Adolescents délinquants et leurs parents
122 pages
Français

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Description

Cet ouvrage propose une lecture clinique soutenue par les approches psychanalytique, phenoménologique, anthropologique et psychocriminologique de l'adolescent désigné comme délinquant. Il s'appuie sur des recherches cliniques menées en France et au Québec. Il questionne les phénomènes des bandes, des fugues, des fêtes entre adolescents, des viols en réunion, des pratiques éducatives en milieu fermé, du lien à la famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 311
EAN13 9782296810754
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ADOLESCENTS DÉLINQUANTS ET LEURS PARENTS
Bandes et violences en groupe
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55131-2
EAN : 9782296551312
Bernard Gaillard
Sylvie Hamel
René-André Brisebois




ADOLESCENTS DÉLINQUANTS ET LEURS PARENTS
Bandes et violences en groupe






















L’Harmattan
Crise et Anthropologie de la relation
Collection dirigée par Marie-Louise Martinez Une situation actuelle de crise diffuse, insidieuse ou paroxystique est observable dans différents champs et domaines de la culture (famille, éducation, médecine et thérapie, entreprise, médias, sport, art, droit, politique, religion, etc.). Elle est envisagée selon diverses perspectives (littérature, sciences humaines : psychologie, sociologie, anthropologie, philosophie, etc.) et bien souvent selon des approches interdisciplinaires, pluridisciplinaires et transdisciplinaires. Ces recherches et travaux donnent lieu à un véritable paradigme qui pourrait bien contribuer à définir un nouvel humanisme. Il paraît utile de les rassembler, pour rendre plus perceptibles leur cohésion et leur convergence malgré les diversités ou grâce à elles.
Cette collection se propose de publier en langue française des ouvrages (inédits ou traductions) dont les traits communs sont :
– décrire, analyser et déconstruire la crise et la violence qui se manifestent par des dysfonctionnements intrasubjectif, intersubjectif, institutionnel, civil,
– dévoiler la relation et le lien dans ses perturbations comme ses ruptures : désir, mimétisme, indifférenciation, exclusion…,
– décrire et analyser afin de substituer à certaines règles relationnelles une communication intersubjective, institutionnelle, civile, de respect de la personne et d'ouverture à l’Altérité.


Déjà parus

Bernard GAILLARD, Adolescents qui dérangent. Entre différenciation et provocation , 2009.
Thomas R. BLIER, La violence des autres , 2007.
Théophile TOSSAVI, Les ONG du Bénin et le système d’aide internationale , 2006
Eric HAEUSSLER, Des figures de la violence , 2005.
Federica CASINI, Bibliographie des études girardiennes en France et en Italie , 2004.
Olivier MAUREL, Essais sur le mimétisme, 2002.
Bernard LASSABLIERE, Ils sont fous ces humains ! Détritus, la bonne conscience d’Astérix , 2002.
Marie-Louise MARTINEZ (éd.) L’émergence de la personne , 2002.
Introduction
Les dimensions parentales dans les phénomènes de violence, de délinquance, de gangs.
Bernard Gaillard1 et Sylvie Hamel2
Aborder la question de l’adolescence délinquante est une prise de risque axiologique et méthodologique. Cette question déjà traitée dans différents champs des savoirs professionnels et scientifiques peut-elle se révéler encore heuristique ? Sans doute faut-il d’abord utiliser la règle de l’époché et accepter notre humilité face aux problèmes que l’adolescent délinquant ne cesse de poser dans nos politiques publiques et nos dispositifs de traitements éducatifs ou thérapeutiques. Il s’agit d’éviter le double écueil des certitudes affirmées sans retenue et des désespérances autour de l’inefficacité partielle de nos actions afin de pouvoir avancer pas à pas à l’aide de méthodes d’analyse rigoureuse construisant des données solidement référencées. Pour cela, le contexte même de prise d’informations est déjà à prendre en compte et à interroger car celui-ci construit de l’objet sociologique.
D’autre part, il y a lieu de ne pas se priver de la richesse méthodologique des sciences de l’herméneutique ou du cognitif. Si l’adolescent délinquant est le produit d’une histoire affective et sociale complexe, c’est aussi le cas du clinicien et du chercheur.
Etudier l’adolescent délinquant, c’est viser une compréhension des mises en scènes psychiques, sociales et institutionnelles. Celles-ci sont agies et portées par des rencontres subjectives marquées des incertitudes et des angoisses d’un devenir consubstantiellement lié aux dynamiques de séparation, de différenciation, d’aliénation, de dépendance et d’anonymisation. Ces dynamiques sont souvent vécues comme des risques et créent un climat tensionnel nourri épisodiquement de maladresses que ce soit en famille, à l’école ou dans d’autres institutions de contrôle social impactant les fragilités adolescentes. La désignation d’adolescent délinquant n’est pas sans effet sur l’adolescent lui-même, sur sa famille et sur ses pairs. Elle est vécue comme banale, injustice ou reconnaissance, insignifiante, abusive ou valorisante. Pour la famille, cette désignation donne lieu à souffrance, inquiétude mais aussi hostilité envers la police, résignation, amertume envers la société. Elle risque de faire obstacle à penser un projet de vie sociale. Elle prive souvent la famille de scénarios imaginaires gratifiants avec leur enfant au centre. Contradictoirement, la police et autres administrations de l’Etat sont sollicitées pour une protection du jeune que la famille sait impossible. Poser un acte délinquant, c’est poser du sens.
Parmi d’autres possibles, il peut être une recherche d’exercice d’un pouvoir. L’adolescent en constate les effets au travers des dommages causés et de la mobilisation des adultes ainsi que de celle des forces de police.
Si la délinquance se définit autour des trois principes: visibilité sociale, nature dérogatoire des actes, action des définisseurs (M.Fréchette, M.Le Blanc, 1987), elle est aussi « une conduite incriminable, dont le caractère illégal a été, ou pourrait être, validé par une arrestation ou une comparution devant un tribunal et qui est passible d’une décision à caractère judiciaire et une conduite sélectionnée, puisqu’elle n’englobe qu’un nombre limité d’actes dont le calibrage, en matière de dangerosité sociale, est acquis et présente un haut degré de stabilité 3 ».


La délinquance est le résultat d’un croisement entre l’établissement de normes pénales et l’exécution d’une discipline d’administration sécuritaire, de politique policière et judiciaire. Les formes de la délinquance chez les adolescents et de sa pénalisation changent selon l’état du social. Si nous prenons la situation actuelle en France, nous pouvons relever une augmentation globale de 40% du nombre des infractions des mineurs entre 1996 et 2006, augmentation portant essentiellement sur les infractions à personnes dépositaires de l’autorité publique (+184%), et sur les coups et blessures (+170%). Nous avons également une augmentation de la délinquance des filles et un abaissement de l’âge du primo-délinquant. Au 1er juillet 2010, le nombre de mineurs incarcérés en France est de 758, soit 1,2% de la population carcérale. L’incarcération du mineur n’est pas le mode majeur de prise en charge du délinquant. A la prison comme mode de contrainte par corps, s’ajoutent 41 Centres Educatifs Fermés qui accueillent en alternative à l’incarcération les mineurs délinquants.
Si en France avec l’ordonnance révisée du 2-2-1945, les mesures éducatives sont privilégiées aux sanctions pénales, nous pouvons remarquer qu’au Québec, la loi sur les jeunes contrevenants (1982) pose comme principe la nécessité d’envisager des mesures individualisées de rechange se substituant aux procédures judiciaires. Elle a été complétée par la loi du 1er avril 2003 sur le système de justice pénale pour les adolescents. Au Québec en 2004-2005, 4,7% des jeunes admis aux services correctionnels étaient inscrits en « unité de garde en milieu fermé ». Dans l’ensemble du Canada, 21 % d’entre eux ont passé plus de six mois en détention. Au Québec en 2007-2008, 230 jeunes étaient détenus, soit 0,04% de la population adolescente globale.
Cet ouvrage ne traite pas de la délinquance juvénile mais de l’adolescent délinquant, ce sujet psychique et social qui a toujours été l’objet de nombreuses attentions et sollicitudes. Il faut noter que les mineurs mis en cause en France dans les délits sont liés à un peu moins de 20% de l’ensemble des délits. Les recherches sociologiques, criminologiques, psychologiques et éducatives en ont dressé un tableau contrasté avec plusieurs hypothèses : celle de profil de personnalité singulière, de conditions sociales de développement spécifiques, d’un mode de fonctionnement psychique marqué par le narcissisme, du Surmoi freudien, de la castration symbolique, de la faiblesse du sentiment de culpabilité, de l’insuffisance de l’estime de soi. Inévitablement, le lie

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