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La parole aux arbres, sentinelles de notre terre , livre ebook

174

pages

Français

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2024

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« Les arbres par leur majesté, leur silence, leur port, leur solidité, leur présence ont toujours imposé le respect. J’ai voulu pour une fois faire parler les arbres, leur donner la parole !Ce livre c’est imaginer leur ressenti, c’est évoquer leur quotidien, c’est écouter leur vie, leur longue vie. Ce sont les paroles de quarante arbres des cinq continents qui vous raconteront quarante histoires vécues, quarante témoignages différents, quarante cris qui nous interpellent. Peut-être ces paroles déclencheront-elles une prise de conscience, l’envie de nous engager sur un autre chemin dans notre façon de vivre, de consommer trop aveuglément, trop machinalement les ressources de notre Terre. Un grand merci à tous ces arbres de sagesse et pour une fois non silencieux en nous délivrant leur longue histoire avec des constats vécus, des vérités difficiles à entendre et la nécessité d’agir au plus vite ». Philippe Pointereau donne la parole à tous les arbres remarquables de notre planète qui ont beaucoup à nous enseigner tant leur longévité est grande. Ils nous mettent en garde contre nos actions déraisonnables remettant en cause la pérennité de leurs espèces. Un opus magnifiquement illustré de photos couleurs.
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Publié par

Date de parution

08 juillet 2024

EAN13

9782372227155

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

PHILIPPE POINTEREAU
 
 
 
LA PAROLE AUX ARBRES
SENTINELLES DE NOTRE TERRE
 
 
 
 
© Philippe Pointereau
Bookless Editions
Juin 2024
Tous droits réservés
Isbn : 978237222 7155  
 
 
 
PROLOGUE
 
 
 
 
 
Les hommes marchent, courent et dépensent au fil des années leur énergie.
 
Les arbres, au contraire, germent, croissent et vivent les racines ancrées dans le sol qui leur insuffle l’énergie. Ils résistent ainsi beaucoup plus longtemps, silencieusement, sans bouger, respectueusement. Ces forces de la nature vont vous raconter leur vécu, leur ressenti et leur vie au milieu des hommes sur tous les continents de notre Terre.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ils sont en première ligne pour être les témoins d’exactions, de dégradations, d’évolutions et ils se doivent de dénoncer pour espérer une réaction des générations futures.
 
J’ai sélectionné une quarantaine des plus beaux spécimens de notre Terre qui ont chacun une histoire, une vie à raconter aux hommes qui décident de leur vie depuis l’origine des temps. Ce sont quarante témoignages d’arbres sur nos cinq continents qui démontrent la dégradation de la Nature et atteste nt que l’Homme a trop abusé de ses droits sur cette Nature et qu’il est urgent de penser à nos devoirs envers elle.
 
L’humanité doit répondre à ces cris de douleur, à cette colère accumulée des arbres qui touche notre planète toute entière et leur message final doit alert er femmes et hommes de tous les pays. Il est encore temps, à l’image de la jeune Greta Thunberg, défenseuse et militante active de la nature, qui la première a su réveiller notre société, quelque peu les politiques et beaucoup la jeunesse de tous les pays.  
 
« Nous devons coopérer et partager les ressources de la planète de façon équitable. Nous devons commencer à vivre dans les limites de ce que la planète propose, à nous concentrer sur les questions d’équité, et prendre quelques pas de recul au nom de la vie des différentes espèces. Il faut que nous protégions la biosphère. L’air. Les forêts. La terre ».
 
 
LES ARBRES, NARRATEURS DE L’HISTOIRE DE LEUR PAYS, DE LA VIE DES CITOYENS QU’ILS ONT CÔTOYÉS
 
 
I – LE CHATAIGNIER DE LA CASTAGNICCIA



Je suis un colosse majestueux, un châtaignier, un Castanea Sativa , vieux de plus de trois siècles, situé au cœur de la Castagniccia corse, au milieu de mes frères et sœurs châtaigniers. Certes je n’ai pas la beauté, le charme et l’élégance du châtaignier de la Celle-Saint-Cloud désigné récemment, le plus bel arbre de France. Je ne suis pas non plus le plus âgé de l’Hexagone, mon collègue patriarche que je salue avec respect, situé dans la clairière de Kerséoc’h, près de Combrit, dans le Finistère. «  Le Vénérable  » aurait mille deux cents ans, résistant à toutes les morsures du temps, avec son tronc aux innombrables saillies et boursoufflures.
 
Non je suis un modeste « Arbre de vie » de ma Corse bien aimée, de Kalliste qui appartient à dix générations de Luccini, mes propriétaires, vivant dans le village de Piazzole sur la piève d’Orezza. Je suis fier d’appartenir à cette famille qui a pris soin de moi, m’a protégé, sauvegardé, soigné face aux multiples tempêtes, coups de vent, froidures, canicules et autres incendies. Certes mon tronc, ma sève, mes charpentières, mon houppier n’ont pas abrité l’équipage de la reine de Naples comme le célèbre « Châtaignier des Cent Chevaux » sur le versant oriental de l’Etna, au temps de la Renaissance, mais ils ont nourri, sauvé de la famine Livia et Pasquale Luccini et leurs huit enfants dans les années trente du XIXᵉ siècle.
 
Séchées, décortiquées, passées au four et moulues mes châtaignes ont nourri les Luccini, leur ont fourni pain, crêpes, bouillies et simple pulenda qu’ils mangeaient dans les bonnes années avec quelques rondelles de figatelli ou du brocciu. Ma farine servait aussi de troc. C’était réglo ! Trois  kilos de farine de châtaignes pour un litre d’huile ou un kilo de farine de blé et quatre kilos de farine pour un kilo de cochon !  
 
Bien sûr je donne de moins en moins de châtaignes mais chaque année, à la mi-octobre, les Luccini et leurs amis viennent toujours ramasser le produit de mes bogues et fêter la châtaigne à Bocognano au début de décembre ! Il y a même mes amis cochons, des nustrales, qui viennent se gaver des châtaignes oubliées.

 
Toute cette force, toute cette longévité je la dois surtout au sol schisteux de la Castagniccia dont se nourrissent mes racines mais aussi à l’abondance des eaux qui alimentent mon versant. Chaque fin de printemps mes fleurs mâles et femelles très odorantes sont pollinisées par les insectes, abeilles, bourdons, téléphores, allécules, coccinelles… À proximité de mon houppier, depuis une trentaine d’années, un apiculteur d’Orezza entrepose ses ruches pour recevoir les miellées de mes fleurs et celles de mes amis châtaigniers alentour.
 
Mais ce dont je suis le plus honoré c’est que tout jeune châtaignier, je devais avoir une trentaine d’années, j’ai vu se reposer sous ma ramure, j’avais alors trois belles charpentières, Pascal Paoli en personne, général en chef de l’armée corse pour l’indépendance de notre peuple face au royaume de France qui venait de recevoir notre terre cédée par la République de Gênes. C’était quelques jours avant la bataille de Ponte-Novo, au début du mois de mai 1769. Je l’ai même entendu déclarer à l’un de ses officiers : « Jamais peuple n’a essuyé un outrage plus sanglant. On ne sait pas trop qui l’on doit détester le plus de celui qui nous vend ou de celui qui nous achète. Confondons-les dans notre haine puisqu’ils nous traitent avec un égal mépris ».  
 
Enfin j’ai la chance d’être sur le chemin des châtaigniers centenaires de la Castagniccia, une randonnée qui passe à quelques mètres de l’ enchevêtrement de mes racines. Très souvent je reçois la visite des marcheurs profitant de l’ombre de ma ramure et de c es confortables racines pour pique-niquer ou faire une halte. Et c’est aussi l’occasion pour eux de me tirer le portrait car j’ai reçu le titre d’arbre remarquable !
 
Voici résumée ma longue histoire. Puissent le ciel et mes maîtres m’assurer encore de longues années et surtout me préserver des récentes piqûres de cynips, ces maudits insectes venus de Chine qui ont tué plusieurs de mes voisins châtaigniers ces dernières décennies !  
« Longa vita à mè ! »
 
II – LE TILLEUL DE LA DANSE DE BERGHEIM
 
 
 
Je me sentais un peu à l’étroit dans la forêt vosgienne au pied du Haut-Koenigsbourg, au milieu des charmes, des bouleaux et des hêtres. Et puis un jour ma graine ou plutôt ma samare fut transportée par une violente bourrasque de vent et j’atterris sur la petite place de Bergheim, près d’un trio de lilas. L’horloge de la Porte Haute indiquait quatre heures du matin et nous étions le 15 août de l’an 1285.
 
Une autre version circule affirmant que sous la tutelle du seigneur Henri de Ribeaupierre, Bergheim devint une ville libre et qu’à cette occasion les bourgeois Bergheimois me plantèrent sur la place pour fêter les privilèges obtenus, à savoir les droits de refuge, de battre monnaie et de perception des péages.
 
J’affirme aussi que dès l’an de grâce 1300 une fête villageoise fut organisée sous ma ramure et que je devins « le tilleul de la danse, le tanzlinde » comme cela se faisait sous les Habsbourg, l’autorité suprême dont dépendait alors l’Alsace. Et durant des siècles des fêtes populaires se succédèrent joyeusement avec moult charivaris, polkas piquées, gavottes, chibrelis et autres mazurkas ! Je me souviens tout particulièrement de l’été 1792 où fut planté, près de moi, un arbre de la Liberté avec tous les patriotes dansant la carmagnole autour du jeune bouleau et de mon tronc culminant déjà à plus de quinze mètres !
 
Depuis ma tendre enfance, depuis le Moyen Âge, j’ai été le témoin de toute l’histoire de Bergheim, de toute l’histoire de l’Alsace, souvent bien différente de celle de la France réduite au pouvoir, au centralisme parisien. Mon village a toujours été convoité depuis la civilisation gallo-romaine. Les habitants du village durent batailler contre les archiducs d’Autriche, les ducs de Lorraine, les paysans de Barr, les Suédois pendant la guerre de Trente ans, les Luxembourgeois lors de la guerre de Hollande. Le 10 mai 1871, je suis devenu allemand et redevins français en 1918 pour être à nouveau annexé par les nazis le 4 juillet 1940 et redevenir définitivement français en 1946 ! Sentinelle de Bergheim, j’ai vu défiler piques, mousquets, cuirasses, baïonnettes, j’ai entendu tonner les canons, exploser les obus, siffler les balles, j’ai vu rouler les Panzer et aussi fort heureusement les Sherman libérateurs de l’armée américaine, en février 45.
 
Avec son «  L ack’ m i », son droit d’asile, j’ai aussi été le témoin privilégié de l’afflux des exclus, des parias et des sans-logis de notre société aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, dans notre commune. Dépenaillés, souvent avec une modeste musette, un bâton à la main, ils arrivaient de partout, mercenaires blessés, sans familles, mendiants à la porte de Bergheim. Pas moins de sept cent quarante-quatre bannis ou réfugiés coupables ont ainsi été accueillis par les habitants de ma ville ! Quelques-uns d’entre eux sont venus sous ma charmille apposer d’un coup de couteau quelques croix ou signes sur mon écorce…
 
Ma ville a également vécu un épisode douloureux, effarant, immonde avec des procès en sorcellerie, dénonçant, montrant du doigt, condamnant et brûlant pas moins de trente-neuf femmes sans raison. J’ai bien connu l’une d’entre elles, Anna Wickenzipfel, qui utilisait certaines plantes pour guérir des voisins malades. Elle venait fin juin cueillir quelques-unes de mes fleurs qu’elle utilisait avec la bardane, la mélisse, la camomille et l’ortie. Elle fut dénoncée par Jacques Potter qui, guéri, affirma qu’elle lui avait insufflé le mal à l’aide d’une baguette ! Le 28 juin 1586 Anna fut conduite au lieu du supplice et brûlée vive. Cet

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