Mon ciel déchiré
169 pages
Français

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Description

L'auteur, ancien prêtre, tout en écrivant ses mémoires de fils de paysans, veut raconter son itinéraire spirituel, de la foi de son enfance à l'incroyance, en passant par le récit de sa vocation, puis de son ministère sacerdotal, de sa découverte du monde ouvrier, de sa vie de prêtre au travail, de sa contestation de l'autorité et de la doctrine de l'Eglise catholique, enfin de son rejet de l'institution et de toute forme de religion et de croyance.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 303
EAN13 9782336257280
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296084001
EAN : 9782296084001
Mon ciel déchiré

Pierre Verney
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Graveurs de mémoire - Dernières parutions Avertissement Chapitre 1. Mes origines et mon enfance Chapitre 2 : Séminariste Chapitre 3. Premiers ministères Chapitre 4. A Villard-Bonnot Chapitre 5 : mes voyages Chapitre 6. A la découverte des paroissiens Chapitre 7. Mes démêlés avec la hiérarchie Chapitre 8. Le concile : l’espoir déçu, la rupture Chapitre 9. L’entrée dans le monde du travail Chapitre 10. Elu municipal Chapitre 11. Sexualité et monde féminin Chapitre 12. Anne-Marie, ma femme Chapitre 13. Jésus, Dieu, l’Eglise et ses trahisons Chapitre 14. Ma retraite à Moirans Chapitre 15. En guise de conclusion BIBLIOGRAPHIE
Graveurs de mémoire
Dernières parutions
Francine CHRISTOPHE, Mes derniers récits, 2009.
Charles JOYON, Le jeune Français de Vienne. 1943 — 1945, 2009.
Bernard LETONDU, Fonctionnaire moyen, 2009.
Claude-Alain SARRE, Un manager dans la France des Trente Glorieuses. Le plaisir d’être utile, 2009.
Robert WEINSTEIN et Stéphanie KRUG, Vent printanier . 3945, la vérité qui dérange, 2009.
Alexandre TIKHOMIROFF, Une caserne au soleil. SP 88469, 2009
Henri BARTOLI, La vie, dévoilement de la personne, foi profane, foi en Dieu personne , 2009.
Véronique KLAUSNER-AZOULAY, Le manuscrit de Rose, 2009.
Madeleine TOURIA GODARD, Mémoire de l’ombre. Une famille française en Algérie (1868-1944), 2009.
Jean-Baptiste ROSSI, Aventures vécues. Vie d’un itinérant en Afrique 1949 - 1987 , 2008.
Michèle MALDONADO, Les Beaux jours de l ’ Ecole Normale, 2008.
Claude CHAMINAS, Un Nîmois en banlieue rouge (Val-de-Marne 1987-1996) suivi de Retour à Nîmes (1996-1999), 2008.
Judith HEMMENDINGER, La vie d’une juive errante, 2008.
Édouard BAILBY, Samambaia. Aventures latino-américaines, 2008.
Renée DAVID, Traces indélébiles. Mémoires incertaines, 2008. Jocelyne I. STRAUZ, Les Enfants de Lublin, 2008.
Jacques ARRIGNON, Des volcans malgaches aux oueds algériens, 2008.
André BROT, Des étoiles dans les yeux, 2008.
Joël DINE, Chroniques tchadiennes. Journal d’un coopérant (1974-1978),2008.
Noël LE COUTOUR, Le Trouville de la mère Ozerais, 2008.
Avertissement
En rédigeant ces mémoires, mon propos est de relater ce qui a marqué, orienté, guidé ma vie que je ne crois pas exceptionnelle, tant s’en faut, mais peut-être originale à certains égards, ma vie de fils de paysan devenu curé de paroisse ouvrière, puis travailleur en usine, militant syndicaliste, prêtre contestataire, élu municipal communisant, simple disciple d’un certain Jésus et de son évangile, homme à part entière face à un système ecclésiastique mutilant, et, pour finir, devenu pratiquement athée.
Jusqu’à mon entrée au grand séminaire en 1943, j’ai suivi ce qu’on peut appeler le «droit chemin », conforme à ce qu’attendaient de moi ceux qui s’occupaient de mon éducation, le chemin d’une vie d’études sérieuses, d’une vie chrétienne solide, sinon pieuse. Puis ce furent mes années de théologie à la Tronche, extrêmement riches en découvertes (existentialisme, marxisme, athéisme, nouvelle théologie, Résistance, politique) et le point de départ d’un esprit de contestation qui, depuis, n’a jamais cessé de m’animer, m’entraînant sur ce que j’appelle volontiers les « chemins de traverse» et aboutissant à ce que je nomme « mon ciel déchiré »... Pourquoi le ciel ? Parce que j’ai cru un certain temps au ciel tel que me l’a donné à croire l’Eglise catholique, et que les réalités de ma trajectoire personnelle n’ont cessé de contredire, de démentir et de déchirer pour ma plus grande libération. « D’une rive à l’autre » pourrait être aussi l’autre titre de ces pages indiquant la rive de départ, le petit monde fermé et sclérosé de l’Eglise, et celle d’arrivée, le monde des hommes, immense et passionnant.
Si ces mémoires venaient à être publiées ou seulement tombaient sous les yeux de gens qui m’ont bien connu, côtoyé et aimé comme prêtre et qu’ils en soient peinés, choqués et même perturbés en raison de leur foi chrétienne, qu’ils veuillent bien non seulement me pardonner, mais encore tenter de comprendre ce qui a pu motiver mon évolution, mes attitudes, mes décisions et mes engagements. Le plus important pour un être humain n’est-il pas de suivre ce que lui suggère sa conscience ? C’est ce que j’ai essayé de faire tout au long de ma vie, quelles qu’en fussent les conséquences... Et je ne regrette rien !
Chapitre 1. Mes origines et mon enfance
De son prénom Pierre-Augustin, mon père était grand, mince, les cheveux blonds, la moustache fine, le mégot aux lèvres (il roulait ses cigarettes). Chasseur passionné comme beaucoup de paysans de ce temps, vigneron compétent, indifférent en matière de religion, plutôt anticlérical mais sans sectarisme, il votait rouge, c’est-à-dire radical-socialiste ; toutefois, il faisait « ses pâques» pour éviter des scènes avec ma mère très pratiquante. Mobilisé à trente neuf ans, il fit la guerre de 14-18 dans un régiment d’artillerie alpine, sur le front de la Marne, comme convoyeur de train en armes et nourriture. Par miracle, il échappa au massacre lors de la brutale offensive allemande de juin 1918. De retour à la ferme, secondé par un domestique, plus tard par ses fils devenus grands, à l’aide d’un cheval et d’une paire de bœufs, il fit valoir en polyculture une propriété morcelée de dix hectares. En plus, durant de nombreuses années, il allait labourer les terres de sa mère, depuis Saint-Jean jusqu’à Réaumont, au pas lent des bœufs charriant la charrue sur le tombereau, en passant « par travers », ce qui faisait au moins une dizaine de kilomètres par des chemins de terre souvent malaisés. Atteint de diabète, il fut emporté par un cancer du pancréas en septembre 1942, laissant l’exploitation agricole à Joseph. Il n’avait que soixante-six ans.
En fouillant les archives, j’appris qu’il descendait d’une longue lignée de paysans dauphinois dont j’ai trouvé les ancêtres jusqu’en 1570. Parmi eux, plusieurs méritent d’être cités dans mes mémoires.
C’est le cas d’une vénérable aïeule, Dimanche Barnier, épouse d’un hôtelier de la Buisse. En 1630, dans toute la région sévit une grave épidémie de peste qui emporta son mari. Avec ses deux enfants, enceinte d’un troisième, elle fut reléguée comme contagieuse possible dans une des cabanes construites hors du village, destinées à accueillir les survivants. La mise en quarantaine passée, elle rentra à la maison, se remaria avec un autre hôtelier dont elle eut encore douze descendants. Après avoir élevé ses quinze enfants, dont douze vivaient encore lorsqu’elle rédigea son testament à soixante-dix ans, elle mourut âgée de quatre-vingt-dix ans, après avoir subi l’épreuve de quinze maternités et de la célèbre « maladie contagieuse », la peste ! Parmi ses enfants, on compte un curé, deux religieux cordeliers dont l’un sera élu Père provincial du Sud-est, et un notaire devenu le maire perpétuel de Voiron.
En 1631, un autre ancêtre, Charles Bertollon, fermier d’un sieur de petite noblesse, se permit de tirer avec son arquebuse sur les pigeons de son maître. Pour ce délit, passible d’une sanction sévère, il fut emprisonné à Grenoble. Grâce à l’intervention d’amis, il obtint son élargissement, mais le châtelain du Vivier s’y opposa. Finalement, suite à une transaction, il versa à du Vivier une somme importante, grâce à laquelle ce dernier prit à sa charge tous les frais du procès et du séjour en prison, moyennant quoi ils s’engagèrent à vivre désormais «en bonne amitié et voisinage ».
Dans cette ascendance, on trouve beaucoup de laboureurs, mais aussi des gros fermiers bourgeois, des notaires, des tisserands, des maîtres de forges, des charpentiers, des meuniers, des tanneurs, des marchands, des aubergistes, des consuls (les maires de l’Ancien Régime). Dans cette parentèle, j’ai recensé plus de dix prêtres ou religieux,

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