Les chemins de l immigration
204 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

"J'étais fait, préparé, arrangé, travaillé, et construit pour tout supporter, pour affronter les déserts et les mers, les tempêtes et les torrents, pour tout accepter, pour tout vivre et tout transcender. Ce n'était plus le jeune de vingt ans qui se tenait là, devant des oncles réticents et absents. C'était un monstre, un diable, un kamikaze prêt à aller jusqu'au bout de son aventure, de ses ambitions, jusqu'en France, en France ou rien".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296468726
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les chemins de l’immigration
La France ou rien !
Troisième livre d’une autobiographie en six volumes
Graveurs de mémoire

Chantai MEYER, La Chrétienne en terre d’Islam , 2011.
Danielle BARCELO-GUEZ, Racines tunisiennes , 2011.
Paul SECHTER, En 1936 j’avais quinze ans , 2011.
Roland BAUCHOT, Mémoires d’un biologiste. De la rue des Ecoles à la rue d’Ulm , 2011.
Eric de ROSNY, L’Afrique, sur le vif. Récits et péripéties , 2011.
Eliane LIRAUD, L’aventure guinéenne , 2011.
Louis GIVELET, L’Écolo, le pollueur et le paysan , 2011.
Yves JEGOUZO, Madeleine dite Betty, déportée résistante à Auschwitz-Birkenau , 2011.
Lucien LEYSSIEUX, Parcours d’un Français libre ou le récit d’un sauvageon des montagnes du Dauphiné, combattant sur le front tunisien avec les Forces françaises libres en 1943 , 2011.
Sylvie TEPER, Un autre monde , 2011.
Nathalie MASSOU FONTENEL, Abdenour SI HADJ MOHAND, Tinfouchy (Algérie 1958-1960), Lucien Fontenel, un Français torturé par les Français , 2011.
André ROBINET, Larzac-Millau-Grands Causses, Elevage et partage des savoirs , 2011.
Dmoh BACHA, Palestro Lakhdaria, Réflexions sur des souvenirs d’enfance pendant la guerre d’Algérie , 2011.
Robert PINAUD, Dans la gueule du loup , 2011.
Lina BATAMI, Algérie, mon enfance v(i)olée , 2011.
Jean-Paul FOSSET, Histoire d’amour, histoire de guerres ordinaires. 1939 - 1945… Évian 1962 , 2011.
Oruno D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit, 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann , 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine , 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte , 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père , 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine , 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? », 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’ai rien oublié … Mes années 60, 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant , 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule , 2011.
SHANDA TONME


Les chemins de l’immigration
La France ou rien !
Troisième livre d’une autobiographie en six volumes


L’Harmattan
Du même auteur :

Aux éditions L’Harmattan


Autobiographie

Les tribulations d’un étudiant africain à Paris, Livre I, 2009.

Le rêve américain d’un enfant d’Afrique, Livre II, 2010.


Ouvrages divers

L’impossible paix mondiale. Chronique séquentielle
de politique internationale, 2011.

Analyses circonstanciées des relations internationales, 2010.

L’Afrique et la mondialisation, 2009.

La crise de l’intelligentsia africaine, 2009.

Avancez, ne nous attendez pas !
Le constat amer d’un intellectuel africain, 2008.

⇒ retrouvez touts les ouvrages de Shanda Tonme sur
http://www.editions-harmattan.fr


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55367-5
EAN : 9782296553675

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
DEDICACE
À monsieur Dieudonné ATANGANA ENYEGUE
Mon professeur de français de classe de première au Lycée Joss de Douala, lui qui arma mon esprit et ordonnança mes premiers pas, pour comprendre la place du peuple Noir dans l’histoire de l’humanité à travers la littérature nègre.


À tous les enseignants du monde,
qui par vocation ou par nécessité, ont fait le choix d’assumer la lourde et exaltante responsabilité, de préparer les jeunes générations, pour affronter les dures réalités d’un monde impitoyable qui ne tolère pas l’ignorance.
M aintenant, j’étais assis face à mon père, ma tante, et deux de ses coépouses, dans ce petit salon qui, du temps de mon adolescence, nous semblait aussi sacré qu’un lieu de culte mystique. J’étais venu en vacances, après une aventure de quatre ans, qui m’avait conduit jusqu’en Europe après avoir franchi le désert, la mer, des pays, des obstacles. La famille tenait son héros, et pouvait se vanter d’avoir elle aussi, un des siens chez les Blancs. Je sentais bien sur les visages, à la fois de la joie, mêlée de surprise et de troubles. Les mêmes questions revenaient à chaque fois, et avant que j’eusse pu élaborer une réponse, les mêmes gestes de la tête en signe de pitié et de compassion, venaient m’interrompre.

Mon chemin semblait sortir des mille histoires des fantômes et des sorciers, parce que selon les croyances et les adages de nos traditions, pareil voyage et pareil courage ne pouvaient procéder que des prouesses surhumaines dont seuls portent le secret, ces gens que l’on dit capables de se transformer tantôt en animaux, et tantôt en revenants.

Ma tante ne cessait de répéter : Parishi, Parishi, Parishi, tu viens vraiment de Parishi, de Parishi ? Comment as-tu même fait pour convaincre les Blancs de te laisser habiter dans leur pays ?
Comment as-tu fait pour venir en vacances sans qu’on ne te tue ? Yéééééééééééééééééé !

Du coup, je ne pouvais plus parler, tellement l’émotion avait rempli la pièce et confondu les visages. Mon père prit la parole avec un calme et une espèce de solennité indescriptible :

-Mon fils le plus cher, tu ne peux pas deviner quelle joie tu m’apportes. Lorsque tu es revenu ici avec ton baccalauréat et que tu m’as dit que tu allais partir pour la France, je t’avoue que j’ai eu la peine à dormir. J’ai toujours su que tu ferais de grandes choses, que tu irais jusqu’au bout du monde comme tu voudras. Je te le dis parce qu’à cette époque, au moment où tu me disais que tu vas partir, j’étais pratiquement seul à croire en toi, en ton projet. Te voilà aujourd’hui au pays des Blancs, et te voici encore dans la case familiale. Ta mère avait coutume, lorsque tu avais posé un acte incompréhensible ou lorsqu’elle n’avait pas pu te convaincre de faire ou de ne pas faire quelque chose, de dire que : « si tu étais une viande, tu provoquerais des démangeaisons insoutenables dans l’œsophage de tous ceux qui se hasarderaient à te consommer ». Tu as toujours été un enfant exceptionnel, et les dieux de nos ancêtres t’ont, dès l’enfance, gratifié de leur bénédiction et de leur protection.

A la suite de mon père, ma tante à son tour allait se faire historienne. S’adressant à l’assistance avec de grands gestes de la main pour être assez démonstrative en rappelant un souvenir particulièrement important selon elle, voici ce qu’elle dit de l’enfant :

Wemba ( nom de notable de mon père ), te souviens-tu encore de ce qui s’est passé lorsque Jean est né ? « Tu es revenu de Bangoua où tu te trouvais depuis cinq jours pour vendre la Kola. Il était environ 20 heures du soir et un clair de lune affectueux enveloppait le village. Nous étions assis dans la cour et causions tranquillement en dégustant le couscous de maïs spécialement préparé pour l’occasion. Sara était juste à côté de moi et tenait le bébé dans ses bras. Tu nous as salués et tu es entré directement dans la grande maison pour déposer ton sac. A ta sortie, tu as pris ton enfant, Jean qui est maintenant assis avec nous, et après l’avoir balancé doucement de gauche à droite dans un geste d’affection et de joie formidable, tu as déclaré : « Mon enfant-ci sera quelque chose dans le monde. Il sera un grand juge du monde, il fera de très grandes choses ».

Mama Soutou, la première épouse de mon père, sera plus caustique : « Hè, hè, hè, Jean a toujours été un enfant très sage, exceptionnel. Il avait coutume lorsque je devais préparer le koki (met de gâteau de haricot à l’huile), de prendre en charge les petits travaux de ménage ponctuels de la cuisine, afin que je lui réserve une portion plus consistante. Il n’hésitait pas à apporter des provisions supplémentaires payées avec ses économies, pour cette fin ».

Mama Soutou était une femme de caractère, la seule capable de dire non à mon père, de l’affronter pour lui dire sa part de vérité

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