Exclusion, insertion et formation en questions
222 pages
Français

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Exclusion, insertion et formation en questions , livre ebook

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Description

Les activités sociales relevant de la lutte contre l'exclusion, de l'insertion professionnelle et sociale des jeunes ou de la formation des adultes ont cette particularité d'être pensées et organisées selon une logique du manque présumé. L'ambition de cet ouvrage est de poser les jalons d'une orientation positive en sciences sociales susceptible d'éclairer les quotidienneté de ceux et celles que l'on considère le plus couramment comme désaffiliés, disqualifiés, désinsérés, inappétents...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 79
EAN13 9782336273099
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Logiques Sociales - Collection dirigée par Bruno Péquignot Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION CHAPITRE 1 - SOUS LE SIGNE DU MANQUE CHAPITRE 2 - L’EXCLUSION EN QUESTIONS CHAPITRE 3 - L’INSERTION DES JEUNES EN QUESTIONS CHAPITRE 4 - LES SALARIÉS ET LA FORMATION EN QUESTIONS CONCLUSION - POUR UNE ORIENTATION POSITIVE EN SCIENCES SOCIALES BIBLIOGRAPHIE GLOSSAIRE DES SIGLES
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Frédérique SICARD, Agencements identitaires. Comment des enfants issus de l’immigration maghrébine grandissent en France, 2011.
Rahma BOURQIA, Culture politique au Maroc, A l’épreuve des mutations, 2011.
Louis MOREAU DE BELLAING, Claude Lefort et l’idée de société démocratique , 2011.
Elisabetta RUSPINI (sous la dir. de), Monoparentalité, homoparentalité, transparentalité en France et en Italie. Tendances, défis et nouvelles exigences, 2010.
T. DJEBALI, B. RAOULX, Marginalité et politiques sociales , 2010.
Thomas MIHCAUD, La stratégie comme discours, 2010. Thomas MICHAUD, Prospective et science-fiction, 2010. André PETITAT (dir.), La pluralité interprétative. Aspects théoriques et empiriques , 2010.
Claude GIRAUD, De la trahison, Contribution à une sociologie de l’engagement, 2010.
Sabrina WEYMIENS, Les militants UMP du 16 e arrondissement de Paris, 2010.
Damien LAGAUZERE, Le masochisme, Du sadomasochisme au sacré , 2010.
Exclusion, insertion et formation en questions

Cédric Frétigné
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr hannattan1@wanadoo. fr
9782296543348
EAN : 9782296543348
« En un sens, j’étais excédé par ces théories qui identifient des sociétés “sans”, comme si leur différence était le manque de ce qui nous définit. J’ai le souvenir d’une conversation avec Marcel Griaule, me disant, lors d’une discussion portant sur ma thèse doctorale : “Ils sont sans industrie, sans monothéisme, sans développement économique et politique réel, sans...” [...] Ainsi présentés, ils ne sont rien au regard de beaucoup de non-initiés, sinon des producteurs d’exotisme et des faiseurs de dépaysement. »
Balandier G. (2009), Le dépaysement contemporain. L’immédiat et l’essentiel, Entretiens avec J. Birman et C. Haroche, Paris, PUF, p. 147.
INTRODUCTION
Défendre une orientation positive en sciences sociales, telle est l’ambition poursuivie par cet ouvrage. D’emblée, une précision s’impose. Il ne s’agit ni de revenir au positivisme d’antan ni de verser dans un optimisme louangeur. Point de tour de vis scientiste, non plus que de « positive attitude » dans le propos. Il faut comprendre la formule comme un plaidoyer en faveur d’approches qui entendent décrire et analyser en plein plutôt que définir et énoncer en creux ce qui est étudié. Aux lectures « dysphoriques » et au « vocabulaire décéptif » (Sticker, 1982, p. 138), il est proposé de substituer des approches « appréciatives » et des schèmes d’analyse orientant positivement la recherche. Au fond, à raisonner avec les catégories du déficitarisme, quelle connaissance effective a-t-on de ceux qui sont nommés in-firmes, in-valides, in-capables, impotents, im-puissants, a-normaux, a-sociaux, dés-insérés, disqualifiés, dés-affiliés, etc. ? Plus généralement, quels types de connaissance sociologique produisent les raisonnements organisés suivant des schémas d’analyse fondés sur une « arithmétique du défaut » (Rancière, 2005, p. 297) ? Que gagne-t-on à instruire le procès du social sur la base d’une approche privative ? Qu’y perd-on en intelligibilité des phénomènes à observer ? En contrepoint, comment structurer une orientation positive de la recherche ? C’est au fond autour de ces questions liminaires qu’est structuré ce livre.
En théorie, la cause semble entendue. Jean-Claude Passeron (1991, p. 253) a très clairement énoncé que «les groupes sociaux exclus d’une pratique ou d’une possession ne sauraient sans arbitraire ou ethnocentrisme être décrits et compris par l’absence ou la privation, comme si toutes leurs propriétés se déduisaient de la non-possession, si leurs comportements épuisaient leur sens dans l’abstention et si toutes leurs valeurs se réduisaient à celles qui font l’illégitimité de leurs propres pratiques ». Pourquoi donc remettre l’ouvrage sur le métier ?

L’emprise de la thématique négative
De fait, les formes descriptives dénoncées par Passeron continuent à fleurir et parmi les travaux publiés par les sociologues les meilleurs. C’est pourquoi il m’apparaît toujours aussi nécessaire de poursuivre la discussion autour de la « sociologie négative de la privation ». Dès ma première enquête sur les vendeurs de la presse SDF en 1994 (Frétigné, 2003), je me suis affronté à cette grille de lecture purement négative. Définis par l’absence de qualité, les prétendus SDF vendeurs de journaux étaient toujours décrits comme atomisés, agis par le destin, aux frontières extérieures du social, etc. Dans le cadre de mon étude de la littérature sociologique sur l’exclusion, j’ai par la suite mis l’accent sur la fragilité des conceptualisations alternatives préconisées par les sociologues les plus autorisés. L’élaboration, en creux, de concepts forgés à des fins de substitution ne donnait guère à voir que l’absence ou le défaut : dépossession, disqualification, désinsertion, désaffiliation, désappartenance, etc. Poursuivant mes recherches sur la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, j’ ai continué à rencontrer cette thématique négative, suivant laquelle les impétrants manquent de formation, de qualification, d’expérience pour prétendre accéder positivement ou faire un retour gagnant sur le marché du travail. Avec la survenue du « raisonnement par l’appétence », une étape supplémentaire a été franchie dans le sens de la promotion de ces lectures par le moins ou le rien. Déplorant le manque d’appétence pour la formation, les experts du domaine ont bien rapidement été relayés par les sociologues qui ont intronisé ce vocabulaire au rang de concept sociologique. Une fois encore, il me semblait qu’à pointer la faible appétence, voire l’inappétence, on ne disait pas grand chose du « terrain des empiricités positives » ou des « formes phénoménales de la vie sociale » (Schwartz, 2002, p. 20). Pour l’exprimer autrement, on assiste clairement, dans les différents cas rapportés ci-dessus, à la promotion d’un « universel par défaut donc, défini davantage par les volontés convergentes mais négatives qui le cernent que par la réalité de son objet » (Beaune, 1983, p. 19), au mieux d’une «potentialité négative » (p. 21), au pire d’un « type idéal négatif » (p. 53) 1 .
Je souhaite donc, dans ce livre, insister sur les effets induits par les approches privatives. On pourra leur reconnaître, avec Claude Grignon et Jean-Claude Passeron (1989, p. 36), leur résistance aux « cécités sociologiques du relativisme culturel », fondatrices des approches populistes, « pour qui le sens des pratiques populaires s’accomplit intégralement dans le bonheur monadique et l’autosuffisance symbolique ». On relèvera surtout que si elles échappent ainsi aux affres du populisme, elles versent alors dans un misérabilisme bon teint où il ne reste plus au chercheur qu’à « décompter d’un air navré toutes les différences comme autant de manques, toutes les altérités comme autant de moindre-être [...] » (p. 36-37). C’est alors ouvrir grand la porte au « degré zéro – néant descriptif » (p. 41) et à la sociologie priv

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