La mémoire ouvrière
256 pages
Français

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Description

Le thème de la mémoire a toujours été de mise en ce qui concerne les grands hommes et les grands événements, celui de la mémoire des gens ordinaires est aujourd'hui délaissé par la sociologie. Reprenant les premières formulations théoriques de Maurice Halbwachs, l'ouvrage de Laurent Aucher redonne de l'actualité à la question de la mémoire ouvrière. L'auteur s'appuie pour cela sur une enquête réalisée à Vierzon (Cher) entre 2006 et 2012 auprès de deux générations de métallurgistes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 224
EAN13 9782336332543
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Roland GUILLON, Rapports sociaux et globalisation, réflexions sociologiques , 2013.
Benjamin COIGNET, Sport et innovation sociale , 2013.
Norbert AMSELLEM, Le travail et ses dehors. Porosité des temps, pluralité des vies. Un débat sociologique , 2013.
Taha AL AZZAWI, Image de la surfeuse : un miroir aux alouettes, 2013.
Alessandro BERGAMASCHI, Jeunes Français et Italiens face à la diversité. Les deux facettes d’un même préjugé , 2013.
Jimmy BENOUMEUR, La pluridisciplinaire en santé / travail, freins et leviers , 2013
Jean-Michel BESSETTE, Anthropologie du crime , 2013.
Claude GIRAUD, De la suspicion. Sociologie des liens négatifs , 2013.
Franck DUBOST, De l’oubli par la sociologie contemporaine du concept d’anomie , 2013.
DEGUISE-LE ROY, Éric LETONTURIER, Sylvie PFLIEGER, Bernard VALADE (dir.), La générosité , 2013
Stefania PONTRANDOLFO, La dissolution identitaire d’une communauté rom. Ethnographie d’une disparition , 2013.
YANG Xiaomin et ZHENG Lihua, Culture et management, 2013.
Titre
Copyright
© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-68264-8
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est une version actualisée et condensée – les éléments liés au matériau prud’homal n’ont pas été repris – de ma thèse de doctorat réalisée entre 2006 et 2012 au CSPRP de l’université Paris Diderot et soutenue le 27 février 2013 1 .
Je tiens tout d’abord à remercier les ouvriers interviewés dans le cadre de l’enquête biographique. Sans leur participation, rien n’aurait été possible.
Ma dette envers Numa Murard, mon directeur de recherche, est énorme : que ce livre soit une façon de lui exprimer toute ma reconnaissance.
Ma reconnaissance va aussi à Danielle Champion et Franck Michoux pour leurs remarques qui m’ont permis d’améliorer le manuscrit.
Je tiens par ailleurs à exprimer toute ma gratitude à Anne Kupiec, Jean-François Laé, Marie-Claire Lavabre et Olivier Schwartz, présents dans mon jury, pour le bel échange intellectuel et humain lors de la soutenance.
Plusieurs passages de ce livre ont bénéficié de discussions nourries avec un certain nombres de personnes : qu’elles en soient remerciées. Je pense en particulier à Frédérique Barnier, Claudia Girola, Laure Guégan, Martine Leibovici, Denis Merklen, Solange Mion, Étienne Tassin, ainsi que Gérard Namer aujourd’hui décédé.
De nombreuses autres personnes m’ont aussi aidé dans mes démarches ; je veux citer en particulier : Claudy Bouderbane, Patrick Debelleix, Jean-Pierre Dohollou, Fleurance Lachaud et, enfin, Bruno Péquignot, le directeur de la collection Logiques Sociales aux éditions L’Harmattan, pour avoir accueilli favorablement la publication du manuscrit.
1 L’ouvrage reprend également certains éléments, parfois modifiés et complétés, d’un article paru dans la revue L’Homme et la société sous le titre « Aline et la vraie vie. Critique du modèle conceptuel de la classe ouvrière de Maurice Halbwachs » (Aucher, 2011).
INDEX DES PRINCIPAUX SIGLES
ASSEDIC : ASSociation pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce.
BEP : Brevet d’Enseignement Professionnel.
BTS : Brevet de Technicien Supérieur.
CAP : Certificat d’Aptitude Professionnelle.
CCI : Chambre de Commerce et d’Industrie.
CDD : Contrat à Durée Déterminée.
CDI : Contrat à Durée Indéterminée.
CE : Comité d’Entreprise.
CET : Collège d’Enseignement Technique.
CFDT : Confédération Française Démocratique du Travail.
CGT : Confédération Générale du Travail.
CHSCT : Comité d’Hygiène, de Sécurité et de Conditions de Travail.
CSPRP : Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques (de l’université de Paris Diderot).
DEA : Diplôme d’Études Approfondies.
GRETA : GRoupement d’ÉTAblissements (de l’Éducation Nationale).
HLM : Habitation à Loyer Modéré.
INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques.
OP : Ouvrier Professionnel.
OS : Ouvrier Spécialisé.
PCF : Parti Communiste Français.
PDG : Président Directeur Général.
PME : Petites et Moyennes Entreprises. PS : Parti Socialiste.
SFMAI : Société Française de Matériel Agricole et Industriel.
SNCF : Société Nationale des Chemins de fer Français.
TPE : Très Petites Entreprises.
INTRODUCTION
Distance critique
Je pense que l’individu n’est pas seulement de la structure incorporée et du support d’interaction, il est aussi de la mémoire, il est une trace.

Numa MURARD (1996 : 86)
LE PROBLÈME DU FOYER CENTRAL
Le sociologue français Maurice Halbwachs (1877-1945) a été le premier étudiant de l’université française à soutenir une thèse de doctorat consacrée à la classe ouvrière. C’était le 11 janvier 1913 à la Sorbonne. Dans cette thèse, intitulée La Classe ouvrière et les niveaux de vie. Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines 2 , Halbwachs élabore une théorie des classes sociales où il justifie la hiérarchie des classes par l’existence d’un « foyer central ». Pour ce proche disciple d’Émile Durkheim, et ancien élève d’Henri Bergson en khâgne au lycée Henri IV, plus les classes sont intégrées et plus elles se situent à proximité du foyer. Dès lors, Maurice Halbwachs ne cessera de réaffirmer l’existence de ce foyer. L’examen de ce que j’ai appelé son « modèle conceptuel de la classe ouvrière » permet de comprendre pourquoi cette classe sociale occupe, selon lui, la place la plus éloignée du foyer central.
La théorie des classes sociales
Le modèle conceptuel de la classe ouvrière de Maurice Halbwachs s’articule au regard de sa théorie des classes sociales. D’une façon générale, la définition du concept de classes sociales chez Halbwachs, souligne Gilles Montigny, supporte « deux différences majeures » avec celle de Karl Marx :

« La première est le rattachement de l’appartenance de classe au mode de consommation et au degré de socialisation et non, comme chez Marx, à la place occupée dans le processus de production. La seconde concerne les rapports entre les classes. Alors que la sociologie marxiste est dominée par la présence d’un antagonisme fondamental entre les classes qui constituent la société, Halbwachs, comme Durkheim, privilégie la dimension de l’intégration à l’intérieur de chaque groupe social » (Montigny, 2005 : 59).

Dans La Classe ouvrière et les niveaux de vie , Maurice Halbwachs utilise la métaphore du « foyer central » 3 pour expliciter sa théorie des classes sociales 4 . Pour lui, une société est constituée de groupes qui s’agglomèrent de manière concentrique autour d’un foyer central. Ce foyer représente la partie de la société où le niveau d’intensité de la vie collective est le plus élevé (Halbwachs, 1913 : V). L’intégration à ce foyer central détermine la hiérarchie des classes sociales. Plus les classes sont intégrées, « […] c’est-à-dire que leurs membres se trouvent de plus en plus pris dans un réseau de relations sociales, religieuses, politiques, d’affaires, etc. […] » (Halb-wachs, 1913 : IV), plus elles sont proches du foyer. À l’inverse, moins elles sont intégrées et plus elles se situent en contact avec le « dehors » de la société. C’est le cas de la classe ouvrière.
La notion de classe ouvrière
Pour Maurice Halbwa

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