Gendarmes et voleurs
206 pages
Français

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Gendarmes et voleurs , livre ebook

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Description

La délinquance s'est-elle transformée au cours des quinze dernières années ? Les évolutions les plus profondes ne tiennent en fait pas à la nature de la délinquance ni au profil des délinquants, mais aux modes de peuplement des territoires, aux modes de vie, aux relations entre les habitants et avec les gendarmes, au droit pénal et aux politiques de sécurité. Dès lors, la recherche se penche sur : l'adaptation de l'institution aux territoires, ses relations avec la population, son besoin de partenariats non limités au champ de la sécurité et l'évolution du métier de gendarme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 122
EAN13 9782336260402
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Sécurité et Société
dirigée par Jean-Louis Loubet del Bayle
Déjà parus
Michel BERGES Le syndicalisme policier en France (1880-1940) François DIEU Politiques publiques de sécurité Olivier PHILIPPE La représentation de la police dans le cinéma français François DIEU et Paul MIGNON La force publique au travail. Deux études sur les conditions de travail des policiers et des gendarmes Georges CARROT La Garde nationale. Une force publique ambiguë Jean-Hugues MATELLLY Gendarmerie et crimes de sang Magali SABATIER La coopération policière européenne Maurice CHALOM et Luce LEONARD Insécurité, police de proximité et gouvernance locale Damian MOORE Ethnicité et politique de la ville en France et en Grande-Bretagne François DIEU et Paul MIGNON Sécurité et proximité. La mission de surveillance générale de la gendarmerie Catherine DENYS Sécurité et police au XVIIIe siècle dans les villes de la frontière franco-belge Alain PIXEL Une police de Vichy : les Groupes Mobiles de Réserve (GMR ) François DIEU Policer la proximité. Expériences française, anglaise et new-yorkaise Christian CHOQUET Terrorisme et criminalité organisée Benoît DUPONT Construction et réformes d’une police : le cas australien François DIEU Police de la route et Gendarmerie Jean Hugues MATELLY Une police judiciaire...militaire? La Gendarmerie en question François DIEU (dir) et al Questions de sécurité De la sociétalisation des réponses à la globalisation des menaces
Gendarmes et voleurs
De l'évolution de la délinquance aux défis du métier

Laurent Mucchielli
Le présent ouvrage constitue le rapport scientifique d’une recherche effectuée pour le Centre de Prospective de la Gendarmerie Nationale. Son contenu n’engage que la responsabilité de ses auteurs
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296041776
EAN : 9782296041776
Sommaire
Collection Sécurité et Société - dirigée par Jean-Louis Loubet del Bayle Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION GÉNÉRALE CHAPITRE 1 - L’ÉVOLUTION DE LA DÉLINQUANCE ENREGISTRÉE PAR LA GENDARMERIE (1988-2004) : ÉNIGMES ET ENSEIGNEMENTS CHAPITRE 2 - UNE INCURSION DANS LES ARCHIVES DES BRIGADES TERRITORIALES CHAPITRE 3 - GENDARMERIE ET DÉLINQUANCE : UNE VUE D’ENSEMBLE À PARTIR DU CAS DES PYRÉNÉES-ORIENTALES CHAPITRE 4 - LES GENDARMES FACE À LA RURBANISATION ACCÉLÉRÉE : L’EXEMPLE DE L’AGGLOMÉRATION BORDELAISE CHAPITRE 5 - GENDARMES, DÉLINQUANTS ET HABITANTS (ESSONNE, 91)
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Laurent MUCCHIELLI

La Gendarmerie nationale — maréchaussée jusqu’en 1791 — est l’une des plus vieilles institutions administratives françaises, qui a accompagné le développement de l’État et sa conquête du « monopole de la violence physique légitime » (Max Weber) depuis la fin du Moyen-Âge 1 . Depuis un décret de 1950, elle est placée sous l’autorité du ministre de la Défense et constitue une direction générale de ce ministère depuis 1981. Toutefois, depuis le décret du 15 mai 2002, pour les missions concernant la sécurité intérieure, ses services sont placés sous l’autorité principale du ministre de l’Intérieur.
Pour les Français, la gendarmerie ce sont d’abord les unités territoriales généralistes et spécialisées qui réalisent ce fameux maillage territorial, assurant la surveillance générale de 95 % du territoire national et de près de 50 % de la population. Cette gendarmerie départementale comprend un peu plus de 62 000 agents (sur les 105 000 au total), répartis dans plus de 1 800 brigades et communautés de brigades, environ 400 sections et brigades de recherches et plusieurs centaines d’autres unités spécialisées (brigades motorisées, pelotons d’autoroutes, pelotons de surveillance et d’intervention, pelotons de montagne, brigades de prévention de la délinquance juvénile...). C’est cette gendarmerie départementale qui assure au quotidien la sécurité publique et qui constate un gros quart de la totalité des crimes et délits enregistrés en France chaque année, soit un peu plus d’un million de faits.
Mais en quoi consistent cette délinquance et cette criminalité que tentent de contrôler les gendarmes ? Tandis que celles qui s’observent dans les zones urbaines sous la responsabilité de la Police nationale ont fait l’objet de nombreuses études au cours des années 1990, l’on ne saurait en dire autant pour les zones sous responsabilité de la gendarmerie 2 . Pour les responsables du Centre de prospective de la Gendarmerie nationale qui nous ont confié cette recherche en 2003 3 et que notre équipe a réalisée en 2004 et 2005, il s’agissait de tenter de combler progressivement ce déficit. L’intitulé initial de l’appel d’offres était : « Gendarmerie et délinquance. Quelles sont les évolutions prévisibles des différentes formes de délinquance dans les zones de compétence de la gendarmerie nationale ? Quels enseignements en tirer ? ». L’argumentaire interpellait les chercheurs sur les changements démographiques, économiques et sociaux propres aux territoires sous responsabilité de la Gendarmerie nationale, liés notamment aux phénomènes de périurbanisation et de rurbanisation (I). Et il reliait cette interrogation à ce qui constitue la question centrale posée par l’institution : l’apparition d’éventuelles nouvelles formes de délinquances (II). Répondre à cette question nécessitait à notre sens une double démarche d’investigation dans le temps (à la recherche d’évolutions sur les dix ou quinze dernières années) et dans l’espace (à la recherche des tendances générales communes autant que des spécifcités ou des diversités géographiques et sociales). D’où la méthodologie que nous avons mise en place, alliant l’enquête quantitative et l’enquête qualitative (III), et la constitution d’une équipe de recherche pour enquêter sur quatre terrains très différents (IV).

I - GENDARMERIE ET PÉRIURBANISATION
Les trois quarts de la population française vit aujourd’hui dans des villes et près de 56 % vit même dans l’une des 73 aires urbaines de plus de 100 000 habitants. Mais la notion d’« aire urbaine », adoptée par l’INSEE au milieu des années 1990, englobe en réalité trois cercles géographiques : le centre-ville, la banlieue et, ce qui nous intéresse ici, la « couronne périurbaine » 4 , L’INSEE la constitue dès lors que, outre la continuité territoriale, au moins 40 % des actifs résidents dans la zone concernée travaillent dans l’aire urbaine. Et si le développement des banlieues avait marqué les années 1950 et 1960, en liaison avec la forte croissance démographique de la population et avec le boom économique des «Trente glorieuses », à partir du début des années 1970 (puis à l’occasion du recensement de 1975) les centres-villes ont perdu des habitants au profit non plus de leurs banlieues immédiates mais de zones rurales plus éloignées. Il ne s’agissait pourtant pas d’une revitalisation de l’espace rural. Il s’agissait en réalité d’une nouvelle forme d’urbanisation du territoire, liée à la poursuite du développement des grandes villes. Ce que l’on a appelé d’abord la rurbanisation 5 puis, à partir des années 1980, la péri-urbanisation 6 . Apparu dès les années 1960 dans la région parisienne, le phénomène s’est reproduit sur tout le territoire métropolitain, en liaison avec la concentration de l’emploi dans les aires urbaines et avec les difficultés de logement liées à la saturation de l’espace ainsi qu’à la hausse régulière du prix de l’immobilier dans les centres-villes. En 1990, soit au début de la période soumise à notre enquête, ces couronnes périurbaines regroupaient déjà environ 7 millions d’habitants, dont un million en Île-de-France 7 .
Ce phénomène de périurbanisation croissante a accru considérablement les distances entre les lieux de résidence et les lieux de travail, il a donc entraîné une forte hausse des déplacements entre les centres-villes et les périphéries, dont beaucoup se sont faits et continuent de se faire en voiture. Ainsi, 40 % des ménages vivant dans les zones périurbaines disposent d’au moins deux voitures, contre 25 % de l’ensemble

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