Territoires du commerce et développement durable
242 pages
Français

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Territoires du commerce et développement durable , livre ebook

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Description

Vecteur d'une consommation débridée, peu soucieux des conditions sociales et écologiques de la production, le commerce passe pour un fossoyeur du développement durable. Après avoir interrogé les imperfections conceptuelles du développement durable et la pertinence d'un regard sectoriel, cet ouvrage propose une exploration réflexive sous l'angle des mobilités, du paysage, de la régulation et des filières d'approvisionnement. Il revient sur certaines assertions qui encombrent le chantier largement ouvert des modalités d'une consommation durable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 262
EAN13 9782296709560
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TERRITOIRES DU COMMERCE
ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13116-3
EAN : 9782296131163

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Philippe Dugot et Michaël Pouzenc (dir.)


TERRITOIRES DU COMMERCE
ET DÉVELOPPEMENT DURABLE


Préface du Prof. B. Mérenne-Schoumaker


L’Harmattan
ITINERAIRES GEOGRAPHIQUES
Sous la direction de Colette Vallat

Espace de débats scientifiques reflétant la diversité et la densité des intérêts géographiques comme la richesse méthodologique qui préside à la recherche en ce domaine, cette collection veut rassembler tous les itinéraires menant au territoire (géographie sociale, culturelle, quantitative, normative, aménagement…). Forum où rien de ce qui touche à l’homme n’est indifférent la collection donne aussi l’occasion d’ouvrir le dialogue avec de nombreuses sciences humaines en accueillant les textes présentant une réelle curiosité pour l’espace, les cultures et les sociétés.

Déjà parus
1) Corinne Eychenne, Hommes et troupeaux en montagne : la question pastorale en Ariège (2005)
2) Richard Laganier (ed.), Territoires, inondation et figures du risque, la prévention au prisme de l’évaluation (2006)
3) Ugo Leone, Gilles Benest, Nouvelles politiques de l’environnement (2006)
4) Alexandre Moine, Le territoire : comment observer un système complexe (2007)
5) Gabriel Dupuy, Isabelle Géneau de Lamarlière (ed.), nouvelles échelles des firmes et des réseaux, un défi pour l’aménagement (2007)
6) Yves Guermond (coord.), Rouen : la métropole oubliée (2007)
7) Hervé Rakoto (coord.), Ruralité Nord-Sud, Inégalités, conflits, innovations (2007)
8) Jean-Pierre Vallat (dir.) Mémoires de patrimoines (2007)
9) Patrice Melé, Corinne Larrue (coord.), Territoires d’action (2008)
10) Colette Vallat (dir.), Pérennité urbaine ou la ville par-delà ses métamorphoses ; T1 Traces , T2 Turbulence , T3 Essence (2009)
11) Marcello Balbo (dir.), Médina 2030, scénarios et stratégies (2009)
13) Richard Laganier et Gilles Arnaud-Fassetta (éds.) : Les géographies de l’eau (2009)

Titres à paraître
* Anne Androuais (dir.) La régionalisation dans les pays de l’Asie orientale (2010)
* Céline Pierdet, Phnom-Penh, ville fleuve (2010)
* Jean-Pierre Vallat : Le Togo : lieux de mémoires et de patrimoines (2010)
* Julien Frayssignes, Les AOC des filières fromagères dans le développement territorial
PREFACE
Le commerce de détail a toujours été une fonction urbaine majeure, contribuant largement à organiser l’espace urbain. Le centre-ville n’est-il pas encore aujourd’hui pour la majorité de nos concitoyens assimilé au noyau commerçant central ?
Mais, depuis les années 60, de puissantes forces centrifuges ont bouleversé les organisations traditionnelles provoquant une périurbanisation, d’abord du grand commerce, puis de plus en plus de la plupart des formats commerciaux, conduisant à l’éclatement des polarités commerciales. Ce mouvement, qui n’est sans doute pas étranger à l’accroissement de la mobilité voiture dont il est à la fois une cause et une conséquence, n’est pas sans poser problème aujourd’hui. On lui reproche d’abord d’avoir affaibli les centres-villes traditionnels, d’être à l’origine de la multiplication de cellules vides dans certains quartiers péricentraux ou de vieilles banlieues, d’avoir dégradé de nombreuses entrées de villes, d’avoir surconsommé de précieux espaces agricoles et même d’avoir contribué à la dualisation des espaces urbains. Dans le contexte de l’après Kyoto et du "Paquet Energie & Climat" de l’Union européenne pour les secteurs non soumis aux quotas d’émissions (secteurs dont fait partie le transport) avec l’enjeu d’une réduction de 15 % des émissions de gaz à effet de serre, on met parallèlement en exergue l’accroissement des consommations énergétiques et surtout des émissions de gaz à effet de serre qu’engendrent les déplacements vers les nouveaux pôles périphériques. Pour de nombreux chercheurs, aménageurs ou responsables publics, poursuivre dans cette voie n’est pas soutenable…
Faut-il dès lors intervenir et comment ? A l’heure de la mise en œuvre par l’Union européenne de la nouvelle directive des services qui cherche à faciliter la liberté d’établissement et interdit de conditionner l’autorisation à un test économique consistant à prouver l’existence d’un besoin économique ou d’une demande de marché, faut-il davantage réglementer les nouveaux développements commerciaux et, si oui, comment intervenir ? Suffit-il de développer des chartes environnementales ou d’imposer des normes sur les bâtiments afin de réduire les consommations énergétiques ou, au contraire, faut-il repenser totalement la place du commerce dans la ville et revoir tous nos modèles de déplacement et de consommation ? Les questions sont multiples et complexes et les réponses difficiles à apporter car comment départager des prises de position parfois très idéologiques d’options plus scientifiques et fondées sur des critères objectifs, de construire des dispositifs valables dans des contextes si différents ? Même l’analyse de la situation actuelle pose problème car il n’est guère aisé de synthétiser les multiples études de cas et de s’abstraire de discours globalisants. En outre, le concept de développement durable lui-même mérite d’être réinterrogé car bien qu’universel il reste très ambigu.
L’ouvrage « Territoires du commerce et développement durable » vient donc à point nommé pour alimenter les réflexions en cours et affiner les analyses et sans doute aussi pour aider à repenser l’urbanisme commercial. On y découvre avec beaucoup de plaisir les quatre contributions qui articulent ce livre de même que l’excellente introduction réflexive de P. Dugot et M. Pouzenc sur les liens entre commerce et développement durable. Certes tous les thèmes ne sont pas traités, les contributions sont assez indépendantes les unes des autres et les échelles spatiales comme les angles de vue largement différents. Mais il s’agit dans tous les cas de recherches pertinentes, bien documentées et largement représentatives de l’actuelle réflexion des géographes sur les territoires du commerce.


Prof. B. Mérenne-Schoumaker
Université de Liège
INTRODUCTION
COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE,
LA FERTILITÉ D’UN CROISEMENT
A PRIORI PARADOXAL


Philippe DUGOT et Michaël POUZENC


Le jumelage entre commerce et développement durable apparaît a priori surprenant. Le commerce est un secteur économique dont la vocation est de permettre, voire de susciter l’échange, donc la production, la consommation de biens et de ressources et les flux qui en découlent. De ce point de vue le commerce paraît aux antipodes des préoccupations de durabilité, et ce singulièrement dans un environnement capitaliste. A maints égards, parce qu’étant le vecteur d’une consommation débridée, il en est même un peu le fossoyeur. Toutes les modernisations qui ont concerné le commerce depuis l’essor de l’industrialisation n’ont eu de cesse de favoriser la vente en cherchant à stimuler le désir d’achat, participant à cette « économie libidinale » dont parle Bernard Stiegler {1} . Cette vocation du commerce se lit dans l’architecture des établissements manifestant une prégnance croissante dans l’espace public. Cela commence par la magnificence des grands magasins qui dans la seconde moitié du XIX ème siècle, par un décorum luxueux cherchent à faire évoluer une bourgeoisie vers davantage de frivolité. Le commerce, en déployant ses attributs architecturaux mais aussi des méthodes de vente de plus en plus affinées veut faire venir le chaland solvable et le soulager d’une épargne, trop souvent condamnée à l’investissement dans la pierre et la terre. A la suite de R. Péron (2004), nous pensons que du point de vue de l’objectif, faire acheter, en dépit de la rupture architecturale, les « boîtes » périphériques sont dans la continuité des grands magasins des percées haussmanniennes. Ces établissements ne sont pas simplement le fruit d’une conception économique voulant contracter à l’extrême les coûts de fonctionnement. Ils sont aussi des « usines à vendre », modèle de modernité à l’origine, et toujours des outils techniques de présentation de marchandises variées et dont l’utilité objective peut se discuter. En conclusion d’une analyse sans fard de l’entreprise Wal-Mart, Bob Ortega rappelle une évidence toujours actuelle : « l’histoire de l’entreprise, spécialement depuis la mort de Walton [Sam Walton, fondateur de l’entreprise] démontre fortement que Wal-Mart, comme n’importe quelle entreprise, est simplement une machine, une construction amorale bâtie autour d’un impératif : faire du profit » (ORTEGA, 1998). Sans entrer dans le débat sur la place de la morale et de l’éthique dans l’économie, le profit comme objectif, justifiable dans une dimension capitaliste, questionne la pertinence d’une réflexion sur le développement durable dans ce cadre.

Cette prévention initiale est d’autant plus légitime que le développement durable demeure lui-même à interroger. Voilà plusieurs années que le développement durable est présent dans tous les discours et plus encore dans tous les argumentaires à caractère commercial. Pour autant, la notion demeure aujourd’hui encore mal assurée, ou mal assumée, et se prête à bien des instrumentalisations, dont l’écho est d’autant plus important qu’elles ont pour support le grand commerce, doté d’un pouvoir d’influence certain sur ses chalands. Le décryptage de ces discours où la logique du marketing l’emporte sur les soucis environnementaux est une précaution indispensable, préalable à l’identification des vrais enjeux ; nous avons souhaité en faire l’un des objectifs premiers de cet ouvrage.

Il ne fait aucun doute que le développement durable et ses galvaudages sont d’actualité. Au-delà des détournements mu

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