Longwy 1979
160 pages
Français

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Description

10 décembre 1978, Le Républicain Lorrain annonce la suppression de 12500 emplois dans le bassin sidérurgique de Longwy. Ce livre brosse l'histoire des rebonds imaginés par les forces ouvrières durant les six mois qui séparèrent la dramatique annonce, de la signature d'une convention de protection sociale : documents d'époques, messages de grands témoins, coulisses de mises en scènes spectaculaires, les moments clés d'une épopée singulière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296470729
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Longwy 1979
Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques.
Elle comprend deux séries : la première s’intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien.

Série Travaux

Fabrice Mouthon, L’homme et la montagne, 2011.
Fernando MONROY-AVELLA, Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire, 2011.
François VALÉRIAN, Un prêtre anglais contre Henri IV, archéologie d’une haine religieuse, 2011.
Manuel DURAND-BARTHEZ, De Sedan à Sarajevo. 1870-1914 : mésalliances cordiales, 2011.
Pascal MEYER, Hippocrate et le sacré, 2011.
Sébastien EVRARD, Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799, 2011.
Jean-Pierre HIRSCH, Combats pour l’école laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939, 2011.
Yves CHARPY, Paul-Meunier, Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau, 2011.
Jean-Marc CAZILHAC, Jeanne d’Evreux et Blanche de Navarre, 2011
André FOURES, L’école du commissariat de la Marine (Brest 1864-1939), Regard sur soixante-dix promotions et un millier d’anciens élèves, 2010.
Janine OLMI


Longwy 1979


Les ressorts d’un soulèvement
pour que demeure la vie


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56229-5
EAN : 9782296562295

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Remerciements
Je tiens à saluer tous ceux et toutes celles qui ont contribué à parfaire ce récit par leurs encouragements, leur soutien, leurs précieux conseils et apports, témoignages, fourniture de documents écrits ou audiophones et plus particulièrement : Mesdames et Messieurs : Blaise d’Aiello, Marie et Anicet Uhring, Françoise Birck, Albert Falcetta, Michel Rion, Denyse Bernstein, Joseph Brembatti, Gino Tognoli, Joël Chery, Francis Treuillet, Jean-Pierre Gugumus, Marc Dauge, Patrick Hatzig, Jean-Paul Clément, François Boudot, l’équipe d’animation de l’Institut CGT d’Histoire Sociale de Montreuil, Madame la Conservatrice des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, Monsieur le Directeur des Archives municipales de Nancy, le personnel administratif de la Bibliothèque municipale de Nancy, Monsieur le directeur du Conservatoire régional de l’image, Monsieur le Conservateur des archives municipales de Longwy, Monsieur Maurice Noël, président des Amis du Vieux Longwy, les reporters bénévoles Arielle Ancé, Marie Thomas, ainsi que des militantes et militants syndicaux engagés dans le quotidien des radios Caraïbe, Lorraine Cœur d’Acier, SOS Emploi. Que toutes et tous soient chaleureusement remerciés.
On disait au tournant du siècle « les mineurs de Carmaux »
On a dit, depuis la Libération, « les sidérurgistes de Longwy »

Madeleine Rebérioux
Introduction
Longwy. Le 19 décembre 1978, un défilé long de plusieurs kilomètres parcourait les rues grises des cités grises sous un lourd couvercle de plomb, dans un silence pesant, sans drapeaux, sans bannières, sans tambourins. La population longovicienne ployait sous la pression du ciel qui lui était tombé sur la tête. Depuis quelques jours, tous savaient que 12000 emplois de sidérurgistes allaient être supprimés sur le site. En cette funeste « trêve des confiseurs », la cité de Vauban retrouvait le chemin des grandes grèves ouvrières. Les années 1947, 1951, 1953 1963, 1967, avaient forgé le militantisme héroïque d’hommes devenus aujourd’hui élus du peuple à la tête des affaires publiques. C’est ainsi que depuis 1977, un bouquet de municipalités du Pays-Haut, avaient emboîté le pas aux cités minières de Thil, Villerupt, Auboué, déjà pourvues de conseils municipaux ouvriers, pour se constituer en fiefs dirigés par des communistes au nom de l’union de la gauche.
Le rassemblement massif du 19 décembre 1978 fut le coup d’envoi d’une résistance, émaillée d’actions commandos entrecoupées de manifestations, soudant ensemble toutes les couches d’une population bafouée, désillusionnée, envahie de rage et de désespoir, de fureur et de détermination. Une disponibilité, une effervescence fusionnant dans un même mouvement des détestations et des fraternités improbables quelque temps auparavant, habitaient, en ce jour de décembre, l’air devenu lourd de menaces de ce bassin à la riche histoire sociale.
L’imagination des populations explosa en initiatives diverses et inédites de la geste sociale de la vallée du fer, allant du SOS lumineux planté au faîte du « crassier », l’Everest du Pays-Haut, au rêve d’une « petite république de Longwy » alternant attaques insurrectionnelles du commissariat et suppliques rituelles au Président de la République.
Les élites avaient failli. La construction pyramidale s’effondrait. Un peuple insurgé demandait des comptes. Du jour au lendemain, le pacte social fut rompu : effritement des homélies, des discours, des institutions, la parole est accaparée par la rue. Les syndicalistes s’emparent de deux symboles communicants : le relais de télévision et les ondes radiophoniques. SOS Emploi CFDT, qualifiée de première radio ouvrière de France, précède de quelques mois Lorraine Cœur d’Acier Longwy, radio CGT animée par des professionnels.
En septembre 1979, le noyau des combats s’est effondré dès la signature de la convention sociale. Les insurgés les plus résolus seront les premiers à quitter le navire, prime en poche. Durant quelques mois encore, des escarmouches combatives, symboliques, verbales, communicantes, tenteront de remobiliser une population lucide et désabusée. Le 21 janvier 1981, les forces de police signent le point final de l’aventure, par la confiscation musclée de la radio pirate Lorraine Cœur d’Acier, dernier témoin de la résistance acharnée de la communauté longovicienne.
Reste à panser les plaies. Les scories de la destruction des hauts-fourneaux ont charrié le déclin des entreprises sous-traitantes, en même temps que les procès pour atteintes au monopole des ondes, les règlements de comptes politiques. L’échec de l’élu communiste aux élections législatives symbolise la déroute d’hommes dépouillés de leurs pouvoirs, de leur culture sociale, de la contre-société qu’ils avaient cru construire.
Trente années après, surgissent des copeaux d’émotion de quelques-uns des grands témoins, répondant aux rémanences mémorielles d’acteurs éphémères. Symptôme d’impressions plurielles, les entretiens recueillis par le Républicain Lorrain rapportent presque unanimement le souvenir des solidarités de combats, alors que l’écho renvoie quelques répliques fatiguées de la radio LCA.
C’est ainsi qu’à trente années de distance, alors que les esprits se préparaient à des échanges apaisés, une autre partie va se jouer. Deux productions télévisuelles réveillent de vieux démons. La nostalgie ne répand pas une pluie de roses, mais un déluge d’épines.
Le ton des commémorations signale que la cicatrice n’est pas refermée. Le mythe nostalgique sévit toujours. Car, en vérité, il n’y eut pas une parole unique, mais des paroles, entrechoc de paroles, de conceptions, d’actions, de vécus. Or, les célébrations, trop souvent ciblées sur un seul objet social, n’ont pas embrasé l’ensemble du phénomène multiforme contradictoire ou convergent qui s’est exprimé pendant plusieurs mois dans cette cité du fer.
L’histoire des ressorts du soulèvement de Longwy reste donc à écrire, dans toute sa richesse, dans toute sa diversité, avec son panache et ses écueils. Certes, l’objectivité est sans doute un projet toujours trop ambitieux, eu égard à un passé encore trop cuisant. Pour Michèle Perrot, l’histoire ne peut s’é

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