Une vie en enfer

L'Escriban

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Une vie en enfer

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• Langue: Français

Extrait

TEXTE DE l’ESCRIBAN

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Chapitre 5.

A l’Est quoi de nouveau ?

Nous sommes en 1994, j’ai 34 ans. Un bel âge, celui de la maturité, celui où

les rêves se réalisent peu ou prou, où les enfants grandissent, où l’on se sent

adulte sans ressentir encore le poids des années et pourtant ma vie me

pèse… Qu’ai-je fait de cette vie qui m’était offerte sous de bons auspices ?

C’était la question lancinante que je me posais chaque matin, lorsque j’étais

encore en état de réfléchir….Quelques minutes après mon lever, je ne me

posais plus cette question, engluée que j’étais dans le quotidien de misère

qui était le mien ! Misère, détresse et solitude s’étaient réunies pour me

rendre la vie invivable. J’éprouvais une immense fatigue, un immense

dégout et aussi une solitude désespérante…Etre seule à 34 ans est la pire des

conditions que je ne souhaite pas même à ma pire ennemie.

Certes, j’avais quelques amis, de bons amis avec qui je sortais parfois, mais

les amis sont insuffisants à meubler toute une vie, il faut aussi l’amour que

peut donner un compagnon, sa chaude présence à la maison et dans le lit,

ses mots, ses caresses, ses habitudes…Je demeurais, hélas, seule, me

couchant et me levant seule, sortant et rentrant seule, n’ayant, pour unique

présence quotidienne, que celle de mes enfants que je chérissais au-delà de

tout. Un grand vide s’était installé dans ma vie et j’avais peur, peur de m’y

habituer et de finir ma vie en célibataire endurcie. Je dois l’avouer

humblement, cette perspective me faisait frémir.

Daniel était un gros fumeur, il n’arrêtait jamais de tirer sur sa cigarette et

allumait la suivante avant même d’avoir finie la précédente. Sa

consommation était astronomique. C’était le seul défaut que je pouvais lui

reconnaître car il ne touchait que très rarement à une boisson alcoolisée. En

fait, m’avait-il dit, il ne supportait pas l’alcool et ce trait de caractère, loin

de me rendre étrangère sa présence, m’avait rendue, au contraire, proche de

lui.

Daniel était charmant, intelligent et, je le crois, un peu amoureux de moi.

Par contre, je n’éprouvais pour lui que des sentiments amicaux et il le savait.

J’aurais aimé aimer quelqu'un de semblable à lui mais, toutes les femmes le

savent bien, nous ne maîtrisons pas nos sentiments, nous n’élisons pas sur

commande les princes qui vont faire vibrer notre cœur. C’est un peu

dommage mais force est de reconnaître que nous sommes toutes pareilles.