Enseigner en prison
344 pages
Français

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Description

Les conditions d'exercice de l'enseignement en prison témoignent d'une spécificité pénitentiaire en matière d'enseignement et contribuent à l'émergence de l'idée paradoxale de liberté pédagogique dans un univers clos. Non-maîtrise du temps, flux permanent d'entrants et de sortants sont autant de traits qui caractérisent l'enseignement en prison. Pourquoi ne pas envisager celui-ci comme un défi pédagogique singulier et comme un possible laboratoire d'analyse pour la pédagogie ?Š

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 188
EAN13 9782296468962
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ENSEIGNER EN PRISON
Le paradoxe de la liberté pédagogique dans un univers clos
Savoir et Formation
Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004),
Michel Gault et Dominique Fablet

A la croisée de l'économique, du social et du culturel, des acquis du passé et des investissements qui engagent l'avenir, la formation s'impose désormais comme passage obligé, tant pour la survie et le développement des sociétés, que pour l'accomplissement des individus.
La formation articule savoir et savoir-faire, elle conjugue l'appropriation des connaissances et des pratiques à des fins professionnelles, sociales, personnelles et l'exploration des thèses et des valeurs qui les sous-tendent, du sens à leur assigner.
La collection Savoir et Formation veut contribuer à l'information et à la réflexion sur ces aspects majeurs.

Dernières parutions

Marianne HARDY, Brigitte BELMONT, Elisabeth HUREAUX (coord.), Des recherches-actions pour changer l’école. Expériences faites , 2011.
François VILLEMONTEIX, Informatique scolaire à l’école primaire. Spécificités et devenir du groupe professionnel des animateurs TICE , 2011.
François AUGE, L’école est finie , 2011.
Alain MARCHIVE, Un collège RAR. Ethnographie d’une rentrée en classe de sixième , 2011.
Valérie BARRY, Identifier des besoins d’apprentissage. Fondements, méthodologie, études de situations , 2011.
Jean-Luc PRADES, Sociopsychanalyse et participation sociale. Etudes méthodologiques comparées (vol. 2 – 2005-2010) , 2011.
Jean CHAMI et Dominique FABLET (coord.), Professionnels de santé et analyse des pratiques , 2011.
Séverine COLINET, La Carrière de personnes atteintes de sclérose en plaques , 2010.
Léo THIERS-VIDAL, De l'Ennemi Principal aux principaux ennemis , 2010.
Christiane MONTANDON, Pédagogies de l'interculturel à l'école primaire. Découvrir la langue de l'autre , 2010.
Joël GAILLARD, Comprendre la réclusion scolaire , 2010.
Jean-Pierre BIGEAULT, Une poétique pour l'éducation , 2010.
Hervé CELLIER, La démocratie d'apprentissage , 2010.
Didier JOURDAN et Frank PIZON, Tabac, alcool, drogues : la prévention au lycée , 2010.
Valérie BARRY, Dialectiser la recherche et l’action , 2010.
Catherine BORÉ, Modalités de la fiction dans l’écriture scolaire , 2010.
Michel Febrer
ENSEIGNER EN PRISON
Le paradoxe de la liberté pédagogique dans un univers clos
Préface d’Eric Debarbieux
L’Harmattan
Collectifs d’auteurs, Elèves en difficulté, éviter les ruptures , Michel Fébrer
« Travailler en équipe et en partenariat. Autour d’un projet code de la route en maison d’arrêt », CRDP Aquitaine, Edition Scéren, Bordeaux, 2003
À paraître en fin d'année 2011 : Participation à un collectif d'auteurs d'un ouvrage intitulé Dialectiques carcérales sous la direction de Pierre-Victor Tournier.
Editions L'Harmattan, collection « Sciences criminelles », Direction Robert Cario.

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55522-8
EAN : 9782296555228
Préface
Ce livre est une pure provocation. Et de plus pour aggraver le cas de son auteur une provocation volontaire, mûrement réfléchie, bref un crime intellectuel commis avec préméditation.
Car enfin comment peut-on affirmer être libre en prison ? Comment peut-on affirmer qu’enseigner en prison est autre chose qu’un leurre idéologique, un aménagement de peine qui ne fait que masquer les rapports de force à l’œuvre entre la population carcérale et ses geôliers, entre les miséreux qui les hantent et les représentants de l’ordre qui les enferment? La « liberté » pédagogique ne serait-elle pas plutôt une figure inversée du « grand renfermement », une ruse supplémentaire de la raison panoptique ?
D’accord « ouvrez une école vous fermerez une prison » dit le poète. Mais une école dans une prison ? Et dans le contexte actuel ? On ouvre des places en prison et on supprime des postes d’enseignants alors… Oui, elle est facile à déconstruire idéologiquement cette école dans les murs ; de tous les côtés il est possible de la critiquer. Dans une déconstruction bien pensante d’abord : les enseignants ne sont que les gardiens mal repeints d’un ordre néocapitaliste qui élimine l’exclusion en la resserrant entre des murs inhumains. Au mieux, et le modèle rejoindrait assez bien l’analytique du pouvoir par Foucault, l’école en prison est un peu d’huile mise dans les rouages de l’administration pénitentiaire pour la rendre supportable à ses « bénéficiaires » et pour la déguiser d’un humanisme apparent. Elle n’est qu’un semblant de réinsertion, un alibi à la violence profonde de la tôle. Ou bien, au pire, dans un cynisme inverse et cruel une autre critique est possible : la réinsertion est chimérique pour les criminels endurcis, et leur seul avenir doit rester la cage, la basse-fosse et la nuit carcérale. L’école en prison ? Un gadget soixante-huitard ?
Alors le livre de Michel Fébrer est-il pétri de naïveté ou est-il la simple autojustification d’un garde-chiourme à la mauvaise conscience ? Il n’est ni l’un ni l’autre bien sûr, comme si le débat actuel sur la prison pouvait se réduire à un tel manichéisme! C’est d’abord un livre qui donne à voir concrètement un changement de fond, fragile, menacé, et fondamental dans ce qui se résume trop encore dans le simplisme d’un surveiller et punir. Il est celui qui a lieu autour du sport en prison, des parloirs, des soins, en bref des droits de l’homme en milieu carcéral. Il ne cache rien des contradictions, des doutes, des difficultés, des débats très vifs autour du travail scolaire avec des prisonniers. Il montre combien par exemple la préventive est une plaie qui abandonne pendant des mois, voire parfois des années des détenus, souvent très jeunes en mal d’instruction. Par là l’école en prison n’est pas un leurre : c’est un combat à mener au quotidien, avec tous les aléas, les contradictions de ce combat. La simple existence de ce combat est une raison d’espérer car il est un coin enfoncé dans la démagogie sécuritaire, dans la loi du talion à laquelle le système pénal ne saurait pourtant se résumer.
Ce combat est aussi, et l’on s’en étonnera sans doute, un combat profondément pédagogique : illettrisme, échec scolaire, phobie scolaire, perte d’estime de soi chez les plus durs des prisonniers parfois, reconstruction d’un rapport au savoir, reconstruction d’un projet de vie à travers l’acquisition de connaissances, ce n’est pas un combat dérisoire mais un combat profondément humaniste qui est engagé là, à l’intérieur même d’une institution qui ne s’en est guère préoccupée pendant des années.
La partie historique, nationale et locale, de ce travail incite à mesurer le changement de paradigme qu’est la simple idée d’une école en prison.
D’une école qui est à la peine pour s’universaliser, tant de détenus en étant privés. D’une école qui fait ce qu’elle peut dans le provisoire, ne sachant jamais combien de temps elle pourra aider à construire des avenirs si incertains. Des enseignants qui ne savent jamais combien et combien de temps leurs étudiants seront présents, qui se battent. Libres en prison ces enseignants ? Oui, car leur paradoxe est une invention continue de méthodes, de rapports humains, de négociations, et d’expertise professionnelle qui n’avait jamais été écrite. Ce livre est le premier à aborder dans ce quotidien ce qu’est réellement le travail des enseignants en prison. Il ne pose pas le point de vue des prisonniers, il ne veut pas parler à leur place. Il décrit seulement, rend visible par une série d’anecdotes, de témoignages et de reprises théoriques une vie pédagogique possible, jamais magique, jamais romantique. Un travail impossible et qui pourtant a lieu.
Pour combien de temps ? Notre société française a de plus en plus de mal à imaginer ses loubards autrement qu’en caque, et construit plus le sécuritaire que la réinsertion. Le travail de Fébrer se situe juste à la faille, à la fêlure de notre temps démocratique dans ces lieux qui nous en disent tant sur nos cauchemars régressifs et sur nos espoirs à construire.

Eric Debarbieux

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