Mineur, étranger, isolé

Mamadou Sow

Description

Né en Sierra Leone, Mamadou Sow perd à 6 ans son père et sa mère au milieu des flammes et de la guerre. Début d'un nouvel exil : c'est désormais en France, au sein de l'Aide sociale à l'enfance qu'il commence à se reconstruire, protégé, sans trop y croire, par des institutions qui ne remplaceront jamais ses parents. Mineur, étranger, isolé, c'est non seulement un statut précaire mais aussi une identité à bâtir comme une deuxième naissance. Ce témoignage, pour prendre tout son sens, devait être partagé.

Sujets

• Immigration
• Autobiographie
• Interculturel
• Récit
• Témoignage
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2010
• Nombre de lectures: 80
• EAN13: 9782336254029
• Langue: Français

Extrait

Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain  : honteux et heureux de l’être , 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines, 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage, 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala, 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure, 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain , 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire, 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs  : sur les routes malgré nous ! , 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines, 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola, 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi , 2009.
Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée, 2009.
Jimmy LOVE, Les Émigrants , 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Laponie, 2009.
Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans, 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée, 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean-Luc POULIQUEN, En souvenir de L’Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso , 2009.
Mineur, étranger, isolé

Mamadou Sow
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296115545
EAN : 9782296115545
MERCI !
A Gwenn Adam et Rachid Lamari de m’avoir aidé à constituer mon dossier pour l’Ofpra. Sans leur patience et leur écoute je n’y serais pas parvenu.
A Anne-Emmanuelle Lermitte, pour sa confiance et son soutien chaleureux.
A Corinne Boquié pour la retranscription des entretiens et l’accompagnement dans cette longue entreprise de récit et d’écriture. Son soutien au quotidien m’a été d’un précieux secours bien des fois.
A Marion Wegrowe et son équipe de tournage pour m’avoir consacré un document télévisé sur mon statut premier de mineur étranger isolé. Cela m’a aidé à garder la foi.
A Psylvia Dewas, Patrick Sibi, Monique Bermond, Dominique Caillat d’avoir accepté le rôle ingrat de premiers lecteurs. Merci pour leurs conseils avertis et leurs encouragements unanimes.
A Jean-Louis Faucheux, pour sa toile en couverture, qui reflète si justement les émotions rattachées à mon passé.
A Madame Buisson, Odile Jacquin, pour leur soutien et leur intérêt à mon égard.
A mes amis, à tous ceux qui ont cru en moi sans retenue et qui m’ont soutenu dans ce fabuleux projet.
Mamadou SOW
A mes parents, A ma sœur, A mon frère
Sommaire
Ecrire l’Afrique Dernières parutions Page de titre Page de Copyright MERCI ! Dedicace AVANT-PROPOS Epigraphe PREAMBULE L’AFRIQUE
Je suis né en Sierra Leone… Mes parents adoptifs L’enfer Le grand départ
LA FRANCE
Arrivée à l’aéroport Charles-de-Gaulle Mon arrivée en France Une part de salut : le dossier de l’Ofpra
ET MAINTENANT ?
Retour en arrière Rattraper le temps…
ANNEXES BIBLIOGRAPHIE
AVANT-PROPOS
Mamadou est arrivé le 6 janvier 2006 dans un foyer départemental de l’enfance du Val de Marne.
Compte-tenu de son histoire tragique, des conditions de son arrivée en France et de son statut de mineur étranger isolé sur le territoire, l’évidence de présenter un dossier à l’Ofpra 1 est apparue.

Deux éducateurs se sont donc mobilisés afin de l’aider à reconstituer pas à pas son histoire et la rédiger avec un maximum de précision.

A partir du moment où il a dû accepter de « lâcher » des morceaux importants de son histoire dans les moindres détails, il y avait le risque que sur le plan émotionnel il se lâche aussi. Nous devions donc nous attendre à quelques mouvements incontrôlables, d’agressivité, d’opposition, ou de dépression… C’était presque un passage obligé en lien étroit avec la remémoration des souvenirs traumatisants.
Pour qu’il sorte de son statut de victime, il fallait l’aider à extérioriser la violence subie, sans qu’il devienne lui-même agresseur.
Nous avons instauré rapidement des séances intensives de soutien et de travail sur lui-même.
Mamadou n’était pas prêt à retrouver la tranquillité ni la joie de vivre. Parfois, il se sentait vidé, ou au contraire endolori de partout. Des fois, il ne lui restait plus qu’à se laisser vivre comme un grand convalescent blessé à vif par la vie.
Heureusement, il s’exprimait en langue française et pouvait mettre des mots de manière assez appropriée sur sa souffrance, ses angoisses, ses peurs.
Il lui arrivait de me confier combien il était reconnaissant envers tous ceux qui l’épaulaient, même s’il ne parvenait pas à s’en réjouir tant l’angoisse le tenaillait.
A d’autres moments, l’idée de la mort venait sournoisement effleurer son esprit.

La situation de ce jeune était effectivement préoccupante, comme celle de tous les mineurs étrangers isolés que nous avons mission de protéger
Répondre à cette mission de protection se complique d’autant plus que l’on est dans la crainte de ne pas parvenir à régulariser à temps leur situation.
Cela peut nous amener à des situations paradoxales qui vont à l’encontre de notre vocation première d’aide, de soutien et d’accompagnement.

Mamadou se sentait en sursis.

Au fur et à mesure de la constitution de son dossier pour l’Ofpra, Mamadou a formulé le souhait de faire un livre. Quitte à remuer tout ce passé, il espérait que son récit suscite la réflexion de ceux qui font le jeu de la violence. Il voulait aussi que cet écrit s’inscrive en miroir pour tous ceux qui ont une histoire similaire.
C’est dans cet esprit que Mamadou m’a associée.
Ensemble nous avons réfléchi à la méthode.
Nous partirions de son écrit rédigé pour l’Ofpra comme base de travail.

A partir de cet écrit, je lui ai proposé de développer certains passages, de mettre en mots ses émotions, ceci par le biais d’entretiens dirigés que je noterais au fur et à mesure.
Chaque entretien fut donc consigné par écrit et daté.
Il nous a fallu le temps et la régularité des rencontres pour instaurer un climat de confiance solide avant d’aller fouiller ensemble les méandres les plus sombres de son passé mais aussi considérer ses difficultés présentes.
A certains moments il se situait comme spectateur de sa propre vie tout en faisant référence à sa mémoire émotionnelle de l’époque.
A cette époque où l’horreur ne pouvait pas se dire, les mots ne pouvaient plus sortir.
Aujourd’hui, en se remémorant sa vie d’enfant et d’adolescent, Mamadou a souhaité affronter avec des mots ce qui n’était que « maux ». Les «mots dits » aujourd’hui, lâchés sur la feuille blanche permettront peut-être de le libérer de tous ces « maudits » qui l’emprisonnaient encore et que l’on s’autorise prudemment à faire sortir des placards de la mémoire qui se voulait oubliée…
Corinne Boquié, psychologue clinicienne
« Laisser son cœur guérir lentement de ses blessures. »
Paolo COELHO Le Guerrier de la Lumière
PREAMBULE
Je suis arrivé en France le 16 décembre 2005. J’ai tout perdu, mais je suis vivant.
En apparence je suis en bonne santé. Au fond de moi c’est le désastre. J’ai l’impression que je dois me reconstruire sur un champ de ruines.
Il y a des pages qui ne se tournent pas, des images qui vous restent collées à la peau, à l’âme, gravées dans le cœur…
Et puis, lorsque vous arrivez comme moi, mineur, étranger, isolé, vous cherchez refuge et vous devez raconter ces images, vos images, votre histoire… En espérant que l’on vous croie.
J’ai eu la chance d’être accueilli dans un foyer départemental de l’enfance où l’on m’a aidé à reprendre peu à peu confiance. Au vu de mon histoire, on m’a conseillé de constituer un dossier afin de le présenter devant l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), comme demandeur d’asile en tant que réfugié politique.
Certes, c’était une chance de pouvoir tenter cette carte, en espérant me faire reconnaître officiellement comme réfugié politique. Mais au prix de quel retour en arrière !… Jusqu’à ma petite enfance, dans les moindres détails, jusqu’aux images les plus sordides que j’avais essayé en vain d’oublier jusqu’ici.
Combien de foi