La socioanalyse narrative
218 pages
Français
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Description

Ce livre présente les fondements de la socianalyse narrative, dispositif d'intervention sociale fonctionnant en Italie depuis plusieurs années. Il se fonde sur une analyse critique du fonctionnement des groupes sociaux, en particulier l'institution carcérale, dont les trois auteurs ont fait une longue expérience, utilisée comme analyseur social. La socianalyse narrative propose la narration comme un nouveau mode de connaissance.

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Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336335315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Renato Curcio Marita Prette Nicola Valentino
Traduction et Préface de PATRICK BOUMARD
LA SOCIOANALYSE NARRATIVE
Théorie critique et pratique du changement social
Éducations et sociétés
LA SOCIOANALYSE NARRATIVE
Educations et Sociétés Collection dirigée par Louis Marmoz La collectionEducations et Sociétés propose des ouvrages, nés de recherches ou de pratiques théorisées, qui aident à mieux comprendre le rôle de l’éducation dans la construction, le maintien et le dépassement des sociétés. Si certaines aires géographiques, riches en mise en cause et en propositions, l’Afrique subsaharienne, l’Europe du Sud et le Brésil, sont privilégiées, la collection n’est pas fermée à l’étude des autres régions, dans ce qu’elle apporte un progrès à l’analyse des relations entre l’action des différentes formes d’éducation et l’évolution des sociétés. Pour servir cet objectif de mise en commun de connaissances, les ouvrages publiés présentent des analyses de situations nationales, des travaux sur la liaison éducation-développement, des lectures politiques de l’éducation et des propositions de méthodes de recherche qui font progresser le travail critique sur l’éducation, donc, sans doute, l’éducation elle-même... Dernières parutions Vladislav Rjéoutski et Alexandre Tchoudinov,Le précepteur e e francophone en Europe, XVII – XIX siècle, 2013. Reine GOLDSTEIN,Eveilleurs d’espoirs. Makarenko, Garric, Freinet…,2013. Gaston MIALARET,Pour la recherche et la formation, 2013. Gilles BOUDINET,Deleuze et l’anti-pédagogue, Vers une esthétique de l’éducation, 2012. Salé HAGAM,Le développement de l'éducation en Afrique subsaharienne, 2012. Guy BERGER et Augustin MUTUALE,Conversations sur l’éducation. S’autoriser à éduquer, 2012. Gaston MIALARET,Pour l’éducation. Recueil de quelques textes significatifs sur les aspects actuels, souvent méconnus, de l’éducation, 2012. Rose-Marie BOUVET,Pôle Emploi et les chômeurs. Une ethnographie de l’intérieur, 2012. Georges BERTIN et Danielle RAUZY,Pour une autre poli-tique culturelle. Institution et développement, 2011. Gilles PINTE,L’expérience et ses acquis, 2011. Françoise CHEBAUX,La pensée unique à l’université, 2010
RENATO CURCIO MARITA PRETTE NICOLA VALENTINO LA SOCIOANALYSE NARRATIVE Théorie critique et pratique du changement social Traduction et Préface de PATRICK BOUMARD
TITRE ORIGINAL La socionalisi narrativa Editeur original : Sensibili alle foglie, 2012 ISBN 978-88-89883-57-0© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02141-6 EAN : 9782343021416
PRÉFACE La notion de « Socianalyse narrative » n'existe pas dans le paysage sociologique français. Elle a été élaborée et mise en pratique en Italie par un groupe de réflexion et d'intervention autour de Renato Curcio. Il n'est nullement anecdotique de revenir sur ce nom. Il s'agit en effet du fondateur des Brigades Rouges italiennes, en 1970. Arrêté en 1976, il est condamné à trente ans de prison. En semi-liberté en 1993, il est libéré en 1998. Aujourd'hui il dirige une petite maison d'édition coopérative, « Sensibili alle foglie », qu'il avait lancée en 1990 alors qu'il était encore en prison. Nicola Valentino a été condamné en 1979 à la réclusion à perpétuité et incarcéré lui aussi pour des faits liés à la lutte armée dans les années 70. En semi-liberté à partir de 1991, il a été libéré en 2006. Marita Prette a été condamnée à neuf ans de prison en 1983 pour sa participation au groupe « Nucleo di Comunisti ». Georges Lapassade, l'un des fondateurs du courant français de l'Analyse institutionnelle, professeur à l'université Paris 8, fut l'un des seuls à s'intéresser à l'histoire de Renato Curcio. Il alla le visiter en prison et l'initia à l'Analyse institutionnelle, donc à la
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sociologie critique... Personnage important de l’aventure de l'université de Vincennes, Lapassade est surtout connu en Italie pour ses travaux sur la transe, en particulier sur le phénomène de la tarentule dans les Pouilles. Dans les dernières années de sa vie, il a surtout porté son regard sur les phénomènes de personnalités multiples et de dissociation, jusqu'à écrire un ouvrage à trois voix que j'ai eu l'honneur de co-signer avec lui et Michel Lobrot, et qui 1 fut son dernier livre . Renato Curcio, très concerné par cette problématique, en publia la traduction dans sa maison d'édition 2 (« Sensibili alle foglie ») . Il avait étudié la sociologie à l'université de Trente et n'avait pas cessé de réfléchir pendant ses longues années de prison. A travers cette expérience extrême, il en était arrivé à la même conclusion que nous, à savoir que dans certaines situations, les comportements dissociés peuvent être assimilés à des stratégies de survie. Pour les trois auteurs du présent ouvrage, ces conclusions ne sont nullement spéculatives. Elles s'enracinent dans des expériences sévères, en particulier la prison, et la spécificité existentielle des longues peines. Nous trouvons là une des dimensions qui donnent à ce travail son intérêt spécifique si particulier. Il s'agit tout à la fois d'un ouvrage théorique, d'un témoignage et de la présentation d'une pratique réflexive, une praxis. Sur le plan théorique, les références majeures doivent être recherchées du côté de l'Analyse institutionnelle. Le terme même de « socianalyse » désigne le dispositif d'intervention classique des institutionnalistes. Mais la « socianalyse narrative », comme on pourra le constater à la lecture de ces lignes, n'est pas la simple application d'une recette bien rodée, une version italienne en quelque sorte. C'est un ensemble élaboré, qui fonctionne comme un corpus autonome. Quant à la dimension de témoignage, elle prend une force exceptionnelle si on veut bien se souvenir de ce que les situations décrites ont été vraiment vécues et prennent leur sens profond dans la mise en perspective avec d'autres expériences extrêmes, comme la guerre ou les camps de concentration. 1 Boumard P., Lapassade G., Lobrot M.,Le mythe de l'identité, Apologie de la dissociation,Paris, Anthropos, 2006. 2 Boumard P., Lapassade G., Lobrot M.,Il mito dell'identità, Apologia della dissociazione, Sensibili alle foglie, 2008.
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La notion d'implication est aujourd'hui assez à la mode, après avoir été longtemps moquée, dans les milieux des sciences anthropo-sociales académiques. Quand on parle d'implication, il s'agit le plus souvent de montrer comment le sujet prend une part active dans la situation à laquelle il participe. Certains auteurs insistent sur la distinction entre « s'impliquer » et « être impliqué ». Ici, on est à un autre niveau, qui nous jette à la figure la force de son authenticité. On trouve une articulation permanente entre témoignages et analyse, d'où se comprend que l'ouvrage se lit comme un roman d'aventures. Mais la force du hors-texte n’empiète pas sur l'intérêt du contenu de cet important ouvrage. Y sont exposées des pratiques qui se veulent transformatrices de la réalité sociale, dans des secteurs divers mais nullement indifférents : la prison, l’hôpital, l'usine, l'école et, plus surprenant pour nos habitudes françaises, la grande distribution. L'importance de cet ouvrage tient moins à l'exotisme géo-culturel (tout relatif d'ailleurs, car la société italienne, malgré certaines spécificités liées à la fois au fascisme, aux années de plomb et à l'histoire plus lointaine qui renvoie à un rapport à la république très éloigné de notre héritage révolutionnaire et jacobin, est embarquée dans la commune histoire de l'occident depuis l’antiquité romaine) qu'à une approche de la sociologie qui déstabilise nos routines. En effet, à première vue on croit avoir affaire à un débat presque désuet entre analyse institutionnelle et sociologie des organisations, avant de comprendre que d'une part les situations extrêmes (vécu de la prison) rendent possible, voire nécessaire, la radicalité de l'analyse. D'autre part (est-ce à cause de l'expérience carcérale qui aurait fonctionné ici comme une paradoxale et providentielle parenthèse?), l’argumentation n'est pas polluée par l'unanimisme infra-critique qui a anesthésié les intellectuels européens depuis la chute du Mur de Berlin (1989). La dévastation intellectuelle qui s'en est suivie, avec l'hégémonie progressive de vulgate néo-libérale dans tous les secteurs de la pensée, n'est pas passée par là. Les références à Marx ne sont pas maudites. La politique n'est pas discréditée. L'hégémonie de l'axiologie individualiste ne pollue pas ces pages.
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