La préservation de la planète
137 pages
Français

La préservation de la planète , livre ebook

-

137 pages
Français

Description

Il est capital de relever le défi de la modernité et d'apprendre que le monde est désormais à épargner, à préserver, à sauvegarder et non plus à transformer. C'est le développement de la technoscience qui est devenu problématique : c'est lui qui a rendu possible le totalitarisme, l'écart croissant entre la richesse du Nord et la pauvreté du Sud, le chômage et la nouvelle pauvreté, la déculturation générale. L'écologie a réussi à mobiliser tous les pays de la terre pour lutter pour la préservation de la terre. Ce sont ces préoccupations écologiques qui donnent l'unité du propos de ce livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 211
EAN13 9782296266766
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La préservation de la planète :
défis contemporains
de la modernité
Gomdaogo Pierre Nakoulima La préservation de la planète :
défis contemporains de la modernité
Préface de François Warin
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13050-0 EAN : 9782296130500
« Si nous voulons que tout continue, il faut que tout change. » Tomasi Di Lampedusa,Le Guépard, Paris, Seuil, 1985
«IL existe au moins un problème philosophique qui intéresse tous les hommes qui pensent. C’est le problème de la cosmologie, le problème de la compréhension du monde, y compris de nous-mêmes et de nos connaissances, en tant que partie du monde. » Karl Popper,Logique de la découverte scientifique, Editions Payot 1973
Préface
Dans la technique je vois l'homme sous la coupe d'une puissance qui le pousse à relever ses défis et vis à vis de laquelle il n'est plus libre.  Heidegger.
Il est toujours délicat de préfacer un livre. Pré-facer en effet c'est prendre le risque de passer devant et dedoublerl'ouvrage en tous les sens du terme : de le répéter ou de le dépasser. Cette tentation pourtant serait ici bien vaine car nous sommes en présence d'un livre qui nous plonge au coeur d'une actualité planétaire particulièrementbrûlantepour ne pas dire apocalyptique - actualité qui nous laisse tous souvent désarmés et sans voix. Cette tentation se trouve par ailleurs d'emblée désamorcée si l'on veut bien prendre en considération le lieu d'où parle l'auteur. C'est lui en effet, Gomdaogo Pierre Nakoulima, lui l'africain, le ressortissant d'un pays pauvre qui prend les devants et qui, en situation de victime, s'adresse à nous, Occidentaux, les accusés. La dette que l'Occident a contractée envers les pays les plus pauvres est écrasante car c'est d'abord en effet dans le Sud que le désert croît, que les sols s'érodent, que l'eau se raréfie, que les pandémies se développent, que les vagues migratoires se préparent... et c'est encore dans le tiers-monde que les usines polluantes du Nord se délocalisent, que les déchets empoisonnés, en toute impunité, sont expédiés et stockés... La charge de l'auteur contre les "valeurs occidentales" i.e. contre la façon dont les seules critères économiques sont aujourd'hui retenus pour juger de toutes les sociétés de la planète est particulièrement
8
vigoureuse, particulièrement véhémente. Les politiques d'ajustement structurel et autres projets de partenariat pour l'Afrique (tel le NEPAD) ne sont, dit l'auteur, que "la continuation de la mise en valeur coloniale" par d'autres moyens, la mondialisation apparaissant elle-même comme "le stade suprême de la colonisation". Le comble de la perversion est atteint lorsque ce sont les colonisés eux mêmes qui intériorisent les valeurs occidentales : valeurs misérables, fond putride d'un monde individualiste en voie de déshumanisation rapide. Dans ces conditions le mot d'ordre ne fait plus aucun doute : il faut décoloniser les esprits, retrouver les valeurs de solidarité de sociétés traditionnellement holistes, accomplir une "révolution ontologique", un changement radical de notre rapport au monde, car, pour reprendre le slogan de la mouvance altermondialiste qui redonne son champ et son honneur à la politiqueun autre monde est possible. On ne trouvera pourtant dans ce livre aucune trace de cette passion triste, haineuse, réactive, déprimante, qui cherche à rabaisser ce qui ne peut être égalé et que Nietzsche appelait de son nom français deressentiment.Sans doute, discrètement, sous son prénom chrétien (Pierre), l'auteur a comme réveillé et retrouvé son prénom indigène longtemps éclipsé (Gomdaogo), et il le revendique et le met désormais en première position : Gomdaogo Pierre Nakoulima. Sans doute, armé de l'épistémologie la plus contemporaine, il sait qu'entre le fétichisme du sorcier et lefaitichismedu savant il n'y a peut-être pas de différence de nature, puisqu'il n'y a pas de fait mais que des interprétations et que tout est construit mais jamais il ne verse dans un relativisme niveleur, jamais il ne se laisse piéger par sa position victimaire. Il sait très bien que nous sommes tous embarqués sur le même navire, que nous sommes tous responsables du désastre et que de toute urgence chacun doit faire ses choix, s'engager, faire montre de courage civique. C'est donc bien entre égaux que nous entendons nous expliquer avec lui et examiner ses thèses. On l'aura compris ce sont des préoccupations écologiques qui donnent l'unité de son propos et la singularité de son ton à ce livre composé de plusieurs contributions. Mais on sait aussi que de telles préoccupations, pour justes qu'elles puissent être, risquent toujours de ramener la pensée en terrain plat : l'écologie c'est souvent l'irruption de la banalité dans le discours philosophique, le lieu d'un ressassement très consensuel où l'indignation morale et les projets idylliques et vertueux se tiennent généralement la main. Or nous sommes au contraire ici en présence d'un livre de philosophie, d'un livre qui prend la philosophie au sérieux, d'un livre pour qui la philosophie est réellement ce qu'elle a toujours été : un souci du fondamental et du fondatif, une quête radicale de l'archè, de ce qui commence et commande, et, en ce qui concerne la question qui est désormais nôtre, de ce qui a rendu possible l'occurrence historique particulièrement menaçante qui est la nôtre.
9
Le souci de radicalité qui caractérise la démarche de cet ouvrage se manifeste d'abord en ce qu'il ne manque pas de pointer comme condition de possibilité du développement de la technoscience occidentale une révolution de pensée de grande envergure. Tout est commandé en effet par le séisme Galileo-cartésien (sujet de thèse de l'auteur) qui a fait que l'homme, pour la première fois, a été pensé comme sujet, a été érigé en seigneur et maître de l'étant, étant lui-même conçu comme ob-jet dans le vis-à-vis de la re-présentation. Et c'est ce même paradigme galiléen qui permet à notre auteur de penser la radicalité et les limites de la révolution moderne en philosophie politique. Avec Hobbes et Rousseau le problème théologico-politique est d'une certaine façon réglé, la possibilité du vivre-ensemble est pensée en dehors de la transcendance d'une nature ou d'un Dieu et l'Etat, fondé sur l'artifice d'un contrat passé entre individus, donne naissance à un pouvoir représentatif auquel l'auteur aura beau jeu d'opposer la vraie démocratie, démocratie participative seule compatible avec la pensée de la complexité et avec le modèle organiciste de l'écologie. On sent planer sur cette analyse la grande ombre de Heidegger et le souci d'habiterla terreen poèteet d'en faire sa demeure, manifesté par le penseur allemand aussi bien que sa critique del'absence de patrie de l'homme moderneau long du texte, à la quête de l'écho, tout  font oïkosdéfinit qui proprement l'écologie, écologie dont les « enfants de Heidegger » (Hannah Arendt, Hans Jonas, Günther Anders) ont donné le coup d'envoi. Car, à l'évidence, il y a péril en la demeure. Le rêve cartésien de domination et de toute puissance qui est l'âme de la technoscience a mal tourné et les lendemains qui s'annoncent risquent très bientôt de déchanter. Radicale cette démarche l'est donc aussi dans la mesure où elle s'attache à déconstruire, (i.e. à défaire, à désarticuler et à faire jouer...) ces évidences massives sur lesquelles nous vivons et qui font l'objet d'un consensus atterrant.Quideffet de la croissance grâce à laquelle tous les jours nos en gouvernements annoncent la relance pour remettre en marche une machine économique grippée, pour résorber le chômage, sortir de la crise... quid de l'impératif du développement omniprésent depuis que Truman en décida l'augure en 1949,quiddu « en voie de du « sous-développement, » développement », du « développement durable », du développement autocentré... Ce n'est pas en effet de l'écologie libérale, du capitalisme vert que viendra la réponse à la crise écologique. Ceux-ci, par une destruction créatrice dont parlait Schumpeter, cherchent à tout changer (la technologie) afin que rien ne change : la sacro-sainte croissance à l'addiction de laquelle nous avons succombé. Elle cherche à graver dans les esprits que du marché couplé avec une technologie de pointe viendra la réponse aux problèmes qu'il a engendrés, comme si la croissance était la solution et non le problème.
10
Car ce n'est pas l'absence de croissance et de progrès mais au contraire le développement de la technoscience qui est devenu problématique : c'est lui qui a rendu possible les guerres totales et le totalitarisme, l'écart croissant entre la richesse du Nord et la pauvreté du Sud, le chômage et la nouvelle pauvreté, le nivellement et la déculturation générale, la crise de l'Ecole..."Qui accroît sa science accroît sa douleur" disait l'Ecclésiaste, et c'est bien une immense douleur qui commence à passer sur la terre comme si nous étions aujourd'hui bel et bien entrés, pour prendre une référence grecque, dans l'ère du vautour. Ne sommes-nous pas en proie comme jamais aux morsures du vautour ? Ce charognard, selon le plus puissant des mythes que l'Occident ait produit, dévorait le foie d'un Prométhée enchaîné, victime déjà des pouvoirs qu'il avait déchaînés. Il y a plus d'un siècle, d'une façon prémonitoire et définitive, Nietzsche l'avait annoncé : « un siècle de barbarie commence : les sciences seront à son service ». Nous n'avons plus le choix et le mot d'ordre aujourd'hui ne devrait donc plus êtresocialisme ou barbarie, (le socialisme était encore solidaire d'une idéologie productiviste) mais écologie ou barbarie. Disons-le sans ambages, quand on a la justice au cœur, c'est avec une certaine fierté qu'on se reconnaît dans l'enthousiasme militant et l'espèce de griserie que donne l'audace utopique de celui qui, un jour, fut notre étudiant ; il n'y a là peut-être rien d'étonnant : après tout l'écologie politique n'est-elle pas née dans le champ culturel de ce que nous continuerons d'appeler « la gauche » ? Le « progressisme » sur le plan social et politique ne se conjuguerait-il pas avec le fait d'être conservateur pour tout ce qui touche à l'environnement ? Mais en même temps -question de générations ?- nous avons le sentiment que l'élève a si bien dépassé son maître que quelques unes de ses prises de position laissent celui-ci pour le moins dans l'expectative. Le titre de l'ouvrage,Des défis contemporains de la modernitéest sans équivoquec'est sur la teneur sémantique  et du beau vocable dedéfi sur lequel tout l'édifice repose que l'on pourrait peut-être gloser. Relever un défi ou répondre à un défi (défi du froid, de l'immensité, de la diversité ethnique...) c'était, pour l'historien Toynbee, le principe dynamique de toute grande civilisation. Mais le défi sous sa forme la plus agressive, le défi commeprovocationde l'étant en totalité, le défi auquel nous sommes poussé (dit Heidegger dans la phrase mise ici en exergue), c'est par excellence celui qui caractérise la civilisation technicienne née dans cet Occident devenu aujourd'hui la terre entière. Or le moment est en effet venu de se défier de ce genre de défi qui en posant l'action humaine comme absolument fondatrice et en nous engageant à « transformer le monde » -selon la célèbre formule de Marx- nous a conduit dans l'impasse où nous sommes. Il faudrait donc défier le défi de la modernité et ce défi serait alors le dernier des défis, celui qui viendrait enfin nous apprendre que le monde est désormais à épargner, à
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents