Sexualité incarcérée
214 pages
Français

Sexualité incarcérée , livre ebook

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214 pages
Français

Description

La sexualité en prison est un sujet évité, décrié mais derrière ces deux mots se cache une réalité complexe. La sexualité des détenus est un sujet tabou. La privation sexuelle, révèle l'amputation des relations humaines qu'implique l'incarcération et met en exergue les problématiques identitaires que l'on retrouve en détention. Cet ouvrage analyse les formes et les enjeux de la sexualité en prison sur des détenus qui de par leur histoire, ont souvent déjà un lien à l'autre fragile.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296483637
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait







Sexualité incarcérée Sexualité humaine
Collection dirigée par Charlyne Vasseur Fauconnet

Sexualité humaine offre un tremplin pour une réflexion sur le désir,
le plaisir, l’identité, les rôles féminin et masculin. Elle s'inscrit dans
un mouvement socio-culturel, dans le temps et dans l’espace.
La sexualité ne peut être détachée de sa fonction symbolique.
L’erreur fondamentale serait de la limiter à un acte et d’oublier que
l'essentiel est dans une relation, une communication avec l’autre, cet
autre fût-il soi-même.
Cette collection a pour objet de laisser la parole des auteurs
s’exprimer dans un espace d’interactions transdisciplinaires. Elle relie
la philosophie, la médecine, la psychologie, la psychanalyse avec des
ramifications multiples qui vont de la pédagogie à la linguistique, de
la sociologie à l’anthropologie, etc.

Déjà parus

Alfredo ANCORA, La consultation transculturelle de la
famille. Les frontières de la cure, 2010.
Pierre HURTEAU, Homosexualités masculines et religions du
monde, 2010.
Jean-Pierre KLEIN, Passion, amour, etc., 2010,
Laurent BIBARD, Sexualité et Mondialisation, 2010.
Philippe CLAUZARD, Conversations sur le sexisme, 2010.
Christophe AVELINE, L’Infidélité, 2009.
Frédéric ALLAMEL, Anthropérotiques, 2009.
Laurent MALTERRE, La guerre des sexes ou guérir le sexe,
2009.
Claude-Émile TOURNÉ, Le Naissant, 2007.
Maria José WEREBE, Organisation sociale, pratiques
sexuelles et religion, le cas des trois religions monothéistes,
2007.
Maurice MOULAY, Sexualité et psychothérapie corporelle,
2006.
Drocella MWISHA RWANIKA, Sexualité volcanique, 2006.
Gaspard MUSABYIAMANA, Pratiques et rites sexuels au
Rwanda, 2006.
Bacar ACHIRAF, Les mœurs sexuelles à Mayotte, 2005.
Josette FORT, Naissance et fantasme de mort, 2005.
Nina Califano






Sexualité incarcérée


Rapport à soi et rapport à l’autre dans l’enfermement





















L’HARMATTAN


























© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96188-3
EAN : 9782296961883 Préface
Au cours de l’année universitaire 2010-2011,
Mademoiselle Nina CALIFANO a suivi les enseignements du
Master 2 de criminologie, au sein de l’Institut de
criminologie de l’Université Panthéon-Assas.
Elle a non seulement été major de ce Master 2 mais, plus
encore, a rédigé un mémoire de recherche d’une qualité
exceptionnelle qui devait absolument être mis à la disposition
du plus grand nombre, non seulement les spécialistes des
questions pénales et criminologiques mais aussi le grand
public.
L’étude de Nina CALIFANO sur la sexualité en prison est
exemplaire sur le plan scientifique. La littérature sur le sujet a
été fouillée, triée et intelligemment exploitée. L’étude est
également nourrie d’enquêtes de terrain, au travers
d’interviews de détenus, de conjoints de détenus et de
professionnels du milieu pénitentiaire. Certes, le temps limité
de l’année universitaire n’a pas permis de multiplier à l’infini
ces initiatives mais l’on constatera que les résultats obtenus
sont déjà des plus éloquents.
Dans un style vivant, élégant et clair, l’auteur a su traiter
ce sujet extrêmement délicat avec tact, distance et gravité. Le
tableau qu’elle donne de la réalité pénitentiaire est
proprement stupéfiant, édifiant et fascinant. Il bouleverse la
vision froide et distanciée que chacun peut avoir de
l’incarcération et de la peine.




S’il fallait retenir deux mots de ce voyage en enfer, ce
serait : bestialité et dignité. En tournant cette page et
franchissant le seuil de cette étude, le lecteur saisira bientôt
pourquoi.
Patrick MORVAN
Professeur à l’université Panthéon-Assas (Paris 2)
Institut de criminologie
1(*)Co-directeur du Master 2 de criminologie
(*) Sur le Master 2 de criminologie, dont la structure a été refondue en
2011 :
http://patrickmorvan.over-blog.com/article-master-2-decriminologie-a-l-universite-pantheon-assas-74297387.html. – Sur
l’Institut de criminologie : http://www.u-paris2.fr (rubriques Formation
ou Recherche)
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Introduction
« J’avais fini par gagner la sympathie du gardien-chef […]
C’est lui qui, d’abord, m’a parlé des femmes. Il m’a dit que
c’était la première chose dont se plaignaient les autres. Je lui
ai dit que j’étais comme eux et que je trouvais ce traitement
injuste. “Mais, a-t-il dit, c’est justement pour ça qu’on vous
met en prison. – Comment pour ça? – Mais oui, la liberté,
2c’est ça. On vous prive de la liberté.” » Albert CAMUS.
C’est autour de L’étranger d’Albert CAMUS que je suis
entrée en prison et que j’ai appris à connaître ce monde pour
le moins étrange. Chaque semaine, je suis intervenue en
détention pour animer un atelier de littérature le temps d’une
après-midi au centre de détention de Meaux-Chauconin.
L’observation, l’acclimatement avec un univers aussi
spécifique et inconnu que pouvait l’être la prison pour moi,
était nécessaire pour appréhender le présent travail. Le bruit,
la lumière, l’attente, les violences sont les premières choses
qui m’ont interpellée en détention.
Le bruit, c’est celui des portes lourdes qui s’ouvrent et se
ferment sans arrêt, des cris des détenus qui s’énervent, se
révoltent, ou expriment leur souffrance.
La lumière, ou devrais-je dire l’absence de lumière, c’est
cette pénombre omniprésente, comme si le soleil restait,
comme beaucoup d’autres choses, aux portes de la prison.
L’attente, c’est celle de la libération, d’un parloir avec un
2 CAMUS (Albert), L’étranger, éditions Gallimard, 1957, p. 121.
















proche, de la promenade quotidienne… Mais c’est aussi des
attentes plus surprenantes, celle derrière chaque porte quand
on se déplace dans la prison, le temps que la porte précédente
se referme ; ou encore celle de la fin d’une activité, le temps
que le gardien ouvre la porte pour que chacun, détenus et
intervenants, retourne à ses « occupations ». Ces attentes sont
une des manifestations de la privation d’autonomie dont se
plaignent les détenus et qui s’observe très rapidement quand
on entre en prison. Tout déplacement, toute activité est
soumise à l’institution carcérale et rien ne dépend de soi.
Les violences, ce ne sont pas celles que l’on peut voir
rapportées dans les médias, ce ne sont pas les « agressions ».
J’entends ici des violences moins perceptibles et moins
sensationnelles mais qui n’en sont pas moins des violences
quotidiennes. Parmi ces violences, dès ma première
intervention, j’ai été frappée par la façon d’appeler les
surveillants en fin d’activité. La salle où nous étions étant
fermée à clef, les détenus donnèrent coups de poings et de
pieds dans la porte. Ils m’expliquèrent que c’était « comme
ça qu’on fait pour qu’on vienne nous ouvrir ». Après 20
minutes de « tambourinage » un surveillant est arrivé, tout le
monde est sorti, et j’ai pu avoir confirmation de celui-ci que
c’était « ainsi que ça se passe ». Cet « échange », certes
caricatural, n’en est pas moins très représentatif de ce que j’ai
pu percevoir « de la communication » au sein de la prison. Ce

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