Nucléaire Le débat public atomisé
225 pages
Français

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Nucléaire Le débat public atomisé , livre ebook

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Français

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Description

Le cocktail nucléaire et débat public s'est avéré détonnant concernant le projet du site de Flamanville dans la Manche. C'était pourtant l'occasion de reposer de bonnes questions. Que faisons-nous de notre électricité ? Le nucléaire est-il un mal ou un bien ? La relation de cette saga est l'occasion d'en pénétrer le fonctionnement, de décortiquer les arguments et les jeux d'acteurs des uns et des autres qui ont pipé les dés et fait qu'à la fin, le public a été la grande victime du débat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2007
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296923119
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nucléaire, le débat public atomisé
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris


http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-02577-6
EAN : 9782296025776

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Marie MASALA


Nucléaire, le débat public atomisé


L’Harmattan
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.


Dernières parutions

Delphine FRANÇOIS-PHILIP BOISSEROLLES DE ST JULIEN, Cadre juridique et conséquences humaines d’un plan social, 2007.
Clément DESBOS, La gauche plurielle à l’épreuve de la mondialisation , 2007.
Eric SOMMIER, Essai sur la mode dans les sociétés modernes , 2007.
Guy CARO, De l’alcoolisme au savoir – boire, 2007.
Richard SITBON, Une réponse juive à l’anarcho-capitalisme, Judéo-économie , 2007
David SADOULET, La coopération au développement en France. Réforme et modernisation de l’Etat , 2006
Sylvie TROSA, Pour un management post bureaucratique , 2006
Jean LAURAIN, Du partage , 2006.
Francis JAUREGUIBERRY, Question nationale et mouvements sociaux en Pays Basque sud , 2006.
Gérard NAMER, Réinventer en France les principes d’une nouvelle démocratie « solidariste » , 2006.
Roger VICOT, Pour une sécurité de gauche , 2006.
Joachim de DREUX-BREZE, Femme, ta féminité fout le camp ! Sur une lecture masculine du Deuxième Sexe, 2006.
Lazare BEULLAC (sous la direction de), Armes légères : Syndrome d’un monde en crise , 2006.
Jean-Loup CHAPPELET, Les politiques publiques d’accueil d’événements sportifs, 2006.
Bernard SALENGRO, Le management par la manipulation mentale, 2006.
Yves MONTENAY, Retraites, familles et immigration en France et en Europe , 2006.
Jacques MYARD, La France dans la guerre de l’information , 2006.
Daniel IAGOLNITZER, Lydie KO CH-MIRAMOND, Vincent RIVASSEAU (dir.), La science et la guerre, la responsabilité des scientifiques , 2006.
AVERTISSEMENT
Le débat public a été l’objet de deux lois, il donne du souci aux politiques et est ausculté par une légion de sociologues. Le sujet est donc important, et l’objectivité de rigueur. C’est facile à écrire dans une introduction, beaucoup moins à ériger en ligne de conduite permanente.

À la page suivante, vous allez entrer dans le factuel, la narration du débat public Flamanville 3, sur le projet de nouvelle construction de centrale nucléaire dans le Cotentin. À quelques omissions ou imprécisions près, vous avez la garantie que l’histoire s’est effectivement passée ainsi.

Tous les jugements de valeurs, les commentaires, les tentatives d’explication sont renvoyés dans la seconde partie. L’objectivité ne peut plus être garantie, elle est remplacée par la recherche de la plus grande honnêteté possible.
Vous y trouverez tous les éléments de contexte et d’analyse nécessaires pour décoder vous-même ce jeu subtil et le comportement parfois incompréhensible des acteurs.

Toutes les sources qui ont servi à la rédaction de ce livre ont été rassemblées dans un site Internet accessible à l’adresse suivante :
http://debatpublicatomise. free.fr
L’HISTOIRE
Prologue
Il y a encore dix ans, tout le monde connaissait au moins quelqu’un d’EDF : le releveur de compteurs, la dame à qui on allait payer ses factures en liquide. Aujourd’hui, on ne les voit plus, les seuls contacts se font par l’intermédiaire de centres d’appels impersonnels et aseptisés. Peut-être un beau-frère ou un cousin permettent-ils encore de maintenir le contact avec « l’entreprise préférée des français ».

Quand le contact direct est rompu, il reste quelques images : « un qui bosse, trois qui regardent », « le comité d’établissement le plus riche de France », les bons petits gars qui vont remettre le courant au fin fond de la Lozère après la tempête. Quelques qualificatifs viennent utilement compléter la description : fonctionnaires, au moins jusqu’à la privatisation, et nucléocrates, plaisant néologisme formé à partir de nucléaire et de technocrate.
Nucléocrate, c’est sûr qu’EDF l’est : 58 centrales nucléaires en fonctionnement, 80 % de la production d’électricité française, le plus beau parc du monde. La première unité a été mise en service en 1977, la dernière en 1999, et depuis plus rien. Ceux qui ont construit les premières centrales n’ont qu’une seule envie : remettre ça.
La dernière centrale n’était pas encore mise en service que le lobby nucléaire {1} avait déjà un nouveau modèle dans les cartons.

Depuis environ 10 ans, un projet de nouvelle centrale nucléaire est donc en gestation. L’accouchement fut très long pour plusieurs raisons. D’abord, la France n’avait pas besoin d’électricité, car les prévisionnistes d’EDF et de ses ministères de tutelle avaient vu large dans les années 80. Ensuite, la situation politique ne s’y prêtait pas, influencée par les alternances du pouvoir, des élections trop rapprochées et les socialistes très divisés sur la question du nucléaire.

Quand la droite est revenue solidement au pouvoir après le savoureux plébiscite de Jacques Chirac en 2002, le lobby a eu un frisson de plaisir. Madame Fontaine, la Ministre de l’Industrie de l’époque, a fait le premier pas en lançant un débat national sur l’énergie. Les dés étaient-ils pipés ? Les grandes questions de société n’intéressaient-elles plus les Français ? Toujours est-il que ce grand débat a eu peu de retentissement et n’a donné lieu qu’à de molles déclarations d’intention. Les opposants au tout énergie et au tout nucléaire ont crié au scandale et à la manipulation, ce qui leur a évité de mettre en évidence les faiblesses et les contradictions de leurs argumentaires.

Malgré un rapport quelque peu nuancé établi par trois sages à l’issue du débat, Madame la Ministre a conclu qu’EDF devait lancer au plus tôt la construction de cette nouvelle centrale nucléaire. Cette déclaration a évidemment été accueillie comme il se devait dans les rangs d’EDF, mais elle n’était pas encore politiquement opportune.

Une fois de plus, les services d’EDF chargés des études ont rangé les dossiers dans les armoires en attendant des jours meilleurs, ça devait bien faire la cinquième ou sixième fois.

Quand M. Devedjian est devenu Ministre de l’industrie en 2003, il a relancé l’idée. Les dossiers ont été ressortis, avec cette fois un très gros espoir, car toutes les conditions favorables étaient enfin réunies. Les Parlementaires travaillaient même sur un projet de loi sur l’énergie où l’engagement d’une nouvelle unité de production électronucléaire y figurait explicitement.

Pendant ce temps, AREVA réussit enfin à vendre une centrale nucléaire en Finlande. Le lobby en fut tout déconcerté. Personne n’imaginait que le premier exemplaire du futur fleuron de l’industrie française puisse être construit ailleurs que sur le sol national. À EDF, cette nouvelle a été bien accueillie mais avec un peu d’inquiétude, car les situations inédites et non prévues ne sont pas très appréciées dans ce monde d’ingénieurs.

Cette centrale finlandaise a quand même conforté EDF dans son espoir d’avoir rapidement la sienne. Ce genre de matériel ne se vend pas comme des yaourts. Si la France ne se décide pas rapidement à en construire une chez elle, ça ferait désordre.

Pour préparer cette future centrale, les grands chefs d’EDF nommèrent un Directeur de projet « Débat Public ». Ce fut une grande surprise. Comme le disait un ingénieur : « on demande les autorisati

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