La vie d une Juive errante
387 pages
Français

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Description

J'ai quatre-vingt quatre ans, et j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies. Toujours optimiste, Judith Hemmendinger livre ici ses pérégrinations. D'abord l'Allemagne, où elle est née, puis la France et enfin la Suisse. De retour en France après la guerre, elle dirige, à 21 ans, une maison de jeunes rescapés, dont Elie Wiesel. Ensuite, Londres et son mariage avec Claude. Israël, et encore la France, avec diverses expériences professionnelles. Enfin, le retour à Jérusalem, où son emploi d'assistante sociale lui fait côtoyer juifs et arabes de tous horizons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 404
EAN13 9782336258843
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.fibrairieharmattan.com diffusion.harmattnn@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296067967
EA N : 9782296067967
La vie d'une Juive errante

Judith Hemmendinger
Graveurs de mémoire

Dernières parutions
Édouard BAILBY, Samambaia. Aventures latino-américaines, 2008.
Renée DAVID, Traces indélébiles. Mémoires incertaines, 2008.
Jocclyne 1. STRAUZ, les Enfants de Lubliti, 2008.
Jacques ARRIGNON, Des volcans malgaches aux oueds algériens, 2008.
André BROT, Des étoiles dans les yeux, 2008.
Joël DINE, Chroniques tchadiennes . Journal d’un coopérant (1974-1978), 2008.
Noël LE COUTOUR, Le Trouville de la mère Ozerais, 2008.
Gilles TCHERNIAK, Derrière la scène. Les chan.sons de la vie, 2008.
Claude CHAMINAS, Une si gentille petite ville de Baigneur 1985-1986 ou le Crépuscule d’un demi-dieu, 2008.
Huguette PEROL, La Maison de famille, 2007.
Yolande MOYNE LARPIN, Dits et non-dits de nos campagnes, 2008.
Raymond Louis MORGUE, Michelin, Michel , Marius, Marie et les autres... Une famille de salariés et l’Entreprise Clermontoise, 2007.
Michel ISAAC, Si tu savais..., 2007.
Roger FINET, J’avais dix ans en 1939 , 2007.
Paul VANNIER, Un si bel été, Petits mémoires de la Drôle de Guerre, 2007.
Djibril Kassomba CAMARA, Mon itinéraire, 2007.
Tassadite ZIDELKHILE, Tatassé. Mes rêves, mes combats. De Béjafa à Ivry-sur-Seine, 2007.
Françoise et Révaz NICOLADZÉ, Des Géorgiens pour la France, 2007.
Bernard NGUYEN, Entre le Capitole et la Roche Tarpeienne , 2007.
Jacqueline BRENOT, La dame du chemin des crêtes, 2007.
Pierre AMIOT, Nomades des fleuves et de la route, 2007.
Fateh EMAM, Au-delà des mers salées..., 2007.
Le prix Nobel de littérature hébraïque Shaï Agnon est d’avis que chacun a le devoir d’écrire sa biographie, car celle-ci ne reflète pas seulement le déroulement d’une vie, mais également toute une période historique, riche de souvenirs perdus à jamais s’ils ne sont pas retransmis. Et sans mémoire, pas d’avenir. J’ai quatre-vingt quatre ans, et j’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs vies : tout d’abord celles de mes ancêtres. Celles-ci ne me semblent pas de l’histoire ancienne bien que s’étant déroulées avant ma naissance, mais elles sont en moi, elles font partie de ma vie, je suis leur dépositaire et je vous les rapporterai donc en même temps que la mienne, composée de nombreuses étapes : pays différents, autres conjonctures, accompagnées chaque fois de péripéties variées.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Graveurs de mémoire Bad- Homburg en Allemagne 1923-1929 — Ancêtres paternels Eaubonne près de Paris 1929-1934 - Ancêtres maternels Paris 1934-1939 Les années de guerre : 1939-1945 Retour en France — Juin 1945 à septembre 1947 Londres — sept. 1947 à sept. 1948 — Mariage Les ancêtres Hemmendinger Au kibboutz Ejn-Hanatziv d’octobre 1948 à juillet 1950 Strasbourg I — de 1955 à 1960. Retour difficile Strasbourg. Assistante sociale — Relations humaines à la banque B.N.C.I. Strasbourg. Education des enfants — Vie communtaire Jérusalem — à partir du 13 octobre 1970 Du doctorat au livre Le cours de guides Assistante sociale au Beit Barth — 1992 à 1998 Cours de thérapie familiale 1998-2001 Mariages de nos trois enfants Dans une Agence d’assistance aux personnes âgées Tableaux
Bad- Homburg en Allemagne 1923-1929 — Ancêtres paternels
Je suis née le 2 octobre 1923 à Bad-Homburg-vor-der-Hôhe, une station de villégiature et de cure tout près de Francfort sur le Main. Un endroit si magnifique, si vert, que l’empereur Guillaume Il y a fait construire un château entouré d’un grand parc où il venait tous les étés prendre les eaux et faire une cure. C’est là que mon grand-père avait acheté en 1912 une somptueuse résidence secondaire, la villa Waldheim. Devant, une très grande pelouse, derrière, la forêt profonde, ainsi qu’un jardin potager en bas, de l’autre côté d’une petite rue appelée Victoriaweg. Sur le toit, une girouette représentant un coq en fer forgé noir, symbole du nom et de l’écusson de l’ancien propriétaire : Baron von Hergenhahn, (Hahn = un coq en allemand), girouette toujours en place aujourd’hui.
Je racontais toujours à Claude, mon mari, quelle merveilleuse enfance j’avais eue dans un grand manoir - presque un château — si grand qu’on n’en voyait pas les limites et dont je ne suis jamais sortie jusqu’à l’âge de cinq ans et demi, quand nous avons quitté l’Allemagne pour nous installer en France. Claude m’écoutait d’un air dubitatif, pensant : “Ah, comme on embellit les souvenirs d’enfance !” Or, en décembre 2003, il y a quatre ans, ayant été invités par la ville de Francfort pour une visite de dix jours, nous en avons profité pour aller voir aussi ma maison natale. Nous avons téléphoné à l’avocat de Bad-Homburg occupant aujourd’hui la villa Waldheim. avec sa femme et ses deux filles. Il nous a très chaleureusement invités à goûter. Nous avons pris le tramway reliant Francfort à Bad-Homburg, avons traversé la pittoresque vieille ville, le parc entourant le château, puis le merveilleux parc thermal jusqu’au Victoriaweg 4, la villa Waldheim. Nous en avons franchi le portail, monté la pelouse, traversé les buissons d’hortensias et de fuchsias, souvenirs de mon enfance, avant d’entrer par la même porte vitrée qu’autrefois dans le jardin d’hiver où un somptueux goûter nous attendait. J’ai tout reconnu, tout était inchangé, les grandes pièces, les marches en chêne ciré de l’imposant escalier intérieur craquant comme il y a quatre-vingt ans avec, au-dessous, son cagibi à chaussures dégageant toujours la même odeur de cirage parfumé au miel. Les salons des tourelles avaient gardé leurs rayonnages ronds pour les livres de la bibliothèque. Tout était comme avant, j’étais contente. Je me retrouvais enfant, heureuse, libre. La maison a fait une grande impression sur Claude, bien que le domaine ait été amputé, devant, par la construction de douze cottages destinés aux familles des officiers supérieurs de l’armée américaine dont Franefort était le quartier général après la seconde guerre mondiale. Le général Eisenhower lui-même en occupait un. Derrière la villa, une route coupait l’importante forêt qui en faisait partie. Malgré cela, Claude a pu constater de visu que je n’avais pas exagéré et que le domaine avait été immense,. Nos hôtes se sont montrés très honorés par notre visite, ou ils ont fait semblant. Ils nous ont particulièrement bien reçus, photographiés, filmés, puis nous avons parlé de la construction de la maison par un baron allemand si grand qu’il avait été obligé de commander sur mesure des lits spécialement longs, pour lui et son épouse. Ils existent toujours, au premier étage et c’est dans un de ces lits que je suis venue au monde. Après la mort du baron, sa veuve, n’ayant pas d’enfant, n’a pas voulu occuper seule cette si grande maison, elle a voulu la vendre et c’est mon grand-père Louis Feist, le père de papa, qui en est devenu le propriétaire. Notre hôte, l’avocat : “Mais d’où provenait la fortune de votre grand-père pour qu’il puisse acquérir un tel domaine ?” Question reflétant un antisémitisme bien camouflé, ou peut-être un simple intérêt légitime. Nous ne le saurons jamais, mais la demande était justifiée. Et vous, chers descendants et lecteurs, vous voulez sans doute aussi savoir comment j’ai pu naître et passer mes cinq premières années dans une telle maison de rêve ? La réponse sera un peu longue, car ce genre de château familial porte la trace des ancêtres. A Bad-Homburg, on a l’impression de les retrouver et il m’est impossible de vous raconter ma vie sans que je vous explique d’où je viens et quelles sont mes racines, d’autant plus que j’en suis littéralement imprégnée, ces ancêtres accompagnant ma vie quotidienne, mes pensées et mes actes. Je me sens le dépositaire d’histoires anciennes, véridiques, composées de “bauts” et de “bas” que je suis la dernière à pouvoir, et devoir, transmettre.

Tout d’abord mon grand-père Louis Feist, c’est vrai, comment a-t-il pu se payer un tel manoir ? Eh bien, c’est une histoire qui semble très moderne : c’était un self-made man. Il a dû quitter l’école à quatorze ans parce que son père était mort, qu’il n’y avait plus un sou à la maison, qu’il était l’aîné, et que, par conséquent, c’était à lui de subvenir aux besoins de tous les siens. Mais comment est il possible qu’il n’y avait plus d’argent à la maison alors que la famille Feist était une vieille famille francfortoise ayant même obtenu le droit de s’établir dans la

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