Les territoires de l eau en Russie
340 pages
Français

Les territoires de l'eau en Russie , livre ebook

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340 pages
Français

Description

Ce manuel présente la ressource en eau de la Russie, l'hydrologie des fleuves et lacs naturels, l'exploitation et la protection des nappes souterraines et des marais. Il détaille la navigation fluviale, les politiques de gestion de l'eau des grands barrages, la pêche dans les eaux intérieures, la construction de nouvelles stations d'épuration, l'évolution des politiques d'alimentation en eau potable, la répartition géographique des eaux minérales et des stations thermales...

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Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782336338187
Langue Français
Poids de l'ouvrage 30 Mo

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Extrait

[Laurent TOUCHART]
LES TERRITOIRES DE L’EAU EN RUSSIE Géographie
Territoires de la
LES TERRITOIRES DE L’EAU EN RUSSIE
Du même auteur : Touchart L. (2011)La Russie et le changement climatique, une nouvelle géographie du froid. Paris, L’Harmattan, 270 p. (ISBN 978-2-296-56244-8). Touchart L. (2010)Les milieux naturels de la Russie, une biogéographie de l’immensité. Paris, L’Harmattan, 460 p. (ISBN 978-2-296-11992-5). Touchart L. (2008)La vie au fil de l’eau. Lacs du monde. Grenoble, Glénat, 160 p. (ISBN 9-782723-464987). Brunaud D. & Touchart L. (2007)L’étang de Landes de sa création au classement en réserve naturelle. Guéret, Société des Sciences Naturelles, Archéologiques et Historiques de la Creuse, collection « Etudes creusoises », 106 p. (ISBN 978-2-903661-35-9). Touchart L., Dir. (2007)Géographie de l’étang, des théories globales aux pratiques localesp. (ISBN 978-2-296-. Paris, L’Harmattan, 228 02936-1). Touchart L. & Graffouillère M., Dir. (2004)Les étangs limousins en questions. Limoges, Editions de l’Aigle, 188 p. (ISBN 2-9521309-0-6). Touchart L. (2003)Hydrologie, mers, fleuves et lacs. Paris, Armand Colin, collection « Campus », 190 p. (ISBN 9-782200-264611). Touchart L. (2002)Limnologie physique et dynamique, une géographie des lacs et des étangs. Paris, L’Harmattan, 395 p. Ouvrage récompensé par le prix Jules Girard. (ISBN 2-7475-3463-4). Touchart L. (2000)Les lacs, origine et morphologie. Paris, L’Harmattan, 210 p. (ISBN 2-7384-9800-0). Gautier E. & Touchart L. (1999)Fleuves et lacs. Paris, Armand Colin, collection « Synthèse », 96 p. (ISBN 9-782200-218300). Létolle R. & Touchart L. (1998)Grands lacs d’Asie. Paris, L’Harmattan, 232 p. Ouvrage récompensé par le prix Francis Garnier. (ISBN 2-7384-7136-6). Touchart L. (1998)Le lac Baïkal. Paris, L’Harmattan, 240 p. (ISBN 2-7384-6411-4). © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02596-4 EAN : 9782343025964
Laurent TOUCHARTLES TERRITOIRES DE L’EAU EN RUSSIE
Territoires de la Géographie Collection dirigée par Jean-Marie Miossecjean-marie.miossec@univ-montp3.fr Science de l’homme dans son milieu, science de la localisation, la géographie décrypte les relations des sociétés et de leur environnement, le rôle de l’étendue et de la distance dans l’organisation de l’espace. Elle se préoccupe de l’action humaine dans les modifications de son oekoumène et de la réactivité des sociétés et de leurs optimisations spatiales face aux aléas et aux conflits. Tous les champs spatialisés sont de sa compétence. Ils sont inventoriés dans le jeu multiscalaire auquel sont désormais soumis toute société et tout individu, du global au local. C’est sur la qualité de l’entrecroisement de ces échelons et la capacité des protagonistes à en accroitre l’efficience que repose l’amélioration ou l’altération des cadres de vie et de la gouvernance des territoires et des ressources. Destinée à un public d’universitaires, de chercheurs, d’étudiants, de professionnels de l’aménagement et au public éclairé, la collectionTerritoires de la Géographieest ouverte à tout type de production inédite : ouvrage, thèse et rapport de synthèse d’habilitation à diriger des recherches, actes de colloque, synthèse de programme de recherche… L’ambition de cette collection est de livrer aux lecteurs des clés de l’explication du monde actuel et en devenir, dans sa complexité, sa diversité et ses nuances qui, seules, le rendent vivable et viable. Déjà parus Jean-Marie MIOSSEC,Rivages d’Europe. Personnalité et avenir d’un continent ouvert,2013.
Avant-propos
Notre amie abkhaze installée en France, qui s’exprimait dans un russe à l’accent caucasien émaillé de quelques mots de svane, envoya chercher un de ces pains d’épice renflés et fourrés, appelésprianiki, qui semblent avoir épousé la nonnette de Dijon. Et bientôt, machinalement, accablé par la journée administrative et la perspective d’un lendemain universitaire, je portai à mes lèvres un verre dekvas destiné à faire couler le morceau deprianik. Mais à l’instant même où la goulée mêlée des miettes du pain d’épice toucha mon 1 palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. La quête pouvait commencer. L’ouvrage entre les mains du lecteur forme le troisième tome d’une vaste géographie physique et environnementale de la Russie. Le premier détaillait les milieux naturels et les paysages russes, les formations végétales, la faune qu’elles abritent, les sols, fertiles ou non, qui les supportent, ainsi que la manière dont la société russe les met en valeur, tout en les respectant et les protégeant. La civilisation forestière de la Russie, la géographie pratique des maisons de bois et la géographie culturelle de la symbolique des arbres avaient été mises en avant dans le premier tome, qui ne négligeait pas pour autant la mise en culture de la steppe. Le second volume présentait les climats de cet Etat-continent, en insistant sur les contraintes du froid dans la vie quotidienne. Ladite mousson de l’Extrême-Orient et les moiteurs de Vladivostok, la presque tropicalité, revendiquée ou rêvée, des bords de la mer Noire et le thé de Sotchi ajoutaient à la mosaïque, ou au contraste des rivages arctiques. Une grande place avait été faite à discuter des liens entre la Russie et le changement global, des nouvelles canicules meurtrières, de la politique russe de l’après Kyoto. C’est tout naturellement que le troisième volume s’attache à faire connaître au public français les eaux intérieures de la Russie, fleuves, rivières, ruisseaux, nappes souterraines, lacs, étangs, marais, ainsi que leurs liens avec le climat, les neiges, les glaciers, les réserves d’eau dans le sol, la végétation. L’eau est entendue comme une ressource, qui est consommée, restituée en partie au milieu, polluée ou non, utile à la navigation fluviale, à la production d’hydroélectricité, protégée, épurée.Ce troisième tome est construit dans la lignée des deux précédents. Il s’appuie sur la lecture d’une abondante bibliographie internationale en plusieurs langues, cherchant toujours à remonter à la source du premier auteur, avec une prédilection pour les titres en russe et
1 En russe, le ciel et le palais forment un même mot, s’écrivantnebotranscription en internationale, qui s’est légèrement transformé par la prononciation: le ciel se ditniéba, le palais nioba. C’est la voûte, du ciel ou de la bouche, le voile, qui drape le ciel et qu’on retrouve dans le français nébuleux (Sakhno, 2001). L’hydroclimatologie scientifique et la réminiscence littéraire ne peuvent s’éloigner dans une géographie régionale.
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en français, sur une connaissance de terrain acquise par vingt séjours de recherche dans les pays de l’ex-URSS de juillet 1991 à juillet 2013, dont seize en Russie (Europe, Sibérie et Extrême-Orient), un en Ukraine, deux en Estonie et un en Lettonie, sur une volonté de ne pas suivre les modes ni se laisser dicter son écriture. La photographie de couverture (cliché L. Touchart, août 2010) représente le lac Baïkal à la Pierre du Chamane. Le financement du cahier couleur a été assuré par l’EA 1210 CEDETE de l’Université d’Orléans.
Photo 1 LeProut, frontière fluviale d’un monde russeCliché L. Touchart, avril 2011 Au pied de l’église lipovène de Iaşi, un pêcheur cherche à prendre le poisson du grand affluent de rive droite du Prout, le Bahlui. L’eau rougeâtre est-elle ferrugineuse et thérapeutique ? Est-elle polluée ? La culture moldave pleure-t-elle le départ des Russes ? La diaspora russed’au-delà le fleuve bessarabe n’est-elle qu’un vestige schismatique de Vieux-Croyants vivant dans le repli ou la nouvelle avancée d’un dynamisme économique retrouvé?Non loin du bord de la Kodori, un couple de descendants d’Allemands de la Volga était installé depuis longtemps. Pourtant, les montagnards continuaient de les appeler « les Germains », «guermantsy» comme ils disaient. Sur l’autre berge, une famille svane s’accrochait aux pentes escarpées de la gorge. La vallée représentait la frontière entre la partie contrôlée et l’indépendance. La limite pouvait être franchie entre l’écriture guidée par une géographie sèche et celle qui mènerait à une expression plus libre et personnelle. Il n’aurait jamais dû y avoir incompatibilité entre une géographie scientifique et littéraire. Les pieds dans la rivière, il n’y avait pas à choisir de remonter la rive du côté de chez les Germains ou de chez les Svanes. Le torrent caucasien rebondissant, à l’eau ferrugineuse, indéterministe, survolé d’un butor criard, qui annonçait qu’enfin Gaïa allait gagner, on l’entendait encore, lui situé pourtant si loin. La guerre et la frontière fluviale du monde russe ? Le printemps de l’inondation et la limite vaporeuse de la pensée russe? Mars et le Prout ?
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Introduction générale Les eaux intérieures de la Russie ont toujours revêtu une importance considérable pour ce pays, à l’origine de l’identité russe elle-même et de la constitution progressive de son territoire à partir du noyau initial. Le pays de l’immensité possède le lac le plus étendu et le plus volumineux du monde, la Caspienne, le lac le plus profond de la planète, le Baïkal, qui offre aussi la plus grande réserve d’eau douce de l’œcoumène, les deux plus vastes lacs du continent européen, le Ladoga et l’Onéga, le deuxième fleuve du monde pour ses débits printaniers, l’Iénisséï, le plus gros fleuve du continent européen, la Volga, et la liste se pourrait poursuivre. La pureté des régimes fluviaux de plaine, sans influence montagnarde, n’existe dans toute la zone tempérée nulle part ailleurs qu’en Russie sur de si grandes distances. Et le seul fait que le terme d’hydrogéographie ait été créé par un potamologue russe suffirait à susciter l’intérêt épistémologique pour les sciences hydrologiques russes, qui ont pourtant éveillé la vocation de bien d’autres chercheurs universellement connus.Avant même les événements historiques avérés, la culture païenne immémoriale de la vieille Russie inscrit l’eaucomme un élément fondamental. Au-delà des points communs avec la plupart des autres civilisations apparaissent quelques particularités slaves. «L’aspect fonctionnel du mythe de l’eau et de la pluie dans sa variante slave. L’eau d’en haut – la pluieun est symbole masculin qui correspond à la semence du dieu de l’orage; l’eau d’en bascelle de la source ou du puits représente le principe féminin : elle se manifeste par le biais de la terre fécondée, qui devient le symbole de la maternité » (Conte, 1997, p. 31). Comme dans presque toutes les cultures de l’humanité, les eaux stagnantes, dormantes, sont, chez les Slaves de l’est comme de l’ouest, chargées de valeurs négatives, d’humeurs de mort. Mais les eaux russes et vives, ukrainiennes et courantes, développent la particularité de ne pas toujours prendre le chemin contraire et d’assez souvent entraîner elles aussi vers la 2 profondeur des mauvais esprits . « Les roussalkas sont des suicidées, des jeunes femmes qui se sont jetées à l’eau par désespoir. L’imaginaire populaire leur prête une survie pour leur permettre de réaliser,après leur mort, ce qu’elles n’ont pu atteindre pendant leur vie: obtenir justice pour l’outrage qu’ellesont subi. Le vodianoï, ou génie des eaux, les délègue pour séduire, par leur nudité 2  «L’eau vive peut aussi abriter des forces négatives, mais celles-ci représentent un moindre danger [que les eaux dormantes] : ce sont les esprits des eaux levodjanojla ou rusalka» (Conte, 1997, p. 36). La roussalka «n’est-elle pas une jeune fille noyée qui s’est précipitée dans les eaux, après avoir été séduite etabandonnée, selon l’image ‘littéraire’ de la période romantique ? » (ibid.).
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