Je voudrais que son nom apparaisse partout
188 pages
Français

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Je voudrais que son nom apparaisse partout , livre ebook

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Description

Marion Deichmann est née quelques semaines avant l'avènement d'Hitler. Sa famille était une "bonne" famille allemande juive qui n'aurait jamais imaginé que l'Europe puisse capituler sous le nazisme. De pays en pays, de continent en continent, elle nous convie au voyage intérieur d'une enfant puis d'une adolescente qui veut vivre dans un autre monde que la guerre. C'est par chance et l'aide de Français ordinaires qu'elle a survécu. Cette nouvelle édition a été enrichie à partir de la découverte de nouvelles archives.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 janvier 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336402048
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marion Deichmann
La preuve par ZeusJe voudrais que son nom
apparaisse partout
Une enfant au cœur du génocide Je voudrais que son nom
Marion Deichmann est née quelques semaines avant apparaisse partout
l’avènement d’Hitler. Sa famille était une « bonne » famille
allemande juive qui n’aurait pas imaginé que l’Europe puisse
capituler sous le nazisme.
Une enfant au cœur du génocideDe pays en pays, de continent en continent, elle nous convie
au voyage intérieur d’une enfant puis d’une adolescente
qui veut vivre dans un autre monde que la guerre. C’est
par chance et l’aide de Français ordinaires qu’elle a survécu.
Impossible de dire si Marion Deichmann
est allemande, luxembourgeoise, française,
américaine ou suissesse ! Un beau
millefeuille, héritage de la dislocation de sa
famille à partir des années trente. Diplômée
en psycholinguistique et en psychothérapie,
après des années californiennes, elle intègre
l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Aujourd’hui, elle cultive son jardin potager
et peut enfn mettre des mots sur son histoire.
18,50 E
ISBN : 978-2-343-07973-8 Nouvelle édition
Illustration de couverture : Portrait d’Alice Deichmann lisant, August Rumm, 1929.
Photo de quatrième de couverture : Marion, 13 ans, Paris, 1946.
En bas de page : Certi ficat d’identité et de voyage demandé pour l’immigration, Paris, 1946.
Je voudrais que son nom apparaisse partout Marion Deichmann








Je voudrais que son nom
apparaisse partout
Marion Deichmann





Je voudrais que son nom
apparaisse partout

Une enfant au cœur du génocide








Nouvelle édition











































© L’Harmattan, 201 6
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343- 0 7973-8
EAN : 9782343 079738

Mes remerciements à Rémy F., ma première écoute. Il traça
le chemin à suivre. Également à Dorothée R., mon amie
valaisanne de toujours ! Elle eut la patience de déchiffrer les
premiers chapitres.

Enfin, ce livre n’aurait pas vu le jour sans Stéphane Levy,
maïeuticienne magique et relectrice active. La première
éditrice.













Sommaire
I. Introduction ........................................................................... 11
II. Prologue ................................................................................ 13
III. Histoire familiale : généalogie des Aron .......................... 17
IV. Petite enfance en Allemagne (1932-1934) ....................... 23
V. Le Luxembourg (1934-1940) .............................................. 29
VI. La France, début septembre 1940 .................................... 41
VII. Paris, de fin 1940 à juillet 1942 ....................................... 43
VIII. La rafle, le jeudi 16 juillet 1942 ...................................... 63
IX. Drancy .................................................................................. 65
X. Auschwitz .............................................................................. 69
XI. L’Errance ............................................................................. 71
XII. La Normandie, de février ou mars 1943
à novembre ou décembre 1944 ............................................. 111
XIII. Paris (1945-1947) ........................................................... 125
XIV. Un bateau pour New York…
puis pour la France (septembre 47-décembre 53) .............. 141
XV. Ma vie en Amérique ........................................................ 155
XVI. Retrouvailles avec mon père ........................................ 157
XVII. Épilogue ........................................................................ 163
XVIII. Annexes ....................................................................... 167
Bibliographie ............................................................................ 177
Table des matières ................................................................... 179





I. Introduction
À mes enfants, à mes petits-enfants
Voici venu le temps où je peux écrire mon histoire. Le
temps où je peux parler de ma mère. Il y a si longtemps
qu’elle est partie…C’était en 1942, c’était la Seconde Guerre
mondiale, ces années où la planète était à feu et à sang. Je
voudrais vous transmettre l’intangible, un monde qui n’existe
plus, qui fut détruit par la guerre.
Pour m’exprimer, je choisis le français, la langue de la
raison, de mon âge de raison ! L’allemand était alors la langue
de la haine, la langue dans laquelle on crie et on tue. Juives
allemandes pourchassées. Et pourtant, je n’ai parlé
qu’allemand avec ma mère, sauf en public en France lorsqu’il
ne fallait pas trahir ses origines, qu’il fallait cacher son
identité. Alors nous parlions en français récemment acquis.
J’appelais ma mère « mutti » ou « mama », cela dépendait des
occasions et du contexte. Au fond, les deux langues se
confondent dans ma mémoire. Seules, imprimées au fond de
mon âme, subsistent l’image de son visage, sa façon de se
mouvoir, les couleurs de ses vêtements. Elle était à la fois
mère, père, pays, ancre. Un jour d’été, tout fut emporté et
c’est dans un autre monde qu’il m’a fallu grandir.
Devant mes yeux d’enfant, elle a été emmenée un matin.
Puis ce fut un train, un convoi parti de Drancy, puis le camp
d’extermination d’Auschwitz, puis, puis, puis….Une
chambre à gaz, un brasier et des cendres mêlées à des tonnes
d’autres. Elle et pas moi, pourquoi ?
C’est un abîme qui me sépare de ma mère, creusé par les
méfaits de l’« humanité ». Un abîme sans fond sur lequel,
progressivement, il m’a fallu construire un pont pour vivre.
Sans vraiment savoir pourquoi. Solitude habitée par ma
mère. La mémoire est ce qui demeure, mais ce sont les
sentiments éprouvés qui donnent les clés de l’apprentissage et
du cheminement personnel.
Les recherches sur la mort de ma mère ne m’ont été
possibles que soixante ans après les faits. Il n’y a pas si
longtemps, j’ai osé écrire à Auschwitz pour demander un
certificat de décès. La réponse que je reçus de Pologne fut
comme une seconde mort : une fois arrivée dans le camp,
ma mère ne fut ni immatriculée, ni tatouée. Elle fut étouffée
par une inhalation de gaz, puis avalée par les flammes. Elle
faisait partie des êtres qui ne méritaient plus de vivre aux
yeux des démons de la mort industrialisée. Je ne pourrai
peut-être jamais faire le deuil de ma mère. Ceci est son
tombeau.
12 II. Prologue
Je suis Syrien, quoi d’étonnant ?
Étranger, l’homme n’a qu’une seule patrie
Le monde est sa demeure
Un seul chaos a enfanté tous les mortels

Méléagre, poète et philosophe grec
ème II s. avant J.-C.
Devenir citoyenne du monde
En 2010 eut lieu en France un débat sur l’identité nationale,
sur les recommandations du « ministère de l’immigration ». Une
circulaire est envoyée à toutes les préfectures. « Qu’est-ce qu’un
vrai Français ? » Ceci me rappelle de bien sinistres moments.
Je suis née en Allemagne le 18 novembre 1932. Hitler
accédait au pouvoir le 30 janvier 1933. J’avais à peine trois ans
ème lorsque furent promulguées les lois raciales du III Reich, le
15 septembre 1935. Tous les Juifs allemands furent déchus
de leurs droits civiques et puis enfin de leur nationalité.
Nous devenions des apatrides. J’ai ainsi vécu sans
nationalité. J’étais « réfugiée en provenance d’Allemagne ». C’est en
tant que telle que j’ai vécu au Luxembourg, en France puis
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