Racisme, antisémitisme et "communautarisme"?
306 pages
Français

Racisme, antisémitisme et "communautarisme"? , livre ebook

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306 pages
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Description

Pour la première fois en France, une étude, armée par les méthodes des sciences sociales, traite de ce qui se passe à l'école en fait de racisme. Elle tente de comprendre ce qui est signalé comme racisme par les autorités scolaires, ce qui est perçu et traité par les enseignants et les équipes, et ce que les élèves vivent du racisme à l'école.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 165
EAN13 9782296181069
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RACISME, ANTISEMITISME
ET « COMMUNAUTARISME » ?@
L'Harmattan, 2007
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan @wanadoo.fr
harmattanI
ISBN: 978-2-296-04006-9
EAN : 9782296040069Fabrice DHUME-SONZOGNI
RACISME, ANTISEMITISME
ET « COMMUNAUTARISME » ?
L'école à l'épreuve des faits
Préfacede
Françoise Lorcerie
L'HarmattanDu même auteur :
- RMI et psychiatrie: deux continents à la dérive?
(L 'interinstitutionnalité et le partenariat comme catalyseurs des
problèmes d'identité du travail social et de la pc\ychiatrie), Paris,
éd. L'Harmattan, 1997.
- Du travail social au travail ensemble. Le partenariat
dans le champ des politiques sociales, Paris, éd. A.S.H., 2001.
- La coopération dans l'action publique. De l'injonction
de faire ensemble à l'exigence de commun, Paris, éd.
L'Harmattan,2006.
- Liberté, égalité, communauté? L 'État français contre le
"communautarisme ", Paris, éd. Homnisphères, 2007.
Note: cet ouvrage est issu d'un travail de recherche mené, en
2005 et 2006, dans le cadre d'un marché public du FASILD
(Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre
les discriminatiom) en lien avec le Ministère de l'Education
Nationale.PREFACE
Pour la première fois en France, une étude solidement
armée par les méthodes des sciences sociales traite de ce qui se
passe à l'école en fait de racisme: tant ce qui est signalé comme
tel par les autorités scolaires, que ce que les élèves vivent
tel à l'école, -les deux séries entretenant entre elles des rapports
assez lâches, comme le montre Fabrice Dhume. Ce travail est
donc inaugural. Depuis des années, les chercheurs qui étudient
les processus racistes en France, autour de Michel Wieviorka
entre autres, mentionnaient l'école parmi les lieux à investiguer ;
l'expérience scolaire des jeunes, recueillie hors école, s'avérait
fréquemment racisée. Mais aucun sociologue n'y était jamais
allé voir directement, l'étude n'avait jamais été faite. A la faveur
de cette méconnaissance, et sous l'aiguillon de la« panique
moraIe» qui s'est déployée sans y penser dans l'après Il septembre
2001, d'aucuns avaient mis en circulation une vision alarmiste
subrepticement guerrière: la République avait perdu ses
territoires scolaires - certains d'entre eux du moins, chacun comprend
de quoi et de qui il s'agit. Et cette vision, qui avait irrité dans
l'Education nationale car elle reposait sur la généralisation
d'incidents singuliers et véhiculait un stéréotypage guère éloigné
du racisme, sous couleur de dénoncer le racisme, avait, dit-on,
emporté la conviction d'une partie non négligeable des
responsables politiques. C'est sans doute finalement ce qui a décidé le
FASILD et la direction des études de l'Education nationale,
commanditaires de l'étude dont on va lire les résultats, à souhai-ter avoir un rapport objectif sur la situation. Que se passe-t-il au
juste à l'école en matière de racisme, d'antisémitisme et de
communautarisme ? La communication ministérielle a embrayé
sur ces trois thèmes après qu'ils ont été popularisés dans les
campagnes médiatiques et éditoriales des années 2000, mais le
ministère peine à les décliner en orientations d'action pour les
agents. Des rapports émanant directement du terrain et fiables
ont contredit les allégations médiatiques. Mais comment
construire une réponse politique adaptée, c'est-à-dire à la fois
légitime - entraînant les convictions citoyennes
- et pertinente -
adaptée à sa cible - ? Le mandat implicitement confié à Fabrice
Dhume était de rapporter sur ces questions du grain à moudre.
Certainement pas de répondre à la place du ministre, mais de
faire un état des lieux circonstancié.
Le constat qui se dégage de la recherche est à la fois banal
et spécifique. Banal: l'école n'est pas ravagée par le racisme,
même dans les établissements vers lesquels l'administration a
orienté le chercheur car elle les considère plus exposés que
d'autres aux manifestations du racisme. L'école n'est pas en
proie au racisme mais elle est bel et bien travaillée par des
processus « socio-mentaux » racistes, comme le reste de la société
somme toute, elle n'est pas à cet égard un « sanctuaire»
protecteur. Les distinctions ethniques ou raciales sont actives dans
l'espace scolaire. Les élèves notamment les pratiquent entre eux
parfois par dérision, d'autres fois pour se distinguer les uns des
autres, ou pour se défendre de ces distinctions, tous en ont une
expérience. Parfois, plutôt rarement semble-t-il, surviennent des
événements ouvertement racistes. Et c'est ici que se donne à lire
la spécificité relative des modes du racisme dans l'espace
scolaire. A l'analyse, les faits racistes survenus dans
scolaire apparaissent en effet assez souvent comme des productions
sociales contextualisées, ils sont produits à l'école mais aussi
produits de l'école, écrit Fabrice Dhume. Dire cela ne revient pas
à exonérer les auteurs de leur éventuelle responsabilité au sens
juridique du terme. Cela signifie que la qualification juridique de
l'acte et sa sanction le cas échéant n'épuisent pas la signification
sociale de la séquence. Dans les témoignages recueillis, le
racisme à l'école apparaît comme un passage à l'acte dans des
chaînes d'interactions organ isées princi paiement autour d'enjeux
8scolaires. L'étude fine des faits de racisme repérés comme tels
amène à voir qu'ils s'ancrent dans le système d'interdépendances
que constitue l'établissement scolaire. Un résultat qui ne manque
pas d'interpeller.
Françoise Lorcerie
9INTRODUCTION
Au tournant des années 2000, et en particulier avec le
changement de gouvernement, s'impose une reformulation
partielle de la question politique de l'école. La polémique du « voile
à l'école» s'impose à nouveau comme une question majeure,
sous le coup d'une construction véritablement orchestrée1, et le
thème de la « laïcité» cristallise une fois encore la mise en scène
publique des « passions françaises ». C'est que le contexte est
marqué en particulier par l'ethnicisation des relations scolaires2,
et que le « voile» est constitué en symbole de ce mouvement,
présenté massivement sous le signe de la menace. D'un autre
côté, la rhétorique ministérielle mobilise force symboles d'un
passé mythique de l'école (tels l'uniforme, la dictée, ou plus
récemment les cours de grammaire) pour indiquer l'intention
d'un « retour» vers l'ordre et la morale. Face aux critiques et
aux turbulences, d'aucuns proposent ni plus ni moins une «
resacralisation de l'école ». C'est que l'école doit désormais se
justifier: si ses promesses de promotion sociale ou, plus
modestement, d'accès à l'emploi font encore rêver, l'adhésion à son
fonctionnement est devenue conditionnelle.3 C'est dans ce
contexte que le gouvernement engage un « débat sur l'école »,
afin de relégitimer l'action publique sujette à critique et de
refaire consensus face à une manifestation grandissante de
1 LORCERIE F. (dir.), La politisation du voile en Fi'ance, en Europe et dans le
monde arabe, Paris, L'Harmattan, 2005.
2 F. (dir.). L'école et le défi ethnique. Education et intégration,
ESF/INRP,2003.
3 Il me semblerait judicieux de transférer les analyses faites par Jacques Ion sur
la transformation des formes d'adhésion dans le militantisme, aux logiques
d'adhésion en général. Cf. ION .I., La fin des militants 7, Editions de
l'Atelier/Editions ouvrières, 1997.l'insatisfaction à l'égard de l'école publique.4 Plus récemment, à
la faveur d'un moment électoral, la question de la carte scolaire,
ressort, en réponse apparente aux critiques de la ségrégation
scolaireS, mais surtout en réponse aux demandes de libéralisatio

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