Enfants issus de l immigration maghrébine: grandir en France
290 pages
Français

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Enfants issus de l'immigration maghrébine: grandir en France , livre ebook

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Description

Les enfants issus de l'immigration maghrébine et vivant en France sont porteurs, à des degrés divers, de la culture d'origine de leurs familles. Dans le même temps ils adhèrent aux normes culturelles de la société française dans laquelle ils vivent. Comment à partir d'éléments parfois contradictoires, ces enfants se construisent-ils pour se forger une représentation de soi satisfaisante et faire de l'un à partir du multiple? Comment, enfin, évoluent-ils au cours des années qui les mènent de l'âge de raison à l'adolescence ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 85
EAN13 9782336277882
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Enfants issus de l’immigration maghrébine : grandir en France
Logiques Sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collectionLogiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Elisabetta RUSPINI (sous la dir. de),Monoparentalité, homoparentalité, transparentalité en France et en Italie. Tendances, défis et nouvelles exigences, 2010. T. DJEBALI, B. RAOULX,Marginalité et politiques sociales, 2010. Thomas MIHCAUD,La stratégie comme discours, 2010. Thomas MICHAUD,Prospective et science-fiction,2010. André PETITAT (dir.),La pluralité interprétative. Aspects théoriques et empiriques, 2010. Claude GIRAUD,De la trahison, Contribution à une sociologie de l’engagement, 2010. e Sabrina WEYMIENS,arrondissement deLes militants UMP du 16 Paris, 2010. Damien LAGAUZERE,Le masochisme, Du sadomasochisme au sacré, 2010. Eric DACHEUX (dir.),Vivre ensemble aujourd'hui : Le lien social dans les démocraties pluriculturelles, 2010. Martine ABROUS,Se réaliser. Les intermittents du R.M.I, entre activités, emplois, chômage et assistance, 2010. Roland GUILLON,Harmonie, rythme et sociétés. Genèse de l'Art contemporain, 2010. Angela XAVIER DE BRITO,L'influence française dans la socialisation des élites féminines brésiliennes, 2010. Barbara LUCAS et Thanh-Huyen BALLMER-CAO (sous la direction de),Les Nouvelles Frontières du genre. La division public-privé en question, 2010. Chrystelle GRENIER-TORRES (dir.),L'identité genrée au cœur des transformations, 2010.
Frédérique Sicard Enfants issus de l’immigration maghrébine : grandir en France
© L’HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13858-2 EAN : 9782296138582
Transcription de l’arabe
La transcription adoptée ici suit, dans leurs grandes lignes, les règles habituellement utilisées en français pour les lettres qui n’ont pas d’équivalent dans l’alphabet latin. Les choix opérés ont été dictés par le souci de faciliter la lecture et la prononciation. Les mots arabes couramment utilisés en français ont été laissés dans leur forme francisée (ex : Coran), sauf lorsqu’ils prononcés en arabe dans des propos rapportés (ex :qor’ân). Les termes inclus dans des citations ont été laissés dans la transcription choisie par chaque auteur.
a, i, ou : voyelles brèves. Marques finales de la conjugaison et de la déclinaison généralement omises, elles sont notées ici en exposant dans les formules où elles sont ou prononcées (ex :allâh akbar). â, î, oû : voyelles longues ’ : consonne hamza (occlusive sourde ; attaque vocalique) ‘ : consonne ‘ayn (laryngale sourde ; pas d’équivalent en français) h : h légèrement aspiré q : consonne qaf (occlusive arrière vélaire ; pas d’équivalent en français) r : r dit « roulé » ch : ch
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onoselaer:iddentnter t : interdentale sourde :rdigheséy»t«rgsa vauintlehéq:kedal jotaespagnole d: d emphatique s: s emphatique t: t emphatique z: d emphatique h: h fortement aspiré Transcription de l’articleal-: Généralement transcrit icial-, l’article est parfois transcrit el- lorsque c’est l’usage en français (ex : l’Aïd el-kébir). D’autre part, en arabe, le « l » de l’article est assimilé par certaines consonnes initiales du nom. Sauf pour les noms propres, il est alors noté tel qu’il se prononce (ex :ach-chahâda).
Introduction
Une question de société cruciale
Le domaine de l’immigration d’origine maghrébine en France a déjà fait l’objet de nombreux travaux. Il ne semble toutefois pas inutile de mener de nouvelles recherches sur cette question, dont les enjeux sociopolitiques restent extrêmement importants : si certains, tout d’abord, considèrent qu’il n’y a plus lieu de parler d’une intégration déjà accomplie, d’autres estiment que les spécificités culturelles ou religieuses des populations issues de l’immigration compromettent définitivement cette intégration. Ceux-là prônent un "retour" au "pays d’origine". Retour qui, pour nombre des personnes concernées, reviendrait de fait à un aller simple dans un pays méconnu, parfois totalement inconnu. Par ailleurs, politiques, chercheurs, journalistes ou simples citoyens sont à des degrés divers confrontés à l’épineuse question des flux migratoires, dont une part non négligeable reste clandestine. Dans le contexte d’une actualité chargée tant au plan local que sur la scène internationale, les amalgames dus à une mauvaise compréhension de questions aux enjeux complexes vont bon train. Ils contribuent d’autant plus à alimenter les craintes les plus irrationnelles que la presse affectionne particulièrement ces sujets qui "font vendre" et qu’ils servent de tremplins à des hommes politiques surfant sur la vague de la demande sécuritaire. Il est donc fondamental de continuer à observer et à s’interroger de façon scientifique, pour apporter des éléments d’analyse et de compréhension qui dépassent le stade de l’impression et de la simple opinion subjective.
La parole des enfants issus de l’immigration maghrébine : une parole peu prise en compte
D’autre part, si les études concernant les jeunes issus de l’immigration sont nombreuses, peu de travaux, par contre,
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s’intéressent aux jeunes enfants. Partant de l’hypothèse que la problématique de l’adolescence, parce qu’elle risque d’amener à prendre pour un conflit de cultures ce qui n’est sans doute que l’expression de la crise caractéristique de cette période et que, de plus, c’est bien plus tôt que la perception de soi et le discours qui la porte se mettent en place, j’ai choisi de donner la parole à des enfants âgés de sept à seize ans, de l’âge « de grâce » à 1 l’adolescence . Si, en accord avec Erik Homburger Erikson (1972) on peut considérer que la crise de l’adolescence joue un rôle de révélateur de l’identité, il ne faut pas néanmoins ignorer que les jeunes enfants, particulièrement lorsqu’ils appartiennent à un groupe minoritaire, sont tout à fait conscients de leur identité, sur laquelle il sont capables de s’exprimer (Elias, Scotson, 1997 : 176 ; Vinsonneau, 1996 : 45-46). Il ne s’agit certes pas d’une conscience claire et structurée, mais d’un sentiment diffus acquis dans la famille depuis le plus jeune âge et posé comme une évidence naturelle, le sentiment d’« être arabe », dans le cas qui nous intéresse, une identité faite de pratiques que ne partagent pas, par exemple, l’ensemble des camarades de classe : ne pas manger de porc ; « couper le mouton » pour l’aïd ; mettre du henné sur ses mains et ses pieds à l’occasion de certaines fêtes ; aller « au bled » pour les vacances ; ressentir confusément une communauté de destin avec ces « Arabes » dont la presse renvoie régulièrement une image négative –terroristes, délinquants– si peu en accord avec les modèles positifs qu’incarnent aux yeux de ces enfants les « Arabes » de leurs familles. Comment faire lorsque la partition entre « gentils » et « méchants » sur laquelle les enfants de cet âge organisent leur représentation manichéenne du monde (Piaget, 1985) se brouille ? Avec cet « être arabe » que l’on voudrait monolithique et dont on découvre qu’il est tiraillé entre de multiples facettes dont la contradiction est ingérable ? Comment maintenir de l’unité "quand même", bricoler un ensemble cohérent que la mise en mots élabore
1  Cet âge maximum reste exceptionnel ; la plupart des collégiens enquêtés ont entre onze et quatorze ans, d’où le fait que je parle généralement de « préadolescents ».
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