Risques et complexité

Jean-Louis Nicolet

Description

Risque et complexité, l'association de ces deux mots aurait-elle seulement pour effet de lier l'un à l'autre ? Crée-t-elle une relation nouvelle ? Les risques naîtraient-ils de la complexité ? La complexité serait-elle source de risques ? Ou au contraire pourrait-elle donner un sens nouveau, plus fort à cette expression ? Une réflexion sur deux concepts difficiles à cerner, liés, tissés, indissociables, complémentaires, et qui s'enrichissent et s'éclairent l'un l'autre.

Sujets

• Securite
• Défense
• Armée

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2010
• Nombre de lectures: 263
• EAN13: 9782336261171
• Langue: Français

Extrait

© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296132214
EAN : 9782296132214
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Remerciements Dedicace PRÉFACE INTRODUCTION - LE RISQUE, SA PHÉNOMÉNOLOGIE Epigraphe Première partie - COMPLEXIFIER UN SYSTÈME, UN RISQUE ACCRU ?
LA COMPLEXITÉ LA SÉCURITÉ DES TUNNELS ROUTIERS DE LA MAÎTRISE DES RISQUES TECHNOLOGIQUES A LA MAÎTRISE DES RISQUES JUDICIAIRES ENRON : UN TCHERNOBYL FINANCIER ! DE LA THÉORIE DU CHAOS A LA THÉORIE DES SYSTÈMES COMPLEXES
Deuxième partie - MIEUX MAÎTRISER LES RISQUES…
SACHEM, UN CAS OPÉRATIONNEL ET CONCRET DÉFENSE EN PROFONDEUR ET POLITIQUE DE MAÎTRISE DES RISQUES DANS LES SYSTÈMES SOCIO-TECHNIQUES COMPLEXES RISQUE ET FACTEURS HUMAINS DANS LE CONTRÔLE AÉRIEN : VOYAGE DANS LA COMPLEXITÉ L’IMPACT DES OGM APRÈS UNE DÉCENNIE LA MAÎTRISE DES RISQUES DANS LES SYSTÈMES SOCIO-TECHNIQUES COMPLEXES “GÉRER LA COMPLEXITÉ” - SON IMPACT DANS LE MANAGEMENT AU XXIe SIÈCLE
Troisième partie - GÉRER LE RISQUE DANS UN SYSTÈME COMPLEXE…
TANGO SUR L’ASYMPTOTE CRISE ÉCONOMIQUE, COMPLEXITÉ FINANCIÈRE ET RESPONSABILITÉ SOCIALE DIMENSIONS POLITIQUES ET STRATÉGIQUES DE LA SÉCURITÉ RÉALITÉ JUDICIAIRE ET COMPLEXITÉ NUL N’EST CENSÉ IGNORER LA LOI INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE ET INTELLIGENCE DES RISQUES
Quatrième partie - LE RISQUE EST-IL OMNIPRÉSENT ?
LA PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES FACE À L’INFORMATISATION DE LA SOCIÉTÉ UN CAS DE COMPLEXITÉ JUDICIAIRE : LA RESPONSABILITÉ PÉNALE DES MINISTRES DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE LA RÉPUBLIQUE RISQUES ET COMPLEXITÉ DE L’ACTION ADMINISTRATIVE EN PÉRIODE DE CRISE LE PLAN PANDÉMIQUE GRIPPAL À L’ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ LA FUSION NUCLÉAIRE : PLUS DE COMPLEXITÉ POUR MOINS DE RISQUE ?
Conclusion - QUELLES RELATIONS ENTRE ÉTHIQUE ET COMPLEXITÉ ? QUEL RÔLE POUR L’ÉTHIQUE ?
UNE SOCIÉTÉ SANS RISQUE LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ DES ALÉAS ET DES CATASTROPHES NATUREL OU TECHNICO-SOCIAL ? HASARD ET PROBABILITÉS DE VAINES QUERELLES ? OÙ SE CACHENT LES MYSTÈRES ? INTRODUCTION DE LA LIBERTÉ ET DE L’ÉTHIQUE RÈGNE DE LA NORMALITÉ
PRENDRE DU RECUL POUR COMPRENDRE... PUBLICATIONS DE L’INSTITUT FREDRIK R. BULL - Directeur des publications : Denis Le Bihan Rédacteur en chef : Juliette Arnould
Risques et complexité

Jean-Louis Nicolet
Remerciements
A Jean Rohmer pour nous avoir fait bénéficier de ses aphorismes.
A Pierre Berger pour la création par son logiciel Roxame de l’image figurant sur la page de couverture ( http://roxame.com ).
Au P r Daniel Laurent et à Juliette Arnould pour leur co-présidence efficace du Comité de lecture.
Enfin, cet ouvrage ne serait pas ce qu’il est sans la compétence et la rigueur de Valérie Perrot dans la réalisation de sa mise en page.
Jean-Louis Nicolet
A la mémoire de Raymond Moch,
PRÉFACE
Denis Le Bihan, de l’Académie des Sciences

“Au premier regard le ciel étoilé nous frappe par son désordre. C’est un fouillis d’étoiles, dispersées au hasard.
Au second regard apparaît un ordre cosmique, imperturbable chaque nuit, apparemment depuis toujours et pour toujours le même ciel étoilé, chaque étoile à sa place, chaque planète accomplissant son cycle impeccable” 1 .
Le troisième regard, celui de la complexité, nous oblige à regarder ensemble l’ordre et le désordre de l’univers : ordre et désordre apparaissent indissociables. Ils coexistent.

Quittons l’Univers et portons notre regard sur les Sociétés qui nous entourent. A première vue apparaît l’ordre imposé par les lois, les infrastructures, les réseaux, les organigrammes, les procédures. Au second regard apparaissent tous les gaspillages, tous les changements, toutes les mutations dont les systèmes socio-techniques et les organisations sont l’objet. Un troisième regard nous oblige à penser ensemble ordre et désordre, stabilité et changement, fiabilité et dysfonctionnement, citoyenneté et terrorisme.

Tant que, dans un système à la fois social et technique, c’est-à-dire une organisation, l’ordre prend le pas sur le désordre : tout va bien. Mais que le désordre prenne le pas sur l’ordre, le pire est à craindre.

Plus nos systèmes “socio-techniques” sont performants, plus les risques encourus en cas de dysfonctionnement sont lourds : les risques apparaissent comme la contrepartie inévitable des performances voulues, acquises. Nos Sociétés technologiquement avancées sont devenues des Sociétés à risques : risques technologiques, risques sociaux, risques écologiques, risques financiers… Face à cette montée des risques, ingénieurs, juristes, législateurs, économistes, financiers ont élaboré de nouvelles règles, de nouvelles normes, soit de nouvelles exigences qui ont eu pour conséquence de complexifier nos systèmes comme nos organisations pour les rendre plus stables, plus fiables, plus performants.

Risque et complexité apparaissent ainsi comme deux concepts liés, enchevêtrés, tissés, indissociables. Néanmoins, on doit se poser deux questions : les risques naissent-ils de la complexité ? La complexité est-t-elle source de risques ?

C’est pour essayer de répondre à de telles questions qu’a été créé, à la demande de Raymond Moch 2 , S/directeur honoraire au Collège de France et conseiller scientifique de l’Institut Fredrik R. Bull, un groupe pluridisciplinaire qui avait pour objectif de réfléchir sur la relation Risques et Complexité dans nos sociétés modernes.

Pour aborder ce thème, de multiples cas de systèmes matériels et immatériels ont été examinés avec des visions très différentes : technologiques, économiques, contractuelles, sociales, juridiques mais aussi mathématiques, psychiques et philosophiques. De cette analyse, il ressort un certain nombre de constats qui devraient être pour le lecteur autant de guides lui permettant de mieux appréhender la relation Risques et Complexité .

La complexité d’un organisme ou d’une organisation peut se définir comme son aptitude à fournir une réponse aux multiples pressions, contraintes, changements et mutations qu’il subit de la part de l’environnement. Plus la complexité d’un organisme est grande, plus il est capable de trouver en lui-même une réponse adaptée, pertinente, efficace et rapide, lui permettant de résister aux pressions de l’extérieur, en un mot de survivre. La complexité n’est pas un handicap, mais un avantage. Elle est une garantie de pérennité. A sa problématique, les réponses trouvées se traduisent par des restructurations, par l’élimination de certains composants, mais aussi par des acquisitions d’éléments nouveaux, prélevés dans leur environnement immédiat ou lointain. Chaque évolution se traduit par l’apparition de nouvelles performances, de nouvelles défenses, de nouvelles émergences ; la complexité étant en quelque sorte “l’émergence positive” du système. Chaque progrès a pour contrepartie des risques nouveaux dont il faut prendre conscience et apprendre à se protéger.
Certaines découvertes (la pénicilline, premier antibiotique…), certaines pressions sociales (guerres, révolutions…), certains actes odieux (attentat du 11 septembre 2001, accident de Tchernobyl…) engendrent des mutations mais aussi des crises graves mettant fin brusquement à une acceptation tacite, voire à un consensus, et font émerger de nouveaux paradigmes. A performances nouvelles, nouveaux risques, qu’ils soient nucléaires, aériens, chimiques, écologiques… sans oublier un nouveau venu, le terrorisme.

Le risque apparaît comme la contrepartie d’une augmentation de la complexité  ; il est en quelque sorte son “émergence négative”, mais il peut aussi, lorsqu’il se matérialise sous forme de catastrophe, être le point de départ de nouvelles mesures de prévention.

La complexité étant indissociable du concept de mutation, il est donc illusoire de vouloir retrouver un passé stable et bienveillant. L’univers n’est pas réversible. L’observation de l’évolution des organismes et des organisations qui nous entourent et survivent, montre qu’ils présente