L esclavage au Mali
164 pages
Français

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Description

Ce livre confronte plusieurs sources et données sur l'esclavage contemporain au Mali à partir des mémoires locales d'esclaves, de descendants d'esclaves, d'affranchis et de maîtres d'esclaves dans quatre régions du Mali. Il montre que l'esclavage existe aujourd'hui au Mali et révèle les processus complexes de reproduction et de maintien de groupes de personnes en situation et condition d'esclavage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296481923
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Esclavage au Mali
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55707-9
EAN : 9782296557079
Sous la direction de
Naffet KEITA
Avec la participation de
Cheikh Chikouna CISSE
Salif TOGOLA
Birama DIAKON
Soumaguel OYAHIT
L’Esclavage au Mali
L’Harmattan
Remerciements
Les auteurs expriment leur profonde gratitude à Anti Slavery International, DFID (Department for International Development) et Temedt (Association pour la consolidation de la paix, le développement, la protection et la promotion des droits humains) pour le soutien apporté aux programmes de recherche, de formation et de publication en vue de l’implémentation d’un cadre propice pour les libertés académiques à l’Université de Bamako.
Liste des sigles et abréviations
- ADEMA/PASJ : Alliance pour la démocratie au Mali/Parti Africain pour la Solidarité et la Justice
- AN/RM : Assemblée Nationale / République du Mali
- ANM : Archives Nationales du Mali
- AOF : Afrique Occidentale Française
- ARLA : Armée Révolutionnaire pour la Libération de l’Azawad
- CAP : Centre d’Animation Pédagogique
- CEDEAO : Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest
- CMLN : Comité Militaire de Libération Nationale
- CNID–FYT : Congrès National d’Initiative Démocratique –Faso Yiriwaton
- CODESRIA : Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales
- CPS : Cellule de Planification et de la Statistique
- CSCom : Centre de Santé Communautaire
- CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée
- DNSI : Direction Nationale de la Statistique et de l’Informatique
- EDM SA : Energie du Mali Société Anonyme
- GARI : Groupement des Artisans Ruraux d’Intadeyni
- Habt. : habitant
- IDH : Interafricaine des Droits de l’Homme
- IFAN-CAD : Institut Fondamental d’Afrique Noire – Cheikh Anta Diop
- LVIA : Associazione di cooperazione e volontarioto internationale
- MATCL : Ministère de l’Administration et des Collectivités Locales
- MFUA : Mouvement et Fronts Unifiés de l’Azawad
- MPA : Mouvement Populaire pour l’Azawad
- MPR : Mouvement Patriotique pour la Renaissance
- ODIK : Opération de Développement Intégré du Kaarta
- ONG : Organisation Non Gouvernementale
- OSC : Organisation de Société Civile
- PACR : Projet d’Appui aux Collectivités Rurales
- PARENA : Parti pour la Renaissance Nationale
- PDESC : Plan de Développement Économique et Social
- PGRN : Programme de Gestion des Ressources Naturelles
- PRP/UGF : Projet de Réduction de la Pauvreté / Unité de Gestion du Fonds
- RACE : Recensement Administratif à Caractère Électoral
- RN : Route Nationale
- RPGH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
- RPM : Rassemblement Pour le Mali
- RR : Route Régionale
- SADI : Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance
- SAM : Syndicat Autonome de la Magistrature
- SLACAER : Service Local d’Appui-Conseil à l’Agriculture et l’Équipement Rural
- SNV : Organisation Néerlandaise de Développement
- SYLIMA : Syndicat Libre de la Magistrature
- TEMEDT : Association pour la Consolidation de la Paix, Développement, Protection et Promotion des Droits Humains
- UDD : Union pour la Démocratie et le Développement
- UMADD : Union Malienne pour la Démocratie et le Développement
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Éducation et la Culture
- URD : Union pour la République et la Démocratie
Préface
Au terme de son Anthropologie de l’esclavage, Claude Meillassoux parvient à la conclusion que l’esclavage est davantage à voir comme un « mode de reproduction » que comme un « mode de production », soulignant par là la centralité d’institutions telles que la parenté et la prédation guerrière dans le maintien et le renouvellement du statut servile. Ce faisant, il pointait aussi du doigt la variabilité historique des configurations auxquelles il peut être associé. Car, suggère-t-il, l’esclavage n’est pas tant l’expression politico-juridique et culturelle, la « superstructure » d’une « infrastructure » économique particulière, que la condition même d’existence et de renouvellement des dispositifs économiques qu’il fait advenir et qu’il tend à perpétuer. Les mécanismes essentiels de sa reproduction tendraient fondamentalement, de la sorte, sinon à brouiller cette distinction canonique de la vieille orthodoxie marxienne entre « infrastructure » et « superstructure », du moins à en proposer une lecture plus sophistiquée que la mémorable et schématique vulgate du « reflet ».
Mise en perspective théorique passablement datée, sinon obsolète, dira-t-on. Elle fait signe en tout cas vers une flexibilité, une adaptabilité du statut servile, une capacité à (se) survivre et à se reproduire, au sens à la fois biologique et social, dans des configurations très variées comme l’exemple malien ici analysé par Naffet Keita et ses collaborateurs, tendrait à le montrer. Voilà, en effet, un pays où l’esclavage est présent depuis la nuit des temps ; un pays où il s’est associé au fil des siècles à la prospérité de structures despotiques à base agro¬pastorale et marchande (Ghana, Mali, …) ; un pays où il s’est incorporé au mode de vie spartiate d’un pastoralisme prédateur contrôlant parfois des communautés agricoles à la main d’œuvre essentiellement servile aussi bien qu’à celui de communautés paysannes sédentaires ; un pays où il a «vaillamment» survécu à une colonisation « républicaine » et « égalitaire » qui s’est étendue sur trois quart de siècle ; un pays enfin où, depuis l’indépendance (1960), l’esclavage semble avoir fait preuve d’une résistance obstinée.
Pourtant, des évolutions internes liées aux circonstances écologiques (sécheresses à répétition), démographiques (exode rural, urbanisation ...) et socio-politiques (luttes de classement «ethniques» ...), ainsi qu’aux effets de l’environnement régional et international, amènent depuis quelques années à de nouvelles lectures et insèrent dans de nouveaux enjeux la question de l’émancipation des personnes qui, au Mali, se trouveraient encore assujetties à un statut servile ou quasi-servile. De nouvelles mobilisations militantes se font jour qui s’efforcent de faire entendre les voix des sans voix, victimes anciennes ou présentes d’une forme de dépendance extrême de nos jours jugée choquante et anachronique.
Le traitement d’un sujet aussi «sensible», comme on dit, c’est-à-dire aussi mobilisateur d’affects et d’intérêts, nécessite évidemment, de la part des chercheurs, toutes les précautions qui permettent d’établir la probité et la neutralité axiologique de leur démarche et de leurs résultats. Les riches observations qui se dégagent de l’enquête menée par Naffet Keita et ses collaborateurs témoignent des efforts accomplis dans cette direction.
Abdel Wedoud OULD CHEIKH.
Introduction
Avant tout propos, il est nécessaire de nous entendre sur ce qu’est l’esclavage, en délimitant ses pratiques, le séparant soigneusement de tout emploi métaphorique et en reconnaissant les autres formes de dépendance servile comportant aussi : contraintes, aliénations, humiliations et stigmatisations non moins criminelles. Dans Abolir l’esclavage et ses formes contemporaines du HCDH des Nations Unies, il est fourni un canevas relativement clair à cet égard. Il renvoie, pour l’essentiel, à la définition de 1926, qui a inspiré les législateurs mauritanien 1 et nigérien 2 , et qui stipule que l’esclavage est « l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exerce les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ».
Dans le contexte malien, nous devons faire la différence entre le « statut » d’esclave et la « condition » de l’esclavage :
Le statut est à situer du côté des représentations, de l’idéologie qui instituent, légitiment, et « rendent acceptable » le statut servile aux yeux de la société. C’est parce que « Dieu », « la tradition », « l’autorité » (lignagè

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