Fluidité sociale et souffrance
284 pages
Français

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Fluidité sociale et souffrance , livre ebook

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Description

De la souffrance des habitants des banlieues à celle des personnes âgées, en passant par les thèmes de l'individu dépressif, du harcèlement, de l'exclusion, une plainte générale émane de toutes les fibres du social. L'absence de point fixe au sein de notre société rend particulièrement problématique la construction de la confiance en l'autre ou du vivre ensemble. La souffrance face à la question du lien social paraît caractéristique d'un contexte de fluidité et de valorisation de la réalisation de soi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 334
EAN13 9782296681521
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FLUIDITÉ SOCIALE
ET SOUFFRANCE
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions


Olivier MOESCHLER et Olivier THÉVENIN (dir.), Les Territoires de la démocratisation culturelle , 2009.
Lionel ARNAUD, Sylvie OLLITRAULT, Sophie RÉTIF et Valérie SALA PALA (dir.), Mobilisations, dominations, identités , 2009.
Alain BERGER, Pascal CHEVALIER, Geneviève CORTES, Marc DEDEIRE, Héritages et trajectoires rurales en Europe , 2009.
Adeline CHERQUI et Philippe HAMMAN (dir.), Production et revendications d’identités. Eléments d’analyse sociologique , 2009.
Christophe COLERA, Les services juridiques des administrations centrales , 2009.
Virginie GARCIA et Guillaume TIFFON (coor.), Le sociologue en train de se faire , 2009.
Marie-Thérèse RAPIAU et Jean RIONDET (coor.), Le « recrutement » des infirmières : de la formation aux pratiques d’une profession de santé , 2009.
Josette DEBROUX, Les « ruralistes » et les études rurales , 2009.
Gérard REGNAULT, Jeunes, seniors, entreprises : regards croisés , 2009.
Laurence SIMMAT-DURAND, Grossesses avec drogues , 2009.
Hervé TERRAL, Eduquer les pauvres. Former le peuple. Généalogie de l’enseignement professionnel français , 2009.
Célestin BOUGLE, Solidarisme et libéralisme. Réflexions sur le mouvement politique et l’éducation morale , 2009.
Eguzki URTEAGA, La sociologie en Espagne , 2008.
John TOLAN (dir.), L’échange , 2008.
Brigitte ALBERO, Monique LINARD, Jean-François ROBIN, Petite Fabrique de l’innovation à l’université, Quatre parcours pionniers , 2008.
Françoise DUTHU, Le Maire et la Mosquée , 2008.
Jérôme CIHUELO, La dynamique sociale de la confiance au cœur du projet , 2008.
Jean FOUCART


FLUIDITÉ SOCIALE
ET SOUFFRANCE


L’H ARMATTAN
Du même auteur

Sociologie de la souffrance
(Éditions De Boeck, 2003)

L’identité de l’éducateur spécialisé
(Éditions Duculot, 1990)


© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-09552-6
EAN : 9782296095526

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Introduction
Quand on écoute l’homme d’aujourd’hui, on ne peut qu’être frappé par la multiplicité des plaintes. « Tout » devient en quelque sorte objet de plainte : travail, non travail, délocalisations, incivilités, enfants difficiles, professeurs non respectueux des parents et inversement, cadres submergés par le travail et le stress, qualité de la nourriture, etc. La liste n’est pas exhaustive. La plainte exsude de toutes les fibres du social. Elle circule dans le champ social. Elle est au cœur de ce champ.
Le thème de la souffrance occupe une place de plus en plus centrale dans les réflexions sociales, qu’il s’agisse de « la misère du monde » (Bourdieu), de la souffrance au travail (Desjours), du burn-out ou de la fatigue professionnelle, de l’échec scolaire, etc. Cette question irradie de multiples discours ou pratiques depuis les interventions dans les quartiers en difficulté en passant par la souffrance du malade, le stress post-traumatique, la souffrance des victimes, etc.
Le but de ce livre de « visibiliser » cette souffrance, à première vue multiforme. La question essentielle n’est pas de se demander : « Y a-t-il plus de souffrance aujourd’hui qu’hier ? », car à question aussi générale, on ne peut répondre que par des évidences, ou par des a priori Elle est plutôt de s’interroger sur l’émergence et l’importance prises par cette question.
Si cette question s’avère décisive, si elle est placée sur le devant de la scène, c’est parce que l’individu est confronté à une terreur existentielle, à l’angoisse de la désassociation. Ce que suggère cette plainte, c’est la confrontation à l’angoisse de la rupture, ou l’angoisse liée à la perte des repères nécessaires au choix d’objet.
L’homme contemporain est confronté à la difficulté de vivre dans un monde dépourvu de fondements solides et stables. Il doit s’adapter aux idées d’instabilité, de multiplicité, de métamorphose. Il doit sans cesse inventer des solutions flottantes, mobiles et plurielles. Dans un tel contexte, il doit faire preuve de créativité, d’imagination, notamment ruser, bricoler, alors que bien souvent, il se sent démuni. L’enjeu principal, pour la majeure partie des individus, du moins dans les pays riches et démocratiques, n’est plus de s’arracher à des traditions, de renverser un ordre autoritaire ou contraignant, de lever des interdits, des entraves ou des rigidités. Plus pressantes sont les préoccupations qui portent à s’arranger avec les conséquences problématiques de la liberté (difficulté des relations, déficit du rapport à l’altérité, anxiété et angoisse, stress et pression, fluidité et liquéfaction des points d’appui, incertitude ou état d’indéfinition…).
La construction du vivre ensemble serait une difficulté majeure d’aujourd’hui. Selon toute une perspective sociologique contemporaine, nous serions dans une société de liaison (de Singly), réticulaire (Castells), liquide (Bauman), réflexive (Ascher). Sans nier les divergences conceptuelles, ou encore les tonalités optimistes ou pessimistes de ces analyses, une interrogation commune apparaît : l’enjeu de la construction des liens ; un aspect des difficultés contemporaines résidant dans la mobilité, la multiplicité, la fragilité de ceux-ci.
Des chercheurs abordent ces problèmes à partir de la catégorie de l’anxiété (Giddens), de la fatigue de soi (Ehrenberg) ou encore de l’ennui (Nahoum-Grappe).
La sociologie de la vie quotidienne nous offre des outils intéressants pour l’élucidation de cette plainte. Plus précisément, le concept de transaction, proche en cela du concept d’intermonde, élaboré par Danilo Martuccelli (2005) permet de comprendre que l’action est davantage le résultat d’un compromis temporaire, empli d’une virtualité d’écarts, que le rajustement constant des pratiques entre l’acteur et l’environnement. L’analyse de la construction des microcompromis structurant la quotidienneté constituera le point de départ de notre perspective analytique. Cette construction prend toute son importance dans l’ultramodernité, que nous réfléchirons à partir du modèle cybernétique et de la métaphore de la fluidité. Dans un tel régime, la vie sociale se présente sous les traits d’une construction incertaine et précaire, en tension entre des exigences tout autant incertaines et précaires.
Pour aborder ce phénomène, nous avons lié trois outils théoriques : les concepts d’action réciproque, de forme et de vie (Simmel), de transaction (Remy), de paradoxe (Barel). Simmel part de l’idée que l’individu est un être de tensions, les formes assurant la gestion des tensions. La transaction est à la fois une forme de sociabilité et un concept analytique permettant une opérationnalisation de l’approche simmelienne. Le concept de paradoxe permet de mettre en évidence une dimension spécifique des transactions : leur aspect double.
A partir de la « sociologie des espaces potentiels » (Belin), il nous semble intéressant d’enrichir cette matrice théorique des concepts d’espace potentiel et d’objet transitionnel. L’espace potentiel est une aire de jeux permettant de se relationner aux autres et au monde et dont la richesse conditionne la créativité de nos expériences et partant, l’intérêt que l’on peut trouver à la vie. Ces concepts trouvent leur origine dans la psychanalyse winnicottienne. Donald W. Winnicott analyse l’importance de la richesse de cet espace, lié à la présence d’une mèr

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