Tueries scolaires
206 pages
Français

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Description

Il est très courant, dans bien des régions du monde, que les enfants d'âge scolaire se battent. Un tiers d'entre eux déclarent avoir déjà été confrontés à une telle situation. Cependant, nous faisons face, aujourd'hui, à un constat beaucoup plus inquiétant : les bagarres et les coups de poing ont été remplacés par des armes à feu au sein des cours de récréation américaines. Les tueries scolaires ne sont plus des actes isolés mais sont devenues un réel problème de société dont il faut s'occuper en urgence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 60
EAN13 9782296516861
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Ilana Lachkar


Tueries scolaires

Sous la direction de Monsieur Patrick Morvan

Master de Criminologie

Dirigé par Madame le professeur Agathe Lepage et Monsieur le professeur Patrick Morvan

2012



L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-28906-9
Dédicace

À Maryse, Isidore, Hélène et Jacques.

Sans oublier, Monsieur le Professeur Patrick Morvan, pour l’aide qu’il m’a apportée et le temps qu’il m’a consacré.
PRÉFACE
Patrick MORVAN
Professeur à l’université Panthéon-Assas (Paris 2)
Institut de criminologie
Co-directeur du Master 2 de criminologie ( * )

Au cours de l’année universitaire 2011-2012, Mademoiselle Ilana LACHKAR a suivi les enseignements du Master 2 de criminologie, au sein de l’Institut de criminologie de l’Université Panthéon-Assas. Elle a non seulement été major de ce Master 2 mais, plus encore, a rédigé un mémoire de recherche de très grande qualité sur les tueries scolaires (ou School shooting ). C’est cette étude originale qui est aujourd’hui mise à la disposition du public.

Les États-Unis se sont fait une spécialité des serial killers et des spree killers . Le spree killing y connaît une variante typique : le school shooting , c’est-à-dire la tuerie commise dans un établissement scolaire par un ou plusieurs jeunes qui y sont ou étaient scolarisés (par exemple, le massacre à la Columbine High School dans le Colorado le 20 avril 1999, qui fit 13 morts plus les deux tueurs âgés de 18 ans [Dylan Klebold et Eric Harris] qui se suicidèrent ou, le 14 décembre 2012, le massacre au fusil d’assaut de 20 enfants et 6 femmes dans une école primaire de Newton dans le Connecticut par un jeune âgé de 20 ans [Adam Lanza] qui se suicida également). En Europe, l’Allemagne est le pays le plus touché (notamment après le massacre d’Erfurt le 26 avril 2002 où 16 personnes périrent sous les tirs de Robert Steinhaüser, un élève de 19 ans expulsé de son lycée, qui se suicida). La Grande-Bretagne a aussi connu quelques cas.

Le school shooting bénéficie d’une forte couverture médiatique où sont parfois évoqués des traits de la personnalité ou des attitudes qui seraient typiques des school shooters . Ce seraient des êtres froids et insensibles de type psychopathe voire des schizophrènes, des adeptes de jeux vidéo violents ou de musique hard rock, des introvertis vêtus de façon sinistre ou « gothique », moqués et ostracisés par leurs camarades, etc.

De façon plus méthodique, le Secret service fédéral américain a réalisé une étude ( Safe school initiative ) analysant 37 faits divers de ce genre, impliquant 41 criminels, commis entre 1974 et 2000 ( USSS Safe School Initiative : An Interim Report on the Prevention of Targeted Violence in Schools , mai 2002 : http://www.secretservice.gov/ntac_ssi.shtml).
La conclusion est qu’il est difficile de dresser un profil-type pour identifier les individus à risques. Mis à part que ce sont toujours des jeunes de sexe masculin (âgés de 11 à 21 ans), ces criminels diffèrent largement les uns des autres. Beaucoup ont vécu dans une famille unie, obtenu de bons résultats scolaires sans aucun problème de discipline, noué des relations sociales et amicales ordinaires. Ils ne consommaient pas de substances illicites et la grande majorité n’avait pas de trouble mental diagnostiqué (sous réserve d’un état dépressif et suicidaire avéré). C’est une minorité d’entre eux qui a manifesté un intérêt pour des jeux, films ou romans violents. Il est donc vain d’entreprendre un profilage ( profiling ) des school shooters .

En revanche, il existe des signes avant-coureurs. Le school shooting est un acte planifié par avance et rarement impulsif. Bien plus, il est souvent apparu a posteriori que d’autres personnes (des camarades ou les parents auxquels le futur tueur envoyait des signaux explicites) savaient que le massacre pouvait se produire mais n’en ont pas alerté les autorités. En revanche, il est fréquent qu’un tiers adulte se soit inquiété du comportement du futur tueur (un conseiller d’éducation, un parent d’élève, un professeur inquiet de lire des poèmes morbides…).

Si les school shooters ne menacent pas préalablement leurs futures victimes, ils ruminent de sombres pensées. Par le passé, ils ont très mal vécu des échecs personnels, souffert d’un défaut physique, connu une douleur sentimentale (perte d’un être cher, déception amoureuse, maladie d’un proche) ou la perte d’un statut (licenciement d’un premier job). Dépressifs, ils ont très souvent envisagé ou même tenté de se suicider (un élément très préoccupant car le suicidaire narcissique veut être accompagné d’autres personnes dans la mort). En outre, ils se sont sentis persécutés, agressés ou insultés par leurs camarades ou par un membre du personnel de l’établissement (qui deviennent ensuite les cibles prioritaires des coups de feu mais pas seulement). La première motivation de leur acte est la vengeance ou la quête de reconnaissance.

Les médias ont souvent constitué pour ces sujets une source d’inspiration : beaucoup de tueurs dirent d’ailleurs s’être inspirés d’un précédent tueur. Indépendamment des reportages et de la presse, la télévision, le cinéma, les jeux vidéo et des sites internet alimentent leur fascination pour la violence.

Dans un ordre d’idées voisin, la prise de médicaments (stimulants, antidépresseurs, antipsychotiques ou calmants) apparaît très fréquemment. Le déchaînement subit de violence ainsi que le regard froid et vide d’émotion du school shooter s’expliqueraient par l’absorption de ces substances abusivement prescrites aux enfants aux USA (notamment la Ritalin , un stimulant consommé par 6 millions d’enfants réputés hyperactifs).

Bien sûr, les tireurs ont eu accès à des armes. Souvent même, des camarades les ont aidés à organiser leur projet (notamment à acquérir une arme), même s’ils l’ont mis seuls à exécution.

Sur la base de ces constats, des conseils de prévention ont été formulés (par exemple, de lutter contre le harcèlement et les violences scolaires qui nourrissent le ressentiment des cool shooters ). Un CD-Rom interactif a été distribué dans les écoles américaines.

Mais les school shooters concentrent également des maux qui affectent la société où ils vivent : l’apologie de la violence dans les médias, le harcèlement scolaire, la solitude, la disponibilité des armes à feu… C’est sur ces facteurs profonds qu’il convient d’agir.

* Sur le Master 2 de criminologie , dont la structure a été refondue en 2011 : http://patr i ckmorvan.over-blog.com/article-master-2-de-criminologie-a- l-universite-pantheon-assas-74297387.html.
Sur l’ Institut de criminologie : http://www.u-paris2.fr (rubriques Formation ou Recherche)
INTRODUCTION
« Je ne connais pas de voyous qui ne soient des enfants »
Jean Genet , « Journal d’un Voleur » 1
Le milieu scolaire représente un cadre d’apprentissage intellectuel, de découverte de la vie en communauté, d’identification à des tiers ou encore d’épanouissement des relations amicales et amoureuses. Mais c’est aussi le lieu où la plupart des enfants seront, pour la première fois, confrontés à la violence. Il existe bien des façons de définir cette notion car celle-ci peut embrasser des situations multiples. Toutefois, l’Organisation Mondiale de la Santé en a donné la définition suivante : il s’agit de « la menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne, ou risque fortement d’entraîner, un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal développement ou des privations ». 2

Il est très courant, dans bien des régions du monde, que les enfants d’âge scolaire se battent. Un tiers d’entre eux déclarent avoir déjà été confrontés à une telle situation. 3 Cependant, nous faisons face, aujourd’hui, à un constat beaucoup plus inquiétant : les bagarres et les coups de poing ont été remplacés par des armes à feu au sein des cours de récréation américaines.

Pourtant, la violence scolaire et les armes dans les salles de classe ne sont pas un phénomène nouveau. Elles ont fait leur apparition il y a plusieurs siècles et les mutineries étudiantes, ou le vandalisme des établissements, étaient même plus

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