Marhaba
116 pages
Français

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Description

Des femmes et des hommes ont quitté la terre qui ne leur offrait plus la vie. Des récits de vie, des récits de parcours de ceux dont l'empreinte est venue marquer le sol même du nouveau rivage. Et en filigrane, une méditation sur l'exil queŠnous portons peut-être tous en nous-mêmes, et que viennent rappeler à notre conscience les habitants de Marhaba, signifiant Bienvenue en langue arabe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296491571
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marhaba


Parages intranquilles
Graveurs de mémoire


Alouisa PIERRON, Une vie de traverse. Souvenirs truculents d’une Gitane rebelle , 2012.
Maurice STROUN, "Mon cher collègue, je ne serai pas recteur". Une aventure dans le monde de l’Université et de la recherche scientifique , 2012.
Nadine BERKOWITZ, Les tribulations d’une Parisienne , 2012.
René NAVARRE, François-Marie PONS, Fantômas c’était moi, 2012.
Gilbert CARRÈRE, Mémoires d’un préfet. À la traverse du XX e siècle , 2012.
François DELPEUCH, Chronique édilique, 2012.
Jean Michel CANTACUZENE, Une vie en Roumanie. De la Belle Epoque à la République populaire. 1899-1960, 2011.
Claude DIAZ, Demain tu pars en France. Du ravin béni-safien au gros caillou lyonnais , 2011.
Jacques QUEYREL, Un receveur des Postes durant les trente glorieuses, 2011.
Benoît GRISON, Montagnes… ma passion, Lettres et témoignages rassemblés par son père , 2011.
Henri Louis ORAIN, Avec Christiane, 68 ans de bonheur, 2011.
Pascale TOURÉ-LEROUX, Drôle de jeunesse , 2011.
Emile HERLIC, « Vent printanier » , nom de code pour la rafle du Vél’ d’hiv’. Récit, 2011.
Dominique POULACHON, René, maquisard. Sur les sentiers de la Résistance en Saône-et-Loire, 2011.
Shanda TONME, Les chemins de l’immigration : la France ou rien ! (vol. 3 d’une autobiographie en 6 volumes), 2011.
Claude-Alain CHRISTOPHE, Jazz à Limoges, 2011.
Claude MILON, Pierre Deloger (1890-1985). De la boulange à l’opéra, 2011.
Jean-Philippe GOUDET, Les sentes de l’espoir. Une famille auvergnate durant la Seconde Guerre mondiale, 2011.
Armand BENACERRAF, Trois passeports pour un seul homme, Itinéraire d’un cardiologue, 2011.
Vincent JEANTET, Je suis mort un mardi, 2011.
Gérard Chabenat


Marhaba


Parages intranquilles
Du même auteur aux éditions L’Harmattan


L’aménagement fluvial et la mémoire – Parcours d’un anthropologue sur le fleuve Rhône – (thèse de Doctorat), 1996

Ressac sur le fleuve Amazone, 2004


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-97021-2
EAN : 9782296970212

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Des hommes ont quitté leur pays avec l’espoir de retrouver ailleurs une vie plus décente. D’autres ont fui la violence, la guerre, les persécutions…
Une ligne a été franchie, du côté de l’absence. Peu importe alors le chemin à parcourir. A la surface du monde, ils s’en vont écrire le récit de l’origine.
Marhaba…
En octobre 1955, le Comité lyonnais de secours d’urgence aux sans logis et mal logés (CLSUSLML) fondé par l’Abbé Pierre demande l’autorisation de construire des chalets en urgence au centre de la cité des Chalets, route de Crémieu à Vaulx-en-Velin à l’est de Lyon. Cette cité avait été construite à l’intention des habitants des communes voisines, tous d’origine française, qui étaient dans la nécessité d’être relogés. En février 1956, le permis de construire est accordé. En juin 1956, les nouveaux habitants viennent s’installer.
Les responsables du CLSU insistent sur le fait qu’il s’agit bien d’une cité de transit. Ils souhaitent que les personnes soient par la suite relogées dans les HLM en cours de construction. Deux cent quarante appartements seront alors disponibles. Le maire tient toutefois à rappeler que ces logements seront exclusivement réservés aux habitants de la commune. Les gens qui viennent de l’extérieur, à fortiori de l’étranger, ne pourront pas y prétendre.

Le 9 mars 1957, le maire de Vaulx-en-Velin constate la construction sans autorisation de chalets sur un autre terrain non loin, toujours sur la route de Crémieu, au lieu-dit Grange perdue. Il demande aux responsables du CLSU de faire cesser les travaux sans délai. Ces derniers protestent, affirmant qu’ils ne sont pas concernés par cette situation.
Le 13 mars, l’association la Maison d’Afrique du Nord (MAN), qui deviendra plus tard la Maison des travailleurs étrangers (MTE) adresse une demande de permis de construire en mairie. Le maire refuse, déplorant que la Compagnie nationale du Rhône (CNR) qui est propriétaire du terrain, ait déjà donné son autorisation pour commencer les travaux de viabilisation.
Le 26 mars, le département soutient le projet, en affirmant le caractère provisoire. Le maire maintient son refus, rappelant qu’un avis défavorable avait déjà été donné, suite aux difficultés rencontrées depuis la construction des premiers chalets en 1955. De surcroît, il n’a pas connaissance d’un projet de relogement, et il précise que le terrain est sur une zone industrielle. Le préfet intervient, et donne son accord pour la construction, contre l’avis du maire.

En mars 1958, le département fait une nouvelle demande de construction de chalets à Grange perdue.
La demande est refusée par le maire, qui estime que sa commune fait déjà beaucoup d’efforts pour résorber les taudis. Le terrain concerné n’est pas viabilisé, il rappelle qu’il est sur une zone industrielle, et une telle proposition n’est pas envisageable sans projet de relogement.
Cette fois-ci le bras de fer entre les différentes instances de pouvoir va durer plusieurs années, au cours desquelles le maire va constater à nouveau de nombreuses constructions sans permis. Il réitère toutefois son refus, rajoutant aux raisons déjà évoquées qu’il n’y a pas de possibilité de scolarisation des enfants, et que la voirie sera touchée par la bretelle du boulevard périphérique.
En février 1965, le préfet passe outre l’avis du maire. Il délivre le permis pour la construction de onze nouveaux chalets doubles dans la cité baptisée par les responsables de la MAN Marhaba , qui signifie Bienvenue en langue arabe.
Longtemps après le silence de l’océan, le rivage soudain. Depuis le lointain, il s’approche. Ce n’était pas un mirage. On pourra bientôt l’atteindre. Le toucher même. Sera-t-il possible d’aller au-delà ?
Passage
J’avais à peine trois ans lorsque mon père est parti au Brésil, dans l’État de Bahia. C’était en avril 1953, il n’est jamais revenu. Ma mère est restée seule avec quatre enfants. J’ai un frère et deux sœurs. Heureusement, mes grands-parents étaient agriculteurs, ils nous ont beaucoup aidés.
En 1983, j’ai eu envie d’aller le voir. J’étais déjà marié, et j’avais un enfant de deux ans. On est partis ensemble. C’est un oncle qui habite au Portugal qui m’avait donné son adresse. On est arrivés chez un autre frère de mon père à Salvador. Mon père qui habitait à une centaine de kilomètres de là est arrivé le lendemain. On a pleuré autant l’un que l’autre. Puis on est partis ensemble chez lui, on a vu ses trois enfants et sa femme. Son plus jeune fils avait six ans, et lui en avait cinquante-quatre… Il était carreleur, il avait tout fait chez lui. Il n’est pas revenu me voir à Salvador, avant que je reprenne l’avion pour la France. Je ne regrette pas d’être allé là-bas. Il est mort depuis une dizaine d’années. Il avait soixante-dix-huit ans. J’aimerais bien y retourner, pour voir ma famille, mes frères…


J’ai quitté le Portugal le premier octobre 1967. On était encore sous le régime de Salazar, il fallait se taire. Il y avait des gens proches du pouvoir qui espionnaient, et ils allaient raconter ce qu’ils voyaient, ce qu’ils entendaient. On était des gamins, mais on savait ce qui se passait.
Bien sûr c’est d’abord pour des raisons économiques que je suis parti du pays. Et aussi à l’époque, il y avait l’Angola, le Mozambique… J’imagine que ça ne vous dit rien tout ça. Ils nous envoyaient là-bas au moment du service militaire, et beaucoup n’en sont par revenus. Il fallait faire quoi alors ? Beaucoup de gens ont émigré à la fin des années quarante, et ne sont jamais retournés au pays avant 1974, l’année de la révolution.
Très peu de temps avant mon départ, j’étais en ville avec un oncle et un ami qui vivaient en France. Ils venaient passer des vacances au pays. Je les ai beaucoup écoutés parler ce jour-là. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour prendre la décision de faire le voyage avec eux.
On est partis en car jusqu’à la frontière espagnole. Là, il y avait quelqu’un que mon oncle connaissait, qui proposait de nous accompagner jusqu’à Hendaye. On était cinq dans le taxi. Puis on a marché pendant la nuit. Et on a traversé la frontière française au petit matin. Ils nous ont mis dans le train qui nous a conduits jusqu’à Feurs. Je n’ai pas eu beaucoup de difficultés finalement pour arriver jusque là. Je suis parti du village le dimanc

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