Algérie, souvenirs d ombre et de lumière
268 pages
Français

Algérie, souvenirs d'ombre et de lumière , livre ebook

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268 pages
Français

Description

Durant quatre ans, l'auteur a pris part à la guerre d'Algérie dans deux régiments parachutistes, mais aussi durant quinze mois au DOP de Sétif. Là, il prend le risque de refuser d'obéir et de participer à des actes qu'il considère en contradiction avec l'éthique de l'officier. Témoin privilégié à la tête d'une compagnie du 3e RPIMa, il apporte notamment un éclairage intéressant sur la fusillade de la rue d'Isly du 26 mars 1962.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296487772
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ALGÉRIE, SOUVENIRS D’OMBRE ET DE LUMIÈRE
e Mémoires du XX siècle Déjà parus Claude SOUBESTE,Une saison au Tchad, 2012. Paul OLLIER, Algérie mon amour, 2012. Anita NANDRIS-CUDLA,20 ans en Sibérie. Souvenirs d’une vie, 2011. Gilbert BARBIER,Souvenirs d’Allemagne, journal d’un S.T.O, 2011. Alexandre NICOLAS,Sous le casque de l’armée, 2011. Dominique CAMUSSO,Cent jours au front en 1915. Un sapeur du Quercy dans les tranchées de Champagne, 2011. Michel FRATISSIER,Jean Moulin ou la Fabrique d’un héros, 2011. Joseph PRUDHON,Journal d'un soldat, 1914-1918. Recueil des misères de la Grande Guerre, 2010. Arlette LIPSZYC-ATTALI,En quête de mon père, 2010. Roland GAILLON,L’étoile et la croix,De l’enfant juif traqué à l’adulte chrétien militant, 2010. Jean GAVARD,Une jeunesse confisquée, 1940 – 1945, 2007. Lloyd HULSE,: mémoires de guerre d’un soldatLe bon endroit américain(1918-1919), 2007. Nathalie PHILIPPE,Vie quotidienne en France occupée : journaux de Maurice Delmotte (1914-1918), 2007. Paul GUILLAUMAT,Correspondance de guerre du Général Guillaumat, 2006. Emmanuel HANDRICH,La résistance… pourquoi ?, 2006. Norbert BEL ANGE,Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie (Bedeau, sud oranais, 1941-1943), 2005. Annie et Jacques QUEYREL,Un poilu raconte…, 2005. Michel FAUQUIER,:1942-Itinéraire d’un jeune résistant français 1945,2005. Robert VERDIER,Mémoires, 2005.
Jean-Pierre CÔMES ALGÉRIE,SOUVENIRS D’OMBREET DE LUMIÈREDe la guerre d’indépendance à l’exode des pieds-noirs en 1962
Témoignage Préface duprofesseur Jean-Charles JAUFFRET
Du même auteur chez le même éditeur
"Ma" guerre d’Algérie et la torture, J’étais lieutenant dans les D.O.P., L’Harmattan, 2002. La petite Noire, fille de la forêt, et le diplomate, en collaboration avec Marie-José Evezo’o Mvôndo, L’Harmattan, 2004. La guerre d’Algérie et ses fantômes, L’Harmattan, 2005. La Leçon des Ténèbres, L’Harmattan, 2008.
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56970-6 EAN : 9782296569706
À mes amis pieds-noirs, eux qui ont perdu ce qui était leur terre, à tous ceux aussi qui, comme moi, ont perdu le pays de leur jeunesse, cette Algérie à laquelle ils s’étaient attachés.
Préface
Dans son célèbre roman, « Portrait d’un officier », édité pour la première fois en 1958, au crescendo de la guerre d’Algérie, Pierre-Henri Simon évoque un saint-cyrien intransigeant sur l’éthique de l’officier, rejetant toute injustice et plaçant au-dessus de l’obéissance aveugle à un ordre reçu – en ce temps-là sévissait encore le règlement de discipline générale de 1936 – les règles impératives du droit de la guerre et des gens, et du respect de l’humanité. Le colonel Jean-Pierre Cômes, qui n’a jamais accepté la moindre compromission, la moindre entorse à son honneur d’officier français, correspond parfaitement à cette définition. Il devrait être cité en exemple pour tout postulant à l’épaulette. L’auteur qui a passé 37 ans sous l’uniforme a eu une carrière fort riche et atypique. En effet, après e avoir été commandant en second du 24 RIMa à Perpignan, il a commandé e le 22 RIMa à Albi, puis à Angoulême. Attaché militaire près l’ambassade de France au Cameroun en 1983-1984, il eut une algarade avec le chef d’état-major des armées, le général Jeannou Lacaze, ce qui brisa sa carrière militaire. Titulaire d’une Maîtrise de Chimie Physique, il fut professeur de physique nucléaire à l’École militaire des armes spéciales de Grenoble, avant de servir durant deux années à l’état-major du Centre d’expérimentation du Pacifique. A son départ du service actif, le 2 août 1990, il fut même membre du cabinet civil du ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement. En 2005, lors de la première édition, chez Autrement, précédant celle d’Alger de 2007, de mon livre, « Ces officiers qui ont dit non à la torture », je soulignais le caractère original et de haute tenue d’un des ouvrages de Jean-Pierre Cômes, “Ma” guerre d’Algérie et la torture, j’étais lieutenant dans les DOP, publié chez L’Harmattan en 2002. Il s’agit d’un témoignage rare d’un officier parachutiste ayant été affecté pendant 15 mois, de septembre 1957 à mai 1959, contre sa volonté, dans le DOP de Sétif, l’une de ces sinistres officines, constituant le “Dispositif opérationnel de protection”, chargées des basses œuvres du renseignement. Dans ce nouveau récit, Jean-Pierre Cômes livre son amour de l’Algérie, cette terre où il est arrivé à l’âge de trois mois à l’automne 1933, à Ghardaïa, son père étant officier des affaires indigènes, et qu’il a quittée le 4 juillet 1962, le jour
de l’indépendance de ce pays, à la tête de la compagnie d’appui du célèbre e 3 RPIMa, régiment de parachutistes d’infanterie de marine. C’est dire la richesse de ce livre consacré à l’Algérie, souvenirs de lumière et d’ombre, épaulé par un certain nombre d’archives conservées par l’auteur. Dans le Mzab, dans la mystérieuse Ghardaïa, ou à l’école primaire puis au collège Notre-Dame d’Afrique des jésuites d’Alger, Jean-Pierre Cômes a connu l’Algérie heureuse, celle de son enfance et de son adolescence. Il livre une succession de détails qui font revivre le temps du système « D », de 1942 à 1945, les “Français métropolitains” survivant chichement en élevant des gallinacés sur leur balcon, sans chauffage ni eau chaude pour leur baignoire. Très tôt, aussi, dans cette Algérie pétainiste où les élèves chantaient au lever des couleurs “Maréchal nous voilà”, il est attaqué dans la rue par des “yaouleds”, les petits cireurs de chaussures, puis par deux adolescents qui expriment leur haine de la France. Ainsi, il perçoit fort tôt le fossé qui sépare les deux communautés, n’acceptant pas la morgue des colons, dont certains manifestaient le plus grand mépris pour les « indigènes ». Il se souvient également du débarquement allié le 8 novembre 1942, des bombardements aériens allemands, mais aussi du sacrifice de son e parrain, officier d’active, soldat de Leclerc et de sa 2 DB, devenu résistant, qui après avoir été torturé par les SS de Lyon, meurt au camp de Bergen-Belsen, le 15 janvier 1945. Jean-Pierre Cômes aura toujours ce héros pour modèle et l’on comprend mieux son intransigeance envers le respect des valeurs de l’homme. Avant de retrouver le bled avec les épaulettes de sous-lieutenant, Jean-Pierre Cômes fait un an de classe préparatoire au Prytanée militaire de La Flèche, où son esprit frondeur refuse, comme peu après à Saint-Cyr, toute manifestation, débordant du traditionnel bizutage, dès lors qu’il y a atteinte à la dignité de la personne humaine. Appartenant à la promotion « Ceux de Diên Biên Phu » (1953-1955), son stage en école d’application d’officier d’infanterie, à l’École de Saint-Maixent. est écourté : la pénurie de cadres est telle en Algérie qu’au lieu d’achever son année de formation en septembre, il quitte Saint-Maixent en mai 1956, puis rejoint, dans la Mitidja, e le 8 Régiment de parachutistes coloniaux (RPC) que forme, avec des rappelés pas vraiment volontaires, le colonel Fourcade. Manifestement, Jean-Pierre Cômes a des talents d’écrivain. Il a conservé de ses « humanités », à une époque où l’enseignement primaire et secondaire était de qualité, le sens de la formule ; son style concilie syntaxe rigoureuse, humour et art du portrait. On revit avec lui, comme chef de section, les embuscades, les combats, de la presqu’île de Collo aux Aurès où se déroule e en novembre 1956 la bataille de l’Anoual, dans laquelle le 8 RPC s’illustre, et au cours de laquelle on eut à déplorer des pertes importantes. Aux descriptions, de lâches, d’officiers avant tout préoccupés par leur
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avancement, répondent les portraits de cadres d’exception, tel le père Henri Péninou, aumônier du régiment, qui sait réconforter, jusque sous le feu, en ne portant pour arme qu’une simple croix de bois. De ce kaléidoscope de la guerre des paras, connaissant la soif, les marches épuisantes, les tirs de méprise, la peur, la volonté de vaincre, je retiendrai surtout deux éléments. A plusieurs occasions, Jean-Pierre Cômes, témoin direct, prend en défaut le témoignage du déserteur Noël Favrelière, auteur du livreLe Désert à l’aube(1960), tout en distinguant les affabulations de la réalité. A ma connaissance, il est aussi le seul témoin qui évoque les soldats les plus méconnus, les derniers tirailleurs sénégalais engagés dans la guerre d’Algérie, venus d’Afrique noire pour remplacer les rappelés européens rentrant en métropole à partir de la fin d’août 1956. S’en suit une galerie de portraits de sous-officiers et de paras des plus croustillants, tout en laissant transparaître son respect et son amour pour ces soldats noirs, engagés dans une guerre qui n’était pas la leur. Jean-Pierre Cômes livre aussi quelques réflexions sur des non-dits, comme les cas de peur au combat, y compris pour des officiers. En découlent également, à méditer pour les jeunes générations, des réflexions sur l’art de commander, dont cette maxime : « Il faut savoir rester toujours soi-même, sans jamais chercher à plaire en descendant au niveau de ceux dont on est le chef » (p.98). L’auteur ne cache rien aussi des contingences de la contre-guérilla contre un ennemi non reconnu. Il décrit, par exemple, comment il s’opposa à l’exécution à la baïonnette d’un prisonnier et sut prévenir les viols de musulmanes par les hommes de sa section. Parce qu’il se fait une haute idée de l’exercice de l’autorité, cet officier de tradition ne peut supporter la médiocrité et le manque de franchise de ses chefs. Quand quelque chose est en contradiction avec l’éthique de l’officier, il le dit, bien que simple lieutenant, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Son e commandant de compagnie parvient à l’éloigner de son cher 8 RPC. Après plusieurs péripéties, il se retrouve au DOP de Sétif, et là, il assiste à des séances de torture. Comme il le constate chez certains tortionnaires, dont l’un va jusqu’à regretter de n’avoir pas été SS, il redoute de céder à la jouissance de faire souffrir un supplicié et décide de « sauver son âme » en pratiquant un type de renseignement digne d’un officier d’une démocratie. Jean-Pierre Cômes obtient des résultats, souvent non exploités par jalousie, par la seule persuasion et la patience, sans jamais atteindre à l’intégrité physique ou morale de la personne interrogée. Et ce sont bien des officiers tel que l’auteur, hélas trop rares en guerre d’Algérie, même si les paras, mis à part la bataille d’Alger, ont été peu confrontés à la torture, qui ont finalement raison. Le règlement de discipline générale de 1966, le Code du soldat de 2000 rappellent avec force que même en contre insurrection on ne peut faire n’importe quoi. L’exemplarité de nos soldats engagés en
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Afghanistan est la dernière illustration du respect des droits de l’homme et des conventions internationales. La description de deux faits d’une extrême gravité est de toute première importance pour mieux comprendre la spécificité de la guerre d’Algérie, et ses excès de « brutalisation ». Il s’agit d’une femme, sur laquelle ce sous-officier qui regrettait de n’avoir pas été SS, s’était acharné jusqu'à ce que mort s'ensuive, crime que Jean-Pierre Cômes avait dénoncé auprès de son supérieur direct, et d’un des plus odieux crimes de guerre, commis à Sétif en septembre 1958 : l’exécution sommaire d’une soixantaine de suspects au bord d’un puits désaffecté, lors de l’opération « ville propre ». Convoqué pour être compromis dans ce crime planifié (tous les dix corps, un sac de chaux vive était versé dans le puits où étaient jetés les corps, pour les rendre méconnaissables), il refuse d’y participer, malgré un ordre formel. L’auteur est convaincu que le chef du DOP et son supérieur essaieront de le faire éliminer lors d’une opération dans le bled. Le général Gilles, patron des paras en 1959, réussira enfin à l’arracher à cet organisme en le faisant e affecter au 7 RPIMa de Dakar, où il arrive en juillet 1959. Dernière partie de ce témoignage d’exception, le retour en Algérie, du 15 septembre 1961 au 4 juillet 1962. Jean-Pierre Cômes avait, quelque part, un compte à régler, avec ceux qui avaient jugé utile de l’évincer d’un régiment para de la réserve générale. Il prend sa revanche en étant affecté dans le e e célèbre régiment formé par Bigeard, le 3 RPC devenu, en 1958, le 3 RPIMa. De ce récit, il faut retenir que l’Armée de libération nationale (ALN), exsangue, était bien militairement vaincue sur le terrain avant le cessez-le-feu, et aussi ce qui s’est passé à Alger dans la nuit du 25 au 26 mars 1962, la veille du massacre de la rue d’Isly. Sur ce point d’histoire important, l’auteur apporte son témoignage direct : il n’y a pas eu complot ou préméditation du commandement pour faire ouvrir le feu sur les manifestants mobilisés par l’OAS, mais un dramatique concours de e circonstances. Alors que le 3 RPIMa quadrille Alger dans la nuit, des membres de l’OAS font savoir à des commandants de compagnie qu’il est plus que le bienvenu en souvenir du 13 mai 1958 que certains rêvent encore de recommencer. On arrose çà un peu trop tôt, et le commandement, par peur d’une fraternisation entre manifestants et paras, renvoie, à l’aube du 26 mars, le régiment à Sidi-Ferruch, sa base arrière. Jean-Pierre Cômes e reste convaincu qu’il s’agit d’une faute, que le 3 RPIMa aurait rempli avec honneur sa mission d’interposition devant “la Grande Poste” d’Alger, pour barrer la rue d’Isly conduisant à Bab-el-Oued assiégé par CRS et gendarmes mobiles. D’où le drame : pour le remplacer, un bataillon de tirailleurs algériens est appelé hâtivement. Formée de recrues qui veulent se racheter une conduite auprès du FLN qui dirigera le pays lors de l’indépendance, une de ses sections ouvre le feu pendant quelques minutes.
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