Un instituteur de l Armée d Afrique dans la folie des guerres
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Un instituteur de l'Armée d'Afrique dans la folie des guerres , livre ebook

-

160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Alexandre Nicolas est né le 6 juin 1917 à Saïda en Algérie. Pour cet enfant d'un petit village des Hauts Plateaux de l'Algérie, l'armée est une promotion dont il est fier. Comme celle de l'Education nationale qui le fait instituteur en 1937. C'est son histoire qu'il raconte ici : lieutenant pendant la guerre, instituteur jusqu'au bout, il deviendra en 1962, à Sidi-Bel-Abbès, directeur de l'Office culturel français, puis s'installera en 1964 à Aix-en-Provence, ville d'où était parti son père en 1912 pour Saïda.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296464865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un instituteur de l’Armée d’Afrique
dans la folie des guerres
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55096-4
EAN : 9782296550964

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Alexandre NICOLAS


Un instituteur de l’Armée d’Afrique
dans la folie des guerres

Sous le casque de l’armée





L’H ARMATTAN
Mémoires du XX e siècle


Déjà parus


Dominique CAMUSSO, Cent jours au front en 1915. Un sapeur du Quercy dans les tranchées de Champagne , 2011.
Michel FRATISSIER, Jean Moulin ou la Fabrique d’un héros , 2011.
Joseph PRUDHON, Journal d’un soldat, 1914-1918. Recueil des misères de la Grande Guerre , 2010.
Arlette LIPSZYC-ATTALI, En quête de mon père , 2010.
Roland GAILLON, L’étoile et la croix, De l’enfant juif traqué à l’adulte chrétien militant , 2010.
Jean GAVARD, Une jeunesse confisquée, 1940 – 1945 , 2007.
Lloyd HULSE, Le bon endroit : mémoires de guerre d’un soldat américain (1918-1919), 2007.
Nathalie PHILIPPE, Vie quotidienne en France occupée : journaux de Maurice Delmotte (1914-1918) , 2007.
Paul GUILLAUMAT, Correspondance de guerre du Général Guillaumat , 2006.
Emmanuel HANDRICH, La résistance… pourquoi ? , 2006.
Norbert BEL ANGE, Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie (Bedeau, sud oranais, 1941-1943) , 2005.
Annie et Jacques QUEYREL, Un poilu raconte… , 2005.
Michel FAUQUIER, Itinéraire d’un jeune résistant français : 1942-1945, 2005
Robert VERDIER, Mémoires , 2005.
R. COUPECHOUX, La nuit des Walpurgis. Avoir vingt ans à Langenstein , 2004.
Groupe Saint-Maurien Contre l’Oubli, Les orphelins de la Varenne, 1941-1944 , 2004.
Michel WASSERMAN, Le dernier potlatch, les indiens du Canada, Colombie Britannique, 1921 . 2004.
Préface

C OMME le dit Alexandre Nicolas à la fin de ses Mémoires, il les achève en juin 1997.
Très tôt, je l’ai engagé à les faire publier. Il n’y voyait aucun intérêt. Il avait écrit ces pages pour nous, pour la famille, pour qu’un jour ses descendants se souviennent de l’abomination des guerres mais aussi de la fraternité des hommes animés par une belle cause.
En même temps, il pensait que peu de monde s’intéresserait à cette période horrible du XXème siècle, les jeunes allaient vite oublier tout cela. Il le dit clairement dans sa conclusion : « Aux générations qui montent, la guerre que j’ai vécue va leur paraître bientôt aussi lointaine que la guerre de Troie. »
J’avais beau lui montrer qu’elle intéresse toujours les littéraires et même les historiens, il n’en démordait pas. Il avait consenti à se lancer dans ces souvenirs parce que je le harcelais de questions et que j’avais fait rejaillir les souvenirs. Mais rien d’autre.
C’est vrai que je les ai harcelés de questions, mes parents. Lui, pour sa guerre et elle pour son école Ibn-Khaldoun, à Sidi-Bel-Abbès. J’avais acheté un petit magnétophone et je le cachai sur la table où nous mangions. Comme je n’habitais plus alors avec eux, quand je revenais, c’était un bonheur de se replonger dans le passé et d’essayer de le comprendre.
Je me souviens de la première fois où j’ai utilisé ce stratagème. Nous étions en l’été 1993, à la table du jardin, sous le prunus plein de fruits, sur cette terrasse qui ressemblait à celle de l’école Ibn-Khaldoun, où nous retournions de temps à autre, revoir les amis.
Il y avait bien trois heures que nous parlions et mon père s’était lancé dans la bataille de Cassino, avec des souvenirs pointus de tirailleurs, bataillons, régiments, sigles de plus en plus présents et obscurs, lieux inconnus, Belvédère, Olivella, Venafro, Ravin de Gandoët… Et moi qui opinais toujours, plus préoccupée de surveiller mon matériel que d’écouter vraiment. Alors ma mère intervint soudain pour se moquer gentiment de moi : je hochais de la tête et acquiesçais sans cesse mais on verrait demain si j’avais retenu quoi que ce soit.
J’en fis le pari. On adorait parier à l’époque. La récompense était presqu’invariablement un couscous dans un restaurant. J’ai passé une bonne partie de la nuit à décrypter mes cassettes. Une heure d’enregistrement et, pointilleuse comme je voulais l’être, ne rien négliger d’un mot, d’une exclamation même, c’était quatre heures de décryptage et ensuite une grande heure de mise au propre.
Mais le lendemain, la stupéfaction. Mon appareil planqué, mes feuilles planquées, je les lisais tout de même en affectant le plus grand naturel… Ils éclatèrent de rire et acceptèrent le petit enregistreur qui m’accompagnait toujours.
C’est ainsi que tout commença. Partir ensemble sur place pour parfaire le récit s’enchaîna tout naturellement. Alors que nous étions retournés plusieurs fois en Algérie, mon père n’avait plus revu ni Cassino, ni les routes le menant dans les Vosges puis en Allemagne.
Découvrir Cassino et Orbey avec mes parents a été très émouvant. Mon père avait écrit déjà une grande partie de ses souvenirs. Mais voilà qu’ils revenaient en foule avec plus de détails. Dans la petite ville de Cassino, il n’arrivait plus à retrouver le mont Belvédère, lieu de la bataille si meurtrière où la chance l’accompagna sans cesse. Nous demandions aux passants : « Où se trouve le Belvédère ? » et on nous envoyait à un restaurant. Grâce à une carte, le nom du village de Terelle le met sur la piste. Le voilà, il le reconnaît soudain, surtout à « son ravin Gandoët », un pli profond au flanc de la roche, et qui protégea plus d’un tirailleur.
Alors pourquoi mon père cède-t-il enfin à mes instances ?
Il me semble qu’il obéit à un double hasard. Une double rencontre.
Deux livres lus récemment : Cassino, une amère victoire de John Ellis, Editions Albin Michel, 1987 et Zidou l’gouddam de Jérôme Leygat, Editions Cheminements, 2007.
Aux pages 172-173 du premier et à la page 200 du second, mon père a trouvé la même citation, au même moment de l’Histoire, les hommes du 4 ème R.T.T. (qu’il prononce toujours Reuteuteu), lancés sous la mitraille, sur les pentes du Belvédère.
Cinq petites phrases chez l’un, trois, chez l’autre. C’est moi qui les souligne. Chez John Ellis, on lit, chapitre 7, Une question d’honneur, Gandoët mène la bataille du Belvédère : « Avant de donner l’ordre d’attaquer au 4ème R.T.T., on décida d’attendre la jonction de toutes ses unités avec la compagnie Jordy. Le groupement se fit longtemps attendre. A l’exemple de Jordy, le lieutenant Bouakkaz et le lieutenant Nicolas, les chefs des deux sections de la 10ème compagnie, arrivés en renfort la nuit précédente, ne se faisaient guère d’illusions. Ils pensaient que sans l’apport de forces conséquentes, une reprise de l’attaque et peut-être même la conservation du terrain ne pouvaient être envisagées. Ils avaient tiré un certain fatalisme de l’examen de leur situation. Ainsi, après avoir décrit les effroyables souffrances que leur récente escalade nocturne avait imposées à ses tirailleurs, Nicolas avait déclaré au commandant de la 11ème compagnie : « Non, Jordy, personne ne pourra jamais savoir ce que nous avons fait. Personne ne le soupçonnera. Ces choses-là, vois-tu, nul ne saurait les raconter. Elles disparaîtront avec nous. Les Français n’en sauront rien… jamais ! » Au moment même, Gandoët avait terminé le regroupement de ses forces. Elles partirent à l’aube. Après avoir franchi le Secco, elles atteignirent l’entrée du ravin. »
Chez Jérôme Leygat, dans son chapitre : Troisième époque, Au son des mandolines , page 200, les phrases qui nous concernent ici sont isolées, seulement mises en exergue : « Personne ne pourra jamais savoir ce que nous avons fait. Ces choses-là disparaîtront avec nous. Les Français n’en sauront rien. » Lieutenant Nicolas.
Il n’y avait qu’un Lieutenant Nicolas, Alexandre Nicolas, dans le 4ème R.T.T., à la montée du Belvédère, le 25 janvier 1944. Mon père se souvient qu’en effet, il les a dites, ces petites phrases. Bien sûr qu’il les avait oubliées, il les trouve même passablement banales et s’étonne qu’à vingt ans d’intervalle deux historiens de la bataille de Cassino les rappellent. Mais oui, c’est lui, il est étonné et ému.
Puis-je donc supposer que ce double écho de phrases banales dans un moment si peu banal de la grande histoire a bousculé la modestie paternelle ?
C’est en tous cas, en institut

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents