Une jeune shanghaienne dans la Chine de Mao
206 pages
Français

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Une jeune shanghaienne dans la Chine de Mao , livre ebook

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Français

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Description

Jianping Sun, née à Shanghai, a douze ans quand commence la Grande Révolution Culturelle et dix-sept quand elle est envoyée à la campagne comme des millions d'autres jeunes pour y être "rééduquée auprès des paysans". Ce livre raconte ses trois années passées à la campagne. L'originalité de ce témoignage réside dans son ton : un récit du quotidien sans aucune acrimonie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2009
Nombre de lectures 131
EAN13 9782336276625
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairicharmattan.com diffusion.harmattan@wandoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296068971
EAN : 9782296068971
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Mémoires Asiatiques - Collection dirigée par Philippe Delalande Dedicace PREFACE PROLOGUE CHAPITRE I - UNE ENFANCE PROTEGEE CHAPITRE II - LA REVOLUTION CULTURELLE CHAPITRE III - L’ECOLE EST FINIE... CHAPITRE IV - CHANCEUX COMME UN SHANGHAIEN CHAPITRE V - GRIMPER DANS LES MONTAGNES ET DESCENDRE DANS LES CAMPAGNES CHAPITRE VI - LE DEPART ... CHAPITRE VII - UNE VIE NOUVELLE CHAPITRE VIII - AU VILLAGE DE GE CHAPITRE IX - PETITE HE ET LA MAISON ENSORCELEE CHAPITRE X - LA MAISON DU HAUT DE LA COLLINE CHAPITRE XI - NOSTALG1ES... CHAPITRE XII - SEPT FILLES EN COMMUNAUTE CHAPITRE XIII - LA NOURRITURE AU-DESSUS DE TOUT CHAPITRE XIV - TRANSFORMER LE CORPS, C’EST TRANSFORMER L’ESPRIT CHAPITRE XV - L’ARGENT AU QUOTIDIEN CHAPITRE XVI - LES VILLAGEOIS ET LA POLITIQUE CHAPITRE XVII - LES UNS ET LES AUTRES CHAPITRE XVIII - LES MEDECINS AUX PIEDS NUS CHAPITRE XIX - EPHEMERES EXPERIMENTATIONS CHAPITRE XX - ECRITS ET CHUCHOTEMENTS CHAPITRE XXI - BIFURCATION... CHAPITRE XXII - ETUDIANTS-OUVRIERS-PAYSANS-SOLDATS CHAPITRE XXIII - REGLES ET NORMES CHAPITRE XXIV - NAÏVETES... EPILOGUE
Une jeune shanghaienne dans la Chine de Mao
1954-198

Jianping Sun
Mémoires Asiatiques
Collection dirigée par Philippe Delalande
Déjà parus
Paul GUILLAUMAT, La Chine à l ’ Encan , Rapports et souvenirs d’un officier français du 2 e Bureau en Extrême-Orient (1897-1901), 2008.
Claude GILLES, Le Cambodge. Témoignages d’hier à aujourd’hui, 2006.
Maly CHHUOR, Le serment, 2005.
Stéphane FERRERO, Formose vu par un marin français du XIX e siècle , 2005.
A à grand-mère. A mes amis paysans du village de Ge .
PREFACE
A voir aujourd’hui en Chine les mégapoles se hérisser de grandes tours futuristes et s’illuminer le soir de panneaux publicitaires géants, les routes s’engorger de files ininterrompues de voitures et les flots de voyageurs se déverser quotidiennement dans les gares et les aéroports, les vitrines des magasins déborder de marchandises venues du monde entier et la moindre banque afficher les cours de la bourse ou les taux de change, on a peine à imaginer ce qu’était le pays il y a tout juste trente ans : alors les denrées étaient rares et le coton comme les céréales rationnés, les appartements étaient exigus et insalubres, les villes mal éclairées et leurs rues seulement encombrées de bicyclettes et de bus bringuebalants, les touristes étrangers constituaient encore une attraction et ils ne pouvaient échanger leurs devises contre la monnaie locale. Depuis qu’elle a tourné le dos au maoïsme pour se convertir au capitalisme, la Chine a réalisé un véritable « grand bond en avant » et est en passe de devenir l’une des premières puissances économiques au monde. Face à ce qui apparaît comme un miracle, on se demande non sans inquiétude : « où va la Chine ? » Mais on est à ce point préoccupé par l’avenir et impressionné par le chemin parcouru qu’on en oublie que la génération qui a accompli ce miracle est la même que celle qui a grandi sous la direction du Président Mao... et qui se souvient.
Jianping Sun appartient à cette génération : née à Shanghai tout juste cinq ans après la fondation de la République Populaire de Chine, elle s’envole définitivement pour la France au moment où la Chine amorce son décollage économique. Entre temps, elle a traversé toutes les vicissitudes du régime maoïste : réforme agraire, campagne des Cent fleurs, Grand bond en avant, Révolution culturelle et ouverture de l’ère Deng Xiaoping, pour ne citer que les périodes les plus marquantes. Le récit qu’elle nous livre ici de ses années d’enfance et de jeunesse constitue donc un témoignage sur une des périodes les plus agitées de l’histoire chinoise. Mais qu’on ne s’attende pas à une grande fresque historique : les mouvements politiques qui ont secoué la Chine durant les premières décennies du régime maoïste ne sont évoqués que dans la mesure où ils orientent le destin de l’auteur, un destin somme toute ordinaire pour l’époque mais qui frappe aujourd’hui par son caractère complètement aléatoire.
En effet, pendant les trente premières années de sa vie, Jianping Sun n’a jamais eu de décision importante à prendre, on a toujours choisi à sa place, et si elle s’est abandonnée avec docilité au cours des événements, c’est parce que pour elle comme pour des millions de Chinois, cela semblait naturel et qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement. D’ailleurs, ces événements, si contraignants et douloureux qu’ils aient pu être, n’ont pas été sans lui apporter parfois d’heureuses surprises, faisant alterner les joies avec les peines : choisie à l’âge de neuf ans pour apprendre le français dans une école chargée de former les futurs diplomates, elle reçoit une éducation privilégiée à laquelle la Révolution culturelle met un brusque coup d’arrêt ; elle et sa famille traversent néanmoins cette période de terreur et de délation sans trop souffrir, mais à la fin de ses études secondaires, elle est, comme des millions de jeunes instruits, envoyée à la campagne pour se faire rééduquer dans un tout petit village situé à des centaines de kilomètres de sa ville natale ; elle y travaille durement comme une paysanne durant des années, sans espoir de retour, jusqu’à ce qu’elle soit soudain sélectionnée pour reprendre des études de français à l’université ; puis, devenue professeur, la perspective d’un séjour en France s’ouvre devant elle, mais se referme bientôt lorsqu’elle est soupçonnée d’avoir enfreint les consignes du Parti. Ainsi, telle « une brindille dans le tourbillon », pour reprendre une image chinoise, la jeune fille subit sans cesse les contrecoups de la politique, pour le meilleur et pour le pire.
Dans les années quatre-vingt, à la faveur de la relative libéralisation du régime qui a suivi la mort de Mao et la chute de la Bande des Quatre, de jeunes intellectuels revenus de la campagne ont fait paraître des récits où, à l’instar de Jianping Sun, ils ont témoigné des souffrances et injustices dont ils ont été victimes pendant la période de la Révolution culturelle. Mais à la différence de ces récits souvent larmoyants ou vindicatifs qui constituent ce qu’on appelle la « littérature de cicatrices» ( shanghen wenxue ), l’autobiographie de Jianping Sun ne manifeste ni acrimonie ni colère, ni ressentiment ni révolte. Bien au contraire, avec le détachement que permet la distance creusée par le temps et l’exil, mais sans doute aussi grâce à une propension naturelle à voir en chaque chose le bon et le mauvais côté, l’auteur parvient à rendre lumineuse la noirceur des jours et à tirer un enseignement des pires situations.
Cela est particulièrement vrai des pages, les plus nombreuses, qu’elle consacre à ses années passées à la campagne dans un petit village misérable mais riche de l’humanité de ses habitants. Avec une précision quasi ethnographique qui reflète l’intérêt qu’elle leur a porté sur le moment, elle nous dépeint tous les aspects de la vie quotidienne des paysans, depuis leur manière de laver le linge et d’accommoder les plats jusqu’à leur art de bâtir une maison et leur habileté à repiquer le riz. Grâce à elle, on découvre que la pruderie des moeurs n’empêche pas les gestes déplacés à l’égard des femmes, ou que l’idéologie maoïste fait bon ménage avec les superstitions et les rites religieux. En nous rapportant fidèlement ces gestes quotidiens, ces savoir-faire, ces recettes, elle fait revivre devant nos yeux tout un monde oublié ou méconnu, un monde de coutumes et de croyances ancestrales, scandé par le rythme des travaux et des jours, mais aussi un monde profondément humain sur lequel les vicissitudes de la politique semblent finalement avoir peu de prise.
A lire ces pages, on ressent l’affection sincère que l’auteur porte à ces êtres simples qui ne lui ont jamais témoigné d’animosité et l’ont aidée à surmonter les difficultés de la vie paysanne, une affection si forte qu’elle voudra la faire partager plus tard à la collègue et amie française qu’elle sera chargée d’accompagner dans ses déplacements, au mépris de tous les règlements

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