De l'île Maurice à l'exil

Guy Ng Tat Chung

Description

Après plus de trente ans d'absence, l'auteur revient à l'île Maurice, son pays natal auquel il est très attaché mais qu'il a du quitter pour profiter de meilleures perspectives d'avenir. Les changements sont de taille, mais il n'est plus le même non plus. Il parcourt et décrit les rues. Des souvenirs douloureux et touchants à la fois remontent à la surface. De nouveau parmi ses compatriotes, il est surpris et attendri par la gentillesse naturelle qui ne les a pas quittés malgré les améliorations sociales et économiques.

Sujets

• Autobiographie
• Récit
• Témoignage

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2013
• Nombre de lectures: 501
• EAN13: 9782296536128
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Guy Ng Tat Chung

De l’île Maurice
àl’exil

Lettres
de l’Océan
Indien

Récit

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Deȱl’îleȱMauriceȱàȱl’exilȱ
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Premièreȱéditionȱ
©ȱmanuscrit.com,ȱ2003ȱ
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©ȱL’Harmattan,ȱ2013ȱ
5Ȭ7,ȱrueȱdeȱl’Ecoleȱpolytechnique,ȱ75005ȱParis
ȱ
http://www.librairieharmattan.comȱ
[e-mail]ȱ
[e-mail]ȱ
ISBNȱ:ȱ978Ȭ2Ȭ343Ȭ00419Ȭ8ȱ
EANȱ:ȱ9782343004198ȱ

GuyȱNgȱTatȱChungȱ

Deȱl’îleȱMauriceȱàȱl’exilȱ
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récitȱ
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L’Harmattan

C’estȱunȱlivreȱqueȱjeȱdédieȱàȱmonȱtrèsȱregrettéȱpèreȱquiȱn’estȱ
malheureusementȱplusȱlàȱpourȱenȱprendreȱconnaissance,ȱàȱmaȱ
mèreȱquiȱaȱtantȱsouffertȱdansȱsaȱvie,ȱàȱmesȱfrèresȱetȱsœursȱ
éparpillésȱaujourd’huiȱdansȱleȱmonde,ȱàȱmaȱfemmeȱHélèneȱpourȱ
m’avoirȱtenuȱcompagnieȱdeȱmanièreȱindéfectibleȱtoutȱleȱlongȱdeȱ
cetteȱlongueȱrouteȱpleineȱdeȱbonheurȱqu’onȱaȱparcourueȱ
ensemble,ȱetȱbienȱentenduȱàȱmesȱenfantsȱJérémy,ȱChloéȱetȱ
Manuélaȱpourȱqu’ilsȱseȱsouviennentȱqueȱleȱpeuȱqueȱj’aiȱessayéȱ
deȱleurȱdonner,ȱc’estȱdeȱl’îleȱMauriceȱqueȱjeȱleȱtiens.ȱJeȱpenseȱ
aussiȱàȱchacunȱdeȱmesȱamisȱcurepipiensȱquiȱontȱévoluéȱàȱmesȱ
côtésȱàȱuneȱpériodeȱoùȱc’étaitȱunȱbonheurȱpourȱnousȱdeȱnousȱ
retrouver.ȱ
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Chapitreȱ1ȱ
Leȱtempsȱécouléȱ

J’étaisȱeuphoriqueȱauȱmomentȱdeȱprendreȱl’avion.ȱJ’avaisȱattenȬ
duȱcetȱinstantȱpendantȱsiȱlongtemps.ȱIlȱfaisaitȱuneȱchaleurȱ
oppressanteȱetȱj’avaisȱhâteȱdeȱpartir.ȱMaisȱj’ignoraisȱqueȱj’emȬ
pruntaisȱunȱcheminȱdeȱnonȬretour.ȱLaȱsituationȱneȱs’améliorantȱ
pasȱàȱMaurice,ȱj’avaisȱbeaucoupȱdeȱmalȱaprèsȱtousȱmesȱdéboiresȱ
àȱenvisagerȱunȱavenirȱauȱpays.ȱȱ
Leȱtempsȱestȱviteȱpasséȱdepuis.ȱMesȱenfantsȱsontȱvenusȱetȱ
n’appartiennentȱplusȱauȱmêmeȱsystèmeȱqueȱleȱmien.ȱIlsȱsontȱ
français.ȱC’estȱunȱengrenageȱqu’onȱneȱcontrôleȱpasȱtoujours,ȱetȱ
onȱneȱfaitȱpasȱtoujoursȱceȱqu’onȱveutȱdansȱlaȱvieȱnonȱplus.ȱ
Uneȱpetiteȱtrentaineȱd’annéesȱmeȱsépareȱdeȱceȱdépartȱtantȱ
souhaitéȱàȱl’époque.ȱPendantȱcesȱannéesȱfugacesȱenȱFrance,ȱjeȱ
m’appliquaisȱàȱm’intégrerȱdansȱunȱmondeȱauquelȱjeȱdoisȱbeauȬ
coupȱetȱquiȱn’étaitȱpasȱleȱmien.ȱJeȱm’yȱadaptaiȱavecȱlaȱ
déterminationȱd’unȱcoureurȱdeȱfondȱquiȱveutȱterminerȱsaȱcourȬ
se,ȱquitteȱàȱfinirȱdernierȱ;ȱetȱjeȱm’assimilaiȱsansȱcompter.ȱPourȱ
s’exprimer,ȱmonȱcœurȱtrahitȱsonȱaccentȱbrutȱetȱempruntaȱ
allègrementȱdesȱmotsȱcolorésȱquiȱavaientȱuneȱsonoritéȱagréable,ȱ
mêmeȱs’ilsȱn’étaientȱpasȱlesȱsiens.ȱJ’apprisȱàȱconnaîtreȱetȱàȱaimerȱ
leȱpeupleȱdeȱFranceȱquiȱm’aȱaccueilliȱsansȱréserves,ȱetȱoffertȱsonȱ
amitiéȱindéfectible.ȱAniméȱduȱsouciȱdeȱluiȱêtreȱsemblable,ȱj’enȱ
copiaiȱleȱmodeȱdeȱvie,ȱlaȱfaçonȱdeȱparler,ȱlaȱmanièreȱdeȱpenser.ȱ
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Mais,ȱsiȱparfaitȱqueȱfûtȱmonȱmimétismeȱardent,ȱleȱnoyauȱ
essentielȱdemeuraȱrésolumentȱintact.ȱCommeȱtoutȱexpatrié,ȱjeȱ
saisȱqueȱdansȱunȱautreȱpaysȱqueȱleȱmienȱjeȱneȱseraiȱjamaisȱchezȱ
moi.ȱQuandȱunȱarbreȱtransplantéȱsurvitȱàȱunȱclimatȱquiȱn’estȱ
pasȱleȱsien,ȱilȱaȱtoutesȱlesȱchancesȱdeȱs’épanouirȱdansȱlaȱterreȱquiȱ
l’accueille.ȱLaȱsèveȱbruteȱdeȱl’hommeȱdéracinéȱalimenteraȱsonȱ
âmeȱàȱtoutȱjamaisȱdeȱfragrancesȱnatalesȱobsédantes.ȱPlusȱdeȱ
trenteȱansȱmeȱséparentȱdeȱmonȱîle,ȱdeȱcetteȱîleȱquiȱm’aȱdonnéȱ
tantȱd’amourȱetȱqueȱj’aimeȱtant.ȱOui,ȱilȱyȱaȱplusȱdeȱtrenteȱansȱ
déjàȱqu’aȱcommencéȱcetteȱlenteȱtectoniqueȱinéluctable.ȱDeȱ
tempsȱàȱautre,ȱtouteȱmaȱnostalgieȱaccumuléeȱauȱfilȱdesȱannéesȱ
remonteȱàȱlaȱsurfaceȱcommeȱunȱmagmaȱincandescentȱetȱconsuȬ
meȱmonȱâmeȱdeȱlavesȱbrûlantesȱduȱsouvenir.ȱȱ
Aujourd’huiȱdeȱretourȱdansȱmonȱpaysȱpourȱlesȱvacances,ȱjeȱ
meȱretrouveȱdeȱmanièreȱencoreȱplusȱflagranteȱfaceȱàȱmaȱpeine.ȱ
Mêmeȱmesȱfrèresȱetȱsœursȱontȱchangéȱetȱrienȱn’estȱplusȱpareil.ȱ
Quelleȱdéconvenueȱdéchirante,ȱquelleȱtristesseȱdeȱconstaterȱqueȱ
leȱpeupleȱqueȱj’aimeȱtant,ȱqueȱceȱmiroirȱquiȱpourtantȱmeȱrenvoieȱ
maȱpropreȱimage,ȱneȱmeȱreconnaîtȱplusȱ!ȱDésormais,ȱtousȱ
s’obstinentȱàȱs’imaginerȱqueȱjeȱsuisȱunȱétranger,ȱunȱréunionnaisȱ
àȱlaȱrigueurȱ!ȱQuelleȱdéchéanceȱ!ȱEtȱc’estȱenȱvainȱqueȱjeȱdéclineȱ
cetteȱidentitéȱdontȱonȱm’affuble.ȱȱ
—ȱMaisȱjeȱsuisȱunȱMauricien,ȱjeȱvousȱdisȱ!ȱJeȱm’entêteȱenȱ
vainȱàȱleurȱaffirmer.ȱ
Commentȱredevenirȱceȱqueȱjeȱfusȱaprèsȱtoutȱceȱquiȱfutȱ?ȱ
C’étaitȱbienȱmoiȱquiȱavaisȱvouluȱpartirȱàȱn’importeȱquelȱprix.ȱ
Quandȱj’aiȱcommencé&#