient foutus
d’avoir des vues pareilles, toi ?
- Eux, ils ont des pyramides, construites au temps des Atlantes, là où y z’avaient les pieds
dans l’eau, des branchies et des tas de nageoires, c’est pas rien non plus…
Mickey Hugglestone se cura le pif, puis baissa les yeux en lorgnant la chose qu’il extirpa en
long filament de cet appendice qu’il avait fin et remarquable, après quoi il l’avala en quelques
succions, le regard sondant au loin les rives de cette Santa Monica où il venait de faire
l’acquisition d’une redoutable nouvelle villa.
- Parti comme ça, ça va encore nous faire un péplum et on va perdre du blé.
- Pas question. Un polar. Un machin charpenté et bien roulé, dans le style de cette bouse de
Michael Mann, Banderas joue Moubarak et Will Smith nous fera un Obama stylé, il a déjà les
oreilles décollées, non ? … Et PAN, avec ça, on comble le déficit Hugh Grant ! !!! «
Il
grimaça d’une façon épouvantable, ce à quoi répondit d’un oeil sinistre le Mickey en question,
qui connaissait UN PEU TROP BIEN le déficit Hugh Grant.
Néanmoins, son douloureux silence lui fut fatal, parce que Johnny embraya vivement :
- …Enfin merde, Mikeeeee, tu sais, un bordel avec machination CIA, et des types largués de
l’Irak qui se retrouvent dans le désert de Gobi à la recherche du trésor du pharaon mes-
couilles, hein, tu vois le topo ? A la fin ils aident tous ces miséreux arabes qui remercient en
refourguant la virginité de leurs filles aux valeureux libérateurs qui auront institué la
démocratie libérale, hein ? Non ? Mendia-t’il une sorte d’acquiescement.
- Mouais. N’empêche qu’il va falloir être crédible. On pourrait coller Dolph Lundgrend en
journaliste suédois tabassé par tout ce peuple d’échevelés bougnoules, mais qui se range du
côté de la liberté après … S’est tout de même
un peu amélioré
au niveau de son jeu d’acteur,
avec toutes les pensions alimentaires qu’il se doit de verser à toutes ses putes qui lui laissent
plus le choix, non, tu crois pas ?
- Pas crédible. Si c’est pour pondre un étron fumeux autant demander à La Fox de venir nous
sucer les crédits. Pour 75 dollars on a Dolph, mais on en fera 2,3 à la caisse enregistreuse, en
plus son jeu d’acteur s’est tout juste décontracté du muscle, étant donné qu’il ne bouffe plus
d’anabolisants et que cette nouille vient de se taper 35 ans de vieillissement accéléré dans la
gueule…
- Ou alors on fait un revival de la Momie
,
mais sur fond de révolution ?
-
Mickey, tu chies carrément, avec Chuck Norris dans le rôle d’Imhotep, hein, c’est
ça?….Ecoute, soit on fait CARREMENT la Momie, une quatrième et dernière version bien
chiadée, avec moult effets spéciaux et éventuellement Vin Diesel, mais pas les deux
ensemble… Ca risquerait de foutre une fatale confuse dans la tête des noeuds du monde entier
qui se bourrent de pop-corn dans le feutré des salles obscures …. «
Se trouvant soudainement talentueux, Johnny King lorgna avec mépris l’espèce d’albatros
débile qui rasait leur 76eme étage par les vitres limpides de la Warner, puis son esprit
catalogua, rangea, puis définit, tout en carburant dans le rythme effréné qui l’avait vu griller,
jusque-là, la quasi-globalité de ses concurrents des tours à côté.
- Steven, dans le rôle de l’opposant blogueur au régime.
Le mec de Google
. On est potes avec
eux, en plus. Il a l’air bougnoul, on y ajoute deux trois trucs sirupeux et judicieusement
complexifiés sur la Tunisie, style géopolitique moderne à prendre en compte, et on a moyen
de gratter un oscar, à l’aise…
D’un oeil paresseux, Mickey Hugglestone regarda autour de lui se fourrant dans le bec une
poignée de cacahouètes :
- Steven dans le rôle de l’Oscar, tu doutes de rien, toi… Ya pas un dico, par hasard, ici ?
- Qu’est-ce tu veux foutre avec un dico, te préparer à la « roue du Bonheur » sur KTLA-TV ?
- Nannn, savoir où c’est, l’Egypte.
Johnny le fixa.
Pas possible. Un dico. Pour trouver l’Egypte. Alors que tout le monde savait que la frontière
nord-égyptienne se trouvait pile au sud de l’Inde.
-… c’que ça peut foutre, de toute façon…Bon, on fout Matt Damon dans le rôle du fils de
l’ambassadeur des USA chez les robe-de-chambre, avec plein de copains démocrates
universitaires dans la casbah, il se fait enlever, s’évade, puis rejoint la révolution tout ça dans
une transition démocratique au milieu de laquelle il aura quand même laissé des plumes parce
que merde…
Mickey émergea.
- Matt Damon ? Tu veux faire un film pour intello maintenant, pourquoi pas la Diva Caprio,
rajouté au fait qu’on explose le budget et que là, question Momie, on va ramer…
12 minutes plus tard, ils avaient le film.
Banderas fit Moubarak, et une Eva Mendes volontairement
vieillie incarna subtilement sa femme.
Conformément au premier aléa de son contrat qui stipulait
qu’il ne pouvait être question qu’on lui coupe la natte,
affirmant avec une certaine radicalité orageuse qu’il ne
souhaitait ressembler à un colombien gay égaré dans un
quelconque bar louche du Caire, Steven Seagal joua toutefois
à merveille le rôle du blogueur égyptien arrêté.
Dans les geôles égyptiennes, sa cellule jouxtait celle de
Dolph Lundgrend, le journaliste suédois enlevé par la milice,
avec qui il copina, puis avec qui il s’évada, grâce à la barrette qui lui tenait les cheveux, dans
une subtile astuce scénaristique prenant en compte les alinéas respectifs de leurs contrats
respectifs.
A l’aide de cette même barrette, Steven avait préalablement creusé un tunnel dans la terre de
sa cellule, puis ouvrit le verrou menant les deux compères à l’extérieur, où ils finirent par
rejoindre Matt Damon dans sa quête de donner sa liberté à un peuple qui n’y entravait que
chti, de toute façon, mais enfin bon.
Agressé par des contre-révolutionnaires pro-Moubarak alors qu’il allait acheter le New York
Times dans un Wifi-Hachisch-internet-vidéo-bar de la périphérie du Caire, ce dernier dût sa
vie sauve à l’intervention musclée d’un Said Thagmaoui en pleine forme dans le rôle de Tariq
Ramadan, revenu fissa soutenir les
frères Musulmans
, qui n’ont de toute façon pas à avoir de
soeurs, où bien alors planquées, et à la maison, parce que faut pas pousser non plus.
Le jeu de Jackie Chan fut riche d’enseignements dans le rôle du général Souleiman, qu’il
interpréta sobrement et à sa manière impassible.
Seul un Jamie Foxx forçant trop le trait dans le rôle du directeur pédé du musée du Caire,
laissa carrément à désirer.
Enfin, trois milles sans-papiers sud-américains bourrés de sandwichs, puis affublés de turbans
pour cacher leur côté bolivien bouffeur de feuilles de coca, jouèrent les révolutionnaires anti-
Moubarak dans les rues du Caire, après quoi, et avec tout le respect dû à leur exceptionnelle
participation, ils furent dignement raccompagnés à la frontière mexicaine.
Seul François Fillon, interprété par un Jean-Claude van Damme dépressif (car son rôle
manquait « d’explosivité intérieure», souligna le comédien), survolant l’Egypte par un avion
du gouvernement local, faillit plomber la fin du film, qui heureusement, rafla tout de même
trois Oscars à la cérémonie.
Tout ça grâce à Vin diesel qui s’arrangea pour faire atterrir l’avion dans une ruelle bondée du
Caire, et à Will Smith, de par la capacité formidablement mimétique de ses oreilles décollées.
Sans attendre, Johnny King et Mickey Hugglestone se décidèrent pour une suite.
Située en Tunisie. Enfin par là.
Où étaient plus ou moins nées les racines de la révolte.
“The roots of the revolt”
.
Benicio Del Toro sucerait la Warner à l’oeil pour jouer Ben Ali.
Facile.
Cependant, et pour des problématiques liées à la diplomatie destinée à ne pas ridiculiser et
donc à décrédibiliser définitivement le monde occidental, ils occultèrent complètement
le rôle
de la France dans ce foutoir déjà suffisamment merdique.
Parce que déjà
un
, ça jurait.
Mais que
deux
, ça n’allait plus du tout.
Stéphane Grangier
(Mike Hammer Papatam Andropov)
http://hammerandropov.blogspot.com/
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