La lecture à portée de main
59
pages
Français
Ebooks
2015
Écrit par
Yassine Ayari
Publié par
Editions Les points sur les i
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
59
pages
Français
Ebook
2015
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
10 septembre 2015
Nombre de lectures
1
EAN13
9782359300949
Langue
Français
Publié par
Date de parution
10 septembre 2015
Nombre de lectures
1
EAN13
9782359300949
Langue
Français
Collection
MISE AU POINT
Banlieues vertes - Droits r serv s.
ISBN : 978 -2 -35930 -094-9
SARL Les points sur les i ditions
16 Boulevard Saint-Germain
75 005 Paris
alainguilloediteur@gmail.com
Tel : 01 60 34 42 70
Fax: 09 58 00 28 67
www.i-editions.com
Droits de traduction et reproduction pour tous pays. Toute reproduction m me partielle de cet ouvrage est interdite sans l autorisation de l diteur. Les copies par quelque proc d que ce soit constituent une contrefa on passible des peines pr vues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection litt raire.
Yassine Ayari
Banlieues vertes
Faire converger le social et l cologie dans les quartiers populaires
Sommaire
Introduction
Du rouge au vert : un itin raire militant en banlieue
Une famille d immigr s en banlieue
Premiers pas dans le militantisme : l engagement associatif
Crises mondiales, rem des locaux et engagement politique
Premiers pas dans un parti
L heure du doute
L engagement dans l cologie politique
Elections sur fond de r volution
Etat des lieux
Banlieues et banlieusards
Les ZUS : un territoire d exclusion ?
La politique de la ville
Violence, machisme et fanatisme : banlieues m diatiques, banlieues symboliques, banlieues fantasm es
La dialectique r pression/ ducation
Etudier en banlieue
La culture en cit : alibi des politiques s curitaires
Banlieues, rel gation et environnement
L absence de repr sentation politique
Quoi de neuf depuis 2005 ?
Aux origines de la r volte : le discours politique et le malaise social
2007 : Minist re de l identit nationale, pierre angulaire du racisme d tat
2012 : la cit , rien de nouveau
Que veulent les banlieues ?
R soudre la question sociale en recentrant la politique de la ville
La discrimination positive : passage oblig pour r aliser l galit
La France face son histoire et son avenir
Faire vivre la d mocratie en impliquant davantage les habitants
Changer l image de nos quartiers
Conclusion et perspectives : vers une cologie sociale et populaire ?
Remerciements
Introduction
Les banlieues de nos villes fran aises sont des zones de rel gation sociale. Elles sont aussi des zones de rel gation environnementale. La convergence des combats issus de la culture de l cologie politique avec les luttes sociales y est donc la fois pertinente et urgente. Economiser les ressources nerg tiques, dont le poids ne peut que continuer s accroitre dans le budget des m nages, c est une pr occupation pour les classes moyennes, c est une urgence pour les classes populaires. C est la fois une question d cologie et de pouvoir d achat. De m me, donner tous les moyens techniques et financiers de s alimenter de mani re durable tout en restant en bonne sant , c est la fois une question environnementale et une question de pouvoir d achat. Voil pourquoi la cr ation d un front politique de l cologie sociale et populaire dans les banlieues et les quartiers populaires est une n cessit .
A l heure actuelle, on voit quelques initiatives du c t du Front de Gauche et d EELV mais les unes et les autres demeurent insuffisantes et parfois divergentes. EELV demeure trop litiste et, malgr un discours tr s int ressant sur les quartiers populaires, ne parvient pas ni modifier la sociologie de ses cadres ni largir celle de ses lecteurs. Le Front de Gauche, gr ce la conjonction de sa composante PCF qui jouit d une implantation r elle et historique dans les quartiers populaire et d un discours clairement port en leur direction (notamment par leur candidat aux lections pr sidentielles de 2012), parvient r aliser quelques r sultats lectoraux. Mais il p ti lui aussi de la sociologie de ses cadres qui n est pas suffisamment ouverte aux gamins des immigr s qui ont grandi en cit alors qu ils sont aujourd hui le vrai prol tariat.
Sur le terrain, rien n indique que nous sommes l abri d un autre automne 2005 1 . Dix ans apr s la cr ation de l ANRU 2 , beaucoup d efforts ont t faits mais ils se sont centr s sur l urbain dans des quartiers aujourd hui ravag s par la crise conomique et qui vivent un d calage important par rapport au reste de la ville. O est l intervention sociale pour r duire les carts de pauvret ? O est la lutte contre les discriminations ? O est le projet culturel ?
Bien s r, une intervention de l ANRU mieux quilibr e entre le social et l urbain est n cessaire mais il ne faudrait pas limiter le probl me de l isolement et du retard des ZUS 3 sur les autres quartiers une question sociale. Il faut bel et bien prendre en compte les questions de racisme et discriminations, faire l inventaire de l histoire de France et son impact dans ce que l on appelle, fort mal, la " crise d int gration .
Sur le plan institutionnel, un constat s impose, le corps lectoral est domin par le m le blanc de plus de cinquante ans, parfois lu dans des banlieues auxquelles il ne ressemble pas avec les voix de 10% des habitants. Plus personne ne peut plus accepter que des banlieues ne voient pas leurs enfants les repr senter. Il en va de la d mocratie.
Comme toute population vivant une situation de domination, nous n avons pas le contr le de notre image et encore moins celui de notre discours. La domination, c est aussi le d calage de niveau de vie important entre ces quartiers et le reste de la ville, ce sont des lieux de vie qui sont des espaces de rel gation environnementale. Le grand paradoxe de cette situation, c est celui d une France b tie sur le principe d galit et incapable de voir les discriminations en face. Le combat politique en direction des banlieues, c est donc moins de demander des droits sp cifiques pour les habitants que de r tablir et faire vivre une valeur cardinale de la soci t fran aise aujourd hui rel gu e aux discours d clamatoires sans prise sur la r alit .
C est tout le sens que je donne mon engagement, celui qui fait que mon cri, ma col re, mon indignation trouvent une voie politique et s expriment dans un projet. Les chemins sont multiples. J ai choisi celui de l cologie politique avec tout le potentiel d un camp qui rassemble des acteurs au-del des seules luttes environnementales pour se prolonger sur les questions d conomie, de libert et d galit mais aussi avec toutes les limites d un discours qui n a pas encore trouv l audience qu il m rite dans les quartiers populaires. Je suis cependant persuad qu aujourd hui m me, la convergence entre luttes sociales et cologie politique est en train de s op rer dans les quartiers populaires.
C est cette convergence que je veux illustrer tout au long de ce livre. D abord travers mon cheminement personnel aux c t s de mes camarades de luttes et ami-e-s. Il s agit certes d une exp rience politique particuli re et d un cheminement individuel mais que je veux revisiter avec du recul, dans le contexte de la politique nationale.
Je poursuivrai avec un tat des lieux dans les banlieues et quartiers populaires parce qu il est n cessaire d avoir une lecture de la situation actuelle avant de pr coniser des solutions adapt es.
Cet audit politique du terrain ne pourra pas faire l conomie des meutes de l automne 2005 avec la question fatale, pas forc ment rassurante mais qu il faut aborder sereinement et sans sensationnalisme : est-ce que tout a t fait pour ne pas avoir un nouvel automne 2005 ?
A partir de l , je ferai partager des solutions politiques mettre en uvre, toujours dans le cadre de la convergence des luttes sociales et environnementales pour l galit dans nos banlieues.
Du rouge au vert : un itin raire militant en banlieue
Une famille d immigr s en banlieue
L installation de ma famille Garges-l s-Gonesse remonte mai 1977. Mes parents levaient alors leurs trois enfants dans un petit appartement de Deuil-la-Barre, petite ville paisible du Val d Oise, au nord de Paris. Mon p re, artisan ma on, avait assez d conomies pour acheter une voiture et organiser le retour d finitif de la famille vers la Tunisie. Il tait arriv en France en 1969 en promettant ma m re, maman de leur petite fille d un an, que cette migration durerait peu de temps. Un an ou deux, peut- tre trois, le temps de constituer un petit p cule pour revenir vivre dans de meilleures conditions en Tunisie. Finalement, cinq ann es pass rent durant lesquelles ma m re ne voyait mon p re qu en t . Lass e de cette solitude, elle lui fit crire une lettre simple et claire : le regroupement familial ou le divorce. Et voil comment ma famille s est retrouv e r unie en France quelque mois avant que le gouvernement de l poque ne mette fin au regroupement familial. Ma m re me dit qu elle se souvient tre arriv e peu avant la mort du pr sident Pompidou. Se situer par rapport aux v nements politiques semblait d j une habitude familiale
Pr te retourner en Tunisie trois ans plus tard, ma famille re ut une proposition pour un " grand logement en HLM apr s que l exig it et l insalubrit de l appartement qu elle occupait furent constat es. Mon p re refusa la proposition pensant que le retour d finitif en Tunisie tait alors imminent. Une assistante sociale vint le convaincre de d m nager dans ce " grand logement Garges, " m me pour six mois . Il accepta. Et voil comment ma famille se retrouva r sidente Garges-l s-Gonesse. Entre temps, mon p re acheta une 404 b ch e (l utilitaire de l artisan et du commer ant l poque ) pour son projet de retour vraiment imminent. Et voil comment trente-cinq ans plus tard, une partie de ma famille occupe toujours le m me logement et que l un de ses rejetons crit sur Garges et y milite.
C est donc dans cette famille d immigr s tunisiens arriv e Garges pour une p riode provisoire que je naquis en 1979, cinqui me d une famille qui comptera sept e