Le problème de la santé au travail
104 pages
Français

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Le problème de la santé au travail , livre ebook

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Description

Les services de santé au travail vont mal : ils sont dépassés par les nouveaux modes d'exploitation, de production et de rentabilisation des entreprises, auxquels ils ne sont pas adaptés. Des réformes sont entreprises en France et en Belgique. Deux options largement incompatibles entre elles apparaissent possibles : une sélection des travailleurs sur une base de plus en plus eugénique, ou la protection des travailleurs...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2008
Nombre de lectures 148
EAN13 9782336267739
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
9782296061781
EAN : 9782296061781
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Questions Contemporaines Dedicace Introduction Avant la période industrielle : une lente maturation Les débuts de l’industrialisation : le nomadisme ouvrier et le laisser-faire Autour de 1900 : la sédentarisation de l’ouvrier La première guerre mondiale et ses suites : l’utilisation scientifique du travailleur La deuxième guerre : l’eugénisme dans la mise en place d’une médecine du travail systématique Les trente glorieuses ou la traversée du désert ! Les années soixante, nouvelles perspectives; les années soixante-dix, la perte des illusions Aujourd’hui, une nouvelle nomadisation dans un contexte de néo-eugénisme Matières à discussion Demain ? L’HARMATTAN, ITALIA
Le problème de la santé au travail
Protection des travailleurs ou nouvel eugénisme?

Christophe De Brouwer
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
FAURE Alain et GRIFFITHS Robert (sous la dir. de), La Société canadienne en débats. What holds Canada together , 2008.
LAGAUZÈRE Damien, Robot : de l’homme artificiel à l’homme synchronique ? , 2008.
RULLAC Stéphane, Le péril SDF. Assister et punir , 2008.
QUEME Philippe, Vertus et perversions françaises du discours politique... Plaidoyer pour un discours « vrai » , 2008.
BOFFO Stefano, DUBOIS Pierre, MOSCATI Roberto, Gouverner les universités en France et en Italie , 2008.
BERTRAND Christine (dir.), L’immigration dans l’Union européenne, 2008.
D’ARGENSON Pierre-Henri, Réformer l’ENA, réformer l’élite , 2008.
STEIWER Jacques, De la démocratie en Europe , 2008.
GARDERE Elisabeth et Jean-Philippe, Démocratie participative et communication territoriale. Vers la micro-représentativité, 2008.
PARANQUE Bernard, Construire l’Euro-Méditerranée , 2008.
SAVES Christian, Sépulture de la démocratie. Thanatos et politique , 2007.
VEVE Eric, Elections de mars 2008. Les clés pour comprendre les enjeux , 2008.
GUNSBERG Henri, Le lycée unidimensionnel, 2007.
SCHNEIDER Bertrand, France : la grande transition du XXe au XXIe siècle , 2007.
A mes étudiants.
Ils m’ont déjà tellement donné, à mon tour de leur présenter quelques pistes de réflexion sur leur métier, qu’ils apprécient mais dont ils doutent.
Un de mes maîtres m’a dit un jour : tu verras, enseigner est un privilège. C’est tellement vrai !
Mes remerciement aux lecteurs et correcteurs attentifs de ce travail : Mateo Alaluf, Maryse Gombert, Pascale Jonckheer, Raphaël Lagasse, Claude Mahau.
Introduction
Un jour lors d’une conférence, un de mes étudiants était venu me voir pour me féliciter (!) d’avoir esquissé une histoire de la pratique médicale au sein de l’entreprise. J’avais l’impression d’avoir simplement dit des évidences, d’avoir ouvert des portes ouvertes, tant ma connaissance du sujet était restreinte.
Néanmoins, ceci était interloquant. La pratique actuelle était-elle à ce point sans repère que des évidences devenaient de véritables bouées ? C’est vrai que la pratique médicale dans l’entreprise ne va pas bien.
Je me suis mis à chercher, à acquérir des livres actuels, trop rares, traitant du sujet, à chercher les quelques travaux éclairant le problème. Les travaux de Philippe Davezies de l’Université de Lyon ont été, pour moi, cette amorce qui m’a permis de dérouler encore et toujours le fil. Il a fallu reprendre d’anciens ouvrages pour comprendre une histoire très riche, traversée par des prix Nobel et autres scientifiques. Ce n’est cependant pas une belle histoire. Elle ressemble trop à l’utilisation de la science pour mieux exploiter l’homme. De belles pages sans doute aussi, mais on préfère oublier d’où l’on vient pour donner cette sorte d’intemporalité, d’intangibilité à nos pratiques actuelles. Une manière de se cacher la réalité.
En approfondissant ce questionnement 1 , un concept est devenu très central : l’eugénisme. Il y a plusieurs manières de définir l’eugénisme dont certaines seront reprises plus loin. De façon très opérative, je vous propose celle-ci : C’est l’action de la médecine dans le domaine social en vue d’améliorer les caractéristiques collectives de populations cibles par le moyen d’une sélection selon des critères discriminatoires propres à l’époque où elle s’applique. 2 Mais aujourd’hui, il s’agit en quelque sorte d’un eugénisme à l’envers ! Ce n’est plus le comment améliorer la race des travailleurs, mais comment utiliser jusqu’à l’épuisement les travailleurs de façon à dégager ceux qui résistent aux conditions de travail. Cela suppose sélection des bons travailleurs, utilisation de cette ressource jusqu’à la dernière goutte, élimination du déchet avant, pendant, après. Encore faut-il nuancer et/ou approfondir le propos.

Une histoire banale, parmi tant d’autres et elles sont de plus en plus nombreuses, pour vous en convaincre.
Il s’agit d’une jeune fille sortant d’études professionnelles. Elle est engagée dans une société spécialisée dans le service après-vente par téléphone. C’est une société qui est née d’un « outsourcing » (création d’une sous-traitance) réalisé par une grosse entreprise. On peut comprendre que ce type de métier est difficile car la téléphoniste se trouve face à des personnes le plus souvent mécontentes (on téléphone rarement pour le contraire !). Le mécanisme de l’outsourcing permet d’imposer des obligations de résultats à l’entreprise sous-traitante, notamment sans risquer le mécontentement de la délégation syndicale maison. Il y a donc un intermédiaire de plus entre l’entreprise et son service de téléphonie. Dans ces conditions, la pression sur les salaires est forte, le rendement élevé. Pas de repos, pas de soutien lors de violence verbale de clients mécontents. C’est souvent un premier emploi, il dure souvent peu de temps. Les travailleurs, lorsqu’ils sont épuisés, partent en congé de maladie, puis demandent le cas échéant au médecin du travail une inaptitude définitive, ce qui leur ouvre la porte vers le chômage (qui ne les accueille que s’ils ont travaillé un temps suffisant). Là ils peuvent espérer entrer dans des formations diverses, sésame, croient-ils, à un emploi meilleur et surtout porte qui s’ouvre vers la société de consommation et de loisir. De leur point de vue, un an (plus ou moins) de leur vie sacrifiée à l’accession vers des intérêts personnels supérieurs, sans nul doute un miroir aux alouettes, ce n’est peut-être pas trop donné et donc on comprend qu’ils revendiquent une inaptitude définitive. C’est dans ce cadre que je vois cette jeune fille.
Cette manière de faire permet à l’employeur de ne pas devoir payer une indemnité de départ. Ce n’est probablement pas le souci principal, car c’est en réalité très marginal par rapport à une gestion d’ensemble, dans l’optique d’une plus grande flexibilité du travail.
En effet, de plus en plus de sociétés utilisent des « méta-systèmes » de gestion intégrée, très globalisants, touchant l’ensemble des aspects de la gestion et des flux, en ce compris la direction de ressources humaines, qui, d’ailleurs, dans certaines entreprises importantes, a déjà disparu ! C’est bien plus qu’un big brother, c’est une véritable noria de cadres virtuels et de services les plus divers, répartie dans différents pays ou continents, placée dans un progiciel (qui doit se nourrir des et s’adapter aux besoins de la société de façon continue)

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