Racines tunisiennes
138 pages
Français

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Description

Une mère et sa fille, décident d'effectuer pour la première fois ensemble, un voyage au pays de leurs ancêtres et y acquièrent peu à peu la certitude que cette terre, qu'elles croyaient perdue, leur appartient néanmoins encore et toujours. Dans ce récit, Danielle Barcelo-Guez tente de mettre en lumière les relations que les descendants n'ayant pas connu la terre de leurs ancêtres peuvent entretenir avec cette même terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 49
EAN13 9782296466302
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RACINES TUNISIENNES
Graveurs de mémoire

Dmoh BACHA, Palestro. Lakhdaria, Réflexions sur des souvenirs d’enfance pendant la guerre d’Algérie , 2011.
Robert PINAUD, Dans la gueule du loup, 2011.
Lina BATAMI, Algérie, mon enfance v(i)olée, 2011.
Jean-Paul FOSSET, Histoire d’amour, histoire de guerres ordinaires. 1939 – 1945… Évian 1962, 2011.
Oruno. D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit, 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann, 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine, 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte, 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père, 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine, 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? » , 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’est rien oublié… Mes années 60, 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant, 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule, 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains, 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée, 2011
Jacques FRANCK, Achille, de Mantes à Sobibor , 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose, 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956 – 1962, 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome, 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap, une vie de cinéma (Récit), 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947, 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé, 2010.
Danielle Barcelo-Guez

avec la collaboration de
Diana Barcelo-Guez


RACINES TUNISIENNES


L’Harmattan
Du même auteur :


Au 28 rue de Marseille Tunis,
L’Harmattan, 2005.


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55349-1
EAN : 9782296553491

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A mes enfants,


"Por las calles voy dejando/ Au fil des rues j’ai semé
Algo que voy recogiendo, / Quelque chose qu’à mesure j’ai
ramassé,
Pedazos de vida mía/ Des morceaux de ma vie
Venidos desde muy lejos" / Venus de très loin …

Miguel Hernández
Entre Tunis et l’auteur
Un enfant n’a qu’une mère mais une mère peut enfanter plusieurs fois. Toi, tu sais qui je suis, qui nous sommes. Je sens que tu m’observes pas à pas à travers la quête initiatique que je suis en train de vivre. Si j’ai oublié un détail, tu me le rappelles. Si j’ignore un événement, tu le portes à ma connaissance. Si je n’apprécie pas une situation, tu me la fais aimer. Si je ne perçois pas une évidence tu m’aides à la découvrir.
Tu as bercé mon enfance et j’ai chanté avec toi.
A l’heure où je termine ce livre, le pays fait la une de tous les médias. L’interminable dictature du président Ben Ali a pris fin et le peuple réclame une vraie démocratie. Le chemin de la transition ne sera pas facile, certes, mais le plus important est fait, l’autocrate a abandonné le pays.
J’ai mis un temps à réaliser que la ville tourmentée des informations télévisées et ma ville natale n’étaient qu’une seule et même ville. Ses exubérantes terrasses de café, volatilisées, son incessante circulation, inexistante, ses florissants commerces, saccagés ou clos, la fière statue d’Ibn Khaldoun en face de la cathédrale, occultée par les tanks de l’armée, ma rue de Marseille {1} , bloquée par les miliciens à l’affût. Glamoureuse avenue Habib Bourguiba endeuillée par le couvre feu ! Je n’ai vu que tristesse, désolation, troubles…
Aujourd’hui tu pleures et je pleure pour toi.
Paradoxalement, c’est un acte extrême de désespoir, considéré comme une fin par un jeune aux illusions perdues, qui a servi de coup d’envoi à la jeunesse du pays dont la colère couvait depuis longtemps. Sa réaction ne s’est pas faite attendre et a culminé le 14 janvier 2011 en entraînant le départ forcé du dictateur.
Je désire rendre hommage à Mohamed Bouazizi, ce jeune qui s’est immolé par le feu et qui n’est pas mort en vain, à toutes les innocentes victimes des milices mercenaires et au peuple tunisien qui lutte avec acharnement pour conquérir sa liberté.

Les chansons de l’espoir ont ton nom et ta voix,
Le chemin de l’histoire nous conduira vers toi,
Liberté, liberté…

Ainsi chantaient les esclaves juifs de Babylone {2} …
Au nom de cette même liberté, je souhaite que la démocratie tunisienne, utopie d’un passé récent, devienne très vite une tangible réalité.
1- La racine mère
Si, comme moi, vous ne savez que répondre lorsqu’on vous demande d’où vous êtes, ce livre peut vous intéresser. Si, par contre, vous faites partie des chanceux qui répondent sans hésiter, alors, peut-être aurez-vous le désir ou la curiosité de savoir pourquoi, pour certains, il est si difficile de donner une réponse concise à une question aussi anodine.
Vous n’ignorez sans doute pas qu’une branche vive mise en contact avec le sol peut s’y enraciner sans pour autant être isolée de la plante mère. C’est en termes techniques, ce que l’on désigne par le procédé de marcottage et dans la plupart des cas il réussit très bien. Ensuite, si c’est nécessaire, on sépare sans difficulté la branche replantée.
Ce procédé peut aussi s’adapter à l’être humain qui, né dans un endroit déterminé, doit s’en éloigner définitivement et aller vivre ailleurs. Il essayera de prendre racine dans le ou les différents pays vers lesquels le conduira son destin ; c’est ce que l’on pourrait appeler une marcotte et qui est précisément mon cas. De nombreux témoignages relatent cependant que, souvent, le sujet éprouve de grandes difficultés à se séparer complètement de ses racines premières.
Il convient de se demander si une coupure définitive est toujours nécessaire. De plus, qu’advient-il de la racine mère une fois cette séparation effectuée ?
2-La goutte d’eau
Etant installée depuis de nombreuses années en terre ibérique, je crois dominer les coutumes et la langue du pays et pourtant, on ne manque jamais de me demander, encore aujourd’hui, si je suis française, à cause de mon accent. Cependant…

Je pensais que tu étais française,

s’exclamait, surprise, une amie espagnole qui venait de s’enquérir de mon lieu de naissance. Je me suis empressée de lui expliquer que, bien que née hors de France, je suis française et que les deux choses sont parfaitement compatibles.
Un jour, de passage à Madrid, un de ses habitants avec lequel j’avais eu un petit accrochage en voiture m’avait fait remarquer d’une façon plus ou moins acide qu’avec ma tête d’Andalouse, j’aurais beaucoup de mal à le convaincre que j’étais étrangère au pays malgré mon accent français. Je n’ai pu m’empêcher de me sentir envahie d’un sentiment d’impuissance résignée vu qu’en prime, je ne lui avais pas assez répété que c’était un piètre conducteur.
Mais il y a mieux…
Lors de nombreux séjours effectués à l’étranger avec mon mari, on m’a souvent félicitée, en s’étonnant même, de m’entendre dominer aussi parfaitement la langue française pensant que j’étais espagnole comme lui. A présent vous connaissez certainement ma réponse, toujours la même…
Récemment, en quittant mon pays natal où je venais de passer quelques jours de vacances, un douanier disert s’étonnant de comptabiliser sur mon passeport plusieurs tampons révélant mes séjours réitérés dans cette zone, me demanda si je parlais arabe, la langue du pays, tout en prononçant distinctement le nom de ma mère, en séparant bien chacune des syllabes, qu’il déchiffrait sur mon passeport. Je supposais qu’il voulait bavarder aimablement, et, pensant qu’il est toujours de bon ton de dire la vérité, j’ai répondu

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