Comme un jeune arbre qu on déracine
137 pages
Français

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Comme un jeune arbre qu'on déracine , livre ebook

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Description

1950. La DDASS que nous connaissons aujourd'hui n'existe pas encore. Les enfants abandonnés à leur naissance, ou considérés en danger dans leur famille par les services sociaux de l'époque, sont pris en charge par l'Assistance à l'Enfance. Ce récit nous plonge dans les heures peu glorieuses de l'administration d'alors. Jean-Claude Trabuc a été l'un de ces "jeunes arbres qu'on déracine". Enlevé à sa famille à l'âge de cinq ans, placé d'abord dans une sorte de taudis, il a dû attendre sa majorité (à 21 ans) pour enfin s'affranchir d'une tutelle administrative qui l'étouffait.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296680746
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Claude T RABUC


Comme un jeune arbre
qu’on déracine


Ma vie de pupille


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08425-4
EAN : 9782296084254

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Jean-Claude T RABUC


Comme un jeune arbre
qu’on déracine


L’Harmattan
Rue des Ecoles

Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large.
La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.


Déjà parus

Femand WEBER, Malbrough s’en va-t-en guerre , 2009.
Hervé TRNKA, Algérie 1956. Des Chtis en Oranie , 2009.
Lucien TAUPENOT, Un médecin d’hier se souvient. Hippocrate en Bourgogne , 2009.
Farid MEBARKI, Etre maghrébin et policier. La police , de l’intérieur , 2009.
Gilbert-Claude TOUSSAINT, Revenir pour revivre ! Algérie 1957 , 2009.
Pauline ABBADIE DOUCE, Graines de rencontres , 2009.
Marie GUICHARD, Un cancer pour deux , 2008.
Yves RANTY, Aurore MACHEMY, Le triomphe de la santé. Tout malade est un bien portant qui s’ignore , 2008.
Jacques FRANCK, Le vieux communiste. Parcours du militant , 2008.
Ayissi LE DUC, Art de la danse et spiritualité , 2008.
Joseph BONNET, Le Chemin de Compostelle. Témoignage , 2008.
Paule Louise DASSAN, Le boulier solitaire , 2008.
Pierre JENOUDET, De la lumière aux ténèbres. Lieutenant en Indochine, 1951-1954 , 2008.
Bernadette LEDOUX-BRODSKY, Ici et ailleurs. Parisienne dans le Maryland , 2008.
Magui CHAZALMARTIN, Journal d’une institutrice débutante , 2008.
Claude LE BORGNE, Dites voir, Seigneur… , 2008.
L’histoire de la civilisation montre qu’à l’inverse des agressions individuelles entre adultes qui furent toujours sanctionnées au sein d’un groupe déterminé, les différentes formes de violences exercées contre les enfants ont été plus ou moins tolérées voire approuvées par la société des adultes.


P. Straus
Fondateur de l’Association française pour l’information et la recherche sur l’enfance maltraitée
Je dédie ce livre à tous les enfants de l’Assistance


J’adresse mes remerciements à Monsieur Lucien Tanguy qui a rédigé mon récit,
et au Conseil Général des Bouches du Rhône, en particulier Mme Anny Guyot pour son aide précieuse.
Avant-propos
Ainsi que l’a montré Ivan Jablonka dans son ouvrage : « Ni père, ni mère, histoire des enfants de l’Assistance Publique » publié au Seuil en 2006, la prise en charge des pupilles de l’Etat s’est constamment améliorée au cours de la première partie du XXème siècle.
Cependant, les mentalités, le processus de la prise en charge, ont mis du temps à évoluer. Si bien que cette condition de « pupille », d’Enfant de l’Assistance » continuera longtemps à être vécue comme un stigmate social, une honte perpétuelle. Beaucoup d’hommes et de femmes vivent encore dans le souvenir de cette condition infamante comme une blessure qui ne veut pas guérir.
Ainsi Jean-Claude Trabuc, enlevé à sa famille à l’âge de 5 ans, en 1950. Son récit, bref et dense, est un témoignage des souffrances que la société peut infliger à un enfant et de l’aveuglement des adultes face à ces souffrances.
Un livre d’un autre âge diront certains.
En sommes-nous si sûrs ?
Je retourne souvent dans ce village, Montréal, en plein cœur de l’Ardèche, où, à l’âge de cinq ans, j’ai été placé par l’Assistance Publique. C’était en 1950, à une époque qui peut paraître lointaine à ceux qui appartiennent à une autre génération que la mienne mais qui reste tellement présente à mes yeux que j’en revis encore les souffrances.
Une époque où les services sociaux d’Aide à l’Enfance fonctionnaient encore d’une façon archaïque et inhumaine. Archaïque, parce que leur organisation était plus proche du dix-neuvième siècle que du vingtième. Inhumaine, parce qu’il faudra attendre les années soixante pour que l’on prenne davantage en compte ce que supportaient les enfants orphelins, abandonnés ou retirés à leur famille.
Autrefois, on ne s’en embarrassait pas, ce n’étaient « que » des enfants. On considérait la situation de ces petits malheureux avec beaucoup de fatalisme : des innocents dont le destin était de payer pour les erreurs et les fautes de ceux qui les avaient fait naître. Le regard que l’on portait sur eux, au lieu de les réconforter, les enfermait dans leur douleur et leur isolement.
De nos jours, à la suite, entre autres, des travaux de Françoise Dolto, les recommandations des responsables des organismes sociaux, psychologues, éducateurs, mettent l’accent sur les drames vécus par les enfants que des problèmes familiaux obligent à placer en foyers ou en familles d’accueil. Il ne s’agit plus seulement d’éviter la maltraitance. On met désormais en avant la nécessité d’exercer une « bientraitance » efficace.

En 1950, on en était très loin ! Pour nous qui étions pupilles de l’Etat, même si le règlement de l’Assistance à l’Enfance était censé nous protéger, – à condition qu’il soit appliqué et que cette application soit contrôlée ! – c’était le système, l’institution en elle-même, qui constituait une véritable maltraitance.

Mes deux plus jeunes frères et moi, nous avons été placés à l’Assistance Publique dans la catégorie AB, c’est-à-dire celle des « abandonnés », une catégorie qui en réalité ne nous correspondait pas tout à fait parce que nos parents ne nous avaient pas du tout abandonnés, – surtout pas notre mère ! – nous leur avions été retirés, ce qui n’est pas du tout la même chose. C’était la politique des services sociaux de l’époque : enlever le plus vite possible les enfants aux parents jugés indignes de les élever, avec interdiction expresse de laisser renouer des liens entre eux :
« Nourriciers et patrons ne devront pas communiquer ou laisser communiquer les Pupilles avec leurs parents. Us sont invités, le cas échéant, à en référer à l’Inspecteur. »
(Extrait des « Avis Importants » qui figurent dans mon livret individuel de pupille de l’Etat, édité par les soins de la Direction Départementale de la Population des Bouches-du-Rhône)

J’ai donc été enlevé à ma famille, déraciné, pour me retrouver, comme on le verra par la suite, plongé dans une situation qui ressemblait pour une part à celle dont on m’avait extrait. De ce déracinement datent, j’en suis persuadé, la plupart des problèmes dont je vais souffrir pendant ma jeunesse et même ma vie d’adulte.
Quand on transplante un jeune arbre encore fragile dans une terre qui ne lui convient pas, en négligeant de lui apporter les soins que cette transplantation requiert, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il s’épanouisse. Il végète, il souffre, on ne comprend pas pourquoi il réagit mal, on lui en veut de ne pas grandir comme il devrait, on va même parfois jusqu’à s’acharner contre lui, à cause de sa fragilité même.
C’est ce qui est arrivé à combien d’entre nous ! On a fait notre malheur, et pas seulement durant la période de ces placements, car c’est tout au long de notre existence que plusieurs d’entre nous en avons traîné des séquelles.
Certains de ces pupilles, même devenus adulte s, ne parviendront jamais à surmonter les douleurs d’une enfance à demi détruite. Ils ne seront pas aidés non plus par les gens qui leur colleront à vie sur le dos l’étiquette « Enfant de l’Assistance », comme s’il fallait les stigmatiser à jamais.
Les gens qui porteront sur eux un regard ambigu, condensé de suspicion, de commisération, de préjugés. Le regard de gens « comme il faut » qui ont tôt fait de condamner ceux qui ne sont pas comme eux.
Des pupilles se sentiront rejetés, ils éprouveront la honte, le sentiment d’êtr

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